Comme il l’avait annoncé, l’auteur et musicien d’origine israélienne Gilad Atzmon revient vers l’intellectuel sioniste « pro-palestinien » Dominique Vidal-Sephiha pour préciser le propos de son dernier ouvrage, la Parabole d’Ester. Opposant aux insultes de celui-ci des arguments logiques et dépassionnés, Atzmon démontre que la crispation communautariste consistant en une lecture systématiquement biaisée de la réalité peut-être surmontée au prix d’un certain courage et d’un minimum d’honnêteté intellectuelle.
Dans cette seconde partie [1] de ma réponse [2] à M. Dominique Vidal [3], je veux revenir sur certaines des phrases de mon livre, La Parabole d’Esther, qu’il a citées, et qui semblent l’avoir tellement bouleversé.
Je souhaite souligner qu’à l’instar de l’ouvrage dans son ensemble, aucun des passages sélectionnés par M .Vidal ne contient de propos racistes. Aucune de ces citations ne parle des juifs en tant que « race », en tant que peuple ou en tant qu’ethnie. Ce qui m’intéresse, ce que je critique, c’est une idéologie et la politique identitaire sur laquelle celle-ci se fonde. Toutefois, la sélection opérée par M. Vidal démontre l’orientation profondément suprématiste et judéo-centrée de l’ancien rédacteur adjoint du Monde diplomatique.
Voici mes réponses en détail :
– « Si « l’argumentaire colonial » a été populaire durant un certain temps, c’est non seulement parce qu’il exonérait les juifs (en tant que peuple) des crimes perpétrés par Israël, mais aussi parce qu’il comportait une promesse : tôt ou tard, l’“État colon israélien” grandirait, sortirait de son cauchemar colonial, et la paix pourrait éventuellement l’emporter » (La Parabole d’Esther, page 28) ;
À vrai dire, j’apprécierais beaucoup que M. Vidal avance ne serait-ce qu’un seul argument à l’encontre de ce plaidoyer pour que la paix s’installe dans la région…
– « Dès lors qu’Israël se définit comme l’“État juif”, nous sommes parfaitement en droit de nous interroger sur la signification réelle des notions de judaïsme, judéité, culture et idéologie juives. » (La Parabole d’Esther, page 29) ;
Je me demande si M. Vidal pense réellement que ces questions peuvent être éludées, alors qu’elles sont à la base même de toute future négociation de paix. Le caractère juif d’Israël ne devrait-il donc faire l’objet d’aucune recherche ou réflexion intellectuelle ?
– « J’ai franchi certaines lignes jaunes en toute conscience. J’examine philosophiquement les aspects tribaux inhérents au discours juif séculier tant sioniste qu’antisioniste » (La Parabole d’Esther, page 29) ;
Je me demande également si M. Vidal s’oppose à l’examen philosophique en général et par principe, ou si un tel refus concerne uniquement le tribalisme laïc juif, qu’il estime devoir être au-delà de tout questionnement.
– « Le nationalisme juif est un état d’esprit, et une mentalité n’a pas de frontières clairement tracées. En fait, personne ne sait où, exactement, finit la judéité et où commence le sionisme, et vice-versa » (page 30) ;
Si M. Vidal connaît la réponse, s’il sait « où finit la judéité et où commence le sionisme », pourrait-il avoir l’amabilité de nous en informer ?
– « Manifestement, nous n’avons pas affaire seulement à Israël et aux Israéliens. En réalité, nous sommes en conflit avec une philosophie pragmatique extrêmement déterminée qui génère et promeut des conflits internationaux d’une ampleur gigantesque » (page 30) ;
Alors que je tente de calmer la crise d’hystérie de M. Vidal, l’AIPAC – le lobby pro-israélien le plus influent aux États-Unis – mobilise en coulisse et fait pression pour une guerre totale contre l’Iran.
– « Il s’agit en réalité d’une guerre contre une mentalité regrettable qui a pris l’Occident en otage et l’a, tout au moins momentanément, détourné de ses inclinations humanistes et de ses aspirations athéniennes » (page 31) ;
De fait, le temps est venu pour l’Occident de regarder son héritage en termes d’universalisme, de pluralisme et de tolérance. M. Vidal semble opposé à ces valeurs, et je me demande bien pourquoi. Est-il un Occidental, ou pas ?
