Ansar 3 (Ktse’ot)
La prison se trouve dans le désert de Néguev. Elle héberge environ 1 120 prisonniers, dont 919 sont des détenus administratifs. La prison est divisée en quatre sections, et chacune en quatre unités. Soixante prisonniers sont habituellement détenus par unité, répartis en trois petites tentes. Selon les témoignages déposés par les prisonniers, les tentes sont usées et vieilles. Elles ne permettent pas de vivre convenablement. Elles ne protégent ni du soleil du désert dans la journée, ni du froid mordant de la nuit. Des insectes nuisibles y prolifèrent. Dans une déposition, le détenu Jehad Hasan Za’bout a rapporté que les prisonniers ont tué beaucoup de scorpions dans les tentes où ils vivent. Il a ajouté qu’ils ont même tué un serpent. Les prisonniers mentionnent que les tentes sont surpeuplées. Une unité entière dispose seulement de 40 m2.
Il y a seulement trois toilettes par section, et pas d’eau chaude. Les prisonniers reçoivent du savon et des désinfectants offerts des associations caritatives, mais l’administration de la prison ne fournit elle-même aucun de ces matériels de base.
La nourriture est terrible, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Le détenu Khaled Abd Al-Wali, qui fait la cuisine pour les prisonniers, a mentionné qu’il a été puni par l’administration de la prison pour avoir demandé une augmentation de la quantité de nourriture. Après sa demande, on lui a interdit d’entrer à nouveau en cuisine. Les soldats ont été chargés de préparer les repas. Ils ont servi des escalopes panées non préparées. Les prisonniers ont adressé une pétition à l’administration de la prison pour demander de meilleurs services, mais leur pétition a été rejetée. Quoi qu’il en soit, quelques jours plus tard l’administration a autorisé les prisonniers à préparer eux-mêmes leurs repas. C’était en juin 2002.
Quand la prison a été réouverte, au cours de l’année 2002, le réseau électrique stable n’était pas disponible, seulement le voltage le plus bas (24 volts) était fourni. Par conséquent, les prisonniers ne pouvaient pas utiliser d’appareils électriques. Avec l’aide des organisations des droits de l’homme, dont l’Al-Haq qui a demandé l’intervention de la Haute Cour israélienne, le service électrique a été rétabli.
Al-Haq a aussi fait savoir que beaucoup de prisonniers malades sont incarcérés dans cette prison. Ces détenus ne reçoivent pas les soins médicaux appropriés. Les médicaments manquent et les médecins ne consultent pas. La plupart des prisonniers a besoin d’être opéré. Cependant, l’administration de la prison leur refuse le droit d’être transférés dans des hôpitaux. Dans sa déposition, le détenu Saleh Sa’ed Al-Hassis a mentionné qu’il souffrait d’insuffisance rénale et que les médecins avaient décidé de lui ôter un rein quelques jours avant son arrestation. Le médecin de la prison a confirmé, lui aussi, qu’Al-Hassis devait être opéré et que l’interruption de son traitement provoquerait des complications. Par la suite, Al Hassis a subi des examens médicaux à l’hôpital Suroka de Bir Shiva. Les médecins ont recommandé une opération urgente, mais l’administration de la prison s’est opposée à son transfert à l’hôpital. Il a seulement reçu des calmants.
Le détenu Muhannad Musa Al-Zreidat souffrait d’une inflammation orale après avoir été passé à tabac par des soldats israéliens à la prison d’Ofer. Le médecin de l’Ansar 3 a déclaré qu’il souffrait d’une inflammation orale, mais il ne lui a prescrit aucun traitement. Il lui a seulement donné des comprimés analgésiques. Beaucoup d’autres prisonniers souffrent de douleurs dentaires. Ils ont continuellement réclamé les soins d’un dentiste. Mais, l’administration de la prison n’a pas donné suite à leurs demandes.
