Tendances et événements au Proche-Orient

Des milieux politiques arabes estiment que la violation de l’espace aérien syrien par des appareils israéliens n’avait pas uniquement pour objectif de tester les défenses anti-aériennes et les systèmes radar nouvellement installés par la Syrie et d’expérimenter de nouveaux couloirs pour l’aviation en prévision d’un éventuel conflit. Le but était aussi, et surtout, de tester la volonté politique et la réaction de la Syrie. Aussi, le communiqué militaire syrien révélant le survol du territoire national par des avions ennemis et l’annonce par Damas qu’il se réservait le droit de choisir la méthode et le timing de la riposte, ont constitué une vraie surprise pour le commandement militaire israélien. Le fait que la Syrie n’ait pas hésité à faire état de la violation israélienne montre que la direction syrienne est déterminée à affronter toute agression.
Ce message syrien a contraint Israël à procéder à des calculs bien plus sophistiqués qu’il ne le pensait, après avoir palpé la forte détermination de Damas à répondre aux défis. C’est ce qui a poussé certains milieux israéliens à qualifier la violation de l’espace aérien de la Syrie de « mesure stupide », susceptible de provoquer une guerre à laquelle Israël n’est pas encore prêt après sa défaite au Liban durant l’été 2006.
À Tel Aviv, Washington et dans les capitales européennes, on attend avec inquiétude la nature de la riposte syrienne. D’autre part, analystes, hommes politiques et journalistes arabes s’étonnent de la faiblesse des réactions des régimes arabes après la violation de l’espace aérien syrien par des avions israéliens.

Presse et agences internationales

THE SUNDAY TELEGRAPH (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)

Les soldats britanniques arrêtés par l’Iran espionnaient la base d’observation des Gardiens de la Révolution (source : The Sunday Telegraph, 9 septembre 2007).


Les Gardiens de la Révolution iraniens ont construit une base d’espionnage ultra-sophistiquée dans le nord du Golfe (presqu’île de Fao, à l’embouchure du Shatt al Arab), plus précisément à l’endroit où les marins britanniques avaient été capturés en mars dernier. Selon un rapport de l’armée états-unienne, cette base, située près d’une grue géante qui a coulé durant la guerre Irak-Iran, est équipée de matériels de haute technologie. Elle contient des radars, des caméras et des équipements destinés à suivre les mouvements des troupes de la coalition à l’intérieur et à l’extérieur de l’Irak ainsi que les navires commerciaux dans le nord du Golfe. Les États-uniens ont riposté à cette mesure en installant une base d’écoute sur une plate-forme pétrolière à la frontière maritime entre l’Irak et l’Iran. Les protagonistes se surveillent réciproquement mais font en sorte que la situation reste sous contrôle. D’autant que l’Iran est prêt à riposter à toute action militaire US, à travers peut-être une guérilla non déclarée.

ASSOCIATED PRESS (AGENCE DE PRESSE BRITANNIQUE)
Le rapport que doit soumettre au Congrès le général David Petraeus, commandant de la force US en Irak, met en garde contre toute tentative de modifier la stratégie actuelle, estimant que la réduction des effectifs conduirait à la destruction des succès politiques et militaires réalisés dernièrement.
Le général Petraeus devait témoigner ce lundi devant le Congrès, premier acte d’une semaine décisive au cours de laquelle le président George W. Bush doit annoncer aux États-uniens sa « vision » de la stratégie à adopter dans ce pays.
Accompagné de l’ambassadeur des États-Unis en Irak, Ryan Crocker, le général Petraeus est attendu à 12 h 30 heure locale (16 h 30 GMT) devant les commissions réunies des Forces armées et des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, pour une audition qui suscite aux États-Unis un intérêt historique.
Les deux hommes devraient subir le feu croisé de nombreux élus démocrates exigeant que les troupes commencent à se retirer d’un conflit qui a tué plus de 3 700 GI’s, ainsi que des centaines de milliers d’Irakiens, et englouti des centaines de milliards de dollars.
Dans une lettre aux troupes diffusée vendredi, le général Petraeus a évoqué une « évolution globale encourageante ». Mais le GAO, organisme états-unien indépendant chargé des audits pour le Congrès, a exprimé des doutes la semaine dernière sur la réalité de la baisse des violences.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le général David Petraeus, commandant de la force multinationale en Irak, et son supérieur hiérarchique, l’amiral William Fallon, chef des opérations militaires US au Moyen-Orient, sont opposés sur la stratégie des renforts.
Selon le quotidien, l’amiral Fallon estime que cette stratégie, centrée sur l’envoi de près de 30 000 soldats supplémentaires en Irak en 2007, mobilise des troupes qui seraient nécessaires pour faire face à d’autres menaces dans la région.
Les deux hommes auraient défendu leur position il y a une semaine devant le président George W. Bush, le général Petraeus s’exprimant de Bagdad par vidéoconférence. Les tensions entre les deux responsables militaires remonteraient à cet été, lorsque William Fallon a envoyé un amiral à Bagdad pour y recueillir des informations. Peu après, Fallon a commencé à établir un plan visant à réduire de manière drastique les troupes US en Irak, écrit le journal.
L’équipe du général Petraeus aurait mal pris ce qu’elle a considéré comme une « intrusion » dans sa propre planification, indique l’article.
William Fallon, nommé en mars à la tête des opérations militaires au Moyen-Orient, a très peu confiance dans les leaders irakiens et doute du bien-fondé des renforts.
« Il (Fallon) dit depuis le premier jour : ‘ça ne marche pas’", a déclaré un responsable de l’administration sous couvert de l’anonymat.
Interrogé par le journal sur l’état des relations entre les deux hommes, un haut responsable de l’administration a répondu : « De mauvaises relations ? C’est l’euphémisme du siècle ».

