C’est devenu un lieu commun de la presse occidentale que de dénoncer les « madrasas où sont formées des générations de terroristes ». Pourtant, un rapport du Service de recherche du Congrès états-unien (CRS) revient sur ce que recouvre le terme « madrasas » au sein du système éducatif musulman, et met en garde contre l’amalgame réalisé par les médias. En recourant systématiquement à ce terme pour décrire la formation des kamikazes, la presse occidentale confond en effet sans nuances écoles musulmanes et centres de formation terroristes.
C’est devenu un lieu commun de la presse occidentale que de dénoncer les « madrasas où sont formées des générations de terroristes ». Que recouvre cette formule à la mode ?
En réalité, le terme arabe de madrasas désigne les écoles en général. Dans la pratique, on l’utilise surtout pour désigner les écoles musulmanes. Mais, dans ce cas, on oppose les kuttab (écoles musulmanes primaires) aux madrasas (écoles musulmanes secondaires ou universitaires). Dans le langage politique états-unien, on emploie le terme madrassas pour désigner toutes les écoles musulmanes, quel qu’en soit le niveau.
Le Service de recherche du Congrès (CRS) a publié une brève mise au point à ce sujet. Il souligne qu’on ne peut jeter l’opprobre sur l’ensemble du système éducatif musulman, lequel a précisément besoin d’aide si l’on veut que les pays concernés se développent. Cependant la critique actuelle se concentrant sur les madrasas d’Afghanistan et du Pakistan, le CRS relève qu’elles ont été subventionnées par les États-Unis, l’Union européenne et l’Arabie saoudite dans les années 80. Il s’agissait d’éduquer les moujahideens appelés à combattre l’occupant soviétique.
Les principales mises en cause visent les madrasas d’Arabie saoudite, ou financées par l’Arabie saoudite. Elles ont été accusées de véhiculer des préjugés antisémites et anti-occidentaux et de développer une haine du chiisme et de divers courants islamiques non-wahhabites. Cependant une étude officielle, réalisée sur les livres scolaires 2002, montre que ceci n’est vrai que dans 5% des cas ; que 10% des manuels sont équivoques et que 85% enseignent l’ouverture aux autres confessions.
Il semble que la confusion qui s’instaure entre écoles musulmanes et terrorisme se fonde sur la croyance occidentale que les combattants de culture musulmane prêts à sacrifier leur vie seraient mus par un fanatisme religieux. Un préjugé qui évite de s’interroger sur les inégalités économiques et les déséquilibres politiques qui suscitent toute résistance légitime face à l’oppression.
titre documents joints
Islamic Religious Schools, Madrasas : Background. Congressional Research Service. CRS Report for Congress RS 21654 (Washington, 29 octobre 2003, 6 p.). Téléchargement : 39 Ko
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