Suite aux attentats contre deux synagogues et des institutions britanniques à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan est dans une position inhabituelle puisqu’il est à la fois à la tête d’un parti aux racines islamique tout en devant faire face au défi posé par les terroristes fondamentalistes islamiques.
Jusqu’ici, le gouvernement de l’AKP a été une bonne surprise puisqu’il a respecté l’ordre constitutionnel et a fait adopter des lois soutenant les Droits de l’homme en Turquie. Ces mesures ont été prises pour faciliter l’entrée dans l’Union européenne mais cela ne diminue pas leur impact puisqu’elle démontre que l’AKP veut pousser la Turquie vers l’Europe. Aujourd’hui, suite aux attaques, Erdogan fait face au plus grand défi de sa carrière.
En s’attaquant au terrorisme fondamentaliste, il peut démontrer que l’Islam est multiple et qu’un parti musulman peut combattre le terrorisme. Cet engagement donne même une nouvelle tournure à la guerre au terrorisme. Les interventions en Afghanistan et en Irak ont montré que les pays occidentaux avaient peu de chances de gagner la guerre contre le fondamentalisme islamique. Seuls les musulmans peuvent gagner cette guerre en la menant au nom d’une vison modérée de l’Islam tandis que les occidentaux risquent de pousser les musulmans à croire que la guerre au terrorisme est une guerre contre l’islam.
En commettant des attentats en Turquie, les terroristes ont commis une erreur fatale. Désormais un gouvernement ayant une crédibilité chez les musulmans en raison de ses racines idéologiques et de son refus de participer à la guerre en Irak à participer à la guerre au terrorisme. Erdogan peut réussir là où les Occidentaux ont échoué et ainsi se rapprocher de l’Europe.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Have the bombers blundered ? », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 25 novembre 2003.