– « Je compris qu’Israël et le sionisme n’étaient que des sous-parties constituantes d’un problème beaucoup plus vaste, le problème juif » (page 51) ;
Il est temps d’admettre qu’Israël et la diaspora juive ne sont pas des entités séparées. Et il est plus que temps d’examiner les relations entre ces deux entités.
– « Le sionisme n’est pas un mouvement colonialiste ayant des intérêts en Palestine, contrairement à ce que suggèrent certains spécialistes. Le sionisme, en réalité, est un mouvement mondial alimenté par une solidarité tribale sans équivalent entre membres de notre troisième catégorie de juifs » [4] (page 56) ;
M. Vidal serait bien inspiré de procéder à une petite introspection, et de se demander ce qui le pousse à s’opposer ainsi à mon livre. Est-il réellement d’abord et avant tout un humaniste et un universaliste, ou bien appartient-il à la « 3e catégorie » dont je parle, c’est-à-dire est-il quelqu’un qui s’intéresse en premier lieu aux juifs et à leurs intérêts ?
– « Tout au long des siècles, certains banquiers juifs ont acquis la réputation d’être des partisans et des financeurs de guerres, et même d’une révolution communiste » (page 66) ;
M. Vidal devrait commencer à accepter que certains faits, dans l’Histoire juive, sont dérangeants. Avoir un passé peut en fait être un sérieux handicap ; néanmoins, Vidal pourrait remarquer que cette citation fait référence à certains juifs et non « aux juifs ».
– « L’Holocauste a été une “victoire sioniste”, exactement de la même manière que tout viol est interprété par les idéologues féministes séparatistes comme une vérification de la validité de leurs théories » (page 85) ;
Comme toutes les autres, cette citation doit être lue dans son contexte. L’holocauste a confirmé le syndrome de stress pré-traumatique, il « prouve » que les juifs ne peuvent être en sécurité parmi les goyim. De la même manière, d’un point de vue séparatiste féministe, chaque cas de viol « prouve » l’idée stupide selon laquelle « tout homme est un violeur en puissance ».
– « En raison de la nature raciste, expansionniste et judéo-centrique de l’État juif, le juif de la Diaspora se trouve intrinsèquement associé à une idéologie intégriste et ethnocentrique, ainsi qu’à une interminable liste de crimes contre l’Humanité. » (page 92) ;
C’est là un fait, et les récents événements survenus à Toulouse le confirment. Inutile de dire que je suis opposé à tout acte contre des civils innocents.
– « En juxtaposant des stéréotypes juifs (ceux que les juifs semblent abhorrer par opposition à ceux que les propagandistes ethniques juifs s’efforcent de promouvoir), on pourrait sans doute mettre en lumière, de manière cruciale, certaines problématiques relatives à l’identité juive » (page 95) ;
Je me demande bien ce qui dérange Vidal dans un tel exercice ? Aura-t-il le courage de partager avec nous les stéréotypes juifs qu’il aime, et ceux qu’il abhorre ?
– « Les antisionistes d’origine juive (cette catégorie peut englober des gens haineux d’eux-mêmes et fiers de l’être, comme moi) sont là pour donner une image de pluralisme idéologique et de souci de l’éthique. » (page 118) ;
Vidal apporte de lui-même la preuve que la citation ci-dessus décrit la réalité. Apparemment, Vidal semble préoccupé par le fait qu’un pluralisme tel que celui-là pourrait ouvrir la porte à une critique réelle susceptible de l’englober, lui, personnellement.
– « Le socialisme juif, comme le socialisme, est une idéologie sans équivalent, ésotérique, avant tout préoccupée des intérêts juifs et de la judéité » (page 124) ;
En effet, je fais la distinction entre le socialisme juif et les socialistes qui se trouvent être juifs de par leur naissance. Ceux-ci constituent une catégorie de gens innocents, alors que les premiers sont mus par le tribalisme, le judéo-centrisme et le racisme. C’est, en fait, une forme édulcorée du national-socialisme, qui était, comme son nom l’indique, à la fois nationaliste et socialiste !