Il convient de mentionner que beaucoup de Palestiniens ont été arrêtés après avoir été blessés par des soldats israéliens. La plupart d’entre eux sont détenus à l’Ansar 3 et n’ont reçu aucun soin médical. En conséquence, leurs conditions de santé se sont détériorées.
En raison du manque de désinfectants, des prisonniers souffrent de la gale. Les prisonniers se sont adressés à l’administration de la prison pour soigner les détenus malades et se débarrasser de ces parasites. L’administration n’a pas répondu. Par conséquent, les prisonniers ont été forcés d’isoler ceux qui souffrent de cette maladie.
Le renouvellement des périodes de détention est un des facteurs qui augmente la morbidité chez les prisonniers. Plusieurs prisonniers ont été victimes de cette politique. Dès qu’ils ont fini leur période de détention, ils reçoivent une notification de renouvellement. Le pire aspect de cette politique est que le prisonnier n’est informé de la décision que lorsqu’il s’apprête à être libéré. Cela redouble l’effet psychologique sur le détenu. Selon les règles administratives, les prisonniers dont la période de détention est prolongée doivent en être informés au mois une semaine avant, mais elles ne sont jamais respectées.
Les livres et journaux sont également en nombre insuffisant. Les journaux arabes sont interdits. L’administration fournit des journaux israéliens, mais rares sont les prisonniers qui comprennent l’hébreu.
La prison d’Ofer
La prison est située à Betounya, à quelques kilomètres seulement à l’ouest de Ramallah. C’était à l’origine un camp militaire, qui a été transformé en centre de détention. On estime qu’environ 720 détenus palestiniens y sont incarcérés. Quatre-vingt-cinq sont des détenus administratifs. D’autres sont des palestiniens qui possèdent des passeports jordaniens.
Les conditions de vie dans cette prison ne sont pas meilleures qu’à Ansar 3. Les prisonniers sont logés dans des tentes réparties par sections. De nombreuses violences ont été rapportées. La surpopulation, la mauvaise qualité de la nutrition, la rusticité des services sanitaires et la prolifération des insectes et des reptiles sont le lot commun de cette prison. Les prisonniers ont aussi besoin de changer leurs vêtements, notamment les sous-vêtements.
De plus, on y trouve des prisonniers malades, dépourvus de soins médicaux. Dans une déposition, le détenu Murad Abou Gharbeyyeh a mentionné qu’il soufrait d’instabilité psychologique après que sa femme eut été tuée devant lui. Le médecin de la prison a diagnostiqué son cas, mais il n’a reçu aucun traitement approprié.
Vingt-quatre prisonniers palestiniens possédant un passeport jordanien sont détenus dans cette prison. L’administration de la prison leur a annoncé leur possible expulsion en Jordanie au motif que leur présence dans les territoires occupés est irrégulière. Ces prisonniers sont des Palestiniens qui vivent avec leurs familles en Cisjordanie, mais ils se sont vus leurs papiers d’identité confisqués après qu’ils eurent séjourné, même peu de temps, en Jordanie. Le 30 janvier 2003, dix-huit d’entre eux ont été interpellés à proximité de la frontière pour être expulsés. Cependant, les forces d’occupation israéliennes ont changé d’avis et n’en ont expulsé que cinq, les autres ayant été relâchés.
Les détenus ont demandé que l’administration de la prison leur procure des journaux arabes. Leur demande a été rejetée. Il n’y a ni livres, ni journaux disponibles. Les parents ne sont pas autorisés à visiter leurs fils.
Depuis peu, l’administration de la prison a rendu les visites des avocats d’Al-Haq très difficiles. Al-Haq a multiplié les demandes de visites. Aucune réponse ne lui a été adressée.
