Les Etats-Unis bombardent la Libye, tandis que l’Arabie saoudite écrase dans le sang la révolte à Bahreïn.

La tendance générale

Washington dirige la contre-révolution arabe

Lorsque les révolutions dans le monde arabe ont failli menacer les deux priorités des États-Unis, Israël et le pétrole, l’administration états-unienne a décidé de prendre la tête d’une contre-révolution pour étouffer le mouvement de contestation et d’émancipation et protéger ses principales forteresses au Proche-Orient.

 1. En Égypte, un courant contre-révolutionnaire est apparu au sein du Conseil suprême militaire. Ce courant s’est exprimé à travers la reprise de la répression contre les manifestants, les tentatives de provoquer une scission au sein du comité des jeunes de la révolution du 25 janvier, l’introduction d’amendements constitutionnels au lieu de la rédaction d’une nouvelle Constitution.
Cette contre-révolution a montré ses dents dans la rue en tentant d’entrainer les jeunes manifestants dans des affrontements et en alimentant les heurts à caractère confessionnel entre coptes et musulmans. Le but de ce mouvement est de renforcer le courant de droite dans le nouveau régime qui constitue la garantie pour les intérêts des États-Unis et d’Israël et les engagements de l’ancien régime vis-à-vis de ces deux pays.

 2. En Libye, les États-Unis ont laissé le temps au colonel Mouammar Kadhafi de reprendre l’initiative militaire sur le terrain afin d’améliorer sa position politique avec l’aide manifeste d’Israël, avant de décider d’instaurer une zone d’exclusion aérienne. Dans le même temps, Washington a attendu que les rebelles soient très affaiblis pour leur imposer ses conditions et tenter de les contrôler sous prétexte de vouloir les armer et les entrainer, son but ultime étant d’établir un équilibre de la terreur qui aboutirait à un partage de facto de la Libye et à une mainmise sur ses richesses pétrolières.

 3. Au Yémen, les États-uniens ont procédé à une relecture globale de leur politique, appelant l’opposition à accepter l’offre de dialogue proposée par le président Saleh, tout en fermant les yeux sur les massacres qu’il commet contre les manifestants, le dernier en date étant la mort de 53 protestataires, vendredi 18 mars. Il est clair que Washington fait en sorte d’empêcher tout changement radical au Yémen et de maintenir ce pays sous tension pour préserver sa présence militaire et sécuritaire sous prétexte de la lutte contre al-Qaïda.

 4. Les événements de Bahreïn constituent la preuve flagrante de la détermination de Washington à empêcher les révolutions d’atteindre leur objectif, de crainte qu’elles ne minent l’hégémonie des États-Unis sur les ressources pétrolières. Washington a assuré une forte couverture à l’occupation de ce pays par les forces du « Bouclier de la péninsule », essentiellement composées de troupes saoudiennes, et n’a émis que de molles condamnations lorsque les forces militaires ont écrasé dans le sang la révolte populaire pacifique. De même que les États-Unis ne font pas le moindre commentaire face à la répression des manifestations en Arabie saoudite qui sont organisées en signe de solidarité avec le Bahreïn. L’administration US tente de provoquer une discorde sectaire entre chiites et sunnites après l’échec de ce plan mis en œuvre par les néoconservateurs en Irak.

Tels sont les principaux épisodes de la contre-révolution initiée par les États-Unis dans les différents pays arabes et au Liban, le mouvement du 14-Mars en est l’exemple le plus frappant et le plus ancien.

La tendance au Liban

Confrontation ouverte jusqu’en 2013

La campagne lancée par l’opposition depuis le meeting du 13 mars 2011 s’inscrit dans le cadre d’un plan destiné à exacerber les tensions politiques et sectaires contre la Résistance, initiée par Saad Hariri en personne. Il est clair que le Premier ministre sortant tente, à travers ses tournées dans les différentes provinces libanaises, de resserrer les rangs de sa base populaire après l’échec de la mobilisation du 13 mars qui a montré de grandes faiblesses dans l’organisation du Courant du futur et sa capacité à rassembler. À cela s’ajoutent les difficultés financières de Saad Hariri en raison de la réduction du financement direct saoudien et de ses propres problèmes dans les affaires.

Des sources bien informées indiquent que le prince héritier d’Arabie saoudite, Sultan Ben Abdel Aziz et ses deux fils, Khaled et Bandar, ainsi que plusieurs princes ayant des liens étroits avec les États-Unis, apportent un fort soutien à Saad Hariri. En revanche, les relations du Premier ministre sortant avec le roi Abdallah et son entourage ainsi qu’avec le ministre de l’Intérieur, le prince Nayef Ben Sultan, restent froides, surtout depuis le scandale des offenses adressées par Hariri au fils de ce dernier, le prince Mohammad Ben Nayef, dans sa déposition devant les enquêteurs internationaux rattachés au Tribunal spécial pour le Liban (TSL) [dont l’enregistrement a été diffusé par New TV].

Mais ce qui inquiète le plus Saad Hariri est, sans doute, la reprise des contacts entre la Syrie et l’Arabie saoudite après les événements de Bahreïn. Dans ce contexte, les observateurs soulignent que la dernière visite du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, à Téhéran, a été consacrée aux développements à Bahreïn. Elle est intervenue au lendemain d’une visite à Damas du prince Abdel Aziz Ben Abdallah, qui a remis une lettre de son père au président Bachar al-Assad. Ce même Abdel Aziz qui avait un rôle de premier plan lors des contacts syro-saoudiens sur le Liban, entre août et 2010 et janvier 2011. Ce qui inquiète davantage Saad Hariri sont les signes de soutien saoudien au Premier ministre désigné, Najib Mikati. Et le portrait géant du roi Abdallah, accroché sur la façade d’un immeuble lors du meeting du 13 mars, a suscité de vives critiques au Liban sans pour autant contribuer à améliorer ses relations avec le monarque et son entourage.

