Dans de nombreux journaux, analystes et journalistes établissent un lien entre les difficultés politiques rencontrées par le Premier ministre irakien Nouri Maliki, et l’échec de la médiation française au Liban menée par le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Ils y voient la main de la secrétaire d’État Condoleezza Rice qui souhaite perpétuer le climat d’instabilité dans les pays de la région.
Les médias libanais et arabes se sont également intéressés à la victoire du candidat de l’opposition libanaise à la partielle du Metn.
Tendances et événements régionaux
La rencontre entre le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, constitue un premier pas vers une alliance dont ils ont jeté les bases après que le Hamas ait fait échouer la tentative de coup d’État fomentée par les services de sécurité palestiniens à Gaza sous la supervision du général américain Keith Dayton et de l’ancien conseiller d’Abbas, Mohammad Dahlan. Les prémices de cette alliance s’étaient déjà fait sentir avec le déblocage par Olmert d’une partie des fonds palestiniens confisqués par l’État hébreu et la libération de 250 détenus palestiniens, essentiellement membres du Fatah. En contrepartie de ces petits gestes, Mahmoud Abbas et son Premier ministre Salam Fayyad ont fait des concessions de taille : ils ont abandonné la lutte armée et privé de toute légitimité les mouvements de résistance palestiniens.
Cette étroite coopération entre Abbas et Olmert a été rendue possible par les efforts assidus de la secrétaire d’État états-unienne, Condoleezza Rice, et par la couverture politique assurée par les États arabes dits « modérés », qui ferment les yeux devant la poursuite des agressions israéliennes contre la Bande de Gaza. D’ailleurs, la nouvelle rencontre Olmert-Abbas intervient cinq jours après une visite de Mme Rice dans la région.
Mais malgré ses efforts, la secrétaire d’État n’a pas réussi à obtenir du chef du gouvernement israélien qu’il entame des discussions sur les questions clés du conflit, notamment les réfugiés, le tracé des frontières et Jérusalem. Tout juste lui a-t-elle arraché une promesse de trouver un « accord de principe » sur les grandes lignes d’un État palestinien.
Presse et agences arabes internationales
• Après le retrait du bloc sunnite du gouvernement de Nouri Maliki, la presse arabe et internationale estime que la chute du gouvernement irakien est pour bientôt.
Dans ce même contexte, les États-Unis devront revoir leur stratégie en Irak à la mi-septembre si le Parlement irakien ne vote pas d’ici là une série de lois visant à assurer la réconciliation nationale, a déclaré dimanche le secrétaire à la Défense Robert Gates sur la chaîne NBC News. M. Gates a estimé que les efforts de réconciliation nationale en Irak étaient « décevants » et il a mis en garde les responsables de ce pays en disant que chaque jour supplémentaire donné au gouvernement pour faire avancer la paix « était acheté avec du sang américain ».
Interrogé sur la nécessité d’une révision de la stratégie US si l’Irak ne passait de législation pour garantir la réconciliation nationale, Robert Gates a répondu : « Je pense que nous devrons le faire, oui. C’est le but des efforts de l’ambassadeur des États-Unis à Bagdad Ryan Crocker et de David Petraeus », commandant des forces US en Irak.
En dépit d’un manque de progrès au niveau politique, M. Gates a souligné des progrès sur le terrain en matière de sécurité, comme dans la province d’Al-Anbar, un des bastions des insurgés sunnites. « C’est donc un tableau décevant au niveau du gouvernement central en ce moment, mais il y a des points positifs au niveau local. Et évidemment dans le domaine de la sécurité », a-t-il dit. Mais, a-t-il poursuivi, « à un moment donné, il doit y avoir une réconciliation au niveau national ».
• La presse israélienne a reproduit une mise en garde des services de renseignement militaires (Aman) selon lesquelles « une erreur de calcul de la part d’Israël » pourrait conduire à une guerre entre les deux pays. Les Syriens sont très sensibles aux activités militaires israéliennes sur les hauteurs du Golan. Aman estime que Damas ne projette pas d’attaquer Israël, mais il pense que l’État hébreu pourrait prendre l’initiative de lancer une offensive.