– « Le socialisme et le militantisme progressiste juifs s’intègrent parfaitement dans le projet sioniste. En tant que parties constitutives du projet sioniste, ils ont pour rôle de rassembler les âmes perdues parmi les juifs humanistes et de les ramener à la maison pour Hanouka » (page 125) ;
Manifestement, avec moi, ça ne marche pas.
– « Le débat entre les sionistes et les soi-disant “juifs antisionistes” n’a strictement aucun impact sur Israël ni sur la lutte contre la politique israélienne. Il a pour seule fin de maintenir le débat “au sein de la famille”, tout en semant davantage de confusion chez les Goyim. Cela permet aux militants juifs ethniques prétendument “progressistes” d’affirmer que “tous les juifs ne sont pas sionistes”. Cet argument de peu de poids a pourtant réussi à faire voler en éclats toute critique du lobbying juif ethnocentrique qui a pu être exprimée au cours des quatre décennies passées. » (page 157) ;
C’est vraiment triste, mais c’est vrai : le sionisme n’a pas grand-chose à voir avec la politique israélienne. Comme je l’affirme dans mon livre, le sionisme est un discours intrinsèque de la diaspora juive.
– « Quand il s’agit de “passer à l’action” contre les soi-disant “ennemis du peuple juifs”, les sionistes et les “juifs antisionistes” se comportent comme un seul homme, comme un seul peuple, pour la bonne raison qu’ils sont effectivement un seul et même peuple » (page 157) ;
C’est là une description fidèle de l’action menée par Vidal. Cet homme s’oppose lui-même à mon livre à l’instar d’un sioniste patenté.
– « Le légendaire Matzpen progressiste et les néoconservateurs réactionnaires ont recours au même concept abstrait, non sans prétendre à l’universalité, pour justifier rationnellement le droit juif à l’autodétermination et à la destruction de tout pouvoir régional édifié par les Arabes et l’islam » (page 166) ;
Il est bien triste de constater que tant le Matzpen que les Néocons prêchent la même idéologie de l’interventionnisme moral, les uns et les autres sachant mieux que quiconque ce qui est bon pour des Arabes. Toutefois, cela n’a rien d’une simple coïncidence.
– « Très souvent nous entendons dire à propos de juifs de gauche que leur affinité pour les problèmes humanitaires résulte de leur “héritage humaniste juif”. Plus d’une fois, j’ai moi-même expliqué que c’est là un mensonge absolu. Il n’existe pas d’héritage juif de cette nature. Déterminés qu’ils sont par des préceptes tribaux, tant le judaïsme que l’“idéologie juive” sont exempts de toute éthique universelle » (page 172) ;
Je suggère à Vidal la lecture de Yishayahou Leibovitch. Aussi embarrassant que cela paraisse, le judaïsme n’est pas fondé sur une éthique universelle. Pour autant que je sache, il n’existe aucun texte qui prêcherait une morale juive séculière et universelle. Quand des juifs progressistes s’expriment au nom de valeurs juives universelles, ils mentent, tout simplement. Soit ils ignorent leur héritage culturel, soit ils embobinent consciencieusement le bon peuple.
– « Le vol interminable de la Palestine au nom du peuple juif fait partie d’un continuum spirituel, idéologique culturel et pratique entre la Bible, l’idéologie sioniste et l’État d’Israël sans oublier ses zélotes d’outremer. Israël et le sionisme (…) ont institué le pillage promis par le Dieu hébreu dans les écritures saintes judaïques » (page 182) ;
Je m’interroge : le soi-disant « anti »sioniste Vidal remet-il en question l’affinité entre le projet sioniste d’émigration des juifs en Palestine et le récit du retour biblique en Palestine tel qu’il est évoqué par le Deutéronome ?
– « On dirait que l’armée israélienne, en rayant de la carte le nord de la bande de Gaza, en janvier 2009, mettait en application le verset du Deutéronome 20:16 ; de fait, elle n’a “laissé la vie à rien de ce qui respire”. » (page 184) ;
Comment le soi-disant « anti »sioniste Vidal explique-t-il l’assassinat de près de 1 500 civils palestiniens durant l’opération Plomb durci ? Ne s’agissait-il pas là d’un crime perpétré dans l’esprit du Deutéronome ?
– « Le vol et la haine imprègnent l’idéologie politique [5] juive contemporaine, que celle-ci soit de gauche ou de droite » (page 185) ;
Eh oui, c’est bien triste. Je suis d’accord avec Vidal, et pourtant, je ne comprends pas pour quelle raison il s’acharne à réduire au silence le seul livre qui expose cette complexité inhérente au noyau de l’idéologie et de la culture juive contemporaine.
– « Alors que le contexte biblique judaïque est plein de références à des faits violents habituellement commis au nom de Dieu, dans le contexte national et politique juif contemporain les juifs tuent et volent en leur propre nom, au nom de l’autodétermination, de la “politique de la classe laborieuse”, de la “souffrance juive” et de leurs aspirations nationales » (page 185) ;
Je partage l’avis de Vidal ; c’est effectivement préoccupant. C’est bien pourquoi j’ai écrit un livre à ce sujet (l’expression “politique de la classe laborieuse” fait référence au Bund, mouvement socialiste juif, qui est discuté dans mon livre).
– « Si Shlomo Sand est dans le vrai (…), si les juifs ne sont pas une race et s’ils n’ont rien voir avec le sémitisme, alors l’“antisémitisme” est formellement un mot vide de sens. Autrement dit, la critique du nationalisme, du lobbying et du pouvoir juifs ne peut être considérée comme autre chose qu’une critique légitime d’une idéologie, d’une politique et d’une praxis. » (page 212) ;
Nous y voilà ! Si Sand est dans le vrai, alors Vidal nous fait perdre notre temps ; il a tort, et voilà tout. Inutile de préciser que je pense que Sand a raison sur ce point.
– « Il m’a fallu des années pour comprendre que l’Holocauste, cette croyance centrale de la foi juive contemporaine, n’était pas un récit historique, dès lors que les narrations historiques n’ont que faire de la protection de la loi et des politiciens. » (page 215) ;
Vidal est-il en mesure de citer un quelconque autre récit ayant besoin d’être protégé par la loi ? J’entrevois tout au plus quelques textes religieux et politiques. L’Histoire et la vérité n’ont pas besoin de la protection des lois.
– « La religion de l’Holocauste est de toute évidence judéo-centrique jusqu’à la moelle. Elle définit la raison d’être juive. Pour les juifs sionistes, elle signifie un épuisement total de la Diaspora et elle fait du Goy un assassin irrationnel en puissance. Cette nouvelle religion juive prêche la revanche. Il pourrait s’agir de la religion la plus sinistre de tous les temps car, au nom de la souffrance juive, elle délivre des permis de tuer, d’écraser, de nucléariser, d’annihiler, de piller, d’épurer ethniquement. Elle a fait de la vengeance une valeur acceptée en Occident. » (page 216) ;
La notion de religion de l’Holocauste a été créée par le regretté philosophe israélien Yeshayahou Leibowitz. Elle a ensuite été reprise par le Professeur Adi Ophir, qui a écrit Les Dix Commandements de la religion de l’Holocauste. Inutile de préciser que si l’Holocauste est effectivement une religion, alors je préfère rester athée.
– « La religion de l’Holocauste est le stade final, conclusif, de la dialectique juive (…) Au lieu d’avoir besoin d’un Dieu abstrait pour désigner les juifs en tant que peuple élu, dans la religion de l’Holocauste, les juifs se passent de ce divin intermédiaire et ils s ‘élisent eux-mêmes. » (page 217) ;
Manifestement, Vidal s’est élu lui-même pour nous dire ce qui est casher et ce qui ne l’est pas. Mais pour remporter ce débat, Vidal devra développer une argumentation, ce qu’il n’a pas encore fait jusqu’ici.
