Question : Depuis ces derniers temps on a l’impression que les Balkans commencent à sortir du cercle d’interêts de la Russie. En est-il vraiment ainsi ?
Réponse : Les Balkans n’ont jamais cesse d’intéresser la Russie. Il existe dans cette région des problèmes profonds qui ne sont pas résolus mais sont mis en veilleuse. Ce serait une erreur que de faire semblant qu’ils n’ont pas beaucoup d’importance aujourd’hui. Un processus d’importance vitale, celui de la détermination de frontières reconnues au niveau international, n’a pas encore été achevé dans les Balkans. Ce problème ne pourra être résolu qu’a l’aide de mécanismes bilatéraux et multilatéraux. Voilà pourquoi nous avons proposé, il y a plusieurs années, de convoquer une conférence internationale des pays balkaniques, et pas seulement balkaniques, pour s’entendre sur les mesures à mettre en œuvre pour garantir la sécurité dans les Balkans et pour fixer des frontières reconnues au niveau international. Je pense que cette initiative peut être réalisée tôt ou tard.
En ce qui concerne la présence militaire, les problèmes qui persistent dans les Balkans ne sont pas militaires. C’est-a-dire qu’ils ne requièrent pas de mesures militaires, mais politiques et diplomatiques. De ce fait la nécessite de la présence de nos unités militaires dans la région n’est pas évidente. Mais des démarches politiques et diplomatiques sont certainement nécessaires.
Question : Quels sont les buts et les taches de la prochaine visite d’Igor Ivanov en Bosnie-Herzégovine ?
Réponse : Le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, effectuera une visite de travail en Bosnie-Herzégovine dans le cadre de son voyage dans les Balkans du 10 au 13 septembre. Il se rendra aussi en Serbie-Montenegro et en Slovénie.
Au cours des pourparlers avec les dirigeants de la Bosnie-Herzégovine, le chef de la diplomatie russe tient à souligner l’attachement de la Russie au renforcement de l’État bosniaque sur la base de l’Accord de Dayton et à déclarer la volonté de continuer à apporter une assistance variée a la création d’une Bosnie-Herzégovine multinationale, démocratique et autosuffisante.
Nous avons intérêt à développer notre coopération avec la Bosnie dans tous les domaines, sans nous limiter au seul règlement bosniaque. L’accent sera mis sur la nécessité de rehausser le niveau de développement des rapports commerciaux et économiques dont le potentiel est concentré principalement dans le domaine énergétique.
Au cours de l’entrevue avec le Haut-représentant en Bosnie-Herzégovine, Paddy Ashdown, notre partie exprimera le soutien à ses efforts tendant à réaliser dans la pratique le programme de transformations économiques et sociales approuvé par le Comite directeur du Conseil pour l’exécution de l’Accord de Dayton et à renforcer la primauté de la loi. Elle soulignera la nécessité de nouveaux efforts du Haut-représentant pour obtenir et renforcer le consensus entre les parties bosniaques sur les principaux problèmes de l’édification de l’État et insistera sur l’importance qu’il y a de transmettre par étapes la responsabilité de la situation dans le pays aux autorités bosniaques.
La Russie est prête à continuer à participer activement aux efforts internationaux tendant à matérialiser l’Accord de Dayton qui sert toujours de base au processus de paix en Bosnie-Herzégovine.
Question : Quels sont les aspects les plus importants des relations de la Russie avec la Serbie-Montenegro à l’étape actuelle ?
Réponse : La Russie considère la communauté Serbie-Montenegro, continuatrice de la République fédérale de Yougoslavie, comme l’un de nos partenaires prioritaires dans la région. Les prochaines rencontres à Belgrade et Podgorica avec les dirigeants de la communauté et des républiques qui la constituent ont pour but de confirmer notre attachement a la politique de continuité de nos relations et notre volonté d’amplifier la coopération tous azimuts.
