La Guerre des civilisations hante les dirigeants et intellectuels occidentaux. Salman Rushide dresse dans le New York Times le bilan d’une semaine ordinaire du fanatisme musulman dans le monde. Selon lui, les modérés ont abdiqué. L’islam a été détourné par des accros à la violence. Franck J. Gaffney dénonce les pseudos amis musulmans des USA : les Saoudiens. Déjà les aumôniers wahhabites désorganisent les armées états-uniennes, affirme-t-il dans le Washington Times, tandis que la presse révèle les liens indirects de membres de la famille royale et de terroristes. L’ancien Premier ministre français Michel Rocard tente de calmer les esprits. Dans Le Monde, il plaide pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne afin notamment d’affirmer le caractère séculier des institutions européennes. Mais, dès à présent, Daniel Pipes voit se profiler de nouveaux dangers. Le centre de gravité du christianisme se déplace du Nord vers le Sud, écrit-il dans le Jerusalem Post. Dans ces régions, bien des chrétiens, et particulièrement des catholiques, sont acquis à la théologie de la libération. Eux aussi menacent l’Occident libéral.
« Pas plus de fanatisme que d’habitude »
No More Fanaticism as Usual
New York Times (États-Unis)
[AUTEUR] Salman Rushdie est auteur et essayiste. Il a longtemps vécu sous le coup d’une condamnation à mort du pouvoir religieux iranien pour avoir écrit Les Versets sataniques. Il a récemment écrit Step Across This Line.
[RESUME] Cela a été une sacrée semaine dans le monde merveilleux de l’Islam.
Au Nigeria, des musulmans ont commis des tueries en réaction à un article de la journaliste chrétienne Isioma Daniel qui affirmait que le prophète Mahomet aurait pu vouloir épouser l’une des candidates du concours Miss Monde qui devait avoir lieu dans son pays. En Iran, Hashem Aghajari, qui avait participé à l’occupation de l’ambassade américaine en 79 et qui a perdu une jambe sur un champ de bataille de la guerre Iran-Irak, a été condamné à mort pour avoir contesté le régime des mollahs. En Egypte, une série télévisée, diffusée à une heure de grande écoute, présente comme véridique les Protocoles des sages de Sion, livre écrit par la police du tsar Nicolas II. Au Pays-Bas, Ayaan Hirsi Ali a dû fuir le pays car elle avait affirmé que les hommes musulmans oppressent les femmes, ce qui lui a valu des menaces de mort.
Peut-être est-ce injuste de relier ces fait entre eux, mais ils ont quand même un point commun : Ayaan Hirsi Ali, Isioma Daniel et Hashem Aghajari ont tous été présenté comme de « nouveaux Salman Rushdie » par leurs détracteurs. Il y a quelques mois, j’étais agacé que mon nom soit devenu un slogan pour islamistes, aujourd’hui je dois reconnaître que je suis bien entouré au sein des « Rushdie ».
L’autre point commun de ces affaires est qu’on peut se demander en quoi y avait-il outrage à l’Islam dans ces affaires ? Ne serait-il pas préférable que les musulmans se mobilisent contre le détournement de leur civilisation d’amour et de leur réflexion philosophique par des paranoïaque, des racistes, des menteurs, des défenseurs de la suprématie masculine, des tyrans, des fanatiques et des accros à la violence ?
Pourquoi, hormis les étudiants iraniens, aucun musulman modéré n’a-t-il protesté ? Ils devraient pousser à la modernisation de leur culture et de leur foi car, aujourd’hui, le monde musulman est prisonnier d’une minorité qui lutte pour maintenir fermé le monde qu’ils dominent.
« Avec des amis comme les Saoudiens... »
With friends like the Saudis...
The Washington Times (États-Unis)
[AUTEUR] Frank J. Gaffney Jr est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. La dernière enquête du Réseau Voltaire lui est consacrée : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».
[RESUME] Aujourd’hui, peu de responsables à Washington doutent de l’avis largement répandu dans l’opinion publique qui désigne les Saoudiens comme une composante majeure du problème terroriste et qui voit une confrontation à venir avec l’Arabie saoudite comme souhaitable.
Cette idée est basée sur le fait que, après le 11 septembre 2001, de nombreuses associations caritatives saoudiennes ont vu leurs comptes bancaires bloqués en raison de lourdes présomptions concernant leur aide dans le financement du terrorisme. Récemment on a découvert que la princesse Haïfa, la propre fille de l’ancien roi saoudien, femme de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis, avait aidé financièrement des étudiants proches des pirates de l’air du 11 septembre et était liée à un appartement où a habité un autre étudiant qui a vécu avec des membres d’Al Qaïda.
