Les deux livres publiés en Espagne
11-S Historia de una infamia et Jefe Atta, el secreto de la Casa Blanca.

Trois années se sont écoulées depuis l’attentat qui détruisit les tours jumelles du World Trade Center de New York, une attaque perpétrée à l’aide d’avions qui fit environ 3000 victimes. La « version officielle » du gouvernement états-unien attribua aussitôt la responsabilité des attentats à Oussama Ben Laden et à son réseau terroriste, Al Qaïda, sans qu’à ce jour la moindre enquête officielle et gouvernementale n’ait pu prouver sa culpabilité ; ni en présenter publiquement les preuves aux citoyens.

Devant l’inquiétant mutisme du gouvernement états-unien lorsqu’il s’agissait de faire la lumière sur ces évènements, le journaliste d’investigation français et président du Réseau Voltaire Thierry Meyssan publiait quelques mois plus tard deux livres intitulés L’effroyable imposture, aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone et Le Pentagate (www.effroyable-imposture.net et www.pentagate.info).

C’est El Mundo, le quotidien le plus diffusé en Espagne, qui a publié la version nationale de L’Effroyable imposture. L’ouvrage de Thierry Meyssan en est à sa 16e réédition dans la péninsule ibérique.

Cependant Thierry Meyssan devint le vilain petit canard de la presse française, qui n’entendait pas seulement le discréditer, mais également le calomnier avec virulence. La polémique gagna en intensité et les critiques ne venaient pas uniquement de la presse de droite, mais aussi de la presse de gauche, dont le célèbre mensuel Le Monde diplomatique qui s’en prit à Meyssan par la plume du journaliste Serge Halimi.

Aujourd’hui, avec une meilleure vision d’ensemble, davantage d’éléments d’information sur ces tragiques évènements et de nouveaux compléments d’enquête indépendants, beaucoup d’autres intellectuels, journalistes, penseurs affirment également que la « version officielle » ne dit pas toute la vérité, ou encore que l’opinion mondiale a, par bien des aspects, été trompée et manipulée. Cette affirmation est en grande partie avérée et avant tout aux États-Unis, comme l’explique simplement le cinéaste Michael Moore, auteur de Fahrenheit 9/11 : « Si la presse nord-américaine avait fait son travail, je ne serais pas aussi connu. ».

Les livres espagnols

Durant la seule année 2003, deux livres ont été publiés en Espagne, écrits par des journalistes espagnols qui affirment qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone, mais qu’il s’agissait plutôt d’un missile.

Le premier à être publié fut Jefe Atta, el secreto de la Casa Blanca (Capitaine Atta, le secret de la Maison-Blanche), aux éditions Janet & Plaza, par la journaliste Pilar Urbano. Si cet ouvrage ne constitue pas une enquête fort rigoureuse, son aspect intéressant et révélateur est que Pilar Urbano, membre de l’Opus Dei, politiquement proche de la droite espagnole et de l’ancien gouvernement de José Maria Aznar, a opté pour ces thèses. Pilar Urbano est la biographe officielle des rois d’Espagne et amie de Mr Trillo, ancien ministre de la Défense du gouvernement Aznar, qui a soutenu l’invasion de l’Irak par les États-Unis.

Pilar Urbano
Auteure de Jefe Atta, el secreto de la Casa Blanca (Éditeurs Janet & Plaza)

Jefe Atta, el secreto de la Casa Blanca nous relate en 550 pages la biographie de l’« intégriste » Mohammed Atta, présenté comme l’un des pilotes des avions-suicide et chef des terroristes, avant d’affirmer dans les 50 dernières pages, avec un peu plus de bon sens et d’arguments, qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone, mais qu’il s’agissait vraisemblablement plutôt d’un missile.

Nouveaux éléments d’enquête

Le second livre est sorti en septembre 2003 sous le titre Historia de una infamia, las mentiras de la version oficial (Corona Boralis) du journaliste indépendant madrilène Bruno Cardeñosa.