Moscou est persuadé que la stabilité dans les Balkans sera favorisée par un achèvement heureux du processus d’édification de la communauté de ces deux États. Nous considérons cette formule de règlement des relations serbo-monténégrines comme optimale, y compris du point de vue des conditions à réunir pour continuer les transformations démocratiques en Serbie-Montenegro. La Russie a l’intention d’y contribuer par tous les moyens.
S’agissant de nos relations bilatérales avec la Serbie-Monténégro, nous attirons l’attention sur la nécessité de rétablir les rapports économiques et de réaliser des projets assurant une présence économique russe dans ce pays. Un plan de consultations au niveau des ministères des Affaires étrangères des deux États en 2004 devra être signe.
Question : Quelles sont les mesures qui, selon Moscou, pourraient contribuer de la façon la plus efficace au règlement du problème du Kosovo ?
Réponse : Le problème du Kosovo est l’un des plus importants de l’ordre du jour régional de notre dialogue politique avec la direction de la Serbie-Montenegro.
Malgré certains changements positifs consécutifs aux efforts internationaux, la situation dans cette province reste difficile. Les dispositions clés de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, en premier lieu celles portant sur la situation des habitants non albanais du Kosovo, le retour des réfugiés et les personnes déplacées, la garantie d’une sécurité égale, ne sont pas respectées.
Aujourd’hui les problèmes les plus pressants sont la réalisation pratique du principe "les normes d’abord, le statut après" et la mise en place de mécanismes susceptibles de normaliser la situation au Kosovo. L’ouverture immédiate de négociations directes entre Belgrade et Pristina avec une aide internationale constructive favorisera la réalisation de ces objectifs. Nous estimons pourtant qu’il serait prématuré d’aborder à l’étape initiale les questions politiques relatives au futur statut définitif de la province. La Russie a l’intention de continuer à participer activement à la recherche d’une solution équitable et équilibre au problème du Kosovo.
Question : Quelle importance Moscou attache-t-il à la visite d’Igor Ivanov en Slovénie ? Quel sera l’objet de ses pourparlers à Ljubljana ?
Réponse : La visite de travail d’Igor Ivanov à Ljubljana est appelée à jouer un rôle important dans le développement des relations russo-slovènes, à intensifier et à amplifier la coopération commerciale et économique, à réaliser les ententes intervenues au cours des contacts de Vladimir Poutine et de Mikhail Kassianov avec les dirigeants supérieurs slovènes.
La Slovénie est un partenaire sur de la Russie en Europe du Sud-Est. Nous sommes prêts à continuer notre dialogue intense sur les affaires régionales, européennes et mondiales. À Ljubljana, une attention privilégiée sera accordée aux problèmes de la coopération commerciale et économique qui se développe de façon stable, tout compte fait, depuis ces dernières années. Les hommes d’affaires slovènes deviennent plus actifs en Russie en augmentant leurs investissements dans l’économie russe. Il est pourtant nécessaire de dynamiser les ententes sur plusieurs projets communs importants, notamment dans le domaine de l’énergie.
Moscou apprécie hautement le niveau actuel de la coopération russo-slovène dans la sphère humanitaire. Elle joue un rôle important dans la formation d’un climat de franchise et de compréhension entre nos peuples. Nous avons l’intention de poursuivre le débat sur les mesures pratiques relatives à la création d’un Forum international des cultures slaves dont la Slovénie est l’un des participants les plus actifs.
Au cours de la visite, il est envisagé de signer le plan des consultations diplomatiques pour 2004 prévoyant un échange de vues sur un large éventail de problèmes internationaux d’actualité, ce qui est particulièrement important du fait que la Slovénie prendra la tête de la présidence tournante de l’OSCE en 2005.
Nous posons en prémices qu’une intégration à part entière de la Slovénie dans l’Union européenne et l’OTAN n’aboutira pas à une baisse du dynamisme de la coopération russo-slovène. Dans ce contexte, le groupe d’experts commun charge de l’analyse des relations bilatérales dressera un premier bilan de son activité pour l’adapter à la prochaine adhésion de la Slovénie à l’Union européenne et étudiera les moyens à mettre en œuvre pour minimiser les éventuelles conséquences négatives.
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