Question : Qu’est-ce qui, selon vous, a marqué l’année passée dans les relations russo-françaises, quels traits les caractérisent-ils actuellement ?
Réponse : L’année 2003 a été l’une des plus dynamiques et fournies dans l’histoire de nos relations. En témoignent le volume important et la polyvalence des contacts bilatéraux, des manifestations conjointes. Le partenariat russo-français est devenu plus mûr et résultatif. Il est important que cela a eu des conséquences bénéfiques pour le développement des liaisons, pour l’atmosphère commune des relations entre nos sociétés.
Un des principaux bilans politiques de l’année est la démonstration de l’efficacité de la coopération russo-française dans les affaires internationales. Cela concerne, avant tout, les problèmes clé de la sécurité et de la stabilité stratégiques, le règlement des crises. A la base de la communauté des approches de Moscou et de Paris réside la compréhension similaire des problèmes fondamentaux de la formation du nouvel ordre mondial, dont le trait principal devient le multipolaire. La ferme position de la Russie et de la France dans le maintien du droit international, des mécanismes multipartites de la garantie de la sécurité a contribué au renforcement, au sein de la communauté internationale, de la compréhension du caractère contre-productif des tentatives d’obtenir un règlement stable des conflits et des crises en éludant l’ONU et son Conseil de Sécurité.
Le partenariat de nos pays dans le domaine de la lutte contre de nouveaux menaces et défis s’est sensiblement renforcé, tant au G8 où la France préside, qu’au niveau bilatéral. Je voudrais surtout souligner le caractère étroit et efficace de la coopération antiterroriste russo-française. On a consolidé la base juridique de la coopération dans le maintien de l’ordre. Nous avons signé l’accord intergouvernemental de la lutte contre la criminalité et dans le domaine de la sécurité intérieure, la Convention bilatérale sur le transfert des personnes condamnées à la privation de la liberté, l’accord entre le Comité de monitorage financier de la Russie et la cellule française de Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN) sur l’interaction dans le domaine de la lutte contre le blanchiment des revenus criminels.
Le rapprochement russo-français a favorisé le développement constructif des relations de la Russie avec l’Union Européenne. Au sommet Russie-UE à Saint-Pétersbourg - le rôle initiateur de la France aidant - a été fixée la tâche de la formation de quatre espaces européens, qui définit les paramètres de la coopération pour une perspective à long terme.
Certes, le haut tonus actuel des relations russo-françaises est pour beaucoup fonction de l’excellent niveau de compréhension et de confiance, établi entre les chefs de nos états. V.V.Poutine, Président de la Russie, a trois fois visité la France : en visites d’état et de travail et pour participer au sommet du G8 à Evian. A son tour, le Président J.Chirac a participé au sommet Russie-UE à Saint-Pétersbourg, pour les festivités du tricentenaire duquel la France avait préparé un programme fourni et varié. Les contacts russo-français au sommet et de haut niveau au cours du développement des événements autour de l’Irak ont été assez étroits. Le Conseil bilatéral russo-français de coopération aux problèmes de la sécurité a joué un rôle de poids dans la concertation des approches stratégiques de la Russie et de la France.
Tout cela permet d’espérer que l’important résultat politique, créé dans les rapports russo-français en 2003, sera augmenté et consolidé dans l’année en cours.
Question : Vous avez mentionné les rapports de la Russie et de l’Union Européenne. Au printemps, adhéreront officiellement à l’UE dix nouveau pays, avec lesquels la Russie a historiquement des rapports spécifiques. Quelles perspectives voyez-vous pour la coopération de la Russie et de l’Union Européenne élargie, et quel rôle la France peut-elle jouer pour le succès de son développement ?
Réponse : La France se positionne en tant que partisan de l’avancement approfondi des relations entre la Russie et l’UE, compte tenu des intérêts russes dans ce processus.
Cette année, la frontière commune entre la Russie et l’Union Européenne s’étendra. Les nouveaux pays membres, avec lesquels notre pays a accumulé un important capital d’accords bilatéraux dans les domaines des échanges commerciaux, juridique, consulaire de visas et autres, passeront aux règles communes de l’Union Européenne dans toutes ses sphères. Nous ne voulons pas qu’en résultat souffrent, même temporairement, nos relations avec eux, qu’apparaissent des frais indésirables dans le commerce ou les contacts humains. La Russie fait savoir de manière consécutive à ses partenaires de l’Union Européenne sa préoccupation à ce propos et espère la compréhension de leur part. Certes, nous espérons que la France va contribuer à la rapide élimination de ces "points douloureux" en puissance. Nous avons une expérience positive de règlement des problèmes importants pour les intérêts nationaux de la Russie, comme, par exemple, le libre transit avec la région de Kaliningrad. A propos, la France y a aussi occupé une position assez constructive. On aimerait que lors du règlement de ces problèmes-là, soient trouvées des issus opportunes et mutuellement acceptables.
On est toujours préoccupé de la situation de la population russophone en Lettonie et en Estonie. Il faudra la mettre en conformité avec les documents fondamentaux internationaux et européens dans le domaine des droits des minorités nationales. Il faudra continuer un travail assidu sur cette problématique avec l’Union Européenne, y compris dans le cadre des contacts avec les états leaders de l’UE.