La prison pour femmes d’Al-Ramleh
Des conditions de détention similaires prévalent dans cette prison. Les avocats d’Al-Haq ont réussi à faire plusieurs visites dans cette prison. Pendant les derniers trois mois, les avocats d’Al-Haq et d’autres avocats n’ont été pas admis dans cette prison sous divers prétextes. Le 19 février 2003 les avocats d’Al-Haq ont réussi visiter quelques prisonnières dans cette prison. La détenue Ameh Muna, la représentante des détenues, fût l’une d’entre elles. Selon la déposition de Muna, les prisonnières vivent sous des conditions très difficiles. 57 prisonnières sont détenues ici, dont 9 ont moins de 18 ans et 5 sont mariées. Les prisonnières sont détenues par groupe de 6 dans une cellule de 14 mètres carrés. Celles qui ont moins de 18 ans sont détenues par groupe de 2. Muna a mentionné que l’administration de la prison pousse les prisonnières à créer des frictions entre elles. La nourriture est de piètre qualité, et servie en faible quantité. Elle est principalement composée d’hydrates de carbone qui ne sont pas bien préparés. Les assiettes, les verres et les cuillères ne sont pas en nombre suffisant. Des livres et d’autres lectures manquent. Les journaux arabes ne sont également pas disponibles. Muna a déclaré que certaines détenues voulaient étudier. L’administration n’a permis qu’à deux d’entre elles d’étudier au sein de la prison, mais en a empêché les autres sans raisons. Même les deux prisonnières qui ont reçu la permission n’ont pas les livres nécessaires.
Les détenues de cette prison sont soumises à divers traitements dégradants et humiliants par les gardiens. Elles sont fréquemment exposées aux fouilles corporelles, une pratique durant laquelle elles doivent se déshabiller. Les prisonnières ont exprimé leur profonde préoccupation vis-à-vis de cette pratique et ont appelé à une intervention pour y mettre fin. Ces prisonnières politiques sont également insultées par d’autres prisonnières civiles à l’intérieur de cette même prison.
L’eau chaude n’est pas disponible dans cette prison. Les détergents et les désinfectants manquent aussi. Le 11 février 2003 (jour de fête des musulmans) les prisonnières se sont adressées à l’administration pour réclamer de l’eau chaude. Elles n’ont reçu aucune réponse. Le lendemain, six d’entre elles ont été mises à l’isolement, en guise de punition après leur demande. La détenue Amneh Muan a été l’une de ces détenues punies. Muna a déclaré que les gardiens l’ont mise à l’isolement à 7h 30 ce jour-là. Elle n’a pas eu la permission de changer ses vêtements avant que la sanction ne soit levée. D’autres détenues ont été durement molestées. Selon la déposition de Muan, la détenue Nesrin Abou Zeneh a eu ses mains et ses pieds liés avant d’être battue, et la détenue Aysheh Bayyat a subi le même sort. Elle a eu ses mains et pieds blessés par les bracelets des menottes. Les six prisonnières sont restées sept jours à l’isolement. La cellule était seulement de 3 mètres carrés. Elles ont passé le premier jour sans couverture, ni matelas. Leurs effets personnels ont été entassés sous la pluie durant plusieurs heures avant de leur être rendus. Leurs repas ont été apportés vers 19h. La punition de Muna a été plus dure que les autres. Elle n’a pas eu la permission de recevoir de visite de sa famille pendant une période de deux mois.
Muna a ajouté qu’il y a des prisonnières malades dans cette prison. Asma Dakhl Allah, mariée et mère de six enfants, souffre d’une tumeur. Elle éprouve des douleurs très fortes. Elle reçoit seulement des analgésiques. Sa détention administrative est utilisée comme pression contre son mari, qui, selon les réclamations israéliennes, est recherché. Ses enfants ne sont pris en charge par personne. Il n’y a pas de place pour elle dans cette prison, aussi doit-elle dormir à terre.
gée de 19 ans, Mervat Taha, de Jérusalem, était enceinte lorsqu’elle a été arrêtée. Le 17 février 2003 elle a été transférée à l’hôpital pour accoucher. Taha a été ramenée dans la prison le lendemain. Un jour après le bébé était ramené à sa mère, et il est maintenant avec elle en prison.
Cinq prisonniers souffrent de douleurs au bas du dos, et un autre de troubles psychologiques. Leurs cas nécessitent des spécialistes pour les aider. Al-Haq travaillera sur ce problème.
