Le Secrétaire général a présenté aujourd’hui à l’Assemblée générale son rapport sur les migrations internationales, rappelant qu’elles peuvent être très profitables au développement des pays d’accueil et d’origine mais qu’il est indispensable que les droits des migrants eux-mêmes soient respectés et défendus.
« Nous sommes au beau milieu d’une nouvelle ère de migrations », qui représentent désormais « un phénomène mondial », a déclaré le Secrétaire général lors de la présentation de son rapport intitulé « Migrations internationales et développement ».
Ce rapport, qui s’appuie notamment sur une étude de la Commission mondiale sur les migrations internationales (dépêche du 5.10.05), vise en partie à remettre en cause certaines idées reçues.
Par exemple, « la population migrante compte presque autant de femmes que d’hommes ». Le rapport examine donc le rôle du genre dans les migrations internationales et l’impact que celles-ci ont sur les questions de l’égalité entre les sexes.
« Il ne peut y avoir que très peu de pays qui ne sont pas, d’une façon ou d’une autre, touchés par les migrations internationales, dont les décideