Dans la soirée du 6 mars 1983, dans la banlieue de New Bedford, Massachusetts, une jeune femme, Cheryl Araujo, entre dans un bar pour y acheter des cigarettes. Elle en émergera trois heures plus tard, vêtements arrachés, visage tuméfié et ayant été violée à plusieurs reprises et en public par des clients du bar, notamment sur la table de billard et sur le flipper. La salle était comble, personne n’a appelé la police malgré les cris de la victime, certains ont même applaudi et sifflé la « performance ». La presse s’empare de l’affaire et lors du procès les moralisateurs se déchaînent. « Une fille qui vient dans ce genre d’endroit, on sait bien ce qu’elle vient y chercher, qu’elle ne vienne pas pleurer ensuite », déclare le pasteur conservateur Pat Robertson. La défense explique que, en acceptant de boire un verre avec ses agresseurs, la victime a implicitement donné son accord et qu’il s’agit donc d’une relation sexuelle consentie. « Elle criait ’non’ et se débatait, mais cela fait partie du jeu ». Seuls quatre des violeurs seront condamnés, les complices et les spectateurs passifs sont relaxés. En 1988, The Accused, un film sur l’affaire, avec Jodie Foster, relancera le débat sur le droit d’une femme à dire « non » jusqu’au bout.
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