Le trio de la nouvelle opposition, Saad Hariri, Samir Geagea et Amine Gemayel, ne propose pas un programme politique en dehors des attaques violentes contre les armes de la Résistance, avec des slogans que même Israël a été incapables de concrétiser, ni à travers une guerre en 2006, ni par le biais de l’acte d’accusation du TSL. Ce trio attend la formation du gouvernement de Najib Mikati pour intensifier sa campagne au Parlement et dans la rue, dans le but d’encercler le Premier ministre et son principal allié, Mohammad Safadi, et de tenter d’opérer une percée chez les druzes de Walid Joumblatt. Une mission confiée à l’ancien ministre Marwan Hamadé.

La nouvelle majorité, pour sa part, se contente de ripostes ponctuelles aux attaques de l’opposition, estimant que la priorité va actuellement à la formation du gouvernement. Mais de nombreux observateurs mettent en garde contre le fait que la nouvelle majorité, en se contentant de réagir aux attaques de l’opposition au lieu de prendre l’initiative, risque d’être affaiblie par cette guerre d’usure. Au sein de la nouvelle majorité, certains font remarquer qu’il existe une chance réelle, en formant un gouvernement homogène, d’élaborer une loi électorale moderne, qui lui garantirait une confortable majorité des deux tiers au Parlement de 2013. De la sorte, elle aura le dernier mot lors de l’élection présidentielle prévue en mai 2014.

Saad Hariri, de son côté, conscient de ces réalités, veut maintenir la pression pour empêcher la formation d’un gouvernement et arriver aux élections législatives de 2013 avec la même loi électorale qui lui a permis d’arracher la majorité en 2009 [il avait alors obtenu 56,2 % des sièges bien que n’ayant que 44,5 % des suffrages exprimés], avant que Walid Joumblatt ne change de cap.

Au vu de l’évolution actuelle des événements, il semble improbable que les deux protagonistes puissent aboutir à un compromis avant les élections législatives, Ce qui signifie que ce scrutin tranchera toutes les questions, D’ici là, la confrontation va se poursuivre car chaque partie veut améliorer ses positions.

Déclarations et prises de positions

Saad Hariri, Premier ministre sortant
« Notre projet est que l’État soit responsable des armes, de la décision de guerre et de paix, et de la stabilité et la sécurité des Libanais (…) J’ai été franc et honnête dans mes négociations avec les autres parties, afin de parvenir à la réconciliation nationale totale et vraie entre tous les Libanais, à travers la conférence de réconciliation et de pardon que nous avons essayé d’organiser à Riyad sous l’égide du roi Abdallah, dans la mesure où il est illogique que certaines parties politiques continuent à se boycotter, plus de vingt ans après la fin de la guerre civile (…) Ceux qui pensent qu’en renversant le gouvernement et en exerçant une pression armée sur certains partis politiques pour modifier l’équilibre des forces en leur faveur, ils seront en mesure de nous marginaliser et de nous annihiler politiquement, se trompent. Le recours aux armes comme facteur de puissance ne servira pas à intimider ou à effrayer les citoyens, comme l’a prouvé le grand rassemblement populaire au centre de Beyrouth. »

Walid Joumblatt, leader druze allié du Hezbollah
« Quelles que soient les tensions qui sévissent dans le pays, nous devons retourner au dialogue et protéger les acquis, les sacrifices et les constantes en vue d’un Liban arabe fort, face à Israël. Quant au problème des armes de la Résistance, il ne saurait être réglé que par le dialogue serein, comme nous l’avons fait dans le cadre du comité de dialogue, sur base d’une constante axée sur la stratégie de défense qui garantit la défense face à Israël. »

Michel Aoun, principal leader chrétien, allié du Hezbollah
« Indépendamment du débat sur le nombre de participants à la manifestation du 13 mars, ce qui comptait pour nous était de comprendre le message et le projet proposé. Et nous avons découvert qu’il s’agissait d’une série de « non » aux armes, sans qu’il y ait, en échange, un « oui » à la défense du Liban. Comment voulez-vous que nous nous défendions sans résistance ? Ils nous font la surenchère au sujet de l’armée. Mais qui donc a prétendu que nous ne voulions pas de l’armée ? C’est tout le contraire. Qui donc prive l’armée d’un budget ? Qu’ils répondent. Qui a ouvert le feu sur elle ? Qui lui renie son rôle ? Qui a tué ses membres dos au mur ou dans les vallées ou encore sous les bombardements ? Qui a financé ceux qui ont combattu l’armée à Nahr el-Bared ? Assez de falsification et de chantage ! L’armée libanaise est la nôtre (…) Celui qui n’est pas capable de lever l’embargo sur la fourniture à l’armée d’armes modernes n’a pas le droit de dire qu’il ne veut pas d’autres armes pour le défendre. Le désaccord sur la table de dialogue a toujours été entre deux logiques : la capitulation ou la défense. Le projet du 14-Mars va disparaître. Voyez dans quel état ils sont aujourd’hui et comment ils seront demain ou dans deux ou trois mois. Ils vont de déclin en déclin. On entend quelques gémissements politiques qui donnent de faux espoirs, mais il n’y aura pas de retour en arrière. Nous progressons continuellement. »