– « Ceux qui tentent de réviser l’Histoire de l’Holocauste sont victimes de mauvais traitements des grands prêtres de cette religion (…) Nous ne sommes pas autorisés à y toucher, pas plus qu’il ne nous est permis de l’examiner. » (page 220) ;
Certes. La question à poser à Vidal est celle de savoir s’il pense que l’Histoire doive être mise sous scellés ?
– « La religion de l’Holocauste était déjà bien établie très longtemps avant la Solution finale (1942), bien avant la Nuit de Cristal (1938), les Lois de Nuremberg (1936) et même avant la naissance d’Hitler (1889). La religion de l’Holocauste est sans doute aussi ancienne que les juifs le sont eux-mêmes. » (page 221) ;
C’est réellement un fait. La peur juive des persécutions et de la destruction est aussi ancienne que les juifs eux-mêmes. Vidal ne peut pas y faire grand-chose, si ce n’est se libérer lui-même et libérer les juifs de troisième catégorie qui lui sont contemporains en reconnaissant que l’Holocauste appartient au passé et que son destin personnel pourrait lui aussi être entre ses mains.
– « La morale de cette histoire [celle d’Esther] est très claire : si les juifs veulent survivre, ils ont intérêt à infiltrer les arcanes du pouvoir. À la lumière du Livre d’Esther, de Mardochée et de Pourim, l’AIPAC et la notion de “pouvoir juif” semblent l’incarnation d’une idéologie profondément biblique et culturelle. » (page 226) ;
Vidal a raison. J’ai oublié de faire référence au lobby pro-israélien français, ainsi qu’au rôle direct que Bernard-Henri Lévy a joué dans de récentes guerres interventionnistes.
– « L’authenticité historique du Livre d’Esther est très largement remise en cause par la plupart des biblistes contemporains (…) Autrement dit, toute considération morale mise de côté, la tentative de génocide décrite est fictive. » (page 226) ;
Vidal veut-il que nous traitions la Bible comme un document historique ? Son ignorance est-elle donc sans limites ?
– « Le Livre d’Esther esquisse une identité exilique. Il provoque le stress existentiel et constitue un prélude à la religion de l’Holocauste. » (page 227) ;
En effet, et ce fait pourrait expliquer à lui seul la collaboration extensive entre les sionistes et les nazis tout au long de la seconde guerre mondiale. Vidal pourrait consacrer un peu de temps à étudier les documents rassemblés par Lenni Brenner, un archiviste juif enthousiaste, ainsi qu’un anti-sioniste : 51 Documents : Zionist Collaboration With the Nazis.
– « Tant dans Exode que dans le Livre d’Esther, l’auteur du texte réussit à prédire le genre d’accusations qui allaient être jetées contre les juifs pour les siècles à venir, telle que la recherche du pouvoir, le tribalisme et la tricherie. De manière choquante, le texte d’Exode fait penser à une prophétie de l’Holocauste nazi (…) Pourtant, aussi bien dans Exode que dans le Livre d’Esther, au final, ce sont les juifs qui tuent. » (page 227-228) ;
Dans une certaine mesure, cela va même plus loin : tant l’Exode que le Livre d’Esther prophétisent les accusations portées par Vidal contre Atzmon. S’agit-il d’une simple coïncidence ? Je ne le pense pas. La réaction de Vidal à mon intervention est aussi ancienne que la tribu.
– « Il m’a fallu des années pour comprendre que mon arrière grand-mère n’avait pas été transformée en “savonnette” ou en “abat-jour” contrairement à ce qu’on m’enseignait en Israël. Elle a sans doute péri d’épuisement ou du typhus, ou peut-être a-t-elle été victime d’un mitraillage collectif (au cours de ce qu’on appelle la Shoah par balles). C’était assurément triste et tragique, mais cela n’est pas très différent du sort qu’ont connu des millions d’Ukrainiens qui ont eu à apprendre le sens réel du mot communisme. Le sort de mon arrière grand-mère n’a pas été très différent de celui de centaines de milliers de civils allemands tués dans un bombardement aveugle cyniquement orchestré, pour l’unique raison qu’ils étaient allemands. » (page 248) ;
Je me demande ce qui dérange Vidal dans l’affirmation ci-dessus. Pense-t-il réellement que la mort de mon arrière grand-mère juive est plus importante que celle de n’importe quelle autre arrière grand-mère ? Pense-t-il vraiment, à l’instar du rabbin Ovadia Youssef, qu’une vie juive a plus de valeur que toute vie non juive ?
