Complément d’enquête ? Non, juste un complément de mauvaise foi, de parti pris et d’amalgames. Et des choix éditoriaux et des techniques de montage qui enfreignent toutes les règles de la déontologie journalistique ; alors même que le reportage se termine par un rappel de la « charte du journaliste » (Munich, 1971).

Sur la crise de confiance que traversent les médias de masse auprès de leur public, les reportages se suivent et se ressemblent ; malheureusement est-on tenté d’ajouter. La dernière émission en date ne déroge pas à la règle : il n’y a tout simplement aucune raison de douter de la qualité de l’information dans les médias traditionnels, et quiconque éprouve le besoin ou la curiosité de naviguer sur l’Internet est un imbécile prêt à croire n’importe quoi… Décryptage de l’émission Complément d’enquête de France 2, diffusée le lundi 2 décembre 2008 (à une heure pas assez tardive), puis rediffusée par TV5 Monde.

Un seul ennemi : l’Internet !

Après la désinformation à laquelle s’était livrée l’équipe de Jeudi Investigation (sur Canal+, en avril dernier) vous avez peut-être subi les dernières fadaises sur « les rumeurs de l’Internet » produites par l’équipe de Complément d’enquête. Vous auriez mieux fait de vous coucher un peu plus tôt… voire de ne pas regarder la télé ! Pour « expliquer » la perte de confiance de nos concitoyens dans les médias, la chaîne publique, comme la privée, n’ont qu’un seul ennemi, un même bouc émissaire : l’Internet [1].

Accroche :
Des citoyens désabusés et méfiants à l’égard des médias jugés trop proches du pouvoir. Aujourd’hui pour s’informer, beaucoup ne se fient qu’à Internet ; mais l’info sur la toile est-elle plus crédible ? Entre rumeurs, mensonges et vidéos, difficile de faire le tri.

Quand la télé est à la fois juge et partie, le résultat est un reportage lamentable…

Autant la moitié du reportage consacrée aux sceptiques du 11-Septembre par Canal+ s’affranchissait allègrement et à plusieurs reprises de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle [2], autant ce reportage de Thomas Horeau se caractérise avant tout par son extrême médiocrité. Benoît Duquesne a beau arborer un magnifique sourire de journaliste responsable à la fin de son lancement du segment que nous allons disséquer, avec coup d’œil cherchant la connivence de son invité, (le sénateur Jean-Luc Mélenchon en grande forme, qui ne s’en laissait pas conter), ce reportage n’est certainement pas digne d’une télévision publique, quand bien même elle s’apprêterait à tomber sous le contrôle direct d’un président Sarkozy omnipotent.

Lancement de M. Duquesne :
S’il y a défiance du côté, pourquoi pas, vis-à-vis des partis politiques officiels, vis-à-vis des médias officiels, est-ce qu’on la retrouve dans cette illustration du succès aujourd’hui d’Internet et du fait que l’on a tendance à considérer que ce qui est sur Internet est vrai alors que ce qui est à la télévision par exemple n’est pas forcément vrai, quitte quelquefois à succomber à toutes les rumeurs possibles... Thomas Horeau et Régis Mathé sont donc allés enquêter sur ce média dit libre, indépendant et démocratique, plus que ne peut l’être la télévision.

Dès le départ, le ton est donné, puisque le reportage commence avec la présentation du site français Hoaxbuster, qui depuis quelques années recense les rumeurs sur le Net. Il convient de bien frapper les esprits en établissant que sur Internet circulent… tout et n’importe quoi. Ce qui en soit relève plus du cliché que du scoop. Mais aussi, et cela est beaucoup plus pernicieux, de la logique de l’amalgame, puisque tout de suite après avoir illustré de très nombreuses rumeurs (au sens propre du terme, c’est-à-dire des histoires sans fondement ni réalité) le reportage nous conduit directement au … 11-Septembre. Le montage est certes cousu de fil blanc et cependant vous le verrez, il vaut la peine de s’arrêter sur les détails, image par image. Pour l’instant, nous remarquerons simplement deux choses :
 1. que l’équipe de France 2 semble ignorer que les histoires sans fondement voire les reportages « bidonnés » ne sont nullement l’apanage de l’Internet : la presse, la radio et la télévision ayant démontré à satiété qu’elles peuvent outrepasser les règles déontologiques de la profession journalistique.
 2. que cette même équipe de pieds nickelés du journalisme a oublié d’interroger l’équipe d’Hoaxbuster sur le 11-Septembre. Un « oubli » qui trouve peut-être un début d’explication dans le fait qu’à ce jour, en effet, ce site ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet : son analyse s’est arrêtée en 2002 avec ce statut : "Analyse en cours" <http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste...> . J’invite Guillaume Brossard et ses joyeux amis internautes « en quête d’adrénaline » (sic !), à se mettre sans tarder en contact avec moi ou avec les joyeux drilles que sont les membres de l’association ReOpen911 que les reporteurs viennent rencontrer « à domicile ».

