La Force opérationnelle interarmées combinée de la Corne de l’Afrique est l’un des deux « Commandement subalterne » de l’Africom, le nouveau commandement unifié des forces US en Afrique. Créé sur les préconisations du think-tank israelo-étatsunien Institute for Advanced Strategic and Political Studies, il est le centre de commandement des nouvelles ambitions africaines de l’Empire. Il s’est illustré récemment en mettant en œuvre la zone d’exclusion aérienne qui a assuré la conquête de la Libye, permettant aux États-Unis de mettre la main sur les ressources pétrolières du pays, et à Israël de se débarrasser de son plus sérieux rival sur le continent africain.
Un avion militaire étasunien s’est écrasé à Djibouti : annonce de l’Africom, le Commandement Africain des États-Unis, qui précise que l’accident est survenu pendant un « vol de routine ». Reste à voir ce qu’on entend par « routine » ?
L’avion était un U-28, un turbo hélice de fabrication suisse, utilisé par les Forces spéciales ; doté des systèmes électroniques les plus avancés, capable de décoller et atterrir sur des pistes herbeuses ou en terre battue, il est particulièrement adapté aux missions secrètes. A bord de celui qui s’est écrasé se trouvaient trois officiers de l’Escadron des opérations spéciales de Hurlburt (Floride) et un de la 25ème Escadron de renseignement.
Ils opéraient depuis Camp Lemonnier, la principale base militaire de l’Africom sur le continent, siège de la Force opérationnelle interarmées combinée de la Corne de l’Afrique (Combined Joint Task Force – Horn of Africa). Située à Djibouti, dans une position géostratégique de première importance sur le détroit de Bab el Mandeb, où la côte africaine est distante d’une trentaine de kilomètres de celle de la péninsule arabique : passage obligé d’une des plus importantes voies maritimes, en particulier pour les pétroliers qui transitent à travers la Mer Rouge.
La Force opérationnelle basée à Djibouti dispose d’environ 3.500 spécialistes des Forces spéciales et des services secrets, y compris des contractants de compagnies militaires privées, assistés pour les services logistiques d’environ 1.200 employés originaires de Djibouti ou d’autres pays. Sa mission officielle est de « contribuer à la sécurité et à la stabilité » dans une vaste « zone d’opération », comprenant dix pays africains -parmi lesquels Somalie, Éthiopie, Érythrée, Kenya, Tanzanie, Ouganda, Burundi- et dans une « zone d’intérêt » dont font partie d’autres pays africains (parmi lesquels Madagascar, le Mozambique, le Tchad, l’Égypte, le Soudan et le Congo) ainsi que le Yémen bien qu’il se situe dans la péninsule arabique.
On ne sait pas comment cette Force opérationnelle opère, étant donné que ses actions sont couvertes par le secret défense, mais on peut en observer les résultats. De plus en plus fréquentes sont les incursions, surtout en Somalie et au Yémen, effectuées aussi avec des drones armés Predator que la CIA a déployés à Camp Lemonnier.
Un autre travail important de la Force opérationnelle est l’entraînement de troupes africaines, qui sont employées dans les opérations de l’Africom. Dans ce cadre, avec un financement de 7 millions de dollars, a été formé et armé un nouveau bataillon motorisé djiboutien, comprenant 850 soldats, à employer en Somalie. C’est là, toujours sous la gestion de l’Africom qui a financé l’opération avec plus de 50 millions de dollars, que des milliers de soldats ont aussi été envoyés par l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda et le Burundi. Officiellement pour combattre, à la demande du « gouvernement » somalien, le groupe islamique al-Shabab, qui se dit lié à Al Qaeda (le mythique monstre tentaculaire, décrit comme encore extrêmement dangereux bien qu’il ait été décapité par l’élimination de Ben Laden).
C’est ainsi que la Force opérationnelle interarmées de la Corne de l’Afrique contribue à « décourager les conflits et protéger les intérêts étasuniens ». Et, à preuve des nobles motifs de sa mission, la Force opérationnelle annonce que cette année la base de Lemonnier sera dotée des technologies « écologiques » les plus avancées. « Économiser de l’énergie sur le champ de bataille -assure le secrétaire à la défense Leon Panetta- signifie économiser de l’argent et des vies humaines ».
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