Le sénateur Edward Kennedy dénonce frontalement la politique de l’administration Bush.
« Que le gouvernement puisse songer à utiliser notre arsenal nucléaire contre l’Irak est une considération qui fait elle-même peser un grave danger sur nos intérêts nationaux, notre nation et les valeurs que représente l’Amérique. » Le frère de l’ancien président John F. Kennedy explique, dans une tribune publiée le 29 janvier 2003 dans le Los Angeles Times, que « se servir de l’arsenal nucléaire de la nation d’une telle façon, une façon pour laquelle il n’existe aucun précédent, serait la décision la plus fatidique depuis l’attaque nucléaire d’Hiroshima ». Pour le sénateur Démocrate, Bush représente une véritable menace : « Notre monde, déjà dangereux, vient de le devenir encore bien plus. »
Notre monde, déjà dangereux, vient de le devenir encore bien plus. Les informations indiquant que notre gouvernement envisagerait de recourir de façon préventive aux armes nucléaires contre l’Irak devraient faire tinter la sonnette d’alarme : cette guerre pourrait non seulement être la mauvaise guerre menée à un moment inopportun, mais elle pourrait rapidement déraper.
Engager des armes nucléaires dans un conflit avec l’Irak pourrait nous conduire à la catastrophe.
Le président Bush a eu une occasion mardi soir d’expliquer pourquoi il pense qu’un éloignement aussi radical d’une politique établie de longue date est justifié ou nécessaire. Au minimum, un changement d’une telle portée devrait être présenté au Congrès pour qu’il en débatte avant que les États-Unis n’entrent en guerre avec l’Irak.
Les annonces d’une frappe nucléaire préventive cadrent avec les opinions extrémistes exprimées il y a un an dans l’évaluation faite par le président Bush de la position nucléaire et avec le dédain que manifeste le gouvernement pour les normes bien établies en matière de comportement international.
Selon ces informations, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a donné ordre au Commandement stratégique des États-Unis de mettre au point des plans pour utiliser des armes nucléaires lors de l’entreprise de tout un éventail de nouvelles missions, y compris la possibilité de leur utilisation en Irak afin de détruire les abris sous-terrains.
Se servir de l’arsenal nucléaire de la nation d’une telle façon, une façon pour laquelle il n’existe aucun précédent, serait la décision la plus fatidique depuis l’attaque nucléaire d’Hiroshima. Le fait d’envisager l’utilisation d’armes nucléaires au cours d’une première frappe dans les circonstances actuelles et contre un pays non nucléaire brouille dangereusement la distinction cruciale et historique qui existe entre armes classiques et armes nucléaires. Dans le cas de l’Irak, c’est absurde.
Les armes nucléaires font partie d’une classe d’armes particulières pour de bonnes raisons : leur unique pouvoir de destruction et leur capacité à menacer la survie même de l’humanité. Elles ont été séparées des autres choix militaires parce nous étions profondément attachés à faire en sorte qu’elles ne soient plus jamais utilisées. Elles ne devraient être employées que dans les pires circonstances - par exemple si l’existence de notre nation était menacée. Il est insensé de faire tomber le mur pare-feu qui existe depuis un demi-siècle entre un conflit nucléaire et toute autre forme de guerre.
Une bombe nucléaire n’est pas simplement un autre élément de l’arsenal.
Notre force militaire est la force de combat la plus puissante du monde. Nous pouvons mener et remporter une guerre en Irak avec des bombardements de précision et de nouvelles armes classiques sophistiquées. Le président n’a pas donné de preuves irréfutables que la menace que représente l’Irak pour notre sécurité nationale est si imminente que nous avons besoin d’entrer en guerre, et encore moins libérer le génie nucléaire de la bouteille où il est enfermé.
En faisant valoir la possibilité que des armes nucléaires pourraient faire partie de la première frappe contre l’Irak, le gouvernement ne fait que renforcer sa réputation d’unilatéraliste imprudent au sein de la communauté mondiale - une réputation qui en fin de compte affaiblit notre propre sécurité. La menace nucléaire éloignera encore plus nos alliés qui, pour beaucoup, ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’une guerre contre l’Irak. Il est fondamentalement contraire à nos intérêts nationaux de tendre encore plus des liens qui sont essentiels pour remporter la guerre contre le terrorisme et pour faire avancer nos idéaux dans le monde.
Cette politique aggrave encore les dangers de la prolifération nucléaire en disant en fait aux États non nucléaires que les armes nucléaires sont nécessaires afin de dissuader une éventuelle attaque contre les États-Unis et en donnant le feu vert aux États nucléaires du monde qu’il est permis de les utiliser. Est-ce là la leçon que nous voulons envoyer à la Corée du Nord, au Pakistan et à l’Inde, et aux autres puissances nucléaires ?
Le recours aux armes nucléaires en Irak, en l’absence d’un danger imminent et écrasant pour notre sécurité nationale, entraînerait une rupture pratiquement totale des relations entre les États-Unis et le reste du monde. Au minimum, cela conduirait à une montée énorme de l’anti-américanisme dans le monde arabe et, parallèlement, une plus grande sympathie à l’égard des terroristes qui cherchent à nous nuire. Notre pays, longtemps un phare d’espoir, serait considéré du jour au lendemain comme un symbole de la mort, de la destruction et de l’agression.
Dans l’introduction de la stratégie nationale de sécurité nationale, présentée l’automne dernier, le président déclare : « Le danger le plus grave auquel notre nation est confrontée se trouve au croisement du radicalisme et de la technologie. » A ce sujet, il avait sûrement raison, et que le gouvernement puisse songer à utiliser notre arsenal nucléaire contre l’Irak est une considération qui fait elle-même peser un grave danger sur nos intérêts nationaux, notre nation et les valeurs que représente l’Amérique.
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