Samir Geagea, chef chrétien allié de Saad Hariri
« Mon ami le général Aoun (…) vous avez dit que « le 7 mai, qui était une réponse au 5 mai, peut se reproduire à tout instant si l’on porte atteinte aux capacités défensives ». D’abord, en vertu des lois libanaises et de la Constitution, il n’y a ni séparation ni reconnaissance de toute capacité défensive hors du cadre des forces armées légales. Ensuite, nul ne demande des comptes sauf les institutions légales de l’État libanais. Vos propos constituent également un appel sincère à l’utilisation de la violence et du meurtre dans le règlement des conflits politiques internes, ce qui confirme encore plus notre point de vue concernant les armes illégales. Enfin, mon cher ami le général, vous assumez devant Dieu, les citoyens et l’histoire la responsabilité de tout usage des armes sur la scène interne et de toute violence qui pourrait survenir, dans la mesure où vous justifiez ces armes et leur assurez injustement une couverture préalable. »

Communiqué du Courant patriotique libre du général Aoun en réponse à Samir Geagea
« La manifestation du 13 mars dernier, malgré toute la mobilisation confessionnelle et les tentatives de séduction par le biais de l’argent, n’a pas réuni le un dixième du million [Cette manifestation a rassemblé entre 60 000 et 70 000 personnes Ndlr.]. Mais vous avez oublié le dixième et avez parlé du million. Il s’agit d’une falsification dont nous avons pris l’habitude dans votre politique et qui ne nous étonne guère. La question principale reste le sort de la manifestation et ce qui la suivra. La réponse est claire : rien. Vous n’avez rien de sérieux à proposer. Si vous et vos alliés avez un tant soit peu de respect démocratique, vous auriez respecté l’intelligence des gens et auriez proposé des arguments, des preuves et un plan. Mais rien de tout cela, sinon des discours incendiaires. Quelles que soient vos tentatives d’utiliser des événements douloureux pour encenser l’armée et blanchir vos pages très noires avec elle, cela ne passera pas. »

Presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 18 mars 2011)
Au cours d’une réunion de la commission des relations extérieures du Sénat, le sénateur Robert Casey a fait part de ses craintes quant au danger que représente le Hezbollah pour le Proche-Orient et pour les États-Unis. Il s’est interrogé comment Washington pouvait garantir que l’aide envoyée à l’Armée libanaise n’est pas en train de finir aux mains du Hezbollah. Dans sa réponse à Casey, le sous-secrétaire d’État William Burns a assuré que l’État disposait de preuves que les aides envoyées à l’Armée libanaise sont utilisées à bon escient. Burns a aussi indiqué que les programmes de formation se poursuivaient alors même qu’un nouveau gouvernement est sur le point d’être mis en place. Il a ajouté qu’après la formation du gouvernement Mikati, les États-Unis réviseront leur aide militaire au Liban à la lumière de la Déclaration ministérielle. Le Premier ministre désigné nous a assuré, a poursuivi Burns, qu’il est tenu de former un gouvernement uni et de respecter les engagements internationaux du Liban.

As Safir (18 mars 2011)
Une certaine technique a permis à la Résistance de capter des vibrations dans différentes régions libanaises, depuis la vallée séparant les villages Ansariyé et Zrariyé (Nabatié) jusqu’à la vallée de Tebnine (Bint-Jbeil). Une fois la direction des renseignements de l’armée informée, elle a envoyé des experts qui ont sillonné la région sans rien trouver, pensant que la source des vibrations était quelques câbles. Le même scénario s’est répété. Après de nouvelles vibrations captées par la Résistance, les renseignements de l’armée en ont été informés. Cette fois-ci le système d’espionnage a été découvert dans une région stratégique donnant sur une large zone du Sud. Le dispositif a été implanté dans la zone de travail du contingent italien de la Finul. Il était camouflé sous la forme d’un rocher synthétique, à l’instar des systèmes démantelés à Barouk et Sannine, pouvant surveiller la zone géographique du Sud, y compris la côte s’étendant de Bayada jusqu’à Tyr et Nakoura, et quelques dizaines de Kilomètres à l’est et au sud de Tyr.
Le système découvert à Chamaa est relié à un appareil de télécommande, contrôlé lui-même par un avion de reconnaissance qui le fait fonctionner automatiquement quand il le souhaite. Une fois la caméra fonctionne, elle commence à diffuser en direct vers l’avion qui stocke à son tour les images et films captés. Lorsque l’avion d’espionnage collecte ce dont il a besoin en photos, il stoppe le système afin qu’il ne soit pas découvert.

As Safir (16 mars 2011)
Le nouveau Patriarche maronite Mar Béchara Boutros Raï aura à relever de multiples défis qui se rapportent à la situation actuelle des Chrétiens surtout les maronites d’entre eux. Il devra raviver le rôle de l’Église maronite au Liban et dans les pays de l’émigration et restaurer la communication entre les diverses communautés et les divers courants au Liban.
Le Patriarche Raï est connu pour ses prises de position et jouit d’un charisme et d’une vitalité qui lui permettent de jouer un grand rôle à la tête de l’Église maronite. Cependant, la plus grande épreuve à laquelle il sera soumis tourne sans doute autour de son aptitude à se tenir à égale distance de toutes les parties chrétiennes, ce qui contribuerait à raviver la confiance entre Bkerké et une grande partie des chrétiens qui souffrait du favoritisme de son prédécesseur le Patriarche Nasrallah Boutros Sfeir.