Au passage, on note dans le commentaire de la voix-off que si Guillaume (le gentil internaute) travaille de longues journées, les méchants de ReOpen, eux, doivent être des oisifs (puisqu’il n’est fait aucune référence à leur travail en dehors de celui fourni dans le cadre de l’association, voire, pourquoi pas, des profiteurs, puisque s’il est précisé que les internautes précédents (d’Hoaxbuster) étaient bénévoles, il n’en est pas fait état pour les bénévoles de ReOpen (« de jeunes militants qui prétendent défendre la liberté d’expression »)… Enfin, si Hoaxbuster est présenté comme le site de référence dans son domaine, bien entendu, la réciproque n’est pas de mise pour www.ReOpen911.info le plus important site francophone d’information sur le 11-Septembre (en termes d’affluence comme de contenu, de rigueur et de sérieux comme de vidéos visionnées dont le nombre excède les 20 millions).

Édifiant : l’utilisation de techniques de montage subliminales !

Commentaire de transition :
(à partir d’une heure et 17 minutes 40 secondes du programme complet)

Transcription :
« Plus de la moitié des Français connectés ; deux tiers des internautes estiment trouver sur la toile ce que la presse traditionnelle ne publie pas. Car [sic, on notera la totale absence de logique de ces 2 prépositions, malgré l’utilisation indue de cette conjonction] dans les tuyaux du web, tout se mélange : des faits avérés et les rumeurs les plus improbables. (…) [suit un petit florilège mêlant Carla Bruni, les extra-terrestres, le père de l’enfant de Rachida Dati, les effets toxiques des fours à micro-ondes…] Et si vous ne trouvez ces pseudos informations que sur le web, ce n’est pas parce qu’elles sont fausses, mais parce que les médias vous mentent. Voilà le discours légèrement paranoïaque de ceux qui propagent ces rumeurs au nom de la liberté d’expression [allusion directe au « Réseau Voltaire pour la liberté d’expression »]. »

Arrêts sur images :
Attention : les spectateurs ne voient pas ce que vous voyez ici à l’écran comme autant de vidéogrammes ; ils ne doivent pas le voir, juste le ressentir. Faites en l’expérience en regardant la vidéo au-dessus, c’est édifiant. D’autres images peuvent être présentes : l’auteur de cet article ne dispose pas d’un matériel lui permettant une avance image par image.
Ci-dessous en bleu, l’explication de l’image concernée…

Plus de la moitié des Français connectés ; deux tiers des internautes estiment trouver sur la toile ce que la presse traditionnelle ne publie pas. Car dans les tuyaux du web, tout se mélange : des faits avérés et les rumeurs les plus improbables. (…)

Ce texte n’a clairement aucun lien avec la rumeur sur le duo Carla-Nicolas ; il s’agit d’une citation d’Orwell reprise de la page d’accueil du site ReOpen (lequel est cité a minima, car bien sûr, il faut éviter que le téléspectateur soit pris de l’envie saugrenue d’aller vérifier par lui-même la pertinence du site incriminé.

Carla et Nicolas Sarkozy en duo à l’Élysée
_ (…)
Et si vous ne trouvez ces pseudos informations que sur le web, ce n’est pas parce qu’elles sont fausses, mais parce que …

Images du World Trade Center en flammes, trop rapides pour être vues (pas pour être perçues).

les médias vous mentent.
Voilà le discours légèrement paranoïaque …

Image d’un clip invitant à s’informer sur les attentats du 11-Septembre ; trop rapide pour être vue (pas pour être perçue) ; NB : le commentaire audio affirme le contraire de ce que dit le message original.