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
Après la violation de l’espace aérien syrien par des avions israéliens, mercredi dernier, toutes les options sont ouvertes. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, a épaissi le mystère qui entoure la situation en interdisant à ses ministres de commenter cette intrusion. Il a déclaré devant des journalistes : « Je félicite les chefs de notre armée qui mènent des missions courageuses et inhabituelles qui ne s’arrêtent pas une seconde ». Il a ajouté que l’on ne pouvait pas toujours dévoiler toutes les cartes devant l’opinion publique.
Dans ces conditions, les assurances des responsables israéliens sur le fait que l’État hébreu n’a pas l’intention d’attaquer la Syrie ne peuvent pas être prises au sérieux. La communauté internationale doit être consciente de la gravité de la situation dans la région et prendre les mesures nécessaires pour empêcher Israël de répéter ces provocations.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Les Syriens ne sont pas encore prêts à la guerre. Ils n’auront pas recours à des provocations susceptibles de déclencher une guerre totale. Mais la Syrie atteindra une phase de maturité opérationnelle en 2009, après la livraison et l’installation des armes achetées à la Russie dans le cadre de grands contrats.

• Des sources bien informées à Tel-Aviv ont révélé que le ministère israélien des Affaires étrangères avait proposé de placer la Bande de Gaza sous la tutelle d’une puissance étrangère alliée d’Israël. Dans le même temps, le gouvernement israélien a pris la décision d’intensifier les opérations militaires contre les mouvements de la Résistance palestinienne.
Les mêmes sources ont précisé que le ministère des Affaires étrangères a élaboré, il y a quelques semaines, un plan prévoyant de renforcer les pressions économiques sur Gaza et de réduire au minimum le passage des marchandises et des biens de consommation qui transitent par les points de Sofia et de Karm Abou Salem. Dans le même temps, les transferts de fonds seront étroitement surveillés. Le ministère a également proposé d’envisager un possible rôle international à Gaza, qui serait placé sous le contrôle d’une puissance alliée d’Israël.

• Inaugurant une conférence à Bagdad avec les pays de la région et les représentants de la communauté internationale, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a demandé « plus d’efforts » à ses voisins.
« Je vous appelle tous à travailler sérieusement et à faire plus d’efforts pour chercher les moyens d’atteindre nos objectifs pour lesquels vous êtes venus jusqu’ici », a déclaré M. Maliki.
Intervenant par la suite, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a assuré : « nous voulons contrôler nos frontières pour prévenir les infiltrations de terroristes ».
La conférence de Bagdad a rassemblé plusieurs dizaines de délégués, notamment des représentants de l’Iran, de la Syrie, de la Jordanie, de la Turquie et de l’Arabie saoudite.
Parmi les 22 délégations étaient représentés les pays du G8 et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. Le représentant spécial de l’Onu en Irak, Ashraf Qazi, était également présent.
Le gouvernement irakien est « déterminé à ramener la situation à la normale. L’Irak est un terrain pour ses alliés et ses rivaux », a ajouté M. Maliki, soulignant que la région était « en danger ».
C’est la seconde conférence du genre organisée à Bagdad, après une première en mai en Égypte. Elle intervient après la mise en oeuvre, il y a six mois, d’une nouvelle stratégie US pour endiguer les violences, avec l’arrivée de renforts et un nouveau plan de sécurisation de la capitale irakienne.
La réunion s’est déroulée dans la zone verte, secteur ultra-protégé du centre de Bagdad, où siègent les principales institutions irakiennes et l’ambassade des États-Unis.
Après l’ouverture des travaux en plénière, retransmise en directe à la télévision irakienne, la conférence s’est poursuivie par des travaux en trois commissions : l’une consacrée à la sécurité, l’autre aux déplacés et réfugiés irakiens, et la troisième à la question énergétique.
Il n’y a pas eu de rencontres bilatérales en marge de la conférence entre les délégations états-unienne et iranienne, a précisé l’ambassadeur d’Iran en Irak, Hussein Qozemi.