As Safir (15 mars 2011)
Le dernier document remis au président syrien Bachar el-Assad par les ministres des AE du Qatar, Hamad Ben Jassem, et de la Turquie, Ahmet Davutoglu, dans la ville syrienne d’Alep, de la part du président Saad Hariri, « contenait des clauses qui ne figuraient pas dans le document exhibé par le député Walid Joumblatt à Beyrouth –document qui, a-t-il dit, avait été approuvé par Hariri. Il s’agit notamment d’accepter la légitimation des armes du Hezbollah, et de protéger ces armes. L’initiative en a été prise par Hariri, et n’a pas été réclamée par le Hezbollah, qui demande d’habitude qu’on protège les armes de la Résistance. Mais on voit que le chef du gouvernement démissionnaire a dépassé les attentes de la Syrie, de la Turquie et du Qatar. Suite à ce développement, le commandement syrien a essayé de convaincre le Hezbollah d’accepter l’offre de Saad Hariri, d’autant que ce dernier a renoncé en revanche à des clauses qui jouaient en sa faveur dans le papier présenté par Joumblatt. La réponse du Hezbollah fut catégorique : on a donné une chance à Hariri pour qu’il prenne une position historique avant que le procureur général du TSL Daniel Bellemare ne soumette l’acte d’accusation au juge de la mise en état Daniel Fransen, « et en contrepartie d’un tel engagement moral, nous aurions veillé à ce qu’il reste au pouvoir pendant vingt ans, voire plus, et à ce qu’il obtienne ce qu’aucun chef du gouvernement n’avait obtenu avant lui. Mais étant donné qu’il n’a pas pris cette position au bon moment, et comme Bellemare a remis l’acte d’accusation à Fransen, nous ne nous considérons plus tenus par aucun engagement préalable, et nous n’accepterons pas qu’il préside le gouvernement même s’il nous donne l’impossible et pas seulement la légitimation des armes de la résistance. Le document reprenait les trois clauses mentionnées dans le document révélé par Walid Joumblatt : Saad Hariri s’engage à : 1-révoquer le protocole de coopération avec le TSL, 2-suspendre le financement du TSL, 3-retirer les magistrats libanais du tribunal.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 18 mars 2011)
Les documents du site Wikileaks prouvent l’ampleur du complot tramé par certains responsables libanais contre la Résistance et ses armes durant la guerre israélienne contre le Liban en 2006. Dans une dépêche de Wikileaks, Samir Geagea propose de transformer le Hezbollah en un problème interne. Le président du comité exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, s’est dit complètement favorable à une approche présentée par Jeffrey Feltman, ambassadeur US au Liban de l’époque, concernant les conditions d’un probable cessez-le-feu notamment l’intention de rassembler tous les éléments du projet du cessez-le-feu dans une seule phase.
Dans le télégramme portant le numéro 06BEIRUT2471 et datant du 25 juillet 2006, Geagea s’est dit convaincu « qu’un cessez-le-feu vide qui ne désarme pas le Hezbollah conduira certes à une reprise du conflit. Il explique que la clé de la dissolution du Hezbollah en tant que force militaire est de le transformer en un problème interne et cela en le présentant au peuple libanais comme une menace qui a détruit leur pays. Il a également insisté sur le fait qu’Israël devrait résoudre d’une certaine manière les questions des hameaux de Chebaa et des prisonniers libanais. Après avoir écouté l’approche présentée par Feltman durant l’entretien de la secrétaire d’État de l’époque, Condoleeza Rice, avec les forces du 14-Mars qui s’est tenu le 24 juillet, Geagea a exprimé son soutien complet au projet : l’interdiction de la présence des armes près des frontières libano-palestiniennes, l’interdiction du trafic d’armes vers le Liban, le respect de la ligne bleue, la retraite des forces étrangères (iraniennes) du Liban, l’application complète des résolutions 1559 et 1680, l’arrêt simultanée des hostilités avec un large déploiement des forces de la Finul, la mise en place d’un programme d’aide humanitaire et de reconstruction ainsi qu’un engagement israélien de traiter les conflits frontaliers.
Au sujet de l’offre présentée au peuple libanais sur les conditions avancées pour un cessez-le-feu, Geagea l’a qualifiée de très importante, non seulement parce qu’elle fera assumer au Hezbollah la responsabilité de la souffrance actuelle du peuple, voire elle structurera le package de la solution permettant ainsi de traiter certains dilemmes majeurs notamment ceux des hameaux de Chebaa et des prisonniers libanais dans les geôles israéliennes. Geagea a confirmé qu’Israël n’est pas obligé à résoudre immédiatement ces deux problèmes, mais il doit les mentionner implicitement dans tout projet pour un cessez-le-feu. Selon lui, tout engagement israélien à résoudre ces deux causes prive le Hezbollah de son plus fort argument. Sans ces deux causes, le Hezbollah sera un problème interne et un groupe hors contrôle qui a, par son comportement injustifié, exposé l’Etat et le peule libanais au danger.
Pour sa part, la ministre des Affaires sociales de l’époque, Nayla Moawad, a affirmé, selon un télégramme numéro 06BEIRUT2437 datant du 21 juillet 2006, qu’il sera difficile pour les forces réformatrices libanaises de continuer à survivre si un cessez-le-feu imminent entre en vigueur. « Je n’ai jamais envisagé de quitter le Liban. Néanmoins, si le Hezbollah sort victorieux de la guerre, le Liban sera un pays très différent de ce qu’il était. »

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 18 mars 2011)
Le retard dans la formation du gouvernement Mikati est dû aux développements en cours à l’extérieur du pays. La situation interne est donc tributaire des changements rapides qui s’opèrent dans la région. Malgré les contacts qui se multiplient sur la scène locale en vue d’accélérer la formation du gouvernement, aucun signe n’est apparu de la Syrie qui se dit non impliquée dans les affaires internes libanaises. C’est d’ailleurs le message clair rapporté par le député Ali Hassan Khalil et Hussein Khalil, récemment rentrés de Damas.