… de ceux qui propagent ces rumeurs …

Succession d’images de Thierry Meyssan et de son livre, lors d’un de ses derniers passages à la télévision française ; trop rapides pour être vues (pas pour être perçues).

… au nom de la liberté d’expression.

Rappelons que les articles 28, 33-1 et 43-11 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 modifiée, font obligation aux télévisions d’assurer sur leur antenne « l’honnêteté de l’information et des programmes ». Ceci exclu formellement l’usage de techniques subliminales définies par le Conseil supérieur de l’audiovisuel comme « visant à atteindre le subconscient du téléspectateur par l’exposition très brève d’images ». En droit, France2 et TV5 Monde sont susceptibles de sanctions graves de la part du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour ce manquement à l’éthique. Surtout, on retiendra le paradoxe qui consiste à se demander pourquoi tant de citoyens se méfient des médias de masse tout en utilisant illégalement un procédé manipulatoire.

Des citoyens défiants … ou déviants ?

À ce stade, le téléspectateur s’attend logiquement à voir des individus atteints de paranoïa (« légère » toutefois !), véhiculant des rumeurs ; il a été conditionné pour cela, à la fois explicitement, mais aussi, et cela est beaucoup plus grave, de manière détournée, subliminale. (Voir ci-dessus, les images extraites du reportage (car elles sont, en fait et par nature quasi invisibles, bien que parfaitement enregistrables par le cerveau) en rapport avec les mots assénés en voix-off. Un pur cas d’école de manipulation, répétons-le, subliminale.)

« Ils ne croient pas à la version officielle des attentats du 11 Septembre. »
Un fait suivi immédiatement par un premier mensonge : « Ils sont persuadés que c’est le gouvernement américain qui a tout manigancé. » [On serait presque tenté d’ajouter : « les cons ! » tellement le journaliste le pense fort…] Cela est faux, comme le sait parfaitement M. Horeau qui a interviewé un nombre non négligeable de membres ou de sympathisants de ReOpen bien que le montage final n’en laisse rien deviner. Leurs propos tels qu’ils m’ont été rapportés par ceux qui les ont tenus ne mirent jamais en cause la responsabilité du gouvernement des États-Unis. Pour plus d’informations sur les objectifs de l’association, le lecteur se référera à sa présentation, ici [3]

« Une défiance jusqu’à l’excès, jusqu’à l’obsession du complot (…) ils acceptent de nous recevoir, mais en filmant l’entretien : ils se méfient des journalistes, de leurs questions et de leurs montages. »
Pour qui a vu le reportage de Canal+, celui de la RTBF, ou encore celui de la TSR, (sans parler de celui que nous commentons ici), il s’agit d’une légitime méfiance. Nous allons rapidement voir pourquoi. D’abord, l’usage, réservé aux seuls sceptiques de la version officielle des attentats, de l’expression « obsession du complot » occulte le fait que la version officielle elle-même est belle et bien une théorie du complot (pour rappel, celle de 19 terroristes islamistes d’al-Qaïda frappant l’Amérique en son cœur).

« Ce qu’ils n’aiment pas c’est qu’on les traite de révisionnistes. »
Ensuite, la mauvaise foi de la part des journalistes de France 2 s’étale dans toute sa splendeur : les membres de ReOpen911 ont longuement expliqué leur position par rapport à ce type d’accusations : s’ils revendiquent d’être « révisionnistes », c’est dans l’acception du terme de Pierre Vidal-Naquet, au sens du nécessaire travail de l’historien ; mais ils refusent cette appellation dans les médias à cause des connotations lourdes que véhicule ce mot, rattaché au négationnisme. L’équipe de France 2 use donc de cette manipulation sémantique en toute connaissance de cause !