Nous saluons le fait que la France ait été parmi les premiers à l’UE à exprimer de l’intérêt à conclure avec la Russie un accord bilatéral sur la facilitation des voyages réciproques. Nous sommes persuadés que cet accord répondra aux intérêts des milieux d’affaires, des représentants de la science et de l’enseignement, de la culture, des étudiants, servira la tâche de l’extension ultérieure des contacts entre les sociétés civiles russe et française. Il sera aussi un pas concret dans le sens du but commun qui est d’aboutir à l’ordre des voyages sans visas entre les citoyens de Russie et de l’UE.
Question : Combien la dynamique positive commune des relations russo-françaises est-elle ressentie dans le domaine des échanges commerciaux ?
Réponse : L’année passée se caractérise par de nouveaux avancements positifs dans le domaine des échanges commerciaux bilatéraux. Le volume du commerce mutuel a continué d’augmenter : en 9 mois de 2003, son chiffre d’affaires a atteint 6,37 milliards d’euros (pour la même période de 2002 - 5,64 milliards). Le montant de la solde positive de la Russie est toujours resté important (2,13 milliards) malgré le maintien de la structure des échanges commerciaux défavorable pour nous (dominance dans les exportations russes des matières premières).
Le gros business français vient plus activement dans l’économie russe, dont les compagnies comme Renault, Michelin, Alcatel, Auchan, Bonduelle. Selon nos évaluations, le volume total des investissements français a fait en 2003 3,4 milliards d’euros, bien que les investissements directs ne fassent que près de 280 millions d’euros, ce qui ne correspond pas encore aux possibilités existantes.
Nous sommes satisfaits des résultats de la 9e séance de la Commission russo-française aux problèmes de la coopération au niveau des chefs des gouvernements, qui a eu lieu à Moscou en octobre 2003 et a eu pour sujet clé le problème du dialogue énergétique, ainsi que des résultats des négociations sur plusieurs pistes stratégiques de la coopération bilatérale.
On mène le travail d’augmentation de l’efficacité d’un autre mécanisme bilatéral de coordination dans le domaine économique - du Conseil aux problèmes économiques, financiers, industriels et commerciaux (CEFIC).
Je voudrais noter le développement de la coopération dans le domaine spatial. L’Agence spatiale européenne a donné le feu vert à la mise en pratique accélérée du projet de la création de l’infrastructure des tirs des porteurs russes "Soyouz" depuis le site de lancement de Kourou en Guyane française (sur le total de 314 millions d’euros, la France assumera la moitié des frais). En novembre 2003 à Paris a été signé l’accord intergouvernemental russo-français de coopération à long terme dans le domaine de l’élaboration, de la création et de l’utilisation des porteurs et de l’installation du porteur "Soyouz-ST" au Centre spatial de Guyane. Nous attendons que les premiers lancements du "Soyouz" depuis Kourou seront effectués fin 2006.
On réalise avec le succès programme de coopération de la société "SNECMA" et du NPO "Saturne" de Rybinsk dans la création du moteur SM-146 pour l’avion régional russo-français. A Moscou, le groupe "Kaskol" et la compagnie "Airbus" a créé le Centre conjoint d’ingénierie. En décembre 2003 a été signé le premier contrat de livraison par la Russie des pièces pour la fabrication des Airbus.
Dans le cadre du dialogue énergétique, s’étendent les liens des entreprises du Ministère pour l’énergie atomique et de ses partenaires français, ce qui répond aux intérêts réciproques, en particulier sur le plan de l’utilisation des technologies d’avant-garde. La Russie a soutenu la position de l’UE d’installer sur le territoire de la France du réacteur thermonucléaire international ITER.
L’intensification des liaisons interrégionales s’installe. A Paris ont eu lieu les présentations des possibilités économiques de la République de l’Ossétie - Alania et du district fédéral d’Oural. L’établissement des contacts directs au niveau des régions a été aidé par l’exposition des technologies françaises "FranceTech", passée à Moscou. Dans le cadre de la célébration de son tricentenaire, Saint-Pétersbourg a participé en qualité d’invité d’honneur à plusieurs expositions-foires internationales les plus importantes en France.
Le Gouvernement de la France prend des mesures qui visent l’approfondissement des échanges commerciaux avec la Russie. Ainsi, le plan spécial pour 2003-2005, préparé par la partie française, est appelé à contribuer à l’extension de la présence du business français sur le marché russe. Paris n’a adopté les documents pareils que pour deux autres pays - les USA et la RPC.
Question : Et comment se développent les liens avec la France dans le domaine de la culture qui nous a traditionnellement rapprochés ?
Réponse : La culture russe en France est demandée et respectée et, comme nous disent les Français eux-mêmes, "est de nouveau en vogue". Nos manifestations culturelles attirent une audience large. En témoigne l’immense succès de la tournée en 2003 du théâtre Mariinski, plusieurs représentation musicales et théâtrales, films, expositions. Au cours de la visite de travail en France, début janvier dernier, de M.E.Chvydkoï, Ministre de la culture de la Russie, a été signé le Mémorandum bilatéral de coopération dans le domaine de la culture, qui prévoit un vaste programme des manifestations pour 2004-2006.
La première action importante cette année est devenue la tournée triomphale de la troupe de ballet du Bolchoï à Paris. A côté des festivals traditionnels de l’art russe à Cannes, Marseille, Nice, il est prévu de tenir le premier festival des jeunes artistes créateurs à Bordeaux, des festivals cinématographiques à Honfleur, Limoges et Paris. Donc, le développement des liens culturels restera toujours un des facteurs de l’approfondissement des relations russo-françaises, va influer positivement sur leur atmosphère générale.
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