Au même titre que la Fondation nationale pour la démocratie (NED), les États-Unis utilisent leur service de coopération et d’assistance humanitaire, l’USAID, comme couverture pour leurs actions secrètes d’infiltration et de déstabilisation. Le journaliste mexicain Edgar González Ruiz rapporte pour Réseau Voltaire/Red Voltaire le soutien de l’USAID aux formations d’extrême droite cubaines et vénézuéliennes pour renverser les présidents Fidel Castro et Hugo Chavez.
Le terrorisme de l’administration Bush a inclus l’invasion de l’Irak, le coup d’État en Haïti et la tentative de coup d’État au Venezuela, ainsi que le harcèlement constant de Cuba, dont la déstabilisation est l’un des principaux objectifs de son gouvernement, qui peut compter pour cela sur le soutien des exilés cubains d’extrême droite.
Le gouvernement Bush s’active à la création de groupes de soutien artificiels qui, financés par des fonds étasuniens, se chargent de déstabiliser les gouvernements qu’il cherche à renverser, et justifie de telles agressions par une rhétorique dans laquelle abondent les invocations à Dieu, à l’ « amour », à la « compassion » et à la « défense de la démocratie ».
La Fondation nationale pour la démocratie (NED) et l’Agence étasunienne pour le développement international (USAID) sont autant d’instruments destinés à financer les ONG de droite qui espèrent installer dans leurs pays respectifs des gouvernements fidèles aux intérêts étasuniens.
Le 15 janvier 2004, l’USAID diffusait une note informative sur le Programme cubain dont le thème était de « favoriser une transition rapide et pacifique vers la démocratie à Cuba » et qui par sa nature même constitue un projet ouvert de subversion du gouvernement de ce pays.
Selon l’USAID, le Programme cubain avait jusqu’alors mobilisé un total de 26 millions de dollars de donations bénéficiant à 28 ONG pour promouvoir « la solidarité avec les défenseurs des droits de l’homme cubains, permettre aux journalistes cubains indépendants de s’exprimer, développer des ONG cubaines indépendantes et tracer un plan de transition vers la démocratie par le biais de dons aux universités et aux ONG ».
En juin 2004, le gouvernement des États-Unis annonçait, dans le cadre d’un ensemble de mesures contre le gouvernement cubain, qu’il portait à 36 millions de dollars la subvention accordée par le département d’État et l’USAID et destinée à « aider les proches des dissidents emprisonnés à Cuba et pour soutenir des programmes de démocratisation de l’île ».
Les activités visant à faciliter le renversement du gouvernement cubain incluent la distribution de dix mille radios à ondes courtes à Cuba pour que les insulaires aient accès à la propagande anticastriste, ainsi que le financement et le maintien de journalistes et ONG opposés au régime cubain, qui manifestement ne sont pas indépendants de cet argent étasunien et républicain.
Il convient de souligner qu’une stratégie identique, consistant à financer des organisations de droite dont la plupart sont d’inspiration patronale, fut adoptée par le gouvernement Bush dans le but de provoquer la révolte en Haïti et de promouvoir le référendum contre Chavez au Venezuela.
Les fonds anticastristes de l’USAID ont été aiguillés vers l’Université de Rutgers, l’Université de Miami, le Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES) ainsi que le Conseil Patronal États-Unis-Cuba.
Parmi les groupes ayant bénéficié de l’argent étasunien figure l’agence CubaNet, qui soutient le journalisme anticastriste et a reçu pour cela plus de 800 000 dollars ainsi que The Freedom House, prétendu groupe de défense des droits de l’homme présidé par l’ancien directeur de la CIA James Woolsey , qui a reçu, en plus d’autres dons, la somme d’un million trois cent mille dollars pour publier près de quarante mille livres, pamphlets et autres publications sur Cuba.
