Dressant le bilan de l’année 2016, les Scientifiques atomiques états-uniens constatent l’accroissement du péril nucléaire. Manlio Dinucci observe que les récentes déclarations de Donald Trump ne semblent pas devoir inverser le cours des choses.
Enfin le téléphone a sonné et Paolo Gentiloni (président du Conseil italien, Ndt), après une longue et nerveuse attente, a pu écouter la voix du nouveau président des États-Unis, Donald Trump. Au centre de l’appel téléphonique —informe Palazzo Chigi (siège de la présidence du Conseil, Ndt)— l’« historique amitié et collaboration entre l’Italie et les USA », dans le cadre de la « fondamentale importance de l’Otan ». Dans le communiqué italien on omet cependant un détail qu’a fait connaître la Maison-Blanche : lors de son coup de fil à Gentiloni, Trump n’a pas seulement « rappelé l’engagement des USA dans l’Otan », mais il a « souligné l’importance que tous les alliés partageassent la charge monétaire de la dépense pour la Défense », c’est-à-dire la portent à au moins 2 % du PIB : ce qui signifie pour l’Italie passer des actuels 55 millions d’euros par jour (selon l’Otan, en réalité davantage) à 100 millions d’euros par jour. Gentiloni et Trump se sont donnés rendez-vous en mai pour le G7 sous présidence italienne qui se déroulera à Taormina, à un peu plus de 50 km de la base USA/Otan de Sigonella et à 100 km du Muos de Niscemi. Points fondamentaux de ce qui, dans l’appel téléphonique, est défini comme « collaboration entre l’Europe et les États-Unis pour la paix et la stabilité ».
Le résultat en est confirmé par les Scientifiques atomiques états-uniens : l’aiguille de l’ « Horloge de l’apocalypse », le pointeur symbolique qui sur leur bulletin indique à combien de minutes nous sommes du minuit de la guerre nucléaire, a été avancé : de 3 minutes avant minuit en 2015 à 2 minutes et demi avant minuit en 2017. Un niveau d’alarme plus haut que celui des années 80, au sommet de la tension entre les USA et l’URSS.
Cela est en réalité le résultat de la stratégie de l’administration Obama qui, avec le putsch de Place Maïdan, a lancé la réaction en chaîne qui a provoqué la confrontation, y compris nucléaire, avec la Russie, transformant l’Europe en première ligne d’une nouvelle Guerre froide par certains aspects plus dangereuse que la précédente.
Que fera Trump ? Dans son appel téléphonique au président ukrainien Porochenko —communique la Maison-Blanche— il a dit que « nous travaillerons avec l’Ukraine, la Russie et d’autres parties intéressées pour les aider à rétablir la paix le long des frontières ». Il ne clarifie pas cependant si entre les frontières de l’Ukraine est comprise ou pas la Crimée, qui s’est désormais détachée pour revenir faire partie de la Russie. L’ambassadrice états-unienne à l’Onu, Haley, a déclaré que les sanctions US envers la Russie restent en vigueur et a condamné les « actions agressives russes » en Ukraine orientale. Où en réalité a repris l’offensive des forces de Kiev, comprenant les bataillons néo-nazis, entraînées et armées par les USA et l’Otan.
En même temps le président Porochenko a annoncé vouloir lancer un référendum pour l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Même si de facto elle en fait déjà partie, l’entrée officielle de l’Ukraine dans l’Alliance aurait un effet explosif envers la Russie.
Pendant ce temps la Grande-Bretagne se met en marche : alors qu’elle intensifie la coopération de ses forces aéronavales avec celles des USA, elle envoie en mer Noire au bord de la Russie, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, une de ses unités navales les plus avancées, le destroyer (ou escorteur d’escadre, Ndt) Diamond (coût supérieur à 1 milliard de livres sterling), à la tête d’une task force de l’Otan et en appui à 650 soldats britanniques engagés dans un non mieux précisé « exercice » en Ukraine. Simultanément la Grande-Bretagne envoie en Pologne et Estonie 1 000 soldats d’unités d’assaut et en Roumanie des chasseurs bombardiers Typhoon à double capacité conventionnelle et nucléaire.
Ainsi, alors que Gentiloni parle avec Trump de collaboration entre l’Europe et les États-Unis pour la paix et la stabilité, l’aiguille de l’Horloge se rapproche du minuit nucléaire.
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