« Pourtant sur leur site, on trouve des déclarations sans ambiguïté. »
Enfin, le reportage met en exergue certains propos de Jean-Marie Bigard sur le 11-Septembre. (On notera qu’ils n’ont rien de négationnistes ; par ailleurs, les précisions qu’apporta ensuite Bigard au Grand Journal de Canal+ eussent été bien plus intéressantes à commenter). La voix-off laisse entendre que le site est en plein accord avec l’humoriste, alors même que le commentaire sur cette page d’où provient l’enregistrement présenté dans le reportage et que les journalistes ne peuvent ignorer est sans ambiguïté ; il y est écrit ceci : « Malgré quelques approximations, (…) et si nous sommes beaucoup moins affirmatifs que lui sur ce qui s’est réellement passé en Pennsylvanie et au Pentagone, (…) nous vous invitons à lire les livres de David Ray Griffin ou à regarder sa conférence Le Mythe et la réalité… » C’est donc un second mensonge.

Passant dans la rue, où des membres distribuent des tracts, les journalistes n’ont conservé qu’un seul témoignage très ironique à l’égard de ces bénévoles. Certes, cette reconstruction parcellaire du réel n’est pas dramatique en soi, sauf qu’elle tend à ridiculiser l’action de sensibilisation d’un public souvent très réceptif, et surtout, que la référence à Hitler inscrit dans l’imaginaire du spectateur l’idée de la seconde guerre mondiale, donc pour beaucoup celle de la Shoah et par voie de conséquence de la négation de cette réalité historique. Ceci n’est pas anodin, car si le journaliste évite soigneusement d’utiliser le terme impropre de « négationnisme », lui préférant celui « de révisionnisme », ce dernier a pour la plupart de nos concitoyens un sens similaire. Cela est en outre renforcé par le verbe « nier » quelques phrases plus loin pour clore la partie 11 Septembre : « … sans aller jusqu’à nier les attentats du 11-Septembre… »

Le troisième mensonge est un mensonge par omission. Ainsi, « plus de 300 curieux » se réunissent non pour assister à la conférence de M. Richard Gage, un architecte américain qui a réuni près de 550 collègues architectes et ingénieurs dans son association <http://www.ae911truth.org/> mais parce qu’ils « ont tous un point commun : la défiance à l’égard des médias traditionnels ». Toutefois si l’on s’amuse à recenser les mensonges par omissions, on n’est pas au bout de ses peines : en voici quelques exemples parmi les plus notables… Car n’oublions pas le plus important : un journaliste, s’il veut faire carrière, doit avant tout savoir mentir par omission. Ici, on ne parle pas de « licence poétique ou créatrice » ; non, le joujournaliste de masse évoquera sa déontologie ou à défaut, l’angle choisi pour son reportage. Ainsi, et pour la quatrième fois consécutive cette année, alors que les reportages prétendent s’intéresser à ReOpen911 (donc par extension au sujet du 11 Septembre), celui-ci, comme les autres, ne fera nulle mention :
 1. des livres édités en français sur le sujet, dans la collection Résistances par les éditions Demi Lune que je dirige.
 2. des films documentaires d’excellentes factures, états-uniens pour la plupart, traduits, sous-titrés et mis en ligne gratuitement par les bénévoles de l’association ReOpen911 et dont certains seront commercialisés sous forme de DVD dans les prochains mois, afin qu’ils sortent de la seule sphère Internet où l’absence d’intérêt des distributeurs professionnels les confine jusqu’à présent ;
 3. des dossiers et des articles traduits ou écrits par les membres de ReOpen911 ;
 4. et surtout des sites regroupant les témoignages de personnalités qui mettent en doute, à des degrés divers, la version officielle du complot et dont les domaines d’expertise sont aussi variés que la politique, la haute administration, l’armée, les services de renseignement, l’université, les sciences, l’aviation, la lutte incendie, l’ingénierie, l’architecture, les médias et d’autres encore … (Mieux vaut recycler dès que l’occasion se présente les doutes d’une jolie comédienne ou d’un sympathique comique, pour mieux ne pas parler de ces milliers de personnes plus compétentes et mieux renseignées) ;
 5. aucun des nombreux éléments d’information factuelle expliqués avec une infinie patience à l’équipe de reportage par les personnes interviewées pendant 3 demi-journées n’auront été repris, alors que c’est bien là que se situerait le talent du journaliste audiovisuel, pressé par le temps, mais qui ne doit pas céder à la caricature.