C’est précisément à l’Université de Miami que le 17 octobre 2002, en présence de la parlementaire cubano-étasunienne Ileana Ros-Lehtinen, partisane de Bush et de causes réactionnaires allant de l’anticastrisme au militantisme anti-avortement, l’administrateur de l’USAID Adolphe Franco, se présentant comme « un exilé cubain et fils d’exilés cubains », inaugura un séminaire sur le « Projet de transition de Cuba de l’Université de Miami », et demanda avec insistance son soutien au président Bush, ainsi qu’à d’autres fonctionnaires parmi lesquels on trouve le sous-secrétaire chargé de l’Amérique du sud Otto Reich, autre exilé cubain à la trajectoire sombre. Franco est un sympathisant actif et résolu de l’extrême droite cubaine à Miami.
À l’Université de Miami, Franco a également déclaré qu’« il n’existe aucun substitut au leadership nord-américain dans le domaine de le promotion des droits de l’homme et la prospérité économique dans toute l’hémisphère occidentale… ».
Il a ajouté que « (…) le régime de Fidel Castro ne s’est pas assoupli et ses relations avec les États-Unis ne se sont pas améliorées » et, reprenant le lexique terroriste dont Bush fit usage dans un discours prononcé le 20 mai 2002, a affirmé que « La normalisation complète des relations avec Cuba, à savoir la reconnaissance diplomatique, le libre commerce et un programme d’aide solide, ne sera possible que lorsque Cuba sera dotée d’un nouveau gouvernement… »
En Irak, l’USAID poursuit ses travaux selon une vision dictée par la surprenante rhétorique terroriste de Bush et du secrétaire d’État Colin Powell, qui dans son article « Du cauchemar à la liberté : le réveil de l’Irak libre », diffusé par l’USAID sur ses pages internet, signale que face aux alarmantes nouvelles en provenance du conflit se déroulant jour après jour en Irak, « il y a également une abondance de bonnes nouvelles (…) Ces bonnes nouvelles émanent d’une vérité irréversible et décisive : le peuple d’Irak est libre ».
Il poursuit : « (…) cette liberté est tellement nouvelle pour les Irakiens, contraste tellement avec l’énorme cauchemar du gouvernement de Saddam Hussein, que beaucoup d’Irakiens demeurent indécis et désorientés (…) », néanmoins :
« La société civile irakienne (sic) prospère. En Irak, où l’on ne trouvait auparavant qu’une source officielle d’informations à laquelle les Irakiens ne faisaient jamais confiance, aujourd’hui se développe une presse libre. Ses dirigeants peuvent communiquer la vérité et non plus l’odieuse propagande du parti Ba’ath. Les tribunaux fonctionnent. Les banques sont ouvertes et concèdent des prêts. Les commerces se multiplient, comme on peut le constater en survolant rapidement les produits disponibles dans les marchés de n’importe quelle ville irakienne. Les salaires augmentent, les économies ne sont plus cachées, les gens dépensent et gagnent de l’argent. ».
Pourtant « Au final, lorsqu’on trahit la confiance, il est difficile de la restaurer, sans parler de faire redémarrer une économie. Quand la vie de générations entières s’est avérée être un cauchemar absolu, le processus de rétablissement est d’autant plus difficile. Les Irakiens doivent se persuader eux-mêmes, de nouveau, qu’ils sont des personnes bonnes et honorables, qu’il n’y a plus lieu de se sentir intimidé par les conditions qui leur étaient imposées par Saddam Hussein et sa légion de bandits et criminels. ».
Toujours dans la même malheureuse rhétorique, Powell écrit : « Peu importe combien la vie des étasuniens et tous ceux qui veulent donner vie au nouvel Irak est difficile ou dangereuse, notre meilleur allié est le peuple irakien. Si il est prêt à se sentir fort et à se préparer à un grand voyage, alors nous devons également persévérer, se tenir à ses côtés jusqu’à ce que notre mission soit menée à bien. ».
En Irak ainsi que dans d’autres pays, le personnel de l’USAID a, particulièrement sous le gouvernement Bush, une fonction beaucoup plus dangereuse que celle de disséminer les armes rhétoriques de Powell et Bush.
