Il y a un an la presse française parlait de l’axe Paris-Berlin-Moscou, qui en réaction engendra la lettre des huit. Elle parle aujourd’hui de l’axe Londres-Berlin-Paris qui a engendré la lettre des six. En attendant le prochain axe et la prochaine lettre, on peut remarquer que si on ne sait pas encore comment fonctionnera l’Europe élargie, on est sûr qu’elle ne sera pas régie par un directoire rassemblant la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
C’est cependant une bonne nouvelle que les dirigeants des trois plus grands pays de l’Union européenne décident de travailler ensemble alors qu’ils rassemblent à eux trois plus de la moitié du PIB européen et des dépenses militaires. En effet, lorsque ces trois pays s’affrontent, comme ce fut le cas à propos de l’Irak, l’Europe ne peut aller nulle part. Alors que la France veut faire de l’Europe un contrepoids aux États-Unis, le sommet d’hier, qui traitait d’économie, cherchait surtout à mettre un terme au déclin européenne dans ce domaine. Berlusconi, furieux de ne pas avoir été invité, tout comme les Espagnols, a déclaré que cette réunion était chaotique, mais il se trompe. C’est toute la nouvelle Europe qui est en train de naître qui est chaotique et il s’agit de la première tentative pour l’ordonner.
Ce sommet ne peut pas être le début d’un protectorat car il rassemble trois dirigeant affaiblis qui ont une vison différente de l’Europe. En outre, si les Français et les Allemands sont proches, les Britanniques sont un peu à l’écart. Quand bien même ces trois pays s’uniraient, les vingt-deux autres n’accepteraient pas leur domination. Le sommet de Berlin offre toutefois la possibilité de créer des groupes, différents selon les sujets, qui constitueront les majorités qui permettront de faire avancer l’Europe dans les thèmes soumis à la règle de la majorité.
« Who rules Europe ? », par Timothy Garton Ash, The Guardian, 19 février 2004.
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