Merci à tous. Merci et bonsoir. C’est un honneur pour moi de visiter
l’Army War College. Des générations d’officiers sont venus ici pour
étudier les stratégies et l’histoire de la guerre. Je suis ici ce soir
pour expliquer à l’ensemble des Américains et au peuple irakien la
stratégie que nous suivons en Irak et les mesures spécifiques que nous
prenons pour réaliser nos objectifs.

Les actes perpétrés par nos ennemis au cours des semaines passées ont
été brutaux, prémédités et instructifs. Nous avons vu un attentat à la
voiture piégée tuer M. Ezzedine Salim, un Irakien de 61 ans qui
assumait les fonctions de président du Conseil de gouvernement. Ce
crime reflète l’intention de notre ennemi qui est d’empêcher
l’autodétermination en Irak, même si cela signifie tuer un pur et dur
patriote irakien et un fidèle musulman. M. Salim a été assassiné par
des terroristes qui souhaitent le retour de la tyrannie et la mort de
la démocratie.

Nous avons aussi vu les images d’un jeune Américain prêt à être
décapité. Cet abominable présentation prouve un mépris de toutes les
règles de la guerre et de toutes les limites d’un comportement
civilisé. Il révèle un fanatisme qu’aucune action de notre part n’a
causé et qu’aucune concession n’apaiserait. Nous soupçonnons que
l’homme au couteau est un membre d’Al-Qaïda du nom de Zarkawi. Lui et
les autres terroristes savent que l’Irak est aujourd’hui le principal
front de la guerre contre la terreur. Nous devons également le
comprendre. Le retour de la tyrannie en Irak serait une victoire sans
précédent pour les terroristes et il donnerait aux tueurs l’occasion
de se réjouir. Il enhardirait les terroristes et conduirait à une
recrudescence des attentats à la bombe, à d’autres décapitations et à
d’autres meurtres d’innocents aux quatre coins du monde.

L’avènement d’un Irak libre et autonome privera les terroristes d’une
base d’opération, discréditera leur idéologie obtuse et donnera de
l’élan aux réformateurs de toute la région. Ce sera un coup décisif
contre le terrorisme, un coup qui touchera le coeur de son pouvoir, et
ce sera aussi une victoire pour la sécurité de l’Amérique et du monde
civilisé.

Notre tâche en Irak a été difficile. Notre coalition s’est heurtée à
des conditions de guerre changeantes qui ont exigé de la persévérance,
des sacrifices et une capacité d’adaptation. La chute rapide du régime
de Saddam Hussein, le printemps dernier, a eu des conséquences
inattendues : au lieu d’être tués ou capturés sur le champ de
bataille, certains des gardes d’élite de Saddam Hussein ont abandonné
leur uniforme et se sont fondus dans la population civile. Ces
éléments du régime répressif et de la police de Saddam Hussein se sont
réorganisés, réarmés et ont adopté des tactiques terroristes
sophistiquées. Ils se sont associés à des combattants étrangers et à
des terroristes. Dans quelques villes, des extrémistes ont essayé de
semer le chaos et de saisir le pouvoir régional. Ces groupes et ces
individus ont des ambitions contradictoires, mais ils partagent le
même objectif : ils espèrent user la patience des Américains, de notre
coalition et des Irakiens avant la mise en place d’un gouvernement
autonome efficace et avant que les Irakiens n’aient les moyens de
défendre leur liberté.

L’Irak se trouve désormais à un moment critique. Au fur et à mesure
que le peuple irakien se rapproche de l’autodétermination, les
terroristes risquent d’intensifier leurs activités et leur brutalité.
Des jours difficiles nous attendent et, parfois, la voie du progrès
semblera être semée d’embûches. Il n’en demeure pas moins que notre
coalition est vigoureuse et que nos efforts sont focalisés et
infatigables, et aucun pouvoir de l’ennemi n’arrêtera le progrès en
Irak.

Aider à élaborer une démocratie stable après des décennies de
dictature est une entreprise colossale. Mais nous avons un gros
avantage. Lorsque les gens ont le choix, ils préfèrent vivre en
liberté que vivre dans la peur. Nos ennemis, en Irak, savent bien
remplir les hôpitaux, mais ils n’en construisent aucun. Ils savent
inciter les hommes au meurtre et au suicide, mais ils ne peuvent pas
inspirer les hommes à vivre, à espérer et à prendre part au progrès de
leur pays. La seule influence des terroristes, c’est la violence, et
leur seul ordre du jour, la mort.