Trois de ces prisonnières ont été arrêtées pour faire pression sur leur mari. Il s’agit de : Asma Dakhl Allah, Suheir Jaber (elle soufre d’une fracture au dos) et Asma Saleh. Asma est mariée et elle a deux enfants. Elle est Palestinienne, mais possède un passeport jordanien. Il lui a été notifié qu’elle risquait d’être exilée en Jordanie sans ses enfants.
La prison hôpital d’Al Ramleh
Les prisonniers qui ont besoin de soins médicaux prolongés sont tenus dans cette prison. Les témoignages recueillis par l’Al-Haq démontrent que les détenus de cette prison affrontent la même souffrance que ceux des autres prisons. 28 prisonniers malades sont incarcérés ici, dont sept sont des prisonniers permanents. Les autres prisonniers sont d’habitude ramenés dans leurs prisons après qu’ils aient suivi une opération ou des examens. Le détenu Ra’fat al-Orouqi a raconté que l’administration de cette prison retarde les opérations urgentes pour les prisonniers en ayant besoin. Le détenu Mansour Mouqedi est l’un de ces cas. Les médecins lui ont recommandé l’opération depuis longtemps, mais l’administration la retarde encore.
Le détenu Jum’a Ismael Musa a été condamné à perpétuité. Il souffre de rhumatisme, de tension artérielle, de diabète et de problèmes dentaires. Il ne peut pas mâcher la nourriture. L’administration refuse de fournir l’équipement pouvant l’aider.
Les prisonniers ont mentionné que la nourriture qu’on leur sert est très pauvre.
La prison d’Ayalon
Quatre prisonniers Palestiniens sont tenus à l’isolement dans cette prison. Selon leurs dépositions, ils subissent un traitement très cruel. Ils vivent en cellules de 3 m carrés. Le détenu Hani Jaber, 28 ans, a déclaré qu’il était dans cette prison depuis huit mois. Lorsqu’il a été emprisonné, il avait les mains liées dans le dos. Ses jambes étaient aussi attachées. Il a alors entamé une grève de la faim de 19 jours, jusqu’à ce que ses liens lui soient ôtés.
Jaber a déclaré que la nourriture est déplorable, tant en qualité qu’en quantité. Les cellules ne sont pas ventilées et elles sont petites. Les prisonniers ont la permission de quitter la cellule seulement une heure par jour et leurs mains et jambes restent liées.
Les visites des familles
Les familles palestiniennes ne peuvent pas visiter leurs fils et filles dans les prisons israéliennes. Seuls les détenteurs de carte d’identité israélienne peuvent visiter les membres de leur famille. Une telle situation affecte psychologiquement les prisonniers. Quelques familles n’ont pas rendu de visite à leurs fils depuis des années.
Lorsqu’un prisonnier est relâché, il / elle est laissé(e) sur le bord d’une route loin de son lieu de résidence. Ainsi il se heurte à de nombreuses difficultés avant d’arriver chez lui à cause des couvre-feux imposés sur les territoires occupés. Certains prisonniers passent plusieurs jours avant de parvenir à leur maison. Dans d’autres cas, le prisonnier relâché est arrêté à nouveau par les soldats Israéliens aux check-points avant d’arriver chez lui.
Les avocats sont aussi très mal traités durant leurs visites aux prisonniers. Cette pratique a pour but de les contraindre à écourter leurs visites. Parfois les avocats sont obligés d’attendre des heures avant d’être autorisés à visiter leurs clients. Cette situation est appliquée surtout à la prison pour femmes d’Al Ramleh.
Une nouvelle mesure prise par l’administration des prisons est la séparation entre l’avocat et le prisonnier en utilisant une clôture qui rend la communication plus difficile. Les avocats doivent être fouillés avant leur rencontre avec leurs clients. Après la visite, ils sont retenus dans une pièce pendant des heures sous le prétexte qu’il n’y a personne pour les raccompagner à l’extérieur.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter