Le Commissariat général du Plan a beaucoup travaillé au cours des trois dernières années sur la construction européenne, avec une approche structurelle et dans une perspective institutionnelle. Ces travaux ont abouti à des propositions de réforme des institutions élaborées par un groupe présidé par le professeur Quermonne, qui ont alimenté les débats récents et inspiré certaines propositions.
Dans le cadre de son programme de travail défini par le Premier ministre en novembre 2000, le Commissariat a entrepris de prolonger ces réflexions par une analyse de l’Europe des acteurs. Derrière ce thème, se trouvent beaucoup de questions difficiles : la démocratie, la citoyenneté, l’appropriation par les peuples d’une entreprise de laquelle ils ont été largement tenus à l’écart jusqu’à maintenant. L’Union européenne reste avant tout l’œuvre des gouvernements, des administrations et des grandes institutions.
Il est en effet temps de s’interroger sur l’adhésion pratique, concrète, au jour le jour, des citoyens européens à l’Europe. Qu’en est-il, par-delà les réponses toujours difficiles à interpréter aux sondages d’opinions périodiques, qui montrent un attachement constant et fort au projet européen et une défiance grandissante à l’égard des institutions européennes ?
L’Europe fait-elle société ? Les relations entre les personnes, le brassage des communautés ont-ils crû au même rythme que le commerce des marchandises, les échanges de capitaux et les normes juridiques communes ? Où en est la “ fusion des peuples ” qui hante les Mémoires de Jean Monnet et qui devait accompagner le lent et laborieux tissage des solidarités de fait ?
Pour répondre à cette question, le Commissariat général du Plan organise, sous l’impulsion de Mario Dehove, avec l’Institut universitaire de Florence et la Chaire Jean Monnet d’études européennes, une série de six séminaires de recherche portant sur des domaines différents de la vie des Européens : les croyances religieuses, morales et éthiques (notamment droits de l’Homme) ; le développement régional et les responsabilités locales ; l’action syndicale citoyenne et la direction d’entreprise ; les relations d’ordre familial et privé (mariage, loisirs, sports, échanges culturels…) ; l’interpénétration des mondes politiques nationaux et l’émergence de partis européens ; la vie intellectuelle, l’enseignement et l’éducation.
Cet ouvrage rassemble les travaux issus du premier de ces six séminaires.
De nombreuses analyses de très grande qualité ont été menées sur le thème “ religion et construction européenne ”, notamment celles qui ont été rassemblées dans l’ouvrage Identités religieuses en Europe dirigé par Grace Davie et Danièle Hervieu-Léger.
Cependant, il en est une qui a été moins étudiée que les autres, celle de l’européanisation des pratiques individuelles, de “ l’européanisation par le bas ” (pour reprendre une formule de Jean-Paul Willaime) sous l’effet des évolutions transversales aux diverses croyances. C’est cette question de l’intensité et des formes des relations interpersonnelles entre les Européens de nationalités différentes, leurs conditions économiques et sociales, les cadres institutionnels formels ou informels dans lesquels ces relations s’établissent et la contribution qu’elles apportent à l’émergence d’acteurs collectifs, ou de collectivités humaines, dont l’identité dépasse les frontières nationales, qui faisait plus spécifiquement l’objet de ce séminaire.
Source : Commissariat général du Plan (France).
Institut universitaire de Florence, Chaire Jean Monnet d’études européennes
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