Par ailleurs, Israël s’apprête à mettre sur orbite un satellite-espion capable de surveiller l’Iran et la Syrie d’une manière permanente.
• Des sources journalistiques à Amman affirment que personne, en Jordanie, n’est en mesure de déterminer quel serait le prix que la population devra payer si le gouvernement prend la décision d’annoncer le divorce avec la Confrérie des Frères musulmans (qui agit sous le label Front d’action islamique — FAI), après leur décision de se retirer des élections municipales la semaine dernière. Certains éditorialistes s’interrogent si les islamistes sont désormais convaincus qu’ils sont devenus la cible des autorités.
Dans le même contexte, des membres du Front d’action islamique ont été élus à la tête de municipalités malgré l’annonce de leur retrait « pour fraude ».
Le porte-parole du gouvernement jordanien, Nasser Jawdeh, a annoncé que deux membres du Front avaient été élus maires au cours du scrutin qui s’est déroulé mardi et mercredi.
De son côté, le ministre des municipalités, Nader Zuheirat, a annoncé que quatre islamistes au moins avaient obtenu des sièges dans les municipalités et que le processus électoral était « un succès ». Toutefois, Zaki Bani Rsheid, le secrétaire général du FAI a rejeté les résultats du scrutin et annoncé que son parti demanderait aux candidats élus de renoncer à leur mandat. « Ces résultats ne nous concernent pas. Nous avons retiré tous nos candidats de la course et ces résultats n’y changeront rien », a-t-il souligné, qualifiant ces élections de « funérailles de la démocratie ».
• L’Iran ne renoncera pas l’enrichissement d’uranium en dépit des pressions internationales, a réaffirmé dimanche le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, démentant des informations parues dans un hebdomadaire allemand. « Renoncer à l’enrichissement est inacceptable », a dit à la presse Mohammad Ali Hosseini en réaction à des propos attribués à M. Ali Larijani, responsable du dossier nucléaire iranien, selon lesquels la suspension par Téhéran de ses activités d’enrichissement était concevable à l’issue de négociations avec les puissances mondiales.
« Cela n’est pas vrai. J’ai parlé moi-même avec M. Larijani et cet article (publié dans l’édition de lundi du magazine allemand Focus) ne refléte pas ses commentaires », a dit le porte-parole. À une question de Focus lui demandant s’il était envisageable que des négociations aboutissent à la suspension de l’enrichissement d’uranium par son pays, M. Larijani aurait répondu : « Ce n’est pas totalement à écarter ».
« Notre activité nucléaire se poursuit dans le cadre tracé, à l’abri de la propagande politique des médias », a dit encore le porte-parole iranien.
• L’Iran a dévoilé dimanche, lors d’une cérémonie officielle inédite, son nouvel avion de combat construit sur les plans du F-5 états-unien mais de fabrication entièrement locale, a annoncé l’agence de presse officielle Irna.
L’avion « Azarakhsh » (éclair), l’un des premiers a être construit en Iran, a effectué un vol d’essai au-dessus de la ville d’Ispahan (centre) au cours d’une cérémonie à laquelle assistait le ministre iranien de la Défense, le général Mostapha Mohammad Najar, et d’autres responsables militaires. « Le succès de cet avion de combat construit sur notre territoire est un autre exemple de la réussite technologique de notre pays », a déclaré le gouverneur de la région, Morteza Bakhtiari, cité par Irna. « A une époque où les États-Unis vendent des armes à leurs alliés dans la région, les experts de notre pays font de grands progrès quotidiens pour parvenir à l’autosuffisance militaire de l’Iran », a-t-il ajouté.
L’Iran avait annoncé en septembre 2006 avoir développé cet avion comparable à l’avion de combat états-unien F-5, selon des sources militaires iraniennes. Téhéran a aussi développé un autre avion de combat, « Saegheh » (tonnerre), sur le modèle du F-18 états-unien.
NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
La guerre d’Irak est un enjeu crucial. L’opinion publique états-unienne considère de plus en plus ce conflit comme un gaspillage de vie humaine et une dilapidation des richesses de l’Amérique. Les Républicains ont torpillé le débat qui s’est déroulé autour de cette question dans la nuit de vendredi à samedi. Ils avaient l’air de somnoler pendant une pièce de théâtre jouée par les Démocrates. Les fidèles à Bush se sont dérobés à leurs responsabilités et aux engagements qu’ils ont pris envers leur électorat, en s’abstenant d’exercer des pressions sur le président pour arriver à une fin à cette triste guerre.
