Le 9 mai, alors que la troupe russe défilait et chantait sa propre gloire, la tribune officielle supposée inviolable saute. Les résistants tchétchènes viennent d’éliminer le numéro un de l’administration pro-russe et le chef de l’armée d’occupation, connus pour leur sauvagerie. Il leur aurait été plus facile de mener une attaque aveugle comme on le fait à Bagdad, comme le fait le Hamas ou Ben Laden, mais ils ne l’ont pas fait.
Ce n’est pas l’idée qui leur a manqué et certains s’y sont laissés aller. Ce n’est pas l’audace, forgée par 400 ans d’occupation qui leur faisait défaut, pas plus que le désespoir après dix ans d’une guerre à huis clos. Ce n’est pas la rage qui leur manque avec la transformation de leur pays en camp de concentration. Mais les dérives des résistants tchétchènes restent rares et elles sont condamnées par les autorités indépendantistes. Forte d’une histoire de lutte pluri-centenaire, la résistance tchétchène s’attaque aux forces armées et contient ses extrémistes.
Le terrorisme, soit l’attaque délibérée de population désarmée, est l’apanage de l’armée russe en Tchétchénie. La résistance armée tchétchène est antiterroriste et l’Occident ne doit pas fêter Vladimir Poutine, il doit le retenir dans sa croisade raciste qui ne peut que faire progresser l’extrémisme en Tchétchénie.
« Résistance antiterroriste à Grozny », par André Glucksmann, Le Monde, 13 mai 2004.
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