Tendances et événements au Liban

L’activité politique au Liban tourne toujours autour de l’initiative de sauvetage proposée par le président de la Chambre, Nabih Berri (Opposition), qui consiste à abandonner la revendication du cabinet d’union nationale en contrepartie d’une entente sur le nom du futur président qui serait élu au quorum des deux tiers.
Dans ce cadre, le chef du Courant du futur, Saad Hariri, est toujours muré dans son silence, alors que les faucons du 14-mars, Walid Joumblatt et Samir Geagea poursuivent leur travail de sape de cette initiative. Les deux responsables ont réitéré leur refus catégorique du quorum des deux tiers et leur attachement à « leur « droit » d’élire un nouveau président à la majorité absolue. Et si la coalition au pouvoir n’arrive pas à réunir cette majorité, le chef de l’État devrait être élu quel que soit le nombre de députés présents. Pour l’opposition, l’attitude des deux représentants de l’aile radicale du 14-mars montre que les États-Unis tiennent à garder entre leurs mains une carte qui leur permettrait de faire exploser le pays s’ils le décidaient, à la lumière des développements dans la région.
Les radicaux du 14-mars estiment qu’en acceptant le principe du quorum des deux tiers, ils ouvriraient la voie à des solutions négociées sur tous les autres dossiers, notamment la formation du prochain gouvernement au sein duquel l’opposition souhaite détenir le tiers des portefeuilles. Or MM. Joumblatt et Geagea se battent depuis presque un an pour conserver la totalité du pouvoir et refusent de le partager avec l’opposition. Ils sont encouragés en cela par les États-Unis qui savent pertinemment qu’un pouvoir équilibré au Liban n’accepterait jamais d’exécuter l’agenda US qui comporte, entre autres, le désarmement de la Résistance et l’implantation des réfugiés palestiniens.
Les observateurs ont souligné que les proches de Joumblatt et de Geagea utilisent, ces derniers jours, un langage qui était d’usage pendant la guerre civile. Ils se disent ainsi prêts à défendre « avec leur sang » les acquis du 14-mars, et accusent en même temps l’opposition de vouloir saboter par la force des armes la séance de l’élection présidentielle. Alors que tout le monde sait que ce sont eux qui ont fait usage des armes à plusieurs reprises pendant cette crise qui secoue le Liban depuis le 1er décembre 2006.
Ce climat malsain ne va empêcher Nabih Berri de poursuivre ses démarches jusqu’au bout. La venue cette semaine de Bernard Kouchner au Liban devrait donner un coup de pouce aux tentatives visant à régler la crise d’une manière pacifique.

Articles relatifs au Liban

• Un membre du groupuscule du Fatah al-Islam de nationalité saoudienne a été capturé samedi soir aux alentours du camp de Nahr el-Bared, tombé il y a une semaine aux mains de l’armée libanaise, a déclaré une source militaire.
Selon cette source, « un Saoudien a été capturé dans la localité de Nabi Kzayber, dans la région d’El-Minié », à deux kilomètres du sud-est du camp de réfugiés palestiniens, où des combats acharnés entre l’armée et les islamistes ont pris fin le 2 septembre.
Le combattant, âgé de 24 ans, a été aperçu par des habitants dans un champ aux abords du village. Il a été poursuivi jusqu’à la maison du muezzin de la localité, qu’il a supplié d’empêcher les villageois de l’approcher et de le remettre aux forces de sécurité, selon la source militaire.
Le muezzin a contacté l’armée qui a arrêté le fugitif, sans arme, couvert de terre, et apparemment très fatigué. Il n’a opposé aucune résistance au moment de son arrestation.
Depuis le 2 septembre, une dizaine de combattants de Fatah al-Islam ayant fui le camp où ils étaient retranchés depuis plus de trois mois ont été capturés, et au moins quatre ont été tués.
Dimanche, l’armée continuait de ratisser les alentours du camp à la recherche d’autres fugitifs. Trois hélicoptères militaires survolaient une zone montagneuse allant de Halba, à 10 km au nord du camp, jusqu’à al-Jawma, à 40 km plus au nord.
Le camp est tombé après plus de trois de mois d’affrontements qui ont fait près de 400 morts, dont au moins 222 islamistes et 163 soldats, selon un bilan officiel.

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Qui a pris la décision d’exécuter les chefs de Fatah al-Islam ? La plupart des membres de ce groupe sont de diverses nationalités arabes. Des dizaines de combattants sont toujours en fuite et une centaine de membres forment des cellules dormantes prêtes à frapper à n’importe quel moment.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le président Nabih Berri est déterminé à assurer le succès de la séance de l’élection présidentielle prévue le 25 septembre. À quinze jours du débat du délai constitutionnel pour élire un successeur à Émile Lahoud, l’activité politique fait du surplace. L’échéance présidentielle reste otage des calculs des grandes puissances.

Audiovisuel libanais

NTV (SENSIBLES AUX THESES DE L’OPPOSITION)
Émission : La semaine en une heure
 Invité : Boutros Harb, député et candidat à la présidence (14-mars)
Je soutien l’initiative du président Nabih Berri. MM. Walid Joumblatt et Samir Geagea ne l’ont pas rejetée, mais ont exprimé des réserves.
Je regrette que les relations libano-syriennes arrivent à un tel stade de détérioration. Il est dans l’intérêt des deux pays d’établir des liens fraternels et excellents.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.