An Nahar (17 mars 2011)
Le communiqué du Premier ministre désigné Najib Mikati concernant les développements en cours en vue de la formation du gouvernement reprend l’idée de formation d’un gouvernement harmonieux, prêt à affronter les défis que connaît la région et dans lequel nulle partie ne devrait avoir une majorité de blocage. Pour cela, le Premier ministre désigné se doit d’entreprendre tous les contacts nécessaires et de prendre son temps pour annoncer un gouvernement qui respecte la Constitution et qui satisfasse tous les Libanais.
Les forces de nouvelle majorité entreprennent entre elles des contacts pour trouver des solutions à la crise de formation du gouvernement, surtout en ce qui concerne le ministère de l’Intérieur. Par ailleurs, les contacts syro-saoudiens ont repris suite à la visite du Prince Abdel Aziz ben Abdallah en Syrie qui a transmis au président Bachar el-Assad une lettre de son père concernant les développements régionaux.

Al-Hayat (Quotidien saoudien, 18 mars 2011)
Paris, Randa Takieddine
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, examine de près le dossier libanais avec le directeur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Quai d’Orsay, Patrice Paoli, et l’ambassadeur de France à Beyrouth Denis Pietton. Paoli visitera le Liban lundi et mardi pour entreprendre des contacts avec les différentes parties libanaises.
En outre, des sources françaises ont fait part de la surprise agréable des milieux français quant à au nombre élevé des participants à la manifestation du 13 mars. Ces milieux attendent la formation du prochain gouvernement de Mikati et le communiqué ministériel pour savoir à quel point le Hezbollah a une emprise sur lui. Paris est consciente que l’objectif principal de la nouvelle majorité est de rompre toute relation entre le Liban et le TSL. Toutefois, il faudra attendre pour voir si Mikati va céder aux pressions du Hezbollah et du général Aoun et procéder à des changements au niveau de l’appareil sécuritaire du pays, qui représente la base de la collaboration avec le TSL. Mikati avait assuré publiquement qu’il n’avait pas l’intention d’opérer de tels changements.
Ces mêmes sources assurent que l’alliance entre Aoun et le Hezbollah vient de sa crainte face à l’extrémisme sunnite. Cependant, elles prédisent qu’il sera perdant car il se retrouvera devant un Hezbollah plus fort et probablement devant une guerre qui aura immanquablement lieu. Alors que Hariri, qui représente une grande majorité des sunnites et qui s’est allié à une grande partie des chrétiens dirigera une plus grande alliance qui engloberait les chiites à long terme.

Al-Hayat (14 mars 2011)
Walid Choucair
Quel est le programme de la nouvelle majorité, autre que l’arrêt de la coopération avec le TSL ? La nouvelle majorité pourra-t-elle se contenter de compenser son absence d’un programme en ne comptant que sur le soutien syrien et iranien ? Dans la mesure où la majorité n’a pas de programme, la question se pose aussi à la nouvelle opposition. Son nouveau manifeste politique met en avant des points généraux qui présentent certaines lacunes. Le 14-Mars devra proposer un programme clair pour atteindre ce qui se dit ses slogans. Il doit se préparer à une longue opposition, jusqu’en 2013, ou de réussir à faire tomber le gouvernement avant cette date. Cela ne doit dispenser le 14-Mars de s’adresser à l’autre camp, en apportant des réponses concrètes aux questions suivantes : comment mettre fin au pouvoir des armes sur la scène nationale et leur influence sur la vie politique ; comment garantir l’utilisation de ces armes pour faire face à Israël, comment absorber ces armes pour renforcer le rôle de l’État.
Dans son nouveau rôle d’opposant, le 14-Mars ne pourra pas faire l’impasse sur des questions sensibles comme la loi électorale, les relations libano-syriennes, la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord de Taëf, la fin du confessionnalisme politique, la restructuration de l’administration publique qui est en crise, la lutte contre la corruption, etc… Après le rassemblement du 13, le 14-Mars est invité à expliquer à son public à quoi il dit « oui », plutôt que de rabâcher des « non ».

Al-Hayat (12 mars 2011)
Paris, Randa Takieddine
Pour la France, ce qui s’est passé au Liban lors de la désignation de Najib Mikati pour former le prochain gouvernement « représente la fin d’un équilibre qui était précaire même s’il avait été confirmé par les deux conférences de Taëf et Doha qui ont fixé les règles du jeu politique pour une période limitée. La situation actuelle a modifié les données et un nouvel équilibre de forces est né consacrant « un vainqueur et un vaincu ». Le vaincu est le président Hariri et à travers lui la communauté sunnite et les forces du 14-Mars, alors que les chiites ont imposé un candidat sunnite, le président Najib Mikati ». Des sources françaises bien informées ont précisé que « certains Européens n’ont aucun avis sur la question alors que d’autres disent qu’ils s’adapteront à la nouvelle situation ».
Par ailleurs, ces mêmes sources ont considéré qu’avec la démission du Patriarche Sfeir (…) la scène religieuse libanaise sera libre pour le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, leader de la communauté chiite organisée alors que les chrétiens sont divisés et que les sunnites le sont aussi pratiquement. Même si la majorité sunnite soutient Hariri, elle demeure néanmoins une majorité non influente, ce qui permet au Hezbollah d’être seul maître à bord en l’absence de grands leaders religieux historiques ».
En outre, des sources ont indiqué à Al Hayat que les résultats de l’investigation présentés par le procureur du TSL Daniel Bellemare au juge Fransen ne seront connus qu’en mai ou en juin car le juge Fransen a besoin d’examiner de nouveaux éléments de l’acte d’accusation soumis par le juge Bellemare ».
Des sources françaises ont assuré que la situation en Tunisie et en Égypte ainsi que ce qui s’est passé au Liban ont incité Paris à être plus vigilant dans ses relations avec la Syrie. En effet, Paris —qui trouve que la Syrie joue un rôle important dans la région— se pose actuellement des questions sur les nouveaux critères de la relation avec Damas surtout que ce qui s’est passé au Liban constitue une victoire pour la Syrie et le Hezbollah. Alors que la France n’a eu aucune influence, les deux parties ont bel et bien réussi à écarter un Premier ministre qui les dérangeait car il représentait une décision indépendante ».