Notre ordre du jour, au contraire, c’est la liberté et l’indépendance,
la sécurité et la prospérité pour le peuple irakien et, en enlevant
une source de violence terroriste et d’instabilité au Moyen-Orient,
nous renforçons aussi la sécurité de notre pays.

Notre coalition a un objectif clair, que tout le monde comprend, et
c’est de voir le peuple irakien aux commandes de l’Irak pour la
première fois depuis des générations. La tâche de l’Amérique, en Irak,
ce n’est pas seulement de vaincre l’ennemi, c’est de donner de la
force à un ami - un gouvernement libre et représentatif qui servira
son peuple et se battra pour lui. Plus vite cet objectif sera atteint,
plus vite notre travail sera accompli.

Notre plan, lorsqu’il s’agit d’aider l’Irak à instaurer la démocratie
et la liberté, comprend cinq étapes. Nous transmettrons l’autorité à
un gouvernement irakien souverain, aiderons à instituer la sécurité,
continuerons à reconstruire l’infrastructure du pays, encouragerons un
plus grand appui international, et nous rapprocherons d’une élection
nationale qui donnera au peuple irakien de nouveaux dirigeants qui
jouiront de son appui.

La première de ces étapes se produira le mois prochain, lorsque notre
coalition transférera la pleine souveraineté à un gouvernement composé
de citoyens irakiens qui prépareront la voie à une élection nationale.
Le 30 juin, l’Autorité provisoire de la coalition cessera d’exister et
ne sera pas remplacée. L’occupation prendra fin et les Irakiens
gouverneront leurs propres affaires. L’ambassadeur des Etats-Unis
auprès de l’Irak, M. John Negroponte, présentera ses lettres de
créance au nouveau président d’Irak. Notre ambassade, à Bagdad, aura
le même but que n’importe laquelle de nos autres ambassades, à savoir
garantir de bonnes relations avec une nation souveraine. L’Amérique et
d’autres pays continueront à offrir des conseils techniques afin
d’aider les ministres du gouvernement irakien, mais ces ministres
rendront des comptes au nouveau premier ministre d’Irak.

A l’heure actuelle, l’envoyé spécial des Nations unies, M. Lakhdar
Brahimi, a des consultations avec un vaste éventail d’Irakiens afin de
déterminer la composition de ce gouvernement temporaire. Il a
l’intention de soumettre les noms des responsables du gouvernement
temporaire cette semaine. En plus du président, de deux
vice-présidents et d’un premier ministre, 26 ministres superviseront
les divers ministères, des ministères qui iront de la santé à la
justice en passant par la défense. Le nouveau gouvernement sera guidé
par un conseil national dont les membres seront choisis en juillet par
des Irakiens représentant la diversité de leur pays. Ce gouvernement
temporaire jouira d’une pleine souveraineté en attendant qu’une
élection nationale soit organisée. L’Amérique appuie pleinement les
efforts de M. Brahimi, et j’ai donné ordre à l’Autorité provisoire de
la coalition de lui apporter toute l’aide possible.

En préparation à la souveraineté, de nombreuses fonctions du
gouvernement ont déjà été transférées. Douze ministères
gouvernementaux sont déjà sous le contrôle direct d’Irakiens. Le
ministère de l’éducation, par exemple, ne donne plus dans la
propagande ; il se préoccupe désormais d’éduquer les enfants d’Irak.
Sous la direction de M. Aladin al-Alwan, le ministère a formé plus de
30.000 enseignants et directeurs pour les écoles du pays.

Depuis le commencement, certains se posent la question de savoir si le
peuple irakien est prêt pour l’autodétermination, et même s’il la
souhaite. Et, depuis le commencement, le peuple irakien a donné sa
réponse. Lorsque des Irakiens ont eu l’occasion de se réunir pour
parler de l’avenir de leur pays, ils ont appuyé un gouvernement
représentatif. D’ailleurs, ils pratiquent déjà une forme de
gouvernement représentatif. De nombreuses villes et municipalités ont
maintenant un conseil ou gouvernement municipal dont les membres ont
été élus, et au-delà de la violence, une société civile prend forme.

