Alors que la presse européenne voit dans l’élection présidentielle états-unienne un enjeu international majeur, outre-Atlantique deux figures politiques activistes tentent de resituer le fond du problème. La Démocrate Cynthia McKinney et la Républicaine Catherine Austin Fitts nous rappellent que peu importe lequel des deux candidats siègera au bureau ovale, un fantôme hantera les lieux tant que les questions des familles des victimes du 11 septembre resteront sans réponses. Nous reproduisons l’intégralité de leur tribune parue sur 911truth.org.
« Rumeur extravagante », « thèse insensée », « fariboles révisionnistes », « vicieuse théorie », « mensonges » [1]... La presse française n’a pas eu de termes assez durs pour qualifier le travail mené par Thierry Meyssan sur les attentats du 11 septembre. Comme s’il était illégitime de s’interroger sur la nature de ces événements, qui ont pourtant précipité les États-Unis dans un régime où les garde-fous démocratiques ont peu à peu disparu. Aujourd’hui, c’est justement au « pays des libertés » que ressurgit ce débat. La semaine passée, ce sont cent intellectuels qui ont apporté leur soutien aux demandes des familles des victimes sur l’ouverture d’une véritable enquête indépendante [2]. Une initiative passée totalement inaperçue en France. Le « journal de référence » Le Monde a d’ailleurs consacré la même semaine un article à Sibel Edmonds sans mentionner que cette personnalité figure sur la liste de ceux qui refusent aujourd’hui la version officielle et réclament la vérité. Pour les médias français, le véritable enjeu réside dans l’élection présidentielle qui oppose pourtant deux candidats dont les positions sur les questions internationales sont très proches [3]. Il est heureux que, même de façon aussi tardive, de plus en plus de personnalités et d’intellectuels états-uniens se préoccupent du problème essentiel, c’est-à-dire l’acte fondateur du nouveau régime états-unien qu’ont constitué les attentats du 11 septembre. Cette tribune, cosignée par la Démocrate Cynthia Mc Kinney et la Républicaine Catherine Austin Fitts, sonne comme un coup de tonnerre en ce jour d’élection.
Tribune de Cynthia Mc Kinney et Catherine Austin Fitts :
Quelque chose s’élève des cendres du 11 septembre : le spectre des questions qui hanteront notre pays jusqu’à ce qu’on y réponde.
Plusieurs mois après la publication du rapport officiel de la Commission d’enquête sur le 11 septembre, au moment même où le Congrès commence à appliquer ses propositions de centralisation radicale des forces de sécurité, un nombre croissant d’États-uniens met en doute le récit fait par leur propre gouvernement de ce qui s’est vraiment passé le 11 septembre, et de quelle manière.
Dès le début, l’administration Bush s’est opposée aux investigations et à la transparence. Les familles des victimes du 11 septembre ont dû faire pression sur l’administration et le Congrès pour obtenir une enquête intégrale et indépendante. Elles se sont battues pendant 14 mois, bloquées à chaque étape par la Maison-Blanche.
Les chassés-croisés politiques ont atteint un tel niveau que les survivants de la pire attaque jamais survenue sur le sol américain ont été contraints de manifester silencieusement, munis de chandelles, devant la Maison-Blanche.
Une chapelle ardente pour la vérité
En décembre 2002, la Maison-Blanche a finalement approuvé la création d’une commission indépendante, présidée par l’ancien gouverneur du New Jersey Thomas Kean. Cependant l’administration a imposé la nomination d’un panel à sa discrétion, avec un angle de travail restreint aux échecs du renseignement et aux recommandations.
Les familles ont demandé une enquête globale, formulant près de 400 questions qu’elles ont adressées à la Commission Kean. Les membres de la commission ont déclaré qu’ils acceptaient volontiers ces requêtes. Mais leur rapport final a ignoré la plupart des questions et les a laissées sans réponses. Figurant toujours sur le site Internet September 11 Family Steering Committee, ces questions rappellent les échecs de la Commission Kean à notre souvenir de manière frappante.
Désormais ces mêmes questions ont été soumises au procureur général de New York. La semaine dernière, le cabinet new-yorkais d’Eliot Spitzer s’est vu remettre une plainte demandant l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les crimes qui restent non élucidés, plus de trois ans après les faits [4].
Ainsi est né le fantôme de la Maison-Blanche
Conduit par des familles de survivants, des chercheurs indépendants, des journalistes et un nombre croissant de citoyens ordinaires, un « mouvement pour la vérité sur le 11 septembre » en pleine émergence a organisé plusieurs initiatives d’enquête citoyennes sur les événements du 11 septembre au cours de l’année passée. En tant que co-présidentes de la première Commission citoyenne sur le 11 septembre, qui s’est tenue dans la ville de New York en septembre, nous nous sommes vues confier la tâche de répondre aux questions ignorées par la Commission Kean.
