Le président syrien Bashar al-Assad, a déclaré dans une interview au quotidien arabophone basé à Londres, Asharq Al Awsat, que la Syrie avait « accompli beaucoup de chemin en peu de temps » afin d’établir des relations économiques et politiques avec la Turquie. « Nous avons de nombreuses choses en commun. La situation en Irak a fait naître un danger pour nos deux pays », a-t-il indiqué.
Le chef de l’État a ajouté qu’il souhaitait voir la Turquie et la Syrie jouer un rôle concerté dans les questions régionales, grâce au dialogue et à des efforts de coordination.
Interrogé sur la possibilité d’un accord avec Ankara sur l’Irak, et notamment sur le plan états-unien d’établissement d’un gouvernement fédéral, Bashar al-Assad a évoqué des « vues identiques » de la part des deux pays, sans préciser lesquelles. Il a souligné néanmoins que la Syrie était disposée à accepter ce que les Irakiens choisiront par eux-mêmes.« Mais, a-t-il ajouté, nous avons appris des différents groupes irakiens qu’ils sont opposés à la division de leur pays et à l’établissement d’un gouvernement fédéral sur des bases communautaires et ethniques ».
Faisant allusion aux exigences formulées par la Conseillère à la sécurité nationale états-unienne, Condoleezza Rice, qui demandait à la Syrie d’arrêter les infiltrations de terroristes en Irak, l’activité des activistes du Hamas et du Hezbollah sur son territoire et l’ingérence dans les affaires libanaises, le président syrien a déclaré que son pays était en dialogue permanent avec des personnalités états-uniennes, notamment des membres du congrès, auxquelles « nous avons expliqué notre position sur ces questions ».
D’après lui, Washington souhaite rendre hermétique la frontière syrienne, ce à quoi il a rétorqué que « nous leur avons expliqué que notre frontière avec l’Irak est similaire à leur frontière avec le Mexique, qui n’est pas dépourvue non plus d’intrusions et d’infiltrations ».
Quant à l’inquiétude de la Syrie au sujet de la présence de forces états-uniennes à ses frontières, il a indiqué que « en tant que super-puissance, les États-Unis n’ont pas besoin d’occuper l’Irak pour atteindre notre frontière. Ce que nous craignons réellement, pour nous et pour la région, est la division de l’Irak ». Il a rejeté les allégations selon lesquelles la Syrie serait isolée sur la scène internationale, sous la pression des États-Unis. Au contraire, « nous avons de très bonnes relations avec la Turquie, le Koweït, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Europe ». Il a également démenti les informations parues dans le Daily Telegraph, selon lesquelles Damas disposerait d’armes de destruction massive (ADM), avant de rappeler que la Syrie souhaitait voir un Proche-Orient libéré de toutes les ADM.
Il a conclu en évoquant les prochaines élections présidentielles au Liban, pour lesquelles il a assuré que son pays soutiendrait tous les candidats capables de rassembler les Libanais.

Source
Arab News (Arabie saoudite)
Arab News est un quotidien saoudien qui propose, en plus de quelques articles originaux, une traduction en anglais des articles d’Asharq Al-Awsat. Celui-ci appartient au Saudi Research Marketing Group du Dr. Abdulmuhsun Alakkas, membre du Conseil consultatif saoudien.

« We’ve Gone a Long Way in Turkish Ties, Says Bashar », par Abdul Rahman Al-Rashid, Asharq Al-Awsat, publié par Arab News, 19 janvier 2004.