Le transfert de la souveraineté le 30 juin est un engagement essentiel
de notre stratégie. Les Irakiens sont un peuple fier qui accepte mal
un contrôle étranger de leurs affaires, tout comme nous le ferions.
Après des décennies passées sous la férule d’un tyran, il est peu
disposé à faire confiance à l’autorité. En gardant notre promesse, le
30 juin, la coalition prouvera que l’occupation ne l’intéresse pas. La
pleine souveraineté donnera aux Irakiens un intérêt direct dans la
réussite de leur gouvernement. Les Irakiens sauront que lorsqu’ils
construiront une école ou répareront un pont, ils ne travailleront pas
pour l’Autorité provisoire de la coalition, mais qu’ils travailleront
pour eux-mêmes. Et, lorsqu’ils patrouilleront les rues de Bagdad ou
s’opposeront aux milices radicales, c’est pour leur pays qu’ils se
battront.

La deuxième étape du plan pour la démocratie en Irak consiste à aider
à instaurer la stabilité et la sécurité, conditions nécessaires de la
démocratie. Les forces de la coalition et le peuple irakien ont les
mêmes ennemis : les terroristes, les milices illégales, et les
partisans de Saddam Hussein qui se dressent contre le peuple irakien
et son avenir en tant que nation libre. En agisssant en alliés, nous
défendrons l’Irak et vaincrons ces ennemis.

Les Etats-Unis apporteront les forces et l’appui nécessaires à ces
fins. Nos commandants avaient estimé qu’une force de 115.000 suffirait
à cette étape du conflit. Vu la récente recrudescence de la violence,
nous la maintiendrons aux 138.000 actuels aussi longtemps que cela
sera nécessaire. Ce fait a entraîné une prolongation du service de la
1e division blindée et du 2e régiment de cavalerie légère - 20.000
hommes et femmes qui devaient en principe quitter l’Irak en avril.
Notre pays apprécie leur travail et leur dévouement, et ils doivent
savoir qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer chez eux. Le général
Abizaid et les autres commandants en Irak évaluent constamment le
niveau des effectifs dont ils ont besoin pour remplir leur mission.
S’ils ont besoin de forces supplémentaires, je les leur enverrai. La
mission de nos forces en Irak est exigeante et dangereuse. Nos troupes
font preuve d’une compétence et d’un courage exceptionnels. Je les
remercie de leurs sacrifices et de leur service.

Dans la ville de Fallouja, on a assisté à de nombreux actes de
violence de la part d’irréductibles de Saddam Hussein et de
combattants étrangers, et notamment au meurtre de quatre civils
américains. Les soldats et les Marines américains auraient pu
appliquer une force écrasante. Mais après avoir consulté le Conseil de
gouvernement irakien et les responsables locaux, nos commandants ont
conclu que des frappes massives contre l’ennemi nous attireraient
l’hostilité de la population locale et accroîtraient le soutien à
l’insurrection. Nous avons donc adopté une approche différente. Nous
faisons de la sécurité à Fallouja une responsabilité partagée. Les
commandants de la coalition ont oeuvré de concert avec les
responsables locaux à la création d’une force de sécurité entièrement
irakienne, qui patrouille à présent la ville. Nos soldats et Marines
continueront à déjouer les attaques contre nos routes de
ravitaillement et à mener des patrouilles communes avec des Irakiens
en vue de détruire les usines de bombes et les abris sûrs et de tuer
ou capturer les ennemis qui qu’ils soient.

Nous souhaitons que les forces irakiennes acquièrent de l’expérience
et de l’assurance dans leur combat contre les ennemis de leur pays.
Nous voulons que le peuple irakien sache que nous faisons confiance à
ses capacités grandissantes, dont nous appuyons le développement. Dans
le même temps, Fallouja doit cesser d’être un sanctuaire pour
l’ennemi, et les auteurs d’actes de terrorisme devront répondre de
leur actions.

Dans les villes de Nadjaf, de Karbala et de Koufa, la plupart des
actes de violence ont été commis à l’instigation d’un jeune imam
radical qui commande une milice illégale. Ces ennemis se camouflent
derrière une population civile innocente, entreposant des armes et des
munitions dans des mosquées et lançant des attaques à partir de sites
religieux. Nos soldats ont traité ces sites avec respect tout en
démantelant systématiquement la milice illégale. Nous voyons également
des Irakiens assumer eux-mêmes davantage de responsabilités en matière
de rétablissement de l’ordre. Ces dernières semaines, les forces
irakiennes ont expulsé des éléments de cette milice du bureau du
gouverneur de Nadjaf. Hier, une unité irakienne d’élite a débusqué une
cache d’armes dans une grande mosquée de Koufa. Des chefs chiites
respectés ont demandé à la milice de se retirer de ces villes. Des
Irakiens ordinaires ont défilé pour protester contre les militants.