Le travail de Cardeñosa est une enquête digne d’attention qui aide à éclaircir et comprendre un peu plus les évènements du 11 septembre 2001. Par exemple le fait que Mohammed Atta, présenté comme un fervent intégriste musulman, vivait à Miami et entretenait une relation avec Amanda Keller, jeune femme nord-américaine qui travaillait dans le milieu de la prostitution et des cabarets de strip-tease. Des témoins et connaissances de ladite jeune femme affirment avoir vu Mohammed Atta en sa compagnie, buvant de l’alcool, consommant de la drogue ou même du porc, autant de choses interdites pour un musulman pratiquant. D’autres témoins affirment que Atta et Keller partageaient un appartement et étaient unis sentimentalement. Des journalistes états-uniens indépendants qui travaillaient pour des petits journaux locaux de Miami l’avaient écrit, mais l’information n’était pas remontée. Personne ne sait aujourd’hui où se trouve Amanda Keller.

Cardeñosa a saisi l’occasion de s’entretenir à plusieurs reprises avec le dernier instructeur de pilotage de Mohammed Atta. Il s’agit d’Ivan Chirivella, un Espagnol immigré aux États-Unis avec l’intention de faire carrière en tant que tennisman professionnel. Mais il se retrouva instructeur de vol. Lorsque Cardeñosa lui demanda ce qu’il pensait de la prouesse technique d’Atta, c’est-à-dire d’avoir pu écraser le Boeing dans la tour, Chirivella répondit que cela lui paraissait impossible ; quand Atta avait quitté l’école d’aviation il n’avait pas les connaissances techniques nécessaires pour effectuer une telle manœuvre, en fait il ne connaissait pratiquement rien. Cela aurait pu être possible, conclut Chirivella, si Atta avait pris les commandes de l’avion une ou deux secondes avant qu’il ne s’écrase.
Actuellement Chirivella est pilote de ligne pour la compagnie espagnole Iberia et malgré son séjour de plusieurs années aux États-Unis sans avoir commis le moindre délit, les autorités états-uniennes lui ont interdit l’entrée sur le territoire. En effet, Chirivella est un témoin gênant vis-à-vis de la « version officielle ».

Le livre nous explique, parmi beaucoup d’autres choses, que les sismographes de New York attestent - preuves en main - que de fortes secousses se firent ressentir dans la croûte terrestre et à la base des tours jumelles quelques secondes avant que celles-ci s’effondrent, ces secousses ne correspondant ni au choc de l’impact des avions, ni à la chute des tours, lesquelles sont également enregistrées. De plus, les éléments sont très clairs aux yeux des spécialistes : les deux dernières correspondent à des secousses à la superficie de la croûte, alors que ce n’est pas le cas des autres. L’enquête de Cardeñosa est une mine d’informations sérieuses et objectives. Commenter tous les aspects de ce livre intelligent et intéressant est impossible dans le cadre de ce court article.

Et si aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone, mais qu’un missile a détruit cette annexe gouvernementale, la question que tout le monde se pose trois ans après est : mais alors où sont passés l’avion et tous ses passagers ?

Brève interview de Bruno Cardeñosa

Bruno Cardeñosa
Auteur de Historia de una infamia, las
mentiras de la version oficial
(Corona
Boralis).

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?

En examinant les compte-rendus de la presse et les informations disponibles je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de contradictions, les photos ne montraient pas d’avion, il y avait aussi le travail de pionnier de Thierry Meyssan et tout cela m’a donné envie d’enquêter davantage et introduire de nouvelles pistes et informations.

Comment votre livre sur le 11 septembre a-t-il été reçu par la presse espagnole et l’opinion publique, surtout concernant votre affirmation selon laquelle aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone ?

Très bien, car le public comme la presse ne croient pas à la version officielle. Trois des quatre grands quotidiens nationaux l’ont d’ailleurs écrit. J’ai reçu par e-mail beaucoup de messages de soutien et de félicitations.

Il n’y a pas eu de critiques ?

Si, mais elles émanaient d’une frange très réduite de l’extrême droite. Dans la presse généraliste et les quotidiens régionaux ou autonomistes il y a eu des commentaires, mais pas pour déprécier le livre, au contraire. Les hebdomadaires d’information politique de qualité comme El Tiempo ont publié de très bonnes critiques. Mais il faut aussi préciser que la presse espagnole s’est visiblement auto-censurée parce qu’elle a peur de sortir de la norme.