L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars, 18 mars 2011)
Scarlett Haddad
De nombreux analystes politiques estiment que l’objectif ultime de toute la démarche du 14-Mars reste le même : obtenir la démission de Mikati, qui ouvrirait la voie au retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement, mais cette fois dans de nouvelles conditions.
Des sources de la majorité ajoutent que l’étape suivante pour le 14-Mars est la publication de l’acte d’accusation, pour « booster » son action et accélérer la démission de son rival.
Toutefois, ces mêmes sources affirment que le plan prévu devra attendre car cette publication serait retardée. La remise par le procureur Bellemare d’une copie amendée au juge Fransen, le 11 mars, prolonge le délai accordé à ce dernier pour étudier les éléments nouveaux qui lui ont été remis. Les sources de la nouvelle majorité, convaincues de la politisation de l’acte d’accusation, affirment que la publication de celui-ci pourrait être reportée pour une période indéterminée. Ces sources précisent qu’aux yeux des États-Unis, l’acte d’accusation a un double objectif, le premier interne libanais et le second régional. Concernant le premier objectif, le gouvernement d’union nationale ayant démissionné, la publication de l’acte d’accusation ne provoquerait plus le bouleversement interne requis et ne changerait rien au rapport actuel des forces internes. De même, sur le plan régional, la publication de l’acte d’accusation est destinée à mettre en cause la Syrie et l’Iran. Or dans le climat actuel et avec les troubles un peu partout dans le monde arabe, la publication de cet acte ne pourrait que compliquer encore plus une situation déjà bien confuse. C’est pourquoi, estiment les sources de la nouvelle majorité, la tendance serait donc à un report sans date limite. Dans ce cas, la volonté de Saad Hariri de mobiliser ses troupes ne serait pas pour l’instant suivie d’un véritable plan d’action et viserait uniquement à lui permettre de continuer à occuper la scène politique, dans l’attente du moment propice pour agir.
D’autres sources, plus ou moins indépendantes, estiment au contraire que la radicalisation des positions du 14-Mars est liée à une publication prochaine de l’acte d’accusation qui, en impliquant probablement des personnalités syriennes et iraniennes en plus des Libanais, permettrait d’accélérer le processus d’effritement de ces régimes dans le cadre de la vague actuelle de soulèvements populaires dans la région.

L’Orient-Le Jour (16 mars 2011)
Suite à un article publié dans le Daily Star portant sur la réaction du ministère de l’Intérieur aux requêtes formulées par le procureur du Tribunal spécial pour le Liban, Daniel Bellemare, le ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud, a publié un droit de réponse dans lequel il explique certains points et faits suscités par l’article en question (…) Évoquant la requête faite par le TSL auprès de son ministère en vue d’obtenir des empreintes digitales, M. Baroud a précisé que, telle qu’elle était formulée, la requête portait sur plus de quatre millions d’empreintes, ce qui a poussé le ministère à demander à réduire cette demande de manière raisonnable. Une proposition qui a été approuvée par les enquêteurs qui ont finalement pu obtenir quelques centaines d’empreintes, en version électronique. Par la suite, les enquêteurs ont demandé les formulaires remplis par les concernés pour les confronter avec les empreintes recueillies. Or les archives relatives aux formulaires ne sont pas organisées de manière à pouvoir effectuer le tri nécessaire, qui requiert toute une équipe et des fonds pour cette fin. »

Foreign Policy (Revue états-unienne, 16 mars 2011)
Ce qui frappe le plus, en ce moment au Liban, c’est le sentiment de calme, même de complaisance, qui règne au Liban alors que la vague de protestations arabes emporte tout autour de lui. Outre le système confessionnel, beaucoup ont fait de la bipolarisation du système politique libanais un obstacle contre un mouvement populaire. Enfin, pour ce que ça vaut, certains font valoir que la « Révolution du Cèdre » était une révolution avant l’heure. On peut être encore plus surpris par la manière dont les actes d’accusation du TSL ne font plus peur alors qu’il y a quelques mois, on craignait une guerre civile. Des deux côtés de l’échiquier politique, on explique que les fuites mettant en cause le Hezbollah ont déjà été tellement diffusées qu’il n’y aura pas de choc majeur. Ils ajoutent qu’aucune des parties n’a intérêt à voir une escalade de la violence dans les rues. Même les partisans du 14-Mars reconnaissent, à contrecœur pour la plupart, que le Tribunal souffre actuellement d’un problème de crédibilité.

La tendance dans le monde arabe

Que se passe-t-il en Syrie ?