Si la mauvaise foi des accusations du gouvernement Bush selon lesquelles l’Irak détenait des armes de destruction massive nucléaires ou bactériologiques, pouvant être utilisées lors d’une guerre contre les États-Unis, a été démontrée, récemment des éléments ont fait surface concernant la « dissémination » d’armes chimiques par les États-Unis sur le territoire irakien, par le biais de chargements étiquetés du nom d’organisations humanitaires comme la Croix rouge et l’USAID. Selon des sources irakiennes, les responsables irakiens se sont vus interdire l’inspection de tels chargements et avisés que toute question relative à ces conteneurs devait être transmise aux « forces de la coalition ».
Comme en Irak, pour mettre fin à une « dictature » et étendre les « bienfaits du libre échange », les États-Unis ont organisé une révolte sanglante en Haïti, en ayant recours à des organisations comme l’IRI (filiale républicaine de la NED) et aux ressources de l’USAID.
Fidèle à sa conception de l’ « éducation à la démocratie », l’IRI a entraîné, en République Dominicaine et avec l’assentiment de son président Hipolito Mejia, des groupes d’opposition à Aristide qui devaient traverser la frontière pour entrer en Haïti.
Le sénateur démocrate Christopher Dodd a déclaré que l’IRI avait reçu 1,2 millions de dollars en provenance de l’USAID pour entraîner des Haïtiens, et il a par ailleurs ajouté que conformément aux plans du département de la Défense, les États-Unis avaient livré 20 000 fusils d’assaut M-16 ainsi que d’autres équipements au gouvernement dominicain durant les deux dernières années, laissant en suspens la question de savoir si ces armes s’étaient retrouvées entre les mains des opposants à Aristide.
En décembre 2003, Adolphe Franco faisait référence à Haïti en reprenant les termes de Colin Powell, expliquant que les États-Unis « ne travailler[aient] pas avec le gouvernement haïtien tant que ne ser[ait] pas résolu le problème politique qui afflige le pays depuis un certain temps, en grande partie dû aux dernières élections législatives (…) ils pensent qu’elles ont été l’objet de fraudes ».
Selon Franco, le gouvernement étasunien a canalisé l’aide économique « directement » en direction du « peuple haïtien » et non pas par l’intermédiaire de son gouvernement, selon une stratégie qui bien entendu fait partie du processus de déstabilisation fomenté par le gouvernement Bush.
La manière dont l’USAID « aidait » directement le peuple haïtien est illustrée par le témoignage suivant, celui de Tom Reeves, qui relate son expérience lors d’un voyage qu’il fit à Haïti après le coup d’État contre Aristide : « A Jacmel, nous nous sommes réunis avec des étudiants, des femmes et des syndicats qui avaient formé des groupes spécifiquement anti-Aristide… Pierre J.G.C. Gestion, dirigeant de MHDR (Mouvement haïtien pour le développement rural) se vantait orgueilleusement de ses liens avec l’USAID, le programme du département d’État pour le renforcement de la démocratie et la NDI. " Ils nous ont entraînés et nous ont appris à nous organiser ; nous avons organisé les groupes qui sont venus ici pour exiger que soit destitué le gouvernement corrompu d’Aristide" » [1].
Au Venezuela, l’USAID a installé ses bureaux à Caracas le 1er août 2002, dans le but prévisible de « fournir une assistance adéquate et flexible afin de renforcer la démocratie », objectif qui, comme on le sait bien, s’est matérialisé avec l’aide de la NED en un mouvement visant à expulser Chavez par le biais d’un coup d’État ou d’un référendum.
Le 31 mai 2004, Jorge Valero, ambassadeur du Venezuela au Conseil permanent de l’OEA, s’indignait de ce que « L’année du coup d’État, l’Agence étasunienne pour le développement international (USAID) du département d’État, avait également déboursé 2 millions de dollars pour soutenir les dirigeants et institutions vénézuéliennes qualifiées de " modérées " mais qui en pratique étaient opposées au président Hugo Chavez ».
« Durant les six mois précédant le coup d’État, six autres bureaux du département d’État ont fait des versements d’un montant de 695 300 dollars pour financer des conférences et séminaires bénéficiant à l’opposition ».
[1] « Retour à Haïti », par Tom Reeves, counterpunch.org.
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