Je tiens à remercier le Gouvernement espagnol, qui accueille cette conférence, ainsi que le Groupe restreint des donateurs, à savoir l’Union européenne, le Japon, les États-Unis et les Émirats arabes unis, qui m’ont invité à me joindre à vous.
Nous nous réunissons à un moment porteur d’espoir pour l’avenir de l’Iraq. De longues années durant, le peuple iraquien a subi des privations parmi les pires qu’il soit donné à l’être humain de connaître. Il porte les blessures de dizaines d’années de conflit, de sanctions et de violations indicibles de ses droits fondamentaux. Il est particulièrement tragique que beaucoup de ces blessures lui aient été infligées par ses propres dirigeants. Bien que cette épouvantable époque soit aujourd’hui révolue, les Iraquiens continuent de souffrir d’une violence criminelle élevée, de l’insécurité et de la pauvreté. Mais ils espèrent que l’avenir leur sera plus favorable, et ils sont résolus à redonner à leur pays la position de premier plan qu’il occupait. Pour cela, ils ont besoin de l’aide de la communauté internationale.
Ils attendent donc aujourd’hui de cette conférence le signe que la communauté internationale est réellement prête à les aider à construire un nouvel Iraq - stable, indépendant et démocratique, en paix avec lui-même et avec ses voisins.
L’évaluation menée par l’Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale dresse le tableau d’un pays dont les besoins sont énormes sur le plan de la reconstruction. Chacun de vous sait ce qu’ont entraîné de nombreuses années de répression, de corruption, d’exactions, d’incurie, de sanctions, d’agressions et de politiques mal inspirées. Aujourd’hui, il nous faut relever un double défi : répondre aux besoins humanitaires immédiats du pays et faire prendre un bon départ à la reconstruction de l’Iraq.
L’engagement humanitaire de l’ONU en faveur du peuple iraquien remonte, pour certains organismes, à 20 ans. Cet engagement est toujours aussi résolu. L’attentat à la bombe du 19 août dernier et celui qui a suivi, le 22 septembre, ne nous ont guère laissé d’autre option que de réduire au strict minimum nos effectifs internationaux. Le personnel en place continue, néanmoins, avec l’aide de plus de 4 000 fonctionnaires nationaux courageux et loyaux, de faire tout son possible pour apporter son assistance dans un climat de grande insécurité. Notre partenariat avec le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et avec des organisations non gouvernementales internationales et nationales a été extraordinairement précieux, et a fait ressortir la nécessité de renforcer les ONG iraquiennes dans le cadre de la revitalisation du pays.
Notre priorité immédiate est le transfert du programme « pétrole contre nourriture » à l’Autorité provisoire de la coalition, le 21 novembre prochain. Étant donné que 60% des Iraquiens ont besoin des rations alimentaires, nous devons faire tout notre possible pour que ce transfert se passe sans heurts.
Au-delà de la crise humanitaire, nous devons faire face aux problèmes à plus long terme de la reconstruction du pays. Selon l’évaluation conjointe de l’ONU et de la Banque mondiale - résultat d’un effort commun d’un grand nombre d’agences de l’ONU et d’institutions financières internationales - 36,5 milliards de dollars seront nécessaires de 2004 à 2007, dont 9,3 milliards pour 2004. Bien évidemment, le succès de cette entreprise ne dépend pas exclusivement des ressources disponibles, mais aussi d’un certain nombre d’autres facteurs.
Tout d’abord, la sécurité, qui est et restera, dans un avenir prévisible, la principale préoccupation.
Se pose ensuite la question de la ré-appropriation par les Iraquiens de leur propre destin : il appartient aux Iraquiens de définir leurs priorités, de décider des stratégies à suivre et de gérer les activités connexes.
Enfin, toute modification importante et durable des normes juridiques et du cadre économique et budgétaire de l’Iraq doit s’inscrire dans la légitimité, cela d’autant plus que les générations futures en subiront les effets.
La reconstruction est donc étroitement liée au processus politique dans son ensemble. Je sais que nous espérons tous qu’un Gouvernement iraquien souverain sera instauré dès que possible. Mais on ne peut attendre ce jour-là pour commencer à reconstruire ; c’est dès maintenant qu’il faut porter notre attention sur la reconstruction. Je lance un appel aux donateurs pour qu’ils fassent preuve de générosité, et pour que leurs contributions viennent s’ajouter aux engagements déjà pris. Il n’est pas question de prendre les ressources destinées à d’autres situations d’urgence dans le monde pour les allouer à l’Iraq. La souffrance est partout autour de nous - des crises profondes qui vont des conflits à la propagation du VIH/sida. Mais si la volonté existe, alors les ressources existent aussi pour faire face à toutes ces situations.
Le système des Nations Unies travaillera avec tous les intéressés, y compris le Conseil de gouvernement de l’Iraq, l’Autorité provisoire de la Coalition, les acteurs régionaux et l’ensemble de la communauté internationale, pour déterminer les contributions que nous pouvons faire au cours de la période à venir. Je n’épargnerai aucun effort pour mettre en oeuvre le mandat défini par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1511 (2003), en ayant à l’esprit les inévitables obstacles liés à la mise en place des capacités nécessaires et l’obligation qui m’incombe d’assurer la sûreté et la sécurité du personnel de l’Organisation des Nations Unies. L’ONU est déterminée à continuer d’aider le peuple iraquien du mieux qu’elle le peut, sur le terrain et depuis l’extérieur, en lui fournissant une aide humanitaire et en entreprenant la reconstruction. J’ai l’intention, lorsque les circonstances le permettront, d’entreprendre les autres tâches prévues dans la résolution.
Cet effort exigera notre attention et notre engagement pendant de nombreuses années. Le peuple iraquien a un long et difficile chemin à parcourir, semé d’embûches, mais aussi de possibilités. Ne le laissons pas s’y engager seul.
Source : ONU
Référence : SG/SM/8959, IK/400
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