Comparer les incidents qui ont eu lieu en Syrie, vendredi 18 et samedi 19 mars, aux soulèvements populaires qui ont secoué la Tunisie et l’Égypte et qui secouent le Yémen, Bahreïn et l’Arabie saoudite, manque de pertinence. Les situations ne sont pas identiques et les raisons des manifestations très différentes. Des analystes comme Ghassan Salamé et Paul Salem, connus pour le regard critique qu’ils portent sur le régime syrien, ont tous deux affirmé que la conjoncture syrienne est de loin différente à celles qui prévalaient en Tunisie et en Égypte. Selon ces deux experts libanais, et bien d’autres observateurs encore, le régime syrien jouit d’une légitimité que lui confèrent son opposition aux projets états-uniens dans la région, notamment en Irak, et son soutien aux mouvements de résistance anti-israéliens au Liban et en Palestine. De plus, la Syrie dispose d’un vaste secteur public qui assure à une grande partie de la population une couverture sociale minimale, à travers la gratuité de l’enseignement scolaire et universitaire et des soins médicaux. Le président Bachar al-Assad a par ailleurs ordonné une série de mesures sociales et économiques pour alléger les difficultés des citoyens, la dernière en date étant la réduction de trois mois de la durée du service militaire obligatoire. Il a par ailleurs décrété une amnistie pour des milliers de détenus.

Les manifestations qui ont eu lieu vendredi ont été sciemment amplifiées par des médias arabes et occidentaux, audiovisuels et électroniques, dans le but de semer le chaos en Syrie et de provoquer une déstabilisation du pays. Les services de sécurité syriens ont identifié un certains nombre de personnes qui ont été entrainées à Beyrouth, Bruxelles et Stockholm, aux techniques de déstabilisation déjà mises en œuvre en Ukraine et en Géorgie. L’absence de médias syriens efficaces et compétents ne permet pas de faire parvenir la vraie image de ce qui se passe en Syrie. Certes, une nouvelle chaine satellitaire, al-Ikhbariya, vient d’être lancée, mais elle n’a pas encore réussi à se faire une place dans le paysage audiovisuel arabe et internationale.

Que s’est-il donc passé vendredi dans plusieurs villes syriennes ? A Banias, sur le littoral méditerranéen, une cinquantaine de personnes ont manifesté après la prière, brandissant des revendications très particulières. Aucun slogan contre le régime ou le président Bachar al-Assad n’a été scandé. Certains agitateurs qui se sont glissés dans la foule ont brisé les pare-brise de plusieurs voitures dans le but de provoquer des réactions violentes de la part des forces de l’ordre, mais le gros de la foule a refusé de suivre. L’imam de la mosquée a entamé un dialogue avec les manifestants qui ont réclamé l’ouverture d’une école coranique, la réintégration des femmes voilées dans le secteur de l’enseignement, l’interdiction des écoles mixtes, le contrôle des prix, notamment ceux de l’électricité, et l’éloignement de certains officiers de police du port de la ville.

À Homs, la plupart des quelques dizaines de personnes qui ont manifesté venaient d’en-dehors de la ville, Le but était de montrer l’existence d’un mouvement de contestation dans la troisième ville du pays.

Dans la mosquée des Omeyyades à Damas, un petit groupe de personnes a tenté de manifester après la prière. La foule des fidèles les a accueillis à coup de chaussures et une manifestation spontanée de soutien au président Bachar al-Assad a été organisée dans le souk Hamidiya.

L’incident le plus grave a eu lieu dans la ville de Daraa, au Sud de Damas. Les forces de l’ordre ont affirmé avoir ouvert le feu après que les manifestants se soient livrés à des actes de violence contre des biens publics et privés. Certains médias ont amplifié le bilan, parlant de 8 morts, d’autres ont avancé le chiffre de 6 morts et la plupart des agences ont retenu le bilan de 4 morts.

Quoi qu’il en soit, le président Bachar al-Assad a ordonné l’ouverture d’une enquête et s’est engagé à prendre les mesures qui s’imposent contre les responsables des violences, aussi haut placé soient-ils. Il a dépêché le ministre des Collectivités locales, Tamer al-Hojja, et le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal al-Mokdad, pour présenter les condoléances aux parents de deux victimes. La délégation présidentielle a été bien accueillie par la famille et les proches qui ont remercié le chef de l’État pour son geste. Enfin, le président Assad a limogé le gouverneur de Daraa, Fayçal Kalthoum, que les habitants de la région jugent responsable de la répression brutale des manifestations.

Ceci dit, le pouvoir syrien s’apprête à lancer un vaste programme de réformes pour répondre aux aspirations des jeunes, tout en préservant la stabilité du pays et empêcher qu’il ne se retrouve à découvert face à Israël et aux États-Unis.