A mesure que les défis se présenteront à Fallouja, à Nadjaf et
ailleurs, les tactiques de nos militaires resteront souples. Les
commandants sur le terrain feront très attention aux conditions
locales. Et nous ferons tout ce qui sera nécessaire - qu’il s’agisse
d’une force mesurée ou d’une force écrasante - pour assurer la
stabilité en Irak.

Les forces militaires, policières et frontalières irakiennes ont
commencé à assumer des responsabilités plus larges. Elles devront, en
fin de compte, être les premiers défenseurs de la sécurité de l’Irak à
mesure que les forces américaines et coalisées se retireront. Nous les
aidons à se préparer à ce rôle. Dans certains cas, les premiers
résultats des forces irakiennes ont été décevants. Certains éléments
ont refusé d’engager l’ennemi. Nous avons tiré les leçons de ces
échecs et avons pris des mesures en vue d’y remédier. Pour bien
fonctionner, les unités de combat doivent avoir un sens de cohésion :
c’est pourquoi nous avons prolongé et intensifié leur entraînement.
Pour bien remplir leur mission, les unités de combat doivent avoir le
sentiment de se battre pour l’avenir de leur patrie, non pas pour une
puissance occupante quelconque : c’est pourquoi nous veillons à ce que
les forces irakiennes soient placées sous commandement irakien. Pour
se battre efficacement, elles doivent être encadrées le mieux possible
 : c’est pourquoi nous avons amélioré la sélection et la formation des
commandants et des sous-officiers irakiens.

Sur ma demande, et avec l’appui des autorités irakiennes, nous
accélérons notre programme visant à aider à former les Irakiens à
défendre leur pays. Une nouvelle équipe d’officiers supérieurs analyse
actuellement chacune des unités des forces de sécurité irakiennes.
J’ai demandé à cette équipe de superviser la formation d’une force de
260.000 soldats, policiers et autres effectifs de sécurité. Cinq
bataillons de l’armée irakienne sont actuellement sur le terrain, et
huit autres devraient s’y adjoindre le 1er juillet. L’objectif final
est une armée irakienne de 35.000 soldats répartis dans 27 bataillons,
prêts à défendre leur pays.

Après le 30 juin, les forces américaines et autres auront encore des
tâches importantes. Les forces militaires des Etats-Unis en Irak
opéreront sous commandement américain dans le cadre d’une force
multinationale qui aura été autorisée par les Nations unies. Le
nouveau gouvernement souverain d’Irak devra toujours faire face à
d’énormes défis en matière de sécurité, et nos forces seront là pour
l’aider.

La troisième étape du plan pour la démocratie irakienne consiste à
poursuivre la reconstruction de l’infrastructure de l’Irak, afin que
cet Etat libre puisse parvenir rapidement à l’autonomie économique et
à une meilleure qualité de vie. Notre coalition a déjà aidé les
Irakiens à reconstruire des écoles et à rénover des hôpitaux et des
cliniques, à réparer des ponts, à renforcer le réseau électrique et à
moderniser le système de communications. Et à présent, une économie
fondée sur le secteur privé est en train de se développer. Une
nouvelle monnaie a été introduite. Le Conseil de gouvernement irakien
a adopté une nouvelle loi qui ouvre le pays aux investissements
étrangers pour la première fois depuis des dizaines d’années. L’Irak a
libéralisé sa politique commerciale et, aujourd’hui, un observateur
irakien assiste aux réunions de l’Organisation mondiale du commerce.
La production pétrolière de l’Irak dépasse maintenant les 2 millions
de barils par jour, ce qui a rapporté à l’Irak près de 6 milliards de
dollars jusqu’ici cette année. Ces fonds aident le peuple irakien. Et
grâce en partie à nos efforts - aux efforts de l’ancien secrétaire
d’Etat, M. James Baker -, un bon nombre des plus gros créanciers de
l’Irak se sont engagés à remettre entièrement ou à réduire
considérablement la dette irakienne accumulée par l’ancien régime.

Nous faisons des progrès. Mais il reste encore beaucoup de travail à
faire. Au long des décennies du régime de Saddam Hussein,
l’infrastructure irakienne s’est désagrégée tandis que tout l’argent
allait à des palais, à des guerres, à des programmes d’armement. Nous
invitons les autres pays à contribuer à la reconstruction de l’Irak,
et 37 d’entre eux, ainsi que le FMI et la Banque mondiale, ont annoncé
des engagements totalisant jusqu’ici 13,5 milliards de dollars. Les
Etats-Unis ont consacré plus de 20 milliards de dollars aux projets de
reconstruction et de développement en Irak. Afin d’assurer que notre
argent est dépensé sagement et efficacement, notre nouvelle ambassade
en Irak aura des bureaux régionaux dans plusieurs villes clés. Ces
bureaux travailleront en étroite coordination avec les autorités
irakiennes à tous les niveaux pour garantir que les projets seront
achevés dans les délais et selon le budget prévus.