Ne serait-ce l’ironie évidente du commentaire en complet décalage avec la « démonstration » des journalistes (qui partent d’une conclusion présupposée et ne reposant que sur leurs propres préjugés, pour étayer un argumentaire faussé), on serait tenté à ce moment précis de souscrire à ce commentaire qui clôt la partie stricto sensu sur le 11-Septembre : « Des journalistes paresseux, suivistes, une information tronquée, une censure qui ne dit pas son nom, sans aller jusqu’à nier le 11-Septembre [on se demande ce que peut signifier cette phrase dans l’esprit des journalistes] beaucoup de citoyens aujourd’hui ne se fient plus qu’à la Toile pour s’informer. »

Le reportage enchaîne sur le site « auto-proclamé média citoyen » AgoraVox. Visiblement, un concept qui ne passe pas auprès de la presse : se prétendre journaliste, quand on n’est que citoyen, (c’est-à-dire lorsque l’on a échappé aux écoles de formatage de la pensée unique) relève du crime très grave de "lèse-majournalité", et pas seulement pour France2. La médiocrité et la bassesse des attaques sur ce site de qualité parle d’elle-même ; à vrai dire, elle dépasse le ridicule quand les motivations du rédacteur Étienne sont présentées comme la jouissance de n’avoir point de rédac-chef (faut-il y voir un fantasme des reporteurs ?) ou l’éventualité de devoir payer sa place de spectacle contrairement aux critiques professionnels… « Très peu d’infos, et beaucoup beaucoup de commentaires » : les rédacteurs et les lecteurs-utilisateurs apprécieront cette présentation de leur site favori ! « Le point de vue du plus grand nombre comme ligne éditoriale » : on atteint au comble de la mauvaise foi, car chacun sait que les sites en ligne ou les supports papier des grands médias de masse ne ratent jamais une occasion de vendre du trafic (ou du papier) en analysant les pages les plus lues/visitées, ou en abreuvant le chaland de papiers pipoles, ou de dossiers aussi récurrents que sans aucun intérêt (cf. tous les marronniers sur la rentrée, la cellulite ou l’immobilier…) Mais bon, nous touchons la directement un des aspects du désintérêt et de la défiance du public, et cet aspect essentiel du sujet ne sera pas du tout traité, puisqu’au contraire, il s’agit de donner le change en désignant un bouc-émissaire.

Passons sur la présentation des sites qui trouvent grâce, une fois n’est pas coutume, aux yeux des pourfendeurs de l’Internet : Rue89 et Mediapart sont a priori au-dessus de tout soupçon, puisqu’ils emploient des confrères journalistes (forcément sérieux sinon omniscients). Vous avez dit esprit de corps ? Corporatisme ? Demander à ces journalistes pourquoi ils ont éprouvé le besoin de créer leur propre média sur le tant honni Internet aurait pu dévoiler quelques surprises quant au fonctionnement de la presse traditionnelle…

Le clou du spectacle est l’apparition de l’ineffable Philippe Val, ex-administrateur du Réseau Voltaire devenu grand philosophe, (depuis qu’il s’est acoquiné avec Bernard Henri-Levy, un autre « grand esprit » de ces deux siècles), au motif que le fossoyeur de l’esprit de Charlie Hebdo présente en quatrième de couverture de sa pelure une « Rumeur Internet de la semaine ». Le ridicule de la situation m’exonère de poursuivre le commentaire, quand on entend ce(t autoproclamé) grand-défenseur-de-la-liberté-d’expression-grand-pourfendeur-de-l’antisémitisme nous vendre son leitmotiv aussi éculé qu’écoeurant sur la rumeur des juifs n’étant pas allé travailler le 11 septembre. Une rumeur maintes fois expliquée et combattue tant par Thierry Meyssan que par ReOpen911, que seuls les néo-conservateurs français et ceux qui ne connaissent rien à l’affaire osent encore mettre en avant. Histoire de raviver la peur et le dégoût pour mieux conforter ceux qui ne veulent pas s’intéresser au sujet de rester dans leurs certitudes…

De façon très ironique, le reportage se termine sur le rappel par Edwy Plenel (Mediapart) des termes de la Charte du journaliste, (Munich, 1971). Quiconque a vu le reportage de Complément d’enquête (dont le titre « La vérité est ailleurs » est une référence facile à la série X-Files… Signalons quand même incidemment, que cette série a fait les beaux jours de … la télévision et du cinéma et nullement du tant dénigré média Internet) est en droit de se demander, à la lecture de ce qui précède, si un seul journaliste de Complément d’enquête a jamais entendu parler de cette déclaration d’intention.