Qu’avons-nous appris ? Nous avons pris connaissance d’éléments prouvant que des avertissements spécifiques préalables au sujet des attaques du 11 septembre avaient été émis depuis l’étranger. Nous avons pris connaissance de l’augmentation des enquêtes antiterroristes par le FBI et du manque de réaction durant les attaques de la part de hauts responsables, dont George W. Bush, Donald Rumsfeld et l’actuel chef d’État-major interarmes Richard Myers.
Nous avons appris que la toxicité de l’air à Ground Zero affecte toujours les pompiers, les premiers secouristes ainsi que les résidents de New York, et de quelle manière, durant les jours suivant le 11 septembre, la Maison-Blanche est intervenue pour empêcher l’Agence de protection environnementale de diffuser un avertissement important expliquant qu’il était dangereux de respirer l’air de la partie sud de Manhattan.
Nous avons également appris que, malgré le surprenant abandon de la procédure d’urgence standard en cas de détournement d’avion et pour la défense aérienne lors du 11 septembre, la Commission sur le 11 septembre échoue à lancer un appel pour que des responsabilités officielles soient établies.
Alors que les membres de la Commission Kean parcourent le pays pour défendre les conclusions de leur rapport, nous savons que beaucoup de gens se manifestent pour leur poser des questions audacieuses sur ces problèmes et bien d’autres qui restent en suspend. Mais les gens ordinaires sont dépourvus des pouvoirs d’action judiciaire nécessaires pour faire toute la lumière sur les faits. Les enquêtes citoyennes n’avancent que jusqu’à une certaine limite.
Ainsi, certains parmi ceux qui ont témoigné devant nous à New York ont examiné la possibilité d’une enquête par un jury d’accusation. Les éventuels chefs d’accusation incluent négligence criminelle, manquement aux devoirs officiels, facilitation criminelle, responsabilité par complicité, conspiration et obstruction de la justice par de hauts responsables du gouvernement.
Ces chefs d’accusation, actuellement formulés dans la pétition au procureur général de la ville de New York, peuvent paraître extrêmes. Mais ils reflètent une inquiétude croissante parmi les citoyens. Un sondage effectué par Zogby International auprès de résidents de la ville de New York en août dernier révélait que 49 % d’entre eux pensent que de hauts responsables avaient une connaissance préalable des attaques et ont « consciemment échoué » à les prévenir. 41 % de l’ensemble des résidents de l’État de New York partageaient ce point de vue [5].
Un total de 66 % des résidents de la ville de New York interrogés s’accordait sur le fait que l’enquête sur le 11 septembre doit être rouverte par le Congrès ou par Eliot Spitzer. Une enquête parlementaire qui respecte le caractère pressant de ces questions aurait dû être ouverte depuis longtemps.
Dorénavant nous n’avons donc pas d’autre recours que de faire le pied de grue devant le bureau d’Eliot Spitzer. Tant que les questions sur le 11 septembre laissées sans réponse ne sont pas mises au repos par une investigation indépendante qui ne déclare hors limites aucune voie d’enquête légitime, elles continueront de hanter notre pays et la personne qui siègera à la Maison-Blanche l’année prochaine.
Cynthia McKinney, cinq fois élue au Congrès états-unien en tant que représentante pour le quatrième district de l’État de Georgie, de 1993 à 2003, a remporté les primaires de cette année pour la nomination démocrate à son ancien poste. Elle est donnée favorite pour les élections ayant lieu aujourd’hui. Catherine Austin Fitts est l’ancienne assistante du Secrétaire au logement de l’administration Bush père et ancienne directrice de gestion et membre du conseil d’administration de Dillon, Read & Co. Inc.
[1] « Internet véhicule une rumeur extravagante sur le 11 septembre », par Stéphane Foucart et Stéphane Mandard, Le Monde, 21 mars 2002 ; « 11 septembre : La rumeur révisionniste », Le Point, 5 avril 2002 ; « Crash chez Ardisson », par Daniel Schneidermann, Le Monde, 23 mars 2002 ; « Mensonge à Voltaire », par Pierre Marcelle, Libération, 26 mars 2002 ; « Pourquoi la démonstration de Meyssan est cousue de très gros fils blancs », par Fabrice Rousselot, Libération, 30 mars 2002 ; « Meyssan, une dérive conspirationniste mystérieuse », par Edouard Launet, Libération, 30 mars 2002.
[2] Voir « 100 personnalités contestent la version officielle du 11 septembre », Voltaire, 26 octobre 2004.
[3] Voir « Le programme commun Bush-Kerry », Voltaire, 15 octobre 2004.
[4] Voir « 100 personnalités contestent la version officielle du 11 septembre », Voltaire, 26 octobre 2004.
[5] Voir « Les New-Yorkais refusent la version officielle du 11 septembre », Voltaire, 31 août 2004.
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