Une fois écrasée Tripoli dans le sang, les membres de la Coalition conduite par l’OTAN tombent le masque. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères —qui avait planifié l’intervention quatre mois avant les événements de Benghazi, alors qu’il était encore ministre de la Défense— s’appesantit moins sur la prétendue « protection de la population civile » agonisant sous les bombes, et évoque les retours sur investissements de cette opération coloniale.
Vendredi 26 août, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans un entretien au quotidien Le Parisien, a déclaré : « Quand on m’interroge sur le coût de l’opération – le ministère de la Défense parle de 1 million d’euros par jour – je fais remarquer que c’est aussi un investissement sur l’avenir. Les ressources du pays ont été confisquées par Kadhafi qui a accumulé les stocks d’or. Cet argent doit servir au développement de la Libye ; une Libye prospère sera un facteur d’équilibre pour la région ».
Interrogé sur les origines de l’intervention de la France dans le conflit, le ministre des Affaires étrangères a reconnu : « On nous a reproché du retard à l’allumage lorsque que se sont déclarées les manifestations du Printemps arabe […] C’est fini. Notre ligne, qui a déjà prévalu en Côte d’Ivoire, c’est de privilégier les aspirations des peuples et la protection des populations civiles ».
Nous notons que les régimes de Ben Ali et de Moubarak étaient des alliés de la France. Ce qui se passe en Libye n’est pas une révolution populaire (« Printemps arabe ») comme on a pu le constater en Tunisie ou en Égypte, mais une ingérence militaire étrangère dans le but de déstabiliser le régime en place. Ainsi, sous couvert humanitaire, la France s’immisce dans les affaires d’un État souverain comme la Libye.
Et c’est également le cas pour la Syrie, la France se vantant d’avoir « dit la première que Bachar al-Assad devait quitter le pouvoir » ! Selon Alain Juppé, la France est « à la pointe de la mobilisation internationale pour faire pression sur le régime par des sanctions politiques et financières ». Il a cependant concédé que : « L’intervention militaire n’est évidemment pas envisageable aujourd’hui, car il faut tenir compte de la situation régionale et internationale du dossier syrien ». Ainsi donc, après le démantèlement du régime libyen, la France se prépare à faire de même en Syrie !
Le ministre des Affaires étrangères s’explique ensuite sur les différences entre les dossiers libyen et syrien : « La première différence, c’est qu’il n’y a pas de mandat international ». Et il s’exclame : « Nous n’allons pas, sous notre propre responsabilité, nous lancer dans une opération militaire ! » Serait-ce en réalité dû au fait que « la Russie, mais aussi la Chine, le Brésil ou l’Inde s’y opposent » ?
La France et l’Occident ont d’autres desseins en Libye et au Sahel. Ce n’est nullement la démocratie, ni la souveraineté des peuples, qui les intéressent, mais plutôt la situation stratégique du Sahel.
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