Le nouvel Irak aura également besoin d’un système carcéral humain et
bien supervisé. Sous la férule du dictateur, des prisons comme celle
d’Abou Ghraib étaient synonymes de mort et de torture. Cette même
prison est devenue le symbole de la conduite honteuse de quelques
soldats américains qui ont déshonoré leur pays et méprisé nos valeurs.
L’Amérique financera la construction d’une prison moderne de sécurité
maximale. Lorsque la construction en sera achevée, les détenus d’Abou
Ghraib y seront transférés. Ensuite, avec l’approbation du
gouvernement irakien et afin de symboliser le renouveau de l’Irak,
nous démolirons la prison d’Abou Ghraib.

Le quatrième volet de notre plan consiste à renforcer les appuis
internationaux à la transition de l’Irak. A chaque étape, les
Etats-Unis sont allés aux Nations unies - pour affronter Saddam
Hussein, pour promettre de graves conséquences à ses actions, et pour
commencer la reconstruction de l’Irak. Aujourd’hui, les Etats-Unis et
la Grande-Bretagne ont présenté un nouveau projet de résolution au
Conseil de sécurité afin d’aider l’Irak à avancer vers un gouvernement
autonome. J’ai demandé au secrétaire d’Etat Powell de coopérer avec
ses homologues du Conseil pour approuver le calendrier que les
Irakiens ont adopté, pour exprimer le soutien international au
gouvernement provisoire irakien, pour réaffirmer l’engagement du monde
envers la sécurité des Irakiens et pour encourager d’autres membres de
l’ONU à participer à cet effort. Malgré les désaccords du passé, la
plupart des nations ont indiqué leur ferme soutien au succès d’un Irak
libre. Et je suis convaincu qu’elles partageront la responsabilité de
la garantie de ce succès.

Le mois prochain, lors du Sommet de l’OTAN qui se tiendra à Istanbul,
je remercierai les 15 alliés de l’OTAN qui, ensemble, ont déployé
17.000 soldats en Irak. La Grande-Bretagne et la Pologne dirigent
chacune une division multinationale qui assure la sécurité de régions
importantes du pays. L’OTAN elle-même fournit des renseignements
précieux, des communications et un soutien logistique à la division
commandée par la Pologne. Lors du Sommet, nous discuterons du rôle de
l’OTAN dans la construction de l’Irak et la sécurisation de sa
démocratie.

Le cinquième volet, et le plus important, est la tenue d’élections
nationales libres, au plus tard en janvier prochain. Une équipe des
Nations unies, dirigée par Carina Perelli, est à l’heure actuelle en
Irak en train d’aider à constituer une commission électorale
indépendante qui supervisera une élection nationale ordonnée et
précise. Par ces élections, le peuple irakien choisira une assemblée
nationale de transition qui sera la première instance nationale
réellement représentative jamais élue librement en Irak. Cette
assemblée sera la législature de l’Irak, et elle choisira un
gouvernement de transition doté de pouvoirs exécutifs. L’assemblée
nationale provisoire rédigera également une nouvelle constitution qui
sera présentée aux Irakiens par référendum vers la fin de 2005. Dans
le cadre de cette nouvelle constitution, l’Irak élira un gouvernement
permanent à la fin de l’année suivante.

En ces temps de guerre, de libération et de reconstruction, les
soldats et les civils américains déployés sur le terrain ont appris à
connaître et respecter les citoyens de l’Irak. C’est un peuple fier
aux opinions fortes et diverses. Cependant, les Irakiens sont unis
derrière une vaste et profonde conviction : ils sont résolus à ne plus
jamais vivre à la merci d’un dictateur. Et ils croient qu’une élection
nationale mettra le sinistre passé derrière eux. Un gouvernement
représentatif protecteur des droits fondamentaux et élu par les
Irakiens est la meilleure défense contre le retour de la tyrannie - et
cette élection approche.

Achever ces cinq étapes vers un gouvernement irakien élu ne sera pas
facile. Il y aura vraisemblablement plus de violence avant et après le
transfert de la souveraineté. Les terroristes et les partisans de
Saddam préféreraient voir les Irakiens morts plutôt que libres. Mais
les terroristes ne détermineront pas l’avenir de l’Irak.

