Monsieur le Président,
Messieurs les membres du Conseil de gouvernement iraquien,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
La France remercie l’Espagne pour l’occasion qu’elle fournit à l’ensemble de la communauté internationale de témoigner de son attachement et de son engagement pour la reconstruction de l’Iraq. Celle-ci est une tâche essentielle pour les Iraquiens, pour la stabilité de leur pays et de leur environnement régional, dans un contexte où cette région du monde est déjà traversée par de multiples fractures. De même que nous voulons parvenir à un Iraq libre, uni, démocratique et en paix avec ses voisins, de même avons-nous tous intérêt à voir l’Iraq, dont le peuple a trop souffert après tant d’années de guerres, de dictature et d’embargo, s’engager sur la voie de la stabilité et de la prospérité.
Les interventions qui ont ouvert cette conférence ont parfaitement souligné l’acuité et l’importance des besoins et des aspirations du peuple iraquien. Pour y répondre efficacement, pour que la communauté internationale puisse être à la hauteur de l’enjeu, la France avait suggéré une approche politique fondée sur un point de départ nécessaire : l’affirmation du principe de souveraineté et la maîtrise de leur destin par les Iraquiens.
La France a voté en faveur de la résolution 1511 qui est une étape positive mais non suffisante. Nous aurions préféré, en particulier, que ce texte fixe des échéances plus contraignantes et plus rapprochées pour le transfert de responsabilités, ainsi que pour la transition politique. Un gouvernement provisoire iraquien pleinement souverain constituerait l’interlocuteur dont la communauté internationale a besoin pour s’investir dans la durée en Iraq. Néanmoins, la France a souhaité privilégier l’unité du conseil de sécurité et rester à l’écoute des besoins exprimés par les Iraquiens. Elle entend continuer à travailler, avec l’ensemble de la communauté internationale, au redressement de l’Iraq et se mobiliser pour faire face aux enjeux de la reconstruction, en premier lieu pour répondre aux besoins du peuple iraquien. C’est dans cet esprit que la France n’a cessé d’agir depuis le conflit, en apportant de l’aide humanitaire à l’Iraq, en relançant certaines actions de coopération, et en participant aujourd’hui, avec une approche constructive et ouverte, à cette conférence.
Cette attitude s’est déjà traduite, dans les dernières semaines :
– par notre plein soutien à la proposition de contribution sur le budget de l’Union européenne de 200 millions d’euros présentée par la Commission européenne au nom de l’Union, qui constitue un montant approprié pour la période de court terme jusqu’à fin 2004.
– par notre soutien à l’intervention des Institutions Financières Internationales en Iraq, qui correspond bien à leur finalité de développement, et qui doit se concevoir dans le cadre normal d’utilisation de leurs outils.
– par notre accord de principe à la mise en place d’un ou plusieurs fonds fiduciaires multilatéraux gérés par la Banque Mondiale et le PNUD, ayant vocation à intervenir dans tous les secteurs prioritaires de la reconstruction.
Nous serons cependant attentifs à ce que l’articulation entre ce ou ces instruments et le fonds de développement puisse être prévue et clairement définie. De même, l’usage des ressources pétrolières qui abondent le Fonds de développement pour l’Iraq géré par l’Autorité doit faire l’objet d’audits conduits par les mécanismes de transparences définis par la résolution 1483 du 22 mai dernier et rappelés par la résolution 1511 adoptée la semaine passée. Il nous semble ainsi essentiel que soit totalement assurée la transparence dans la gestion de l’aide internationale et du Fonds de développement pour l’Iraq, qui devront être étroitement coordonnés.
Au-delà de ces engagements, nous jugeons de la plus haute importance de travailler à la stabilisation de l’économie iraquienne et à la satisfaction des aspirations du peuple iraquien. Il nous paraît souhaitable à cet égard que des efforts particuliers soient consacrés au secteur parapétrolier, dont dépend pour l’essentiel la reprise des exportations et le financement de la reconstruction. Compte tenu des besoins humanitaires et de l’ampleur des réparations à réaliser, les interventions dans les infrastructures lourdes doivent être également réalisées en priorité, notamment dans les domaines de l’eau (assainissement et distribution) et de l’électricité - autant de secteurs identifiés par les autorités provisoires iraquiennes. C’est conformément à ces objectifs que la France a déjà apporté son soutien aux efforts du peuple iraquien, par la fourniture d’une aide d’urgence dans le secteur de l’eau, de la santé et de l’éducation, sans préjudice des actions également entreprises par notre coopération culturelle, universitaire, ou en faveur du patrimoine historique de l’Iraq. Les entreprises françaises pourront effectuer des travaux de réparation de première urgence et contribuer à accélérer le processus de réhabilitation des infrastructures afin de satisfaire les besoins de la population, ce qui contribuera à la normalisation de la situation.
La France continuera de mettre ses experts à disposition des agences internationales ; elle est disposée à engager des actions de formation au profit des cadres iraquiens civils, notamment dans le cadre de jumelages administratifs ou de programmes humanitaires.
Le moment venu, et comme les autorités françaises l’ont indiqué, d’autres types d’action pourront être envisagés. La France se prépare notamment à ce que son agence bilatérale de coopération, l’Agence Française de Développement, puisse prendre toute sa part au développement futur de l’Iraq : elle pourrait intervenir dans un premier temps sur des opérations urgentes d’assistance et de réhabilitation des réseaux d’eau et d’électricité iraquiens.
Enfin, dans le cadre du Club de Paris, dont elle assure la présidence, la France prépare activement avec les autres créanciers une négociation sur la dette iraquienne, comme les Ministres des Finances du G7 en sont convenus. La France est prête à envisager dans ce cadre, un traitement adapté de la dette de l’Iraq, compatible avec la capacité de financement du pays.
Nous avons ainsi l’ambition de prendre toute notre place, dans le respect des principes que nous avons défendus avec constance auprès de nos partenaires, dans la reconstruction d’un Iraq souverain et démocratique, mais aussi attaché à la modernisation de son économie et au bien être de sa population.
Je vous remercie.
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