Moins de trois mois avant que l’Autorité provisoire de la Coalition ne rende leur souveraineté aux Irakiens, trois questions restent sans réponses : qui empêchera les disputes politiques croissantes de déboucher sur une guerre civile ? Comment faire participer tous les pays de l’OTAN à la Coalition ? À qui va-t-on transférer la souveraineté ?
Ces questions ne sont pas résolues parce que l’administration Bush est déchirée sur ces sujets depuis un an. Le président doit mettre un terme à ces querelles. S’il ne tranche pas, les États-Unis seront dans une situation dangereuse. La période la plus délicate sera les sept mois entre le 30 juin 2004, date où les Irakiens retrouveront leur souveraineté, et le 31 janvier 2005, date prévue pour les élections. Durant cette période, tous les groupes ethniques vont tenter de promouvoir leur intérêt, il faut donc soutenir les Irakiens qui font la promotion de l’unité du pays.
Il faut également qu’il y ait un arbitre neutre pour discuter des tensions et maintenir des dizaines de milliers de soldats en Irak pendant plusieurs années afin d’éviter que les tensions ne dégénèrent en guerre civile. Le plan actuel de l’administration Bush de créer une « super-ambassade » à la place de l’Autorité provisoire de la Coalition risque de laisser croire aux Irakiens que l’occupation n’est pas terminée.
Nous devons, avant toute chose, élargir la Coalition car les États-Unis ne doivent plus assumer seuls le poids de la reconstruction et de la sécurité, ni pour autant se désengager. Il faut donc organiser un sommet avec nos alliés européens, leur faire comprendre que personne n’a intérêt à un échec et obtenir une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Il faut un administrateur international pour l’Irak et une implication de l’OTAN.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Last Chance for an Alliance », par Joseph R. Biden Jr., Washington Post, 4 avril 2004.