Le Hezbollah a fait prisonnier, le mercredi 12 juillet, 2 soldats israéliens qui s’étaient introduits en territoire libanais, dans la région d’Aïta al Chaab, proche de la frontière israélienne. Loin de présenter ses excuses pour avoir violé la souveraineté du Liban et de demander à récupérer ses soldats, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a qualifié cette capture « d’enlèvement » et même « de déclaration d’acte de guerre ». Il a fait bombarder Beyrouth et des villages avoisinants le lendemain.
Dans leurs éditions du 13 et 14 juillet 2006, Libération, Le Figaro et Le Monde ont de suite adopté la position israélienne selon laquelle en toutes circonstances, c’est Israël qui est victime. Les trois quotidiens français reprennent à leur compte le terme « d’enlèvement », comme si un commando du Hezbollah avait commis une incursion en Israël pour y kidnapper des soldats. Ils ravivent ainsi une image ancrée dans la mémoire collective : pendant la guerre civile, un groupe chiite avait enlevé et séquestré des otages français. Qu’importe que la guerre civile soit finie depuis longtemps et que le Hezbollah soit devenu un parti de gouvernement, l’anachronisme sert la propagande de Tel Aviv.
Le titre choisi par Libération est sans équivoque : « Israël punit le Liban pour enlèvement ». Le Figaro va beaucoup plus loin : « Après le Hamas, le Hezbollah attaque Israël sur un nouveau front ». En un titre, le quotidien du groupe Dassault nie que Tshal occupe les Territoires palestiniens et a violé le territoire libanais. Il renverse l’ordre des choses et prétend que ce sont le Hamas et le Hezbollah qui ont violé la souveraineté israélienne.
Poursuivant jusqu’à son terme logique son soutien à l’expantionnisme israélien, Le Figaro n’hésite pas à pointer du doigt, sous couvert d’analyses des commentateurs israéliens, les futurs ennemis d’Israël : « le régime syrien abrite la direction politique en exil du Hamas, qui incarne l’aile la plus dure du mouvement islamiste. Il est aussi le principal sponsor du Hezbollah, chiite pro-iranien. [...] En frapant Damas, Tsahal ferait d’une pierre deux coups ».
Enfin, Le Monde, dans son article « Après Gaza, le Liban : Israël en guerre sur deux fronts » paru le 13 juillet 2006, daté du 14, explicite d’entrée sa position avec ce surtitre : « Tsahal riposte au Hezbollah et bombarde des cibles à Beyrouth ». Le quotidien du soir précise ensuite que, « Entre Gaza et le pays du Cèdre, Israël se retrouve ainsi engagé sur deux fronts. Le détonateur a été, dans les deux cas, la capture de ses soldats, dans le but des les échanger contre de prisonniers qu’il détient ».
Ainsi, avec un bel unanimisme, les trois principaux quotidiens nationaux français falsifient les faits et reprennent à leur compte la rhétorique sioniste.
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