– « Soixante-six ans après la libération du camp d’Auschwitz, nous devrions pouvoir poser la question du “pourquoi”. Pourquoi les juifs étaient-ils haïs ? [6] Pourquoi les peuples européens se sont-ils levés pour faire la guerre à leurs voisins ? Pourquoi les juifs sont-ils haïs au Moyen-Orient, où ils avaient sûrement une chance d’ouvrir une nouvelle page de leur histoire ? S’ils avaient envisagé de le faire, comme le clamaient les pionniers du sionisme, pourquoi ont-ils échoué ? Pourquoi l’Amérique a-t-elle durci ses lois d’immigration au plus fort du danger pour les juifs européens ? Nous devons aussi nous demander à quoi servent, au juste, les lois sanctionnant le négationnisme de l’Holocauste ? Qu’entend cacher la religion de l’Holocauste ? Tant que nous ne nous poserons pas de questions, nous serons assujettis aux sionistes et à leurs complots. Nous continuerons à tuer au nom de la souffrance juive. » (page 249) ;
Le temps n’est-il pas venu, pour Vidal, d’essayer de nous apporter quelques réponses ? Pourquoi les juifs ont-ils été ainsi haïs ? Pourquoi la plupart des Allemands sont-ils d’accord avec ce qu’a écrit M. Gunther Grass ? [7] Pourquoi mon livre a-t-il reçu le soutien des humanistes et des intellectuels les plus importants, à l’intérieur de notre discours ? Et pourquoi, lui, Dominique Vidal, ne voit-il pas pourquoi ces gens, soutiennent ma croisade pour la vérité ?
– Et les dernières lignes de l’épilogue du livre sont les suivantes : « Je ne saurais laisser passer l’opportunité qui m’est ici offerte de remercier du fond du cœur ma demi-douzaine de détracteurs juifs marxistes qui m’ont harcelé, moi et ma carrière musicale, nuit et jour, des années durant, et sans lesquels je n’aurais jamais pris toute la mesure de la profondeur de la férocité tribale. Ce sont ces activistes juifs soi-disant “antisionistes” qui m’ont appris infiniment plus de choses que n’importe quel sioniste enragé au sujet de la véritable signification pratique – ô combien dévastatrice – de la politique identitaire juive. » (page 268).
Je suis heureux d’ajouter M. Vidal à la liste croissante de mes détracteurs ; sa réaction à mon livre, tout comme son attitude nous offre un aperçu du caractère morbide du sionisme.
Du fond du cœur, merci M. Vidal.
[1] « La politique identitaire juive et la censure par l’insulte, 1ère partie », par Gilad Atzmon, Réseau Voltaire, 13 avril 2012.
[2] « Les protocoles de Gilad Atzmon », par Dominique Vidal, La Feuille de Chou, 5 avril 2012.
[3] « Les fantassins français de Salam Fayyad », par Pierre-Yves Salingue, Réseau Voltaire, 31 août 2010.
[4] Le passage mis en évidence en caractères gras a été laissé de côté par M. Vidal ; nous l’avons rajouté, car il est essentiel pour comprendre ce qu’exprimait l’auteur.
[5] Là encore, M. Vidal occulte le mot qui donne sa signification à la phrase, (le mot « politique »)
[6] Ici, M. Vidal oublie une note de l’auteur qui est pourtant signifiante ; la voici :
« Loin de moi l’idée de laisser entendre qu’ils méritaient la haine qu’on leur portait à l’époque ; il n’est pas question de blâmer les victimes. Par ailleurs, les juifs ne sont pas les seules victimes de ce conflit. »
[7] « Ce qui doit être dit », par Günter Grass, Réseau Voltaire, 10 avril 2012.
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