Face à ces éléments, des membres du Congrès ont commencé à affirmer publiquement que les conclusions du FBI et de la CIA sur l’implication de l’Arabie saoudite dans les attentats ont été trop clémente avec Riyad. Ils affirment également que la principale erreur de Bush a été de ne pas comprendre la nature hostile de ce pays.
En réalité, les membres du Congrès ne vont pas assez loin et oublient un certain nombre d’éléments sur l’ampleur de la menace que représente l’Arabie saoudite. En effet, ce pays organise l’embrigadement des détenus dans les prisons états-uniennes, le recrutement d’aumôniers Wahhabites dans l’armée américaine, ce qui désorganise cette institution, et le financement de groupes anti-américains dans les mosquées aux États-Unis. De plus, ils organisent un lobbying actif pro-islamiste et anti-israélien dans les médias et auprès des élus.
Avec des amis comme les Saoudiens, qui a besoin d’ennemis ?
« Turquie : dire oui est vital »
Turquie : dire oui est vital
Le Monde (France)
[AUTEUR] Michel Rocard est ancien Premier ministre socialiste français (1989-1991). Il est président de la commission de la culture au Parlement européen.
[RESUME] La déclaration de Valéry Giscard d’Estaing dans laquelle il affirme son refus de voir un jour la Turquie entrer dans l’Union Européenne a eu le mérite de crever l’abcès et d’ouvrir le débat.
La Turquie a de quoi faire peur. Elle représente l’Islam à nos portes, c’est un pays du Tiers-monde, elle a 66 millions d’habitants et en aura 100 millions dans 30 ans. C’est un pays brutal, qui ne s’en cache pas, et pauvre. Pour beaucoup d’Européens, cela signifie que son adhésion à l’Union Européenne entraînera une émigration massive des Turcs dans nos pays.
Pourtant, la réalité est plus nuancé. En terme économique, le revenu turc par habitant ne représente peut-être qu’un gros quart de celui de la République grecque de Chypre ou les deux tiers de celui de la République Tchèque, mais il est presque comparable à celui de la Pologne, des pays baltes ou de la Slovaquie, et il est le triple de celui de la Roumanie ou de la Bulgarie, ayant un statut de candidat agréé. Si la Turquie parvient à maîtriser sa crise économique, la pulsion d’émigration ne sera pas si forte que cela.
En matière de paix et de tranquillité internationale, l’insertion de la Turquie dans l’Union Européenne permettra des rapports plus serein avec les cinq anciennes républiques soviétiques turcophones d’Asie centrale et avec le monde musulman, ce dont dépend l’approvisionnement énergétique de l’Europe dans l’avenir.
Si nous devions refuser l’adhésion turque, cela serait interprété par le monde comme un rejet d’un pays musulman et l’UE serait présenté comme un club chrétien, ce qu’elle n’est pas. Si beaucoup de valeurs qui nous rassemblent sont d’origine chrétiennes, beaucoup d’autres se sont construites sans, ou contre, l’Église. Les traités de l’UE sont séculiers, ce qui était d’ailleurs le seul moyen de faire coexister des catholiques, des protestants et des orthodoxes.
L’argument géographique ne tient pas non plus, car Constantinople-Byzance-Istanbul a joué un trop grand rôle dans la construction d’une identité européenne pour qu’on puisse lui nier son caractère européen. Le fait que la Turquie s’étende sur deux continent est une chance et c’est aux Turcs de décider vers quel continent ils penchent le plus. Le fait que le pays ait aboli la peine de mort et autorisé l’enseignement des langues minoritaires montre bien qu’il veut se tourner vers l’Europe.
L’adhésion de la Turquie à l’UE sera une confirmation de la nature séculière de l’Union, un acte de paix et une assurance vie.
« Un mouvement en direction d’un christianisme militant ? »
Move toward militant Christianity ?
Jerusalem Post (Israël)
[AUTEUR] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il a récemment fondé Campus Watch une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, la dernière investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».
[RESUME] Contrairement aux idées reçues et malgré la poussée démographique du monde musulman, le Christianisme se développe plus que l’Islam dans le monde et c’est cette religion qui laissera la plus profonde marque sur le XXIème siècle.
Si cette révolution chrétienne n’est pas plus perçue, c’est parce que le monde chrétien est divisé entre le Nord et le Sud et que nous, qui vivons dans le Nord, ne percevons pas le formidable développement de cette religion dans les pays plus pauvres. En effet, en 2025, les deux tiers des chrétiens et les trois quarts des catholiques vivront dans le Sud et le christianisme cessera d’être une religion euro-américaine.
Entre ces deux cultures chrétiennes du Nord et du Sud, un schisme est envisageable, tant les conceptions sur cette religion sont en train de s’éloigner. Aussi, pour comprendre le futur du Christianisme, il faudra garder un œil sur le Sud, qui rejette les perspectives libérales du Nord et qui domine la foi chrétienne.
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