Ce pays s’achemine chaque semaine vers des élections libres et une
place permanente au sein des nations libres. Comme toute nation qui a
parcouru le chemin qui mène à la démocratie, les Irakiens érigeront un
gouvernement représentatif de leur culture et de leurs valeurs. J’ai
envoyé des troupes américaines non pas pour occuper ce pays, mais pour
protéger notre sécurité. J’ai envoyé des troupes américaines en Irak
non pas pour transformer les Irakiens en Américains, mais pour les
libérer. Les Irakiens écriront leur propre histoire et trouveront leur
propre voie. Ce faisant, ils peuvent être certains qu’un Irak libre
pourra toujours compter les Etats-Unis d’Amérique parmi ses amis.

Ces trente-deux derniers mois, l’histoire a beaucoup exigé de notre
pays et les choses ont évolué rapidement. Les Américains ont vu les
flammes du 11 septembre, suivi les batailles dans les montagnes de
l’Afghanistan et appris de nouveaux termes tels que "alerte orange",
"ricine" et "bombe sale". Nous avons vu des assassins à l’oeuvre dans
les trains de Madrid, dans une banque d’Istanbul, dans une synagogue
de Tunis et dans une boîte de nuit de Bali. Et maintenant les familles
de nos soldats et de nos employés civils prient pour leurs fils et
leurs filles qui sont à Mossoul, à Karbala ou à Bagdad.

Nous n’avons pas provoqué cette guerre contre le terrorisme, mais
c’est le monde dans lequel nous vivons. Nous devons faire notre
devoir. L’histoire est en marche, et elle tendra vers l’espoir ou la
tragédie. Nos ennemis terroristes ont une vision qui guide et explique
tous leurs actes assassins. Ils cherchent à imposer, pays par pays, un
régime de style taliban, dans l’ensemble du Moyen-Orient. Ils visent
le contrôle total de chaque personne, de chaque esprit, de chaque âme,
l’instauration d’une société dure dans laquelle les femmes sont
privées de leur voix et brutalisées. Ils commettent des tueries afin
de choquer, d’effrayer et de démoraliser les nations civilisées,
espérant qu’elles se retireront du monde et leur laisseront le champ
libre. Ils recherchent des armes de destruction massive afin d’imposer
leur volonté par le chantage et des attaques catastrophiques. Rien de
cela n’est l’expression d’une religion. Il s’agit d’une idéologie
politique totalitaire, poursuivie avec un zèle effréné et sans
conscience aucune.

Nos actions, elles aussi, sont guidées par une vision. Nous croyons
que la liberté peut améliorer et changer les vies dans le Grand
Moyen-Orient, comme elle l’a fait en Asie, en Amérique latine, en
Europe de l’Est et en Afrique. Nous croyons qu’au Moyen-Orient, région
qui a tant donné au monde sur les plans de la loi, des sciences et de
la foi - il est tragique que tant d’individus soient brimés par la
tyrannie et le fanatisme. Nous croyons que lorsque tous les peuples du
Moyen-Orient seront finalement autorisés à vivre, à penser, à
travailler et à observer leur culte comme des hommes et des femmes
libres, ils reconquerront la grandeur de leur propre héritage. Et
lorsque ce jour viendra, l’amertume et la haine brûlante qui
alimentent le terrorisme s’effaceront et disparaîtront. L’Amérique et
le monde entier seront plus en sécurité lorsque l’espoir sera revenu
au Moyen-Orient.

Ces deux visions - l’une de tyrannie et de meurtre, l’autre de liberté
et de vie - se sont affrontées en Afghanistan. Or grâce à la bravoure
des forces des Etats-Unis et de la coalition, ainsi qu’à celle des
patriotes afghans, le cauchemar des talibans est fini et ce pays est
en train de reprendre vie. Maintenant, ces deux visions se font face
en Irak et s’affrontent pour l’avenir de ce pays. L’échec de la
liberté ne ferait que marquer le début du péril et de la violence.
Mais, mes chers compatriotes, nous n’échouerons pas. Nous
persévérerons, nous vaincrons cet ennemi, et nous garderons ce terrain
difficilement gagné dans le domaine de la liberté.

Que Dieu bénisse notre pays.

Discours prononcé au United States Army War College (Ecole militaire de l’armée de terre) à Carlisle (Pennsylvanie). Traduction officielle de la Maison-Blanche.