La diabolisation de l’adversaire est la base de toute préparation de l’opinion publique à un conflit. Le présenter comme intrinsèquement mauvais offre en soi une légitimation de la guerre en excluant de facto toute possibilité de coexistence avec lui. Avant les conflits en Irak ou en Yougoslavie, Saddam Hussein ou Slobodan Milosevic avaient ainsi été présentés par la presse belliqueuse comme de nouveaux avatars d’Adolf Hitler ou de Joseph Staline. Désormais, c’est l’Iran qui est dans le viseur et son président Mahmoud Amadinejad est l’objet d’une campagne de stigmatisation intense.
Le journal sioniste de gauche états-unien The New Republic participe à ce mouvement en diabolisant, littéralement, Mahmoud Ahmadinejad en couverture de son numéro du 24 avril 2006. On y voit le président iranien affublé de crocs, d’un regard vicieux et d’oreilles pointues sous le titre « les Démons d’Ahmadinejad » (« Ahmadinejad’s Demons »). Cette Une illustre un article du journaliste Matthias Küntzel décrivant les Basiji, un mouvement nationaliste et religieux iranien né durant le conflit Irak-Iran soutenant le nouveau président. Bien que l’article de M. Küntzel présente Mahmoud Ahmadinejad sous un angle très négatif, il ne justifie pas cette iconographie ou ce titre provocateur, qui semble davantage être un choix éditorial de la rédaction qu’une illustration évidente du travail du journaliste.
Notons que cette Une n’est pas un phénomène isolé. L’ancien Premier ministre israélien a déclaré le 8 avril dans une interview à Radio Israël qu’Ahmadinejad « représentait le Diable, pas Dieu ». En outre, à partir de falsifications de citations du président iranien, les fondamentalistes chrétiens sionistes, qui voient dans la constitution d’Israël un signe du prochain retour du Christ, affirment que Mahmoud Ahmadinejad veut détruire Jérusalem pour empêcher ce retour et élèvent la guerre contre l’Iran en impératif religieux pour tous les Chrétiens.
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