Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a émis de violentes critiques contre le Parti travailliste et l’aile gauche en général, mercredi 8 octobre 2003 au soir, en les accusant de collaborer avec les Palestiniens en vue de renverser le gouvernement.
S’exprimant dans une permanence du Likoud à Bat Yam, afin de soutenir un candidat local, le Premier ministre a indiqué que les membres de la gauche israélienne usent « de moyens illégitimes » afin de renverser le gouvernement.
« Il y a en ce moment des manœuvres politiques cyniques de la part du Parti travailliste et de la gauche afin de renverser le gouvernement par le biais de moyens illégitimes, dans une période où nous sommes engagés dans une combat difficile contre le terrorisme. (…) Ils n’ont pas hésité à employer toutes les démarches, et il y en a même au sein du Parti travailliste qui coordonnent des actions avec les Palestiniens, dans le dos du gouvernement ».
Le Jerusalem Post va, lui, jusqu’à écrire que la gauche israélienne et l’état-major palestinien sont sur le point de tomber d’accord sur un règlement permanent du conflit israélo-palestinien, sur la base de discussions qui sont menées depuis les derniers jours de l’administration Clinton. Les négociateurs devraient se rencontrer la semaine prochaine en Jordanie afin de finaliser la signature d’un accord. Du côté israélien, les deux principaux négociateurs sont Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo, du Parti travailliste.
L’accord s’inspirerait des propositions du sommet de Taba, en Égypte, survenu fin 2000. Ces dernières proposaient un retrait d’Israël de 95 % des territoires occupés, un contrôle arabe sur Jérusalem Est et le droit de retour des réfugiés au sein du nouvel État palestinien, mais pas en Israël.
D’après le député travailliste Dalia Itzik, ces accusations du Premier ministres visent à détourner l’attention de l’opinion publique israélienne des échecs de sa politique. Shimon Peres a, pour ce qui le concerne, refusé de commenter ces propos, indiquant simplement que « Sharon ne veut pas d’un gouvernement d’unité. Il est très satisfait de son gouvernement qui est incapable de bouger d’un millimètre à droite, ni d’un millimètre à gauche, et est incapable de prendre la moindre décision ».
Ariel Sharon a lui également indiqué que son gouvernement irait au terme de son mandat : « Il est important que le gouvernement du Likoud mène le pays plutôt qu’un gouvernement dirigé par la gauche, qui nous a amené des milliers d’assassins aux termes des accords d’Oslo ».

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Sharon : Left wing is collaborating with the Palestinians », par Mazal Mualem, Ha’aretz, 9 octobre 2003. « Report : Leftists, Palestinians near ’Swiss Agreement’ », Jerusalem Post, 9 octobre 2003.