SUNDAY TIMES (GRANDE-BRETAGNE)
Les forces britanniques en Afghanistan sont en danger à cause des échecs de leurs alliés. L’Otan est devenue une organisation inefficace. Pendant ce temps, les Britanniques risquent une défaite stratégique devant le même ennemi qui tente de détruire nos moyens de transport et nos centres commerciaux. Lors du dernier sommet européen présidé par l’Allemagne, les alliés du Royaume-Uni lui ont demandé des concessions pour pouvoir réaliser leur rêve d’édifier une union (européenne). Pourquoi l’ancien Premier ministre Tony Blair n’a-t-il pas couplé ces concessions à un engagement de la part de ces pays européens à participer plus activement à la guerre contre les taliban ? À quoi sert l’Union européenne si les pressions auxquelles elle est soumise ne comportent pas une lutte plus sérieuse contre ceux qui veulent détruire ses valeurs et ses modèles de sociétés ? Le Premier ministre Gordon Brown devrait refuser toute action européenne commune si les Européens ne respectent pas leur engagement concernant la sécurité commune.
TAÏWAN JOURNAL (QUOTIDIEN DE LA RÉPUBLIQUE DE CHINE)
La Chine populaire est désormais prête à défier l’Europe et les États-Unis dans la recherche et le contrôle de nouvelles ressources énergétiques. Avec des réserves en devises estimées à plus d’un trillion de dollars, il n’est pas étonnant de voir que les sociétés gazières et pétrolières étatiques présentes un peu partout. L’influence politique et militaire de la Chine se base actuellement sur le changement des rapports de force internationaux et de l’équilibre géopolitique mondial.
Tendances et événements au Liban
L’élection partielle pour élire un successeur au député assassiné Pierre Gemayel, dans la circonscription à majorité chrétienne du Metn (Nord-est de Beyrouth), s’est achevée par la victoire du candidat du général Michel Aoun (opposition). Camille Khoury, un médecin inconnu de l’opinion publique, a battu l’ancien président Amine Gemayel, soutenu par le pouvoir, et qui avait déployé d’énormes moyens financiers et médiatiques.
Dans la deuxième circonscription de Beyrouth, le candidat du pouvoir a remporté une victoire attendue, vu que l’opposition avait refusé de participer activement au scrutin dans cette région.
Cette élection a montré que l’Armée libanaise, bien qu’engagée sur le front de Nahr al-Bared depuis le 20 mai, est capable de veiller à la sécurité des autres régions du pays.
Le Courant patriotique libre (CPL de Michel Aoun) a prouvé que son alliance avec le grand parti arménien Tachnag et le député Michel Murr (un des principaux notables du Metn) est solide, malgré les rumeurs propagée par les médias et les hommes politiques proches de la coalition du 14-mars (dont est issu Amine Gemayel).
La victoire de Michel Aoun dément toutes les analyses qui affirmaient que sa cote de popularité chez les chrétiens avaient dramatiquement baissé depuis la signature du document d’entente avec le Hezbollah, le 6 février 2006, et depuis qu’il s’est résolument rangé du côté de la Résistance pendant la guerre israélienne contre le Liban l’été dernier.
À Beyrouth, le faible taux de participation (18,9 %) montre que la population est restée insensible aux appels lancés par le chef du Courant du futur, Saad Hariri, dont le candidat a remporté une victoire facile faute d’adversaires de taille.
La victoire du général Aoun intervient deux mois avant l’ouverture de la période constitutionnelle pour l’élection d’un nouveau président de la République (entre le 25 septembre et le 24 novembre). Elle a permis à Michel Aoun de se présenter comme l’homme fort des chrétiens (une communauté d’où est issu le chef de l’État). Amine Gemayel, lui, est le grand perdant de ce scrutin puisque sa défaite l’écarte de la course à la présidentielle. Il a perdu dans une région considérée comme le fief de sa famille depuis des décennies. Les milieux politiques parlent toutefois d’une « défaite honorable », car seules 418 voix le séparent du vainqueur. Certaines figurent du 14-mars ont même dit que Gemayel a réalisé une « victoire politique ».