Pour eux, et leurs confrères bornés, coincés dans leurs certitudes, je ne peux que la copier et leur demander, sans y croire qu’ils la lisent et (vœu encore plus irréaliste !) qu’ils la comprennent à défaut de la respecter et de s’en imprégner…

Plus que jamais, amis internautes, soyez vigilants et quel que soit le sujet, informez-vous en gardant votre esprit critique.

Déclaration des devoirs et des droits des journalistes

Préambule

Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain.
Ce droit du public de connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics.
La mission d’information comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est l’objet de la déclaration des devoirs formulés ici.
Mais ces devoirs ne peuvent être effectivement respectés dans l’exercice de la profession de journaliste que si les conditions concrètes de l’indépendance et de la dignité professionnelle sont réalisées. Tel est l’objet de la déclaration des droits qui suit.

Déclaration des devoirs

Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont :
1) respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître  ;
2) défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique  ;
3) publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents  ;
4) ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ;
5) s’obliger à respecter la vie privée des personnes ;
6) rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte  ;
7) garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ;
8) s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ;
9) ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
10) refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.

Déclaration des droits

1) Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.
2) Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de son entreprise, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.
3) Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience.
4) L’équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise.
Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste.
5) En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.

Munich, 1971

Pour commenter ce dernier « reportage », l’invité fut Jean-François Kahn, qui n’a pas dit que des conneries, en remettant bien dans son contexte politique l’avènement de l’Internet… Du directeur de la publication de Marianne qui s’est illustrée en début d’année par « l’affaire Cotillard », on pouvait pourtant s’attendre au pire… Or, il a même su se remettre en cause, personnellement. (Heureusement, il n’a pas parlé du 11 Septembre)… comme quoi, rien n’est encore perdu !

Post-Post-Scriptum
Vous souhaitez réagir à cette émission ? deux possibilités s’offrent à vous :
 Laissez un message sur le site de l’émission puis « Réagissez à l’émission »
 Ou par courriel, à < complementdenquete @ france2.fr >

[1Et en particulier les deux sites qui croient au concept de journalisme citoyen et y font appel : AgoraVox et ReOpen911.

[2Certains membres de l’association ReOpen911 sont en train de finaliser la réponse documentée (en ligne prochainement sur leur site) à ce travail de propagande, dont on pourra lire, ici, un double exemple illustré par l’image.

[3Ainsi est né le Collectif [maintenant association] ReOpen911.info dont les objectifs sont désormais :
 Porter à la connaissance d’un large public les informations majeures relatives aux attentats du 11 septembre 2001
 Pallier la déficience de la presse et des médias qui, de manière générale, ne relaient ces informations que sous forme erronée et partiale, quand ils ne les omettent pas.
 Œuvrer pour l’établissement d’un vaste débat sur les attentats du 11 septembre 2001 dans la société et les médias, sans parti pris et en prenant en compte l’ensemble des informations aujourd’hui disponibles.
 Mener une investigation afin de connaître au mieux la vérité sur les attentats du 11 septembre 2001 et les faits rattachés.
 Militer pour la réouverture d’une enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 réellement indépendante et disposant de moyen suffisant.
Ou encore ici
Extraits :
En revanche, nous ne sommes pas qualifiés pour déterminer ce qui s’est réellement passé le 11 septembre, d’où la nécessité d’une nouvelle enquête. Même s’il est très tentant pour beaucoup de nos membres et sympathisants de répondre à cette question, qui est souvent parmi les premières que l’on nous pose, il faut réfréner cette envie, et ce, pour au moins trois raisons. Tout d’abord, nous ne pouvons pas à la fois exiger une nouvelle enquête et désigner à l’avance les coupables, ce qui ne manquerait pas d’être le cas si nous établissions notre version. Ensuite, le peu de documents et d’éléments irréfutables à la disposition du grand public ne permet pas d’avoir une vision exacte de ce qui s’est passé… Enfin, définir notre version des faits nous poserait comme experts, alors que nous demandons justement une expertise indépendante !