Evénement

Discours d’Hassan Nasrallah sur la situation dans le monde arabe
Extraits du discours prononcé par le leader du Hezbollah, samedi 19 mars
« Il est ridicule de dire qu’al-Qaïda ou l’Iran se tiennent derrière les révoltes populaires dans le monde arabe. La répression des manifestants a rendu la situation plus compliquée. Quant aux États-uniens, ils ont réagi dans chacun de ces pays suivant leurs intérêts. L’Administration US est complice de tous les régimes contestés par leurs peuples. Nul ne devrait être dupe de leur soutien. La Résistance des rebelles libyens a obligé la communauté internationale à agir après avoir volontairement laissé le temps à Kadhafi pour les mater. Les facteurs qui ont conduit à la victoire des peuples en Tunisie et en Égypte sont, en premier lieu, la résistance des peuples, la neutralité de l’armée et le refus d’un maintien de toute figure des anciens régimes (…) Ce qui se passe en Libye est une guerre imposée au peuple par le régime de Kadhafi. Les crimes commis par Kadhafi doivent être condamnés et toute aide doit être fournie aux révolutionnaires (…) Est-ce parce que l’opposition bahreïnie appartient à la confession chiite que nul n’a dénoncé la répression du régime ? La grande injustice est de placer le peuple du Bahreïn dans un cadre sectaire. Quelle différence y a-t-il entre les régimes de la famille Khalifa à Bahreïn et les régimes de Moubarak, Ben Ali et Kadhafi ? Les dirigeants doivent répondre à leurs peuples avant qu’il ne soit trop tard, car leur sort n’est que la défaite (…) Au Liban, nous avons assisté, ces deux derniers mois, à une campagne bien orchestrée appelant à la chute des armes de la Résistance. Cette campagne se poursuit. Dans la forme, tout a été dit durant les manifestations sans aucune réaction de notre part, ce qui prouve que leurs allégations ne sont que des tissus de mensonges. Dans le fond, nous n’avons rien entendu de nouveau lors de cette campagne pour le discuter. Au 14-Mars, nous disons : « Tous vos discours provocateurs n’auront aucune influence sur la Résistance qui poursuit son armement et son entraînement. Les armes de la Résistance seront toujours dirigées contre l’ennemi israélien et lorsque le gouvernement décidera d’extraire le gaz, il ne trouvera que la Résistance pour défendre les droits du Liban contre les menaces israéliennes (…) Cette campagne vise, entre autres, à semer la zizanie, un objectif que l’acte d’accusation n’a pas pu atteindre. »

Yémen
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a limogé, dimanche soir, son gouvernement, déjà très affaibli par la démission de plusieurs ministres à cause de la mort de 52 manifestants, vendredi, sous les balles des forces de l’ordre. Une foule immense a participé à Sanaa aux funérailles de plusieurs des manifestants tués.
Les ambassadeurs du Yémen à Beyrouth et à l’Onu ont démissionné pour protester contre la mort de 52 manifestants.
Au lendemain de la journée la plus sanglante depuis le début de la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, la situation n’était pas en voie de s’améliorer. Dans la matinée du samedi 19 mars, 4 personnes ont été blessées par des policiers et des soldats dans la ville d’Aden.

Bahreïn
L’intervention à Bahreïn, lundi, des forces saoudiennes, secondées par des policiers des Émirats arabes unis, a provoqué l’entrée en scène de Téhéran, donnant une tout autre ampleur aux revendications démocratiques de la majorité chiite contre l’impitoyable dynastie sunnite des Al-Khalifa La présence des forces de la garde nationale saoudienne — les estimations vont de 1 000 à 3 500 hommes— est une franche indication que le régime bahreïni ne cédera pas à l’opposition et qu’il a le soutien des autres pétromonarchies du Golfe, qui ne veulent pas de contagion démocratique. au lendemain de l’assaut sanglant contre la place de la Perle, à Manama, six leaders de l’aile dure de l’opposition (cinq figures chiites et un sunnite de gauche) ont été arrêtés. Ces derniers événements marquent la fin de tout dialogue entre le pouvoir et l’opposition. L’intervention étrangère va évidemment fédérer cette dernière, jusque-là divisée entre les formations radicales —les partis chiites Haq et Wafa—, qui demandent l’instauration d’une République démocratique, et les modérées, comme le Wefaq, qui n’a jamais appelé au renversement de la monarchie. Du côté du pouvoir, on voit la même polarisation. Des prêcheurs sunnites ont appelé à la confrontation avec les chiites. Et, dans un pays qui proscrit les armes à feu —même les pistolets en plastique sont prohibés— et blanches sont apparus des séides munis de revolvers et de sabres, à l’évidence fournis par le régime.

Libye
Les forces du colonel Mouammar Kadhafi ont pénétré dimanche avec des chars dans le centre de Misrata, aux mains des insurgés, et des tirs dans le centre-ville ont fait des victimes. Des tireurs se trouvent sur les toits. Ils sont appuyés par quatre chars qui patrouillent en ville. Des bateaux bloquant le port, empêchant l’aide de parvenir à la ville. La France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Italie et le Canada participent pour l’heure à l’opération baptisée « Aube de l’odyssée », la plus grosse intervention militaire dans le monde arabe depuis l’invasion de l’Irak en 2003. L’aviation française a frappé la première dans la foulée du sommet de Paris, qui a réuni samedi à l’Élysée les dirigeants de 22 pays et organisations, dont l’Onu, l’Union européenne et la Ligue arabe ; Une vingtaine d’avions français ont participé à l’opération sur une large zone autour de Benghazi, détruisant plusieurs chars et véhicules blindés des forces loyalistes, a annoncé le ministère de la Défense. Des navires de guerre et des sous-marins britanniques et états-uniens ont tiré plus de 110 missiles Tomahawk contre plus de 20 sites libyens, afin notamment de mettre hors d’état les défenses antiaériennes de Kadhafi. Les médias officiels libyens affirment que des objectifs civils, dont un hôpital, ont été bombardés à Tripoli, Syrte, Benghazi, Zouarah et Misrata et qu’il y a des victimes civiles dans la capitale.
Dans la banlieue sud de Tripoli, des milliers de partisans du colonel ont convergé vers le camp militaire de Bab al-Azizia, formant un bouclier humain dans la base de Kadhafi. Mouammar Kadhafi a prévenu qu’il ne se laisserait pas renverser par une « alliance de croisés » conduite par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. « Il s’agit d’une croisade contre le peuple musulman, particulièrement contre le peuple libyen. (Les pays occidentaux) pensent qu’ils vont effrayer le peuple libyen. Ils ne font qu’employer des méthodes terroristes et seules les forces au sol sortiront victorieuses », a-t-il déclaré dans une allocution diffusée à la télévision libyenne.

Source
New Orient News