Il faut US$ 14 de plus par personne et par an pour améliorer la santé en Iraq

MADRID/GENEVE/LE CAIRE — Alors que la communauté internationale se réunit afin d’étudier les besoins urgents pour la reconstruction de l’Iraq, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF et la Banque mondiale attireront l’attention sur la nécessité d’améliorer la santé dans ce pays et de mettre un système de santé efficace à la disposition de la population.

« Cette réunion est une occasion capitale pour la communauté internationale de décider d’investir pour l’avenir de l’Iraq en contribuant au développement de la santé dans ce pays, a déclaré le Dr LEE Jong-wook, Directeur général de l’OMS. Nous devons élargir notre vision au-delà des difficultés actuelles. Comme nous l’avons observé en Afghanistan, au Timor Leste et au Cambodge, c’est en répondant aux besoins des pays sur le long terme que nous les aidons, ainsi que leur population, à surmonter les crises. »

Les Iraquiens connaissent des difficultés sanitaires depuis de nombreuses années ; les taux de mortalité maternelle et infantile, beaucoup trop élevés, témoignent de leurs souffrances. Après plus de dix ans de sous-investissement, le système de santé n’arrive tout simplement plus à couvrir les besoins de base de la population.

« Les responsables politiques iraquiens et les donateurs ont un double défi à relever : rétablir à court terme les services de base tout en transformant un système de gestion centralisée en un nouveau modèle reposant sur les soins de santé primaires, la prévention et la politique sur des bases factuelles. Ce nouveau système devra prendre en compte les besoins sanitaires des Iraquiens et la charge de morbidité dans ce pays », a expliqué le Dr Hussein A. Gezairy, Directeur du Bureau régional OMS de la Méditerranée orientale. L’OMS va commencer à travailler dans les domaines prioritaires, soins infirmiers, santé publique et administration, santé maternelle et infantile.

Établissements de santé ravagés et pillés

Pendant le conflit et dans les semaines qui ont suivi, 12 % des hôpitaux ont été partiellement endommagés et 7 % ont été pillés. Les services de planification familiale ont souffert d’une destruction de plus de 30 % de leurs établissements. Les deux principaux laboratoires de santé publique du pays, à Bagdad et à Bassorah, ont été détruits. Des services administratifs de la santé, des hôpitaux et des centres de soins de santé primaires ont perdu du matériel indispensable, des réfrigérateurs, du mobilier, des appareils pour l’air conditionné ; quatre des sept entrepôts centraux ont été partiellement pillés.

« Le système de santé iraquien a besoin d’une aide financière et technique suffisante et bien ciblée pour pouvoir réaliser son plein potentiel. Au cours des trois derniers mois, les responsables du gouvernement et les autres parties intéressées, dont l’OMS, l’UNICEF, des ONG et la Banque mondiale, sont parvenus à un accord sur les priorités : restaurer les services essentiels, étudier les questions politiques cruciales, reconstruire le système de santé. Nous avons tous mis en tête des priorités la sécurité des agents de santé et des patients, l’approvisionnement en médicaments essentiels, l’alimentation des services de santé en électricité et en eau et la formation du personnel », a déclaré le Dr David Nabarro, Représentant du Directeur général de l’OMS pour l’Action de santé en situation de crise.

Les services de santé disposent en Iraq d’environ 250 hôpitaux et 1 200 centres de santé. La qualité des soins varie. On ne trouve des soins obstétriques d’urgence que dans un tiers de ces établissements. Si le nombre des médecins dans l’ensemble du pays est satisfaisant (5 pour 10 000 habitants), il y a une grave pénurie d’infirmiers. Le nombre des agents de santé offrant des soins de santé primaires est beaucoup trop faible également.

En conséquence, environ un tiers des Iraquiennes accouchent sans être assistées par un agent de santé qualifié. Comme 15 à 20 % d’entre elles présentent cependant des risques élevés et ont besoin d’un soutien médical de pointe, le taux de mortalité maternelle, 300 décès pour 100 000 naissances vivantes, est beaucoup plus grand que dans tous les autres pays de la région. Les parties intéressées se sont engagées à réduire de moitié en deux ans les taux de mortalité maternelle et infantile. Cet objectif ne sera pas atteint sans investir dans les infrastructures, sans fournir du matériel, des médicaments et des vaccins essentiels, sans recruter, former et redistribuer les agents de santé.

Des besoins financiers urgents

A Madrid, le Ministre iraquien de la Santé, le Dr Khodair Abbas, doit présenter les plans de reconstruction du système de santé entre 2004 et 2007 pour répondre aux priorités sanitaires et améliorer la santé et le bien-être des Iraquiens. On estime le coût supplémentaire pour ces quatre années, en dehors des ressources déjà disponibles, à US $1,6 milliard, soit US $14 par personne et par an. Les autorités nationales ont indiqué qu’en 2004, la santé disposera d’US $1 milliard et que US $550 millions supplémentaires seront demandés aux investisseurs étrangers.

Le Ministère de la Santé a créé neuf groupes de travail en faisant appel au vivier d’experts nationaux, gouvernementaux ou non, avec l’aide de l’Organisation mondiale de la Santé, de la Banque mondiale, des organismes de développement et de l’équipe de santé de l’Autorité provisoire de la Coalition (CPA). Ils étudient les possibilités dans différents domaines : développement de la santé publique (notamment la santé maternelle et infantile), prestation de soins de qualité, médicaments et approvisionnement, financement des soins, systèmes et technologies de l’information, développement des ressources humaines, agrément des praticiens, législation sanitaire.

Source : OMS