La communauté arménienne, qui a massivement voté en faveur du candidat de Michel Aoun, a fait l’objet de critiques à caractère raciste de la part de Gemayel et d’autres personnalités du 14-mars. Ce qui a provoqué une vague de condamnations tous azimuts. Car les Arméniens du Liban sont des citoyens à part entière.
Résumé d’articles relatifs au Liban
La presse libanaise a souligné lundi que l’opposition chrétienne avait remporté une victoire électorale en demi-teinte à la législative partielle de dimanche, qui a creusé davantage les contradictions au sein de la communauté chrétienne divisée entre majorité et opposition.
AN-NAHAR (PROCHE DU 14-MARS)
Michel Aoun a perdu chez les chrétiens maronites mais a gagné électoralement avec une différence de 418 voix .
AL-AKHBAR (PROCHE DE L’OPPOSITION)
Michel Aoun a enregistré une victoire même si elle n’est pas écrasante. Il a tranché face à ceux qui prétendent qu’il a perdu le leadership chrétien.
AD-DIYAR (PROCHE DE L’OPPOSITON)
Michel Aoun a gagné par les chiffres, Amine Gemayel a récupéré le leadership du Metn même avec des fraudes dont il accuse le camp adverse.
AS-SAFIR (INDEPENDANT, PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le bloc maronite qui a donné en 2005 ses voix à Aoun les a données cette fois à Gemayel. Cet effritement des voix de Michel Aoun est dû surtout à son alliance avec le Hezbollah.
AL-MOSTAQBAL (APPARTIENT AU CLAN HARIRI)
Les résultats ont mis fin à l’idée de l’unique représentation des chrétiens. Aoun a payé pour ses alliances avec ceux qui veulent le retour de l’hégémonie syrienne.
Talks shows libanais
LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Couverture en direct des partielles
– Invité : Walid Joumblatt, député pro-US, membre du 14-mars
La légende de la représentativité unique des chrétiens par celui qui s’appelle Michel Aoun a été brisée.
Amine Gemayel a remporté une grande victoire politique. Tel que nous le connaissons, Michel Aoun va recourir à la surenchère. Mais il a essuyé une défaite politique en dépit de toutes ses alliances internes et externes.
C’est une victoire pour le 14-mars dans sa longue marche pour l’indépendance. La période à venir offre au 14-mars l’opportunité de choisir un président de la République, si le régime syrien nous permet toutefois d’organiser l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels.
Talks shows états-uniens
NBC
Émission : Meet the press
– Invité : Robert Gates, secrétaire à la Défense et ancien membre de l’Iraq Study Group (dit « Commission Baker-Hamilton »).
Le renforcement des troupes en Irak donne ses premiers résultats. La situation se stabilise et le gouvernement irakien va pouvoir se concentrer sur les problèmes inter-communautaires et la construction des institutions. Un début de retrait des troupes US est possible avant la fin de l’année, sous réserve des recommandations que formulera le général Petreus dans son rapport à venir.
CNN
Émission : Late edition
– Invité : Robert Gates, secrétaire à la Défense et ancien membre de l’Iraq Study Group (dit « Commission Baker-Hamilton »).
Tous les pays arabes ont intérêt à ce que la situation s’améliore en Irak. Au cours de son voyage de quatre jours au Moyen-Orient, M. Gates a informé ses interlocteurs d’un plan de retrait partiel des GI’s d’Irak.
ABC
Émission : This Week
– Invités : tous les candidats républicains à l’election présidentielle de 2008
• Rudy Giuliani a commenté les propos du démocrate Barack Obama en affirmant qu’une intervention militaire contre les bases d’Al-Qaïda au Pakistan devait rester une option ouverte. À l’inverse Mitt Romney a souligné que les États-Unis ne devaient pas menacer ainsi un de leurs alliés.
• Ron Paul a plaidé pour un retrait immédiat des GI’s d’Irak. Au contraire John McCain a défendu la politique de l’administration actuelle en exigeant d’être jugé par l’Histoire et non par les sondages d’opinion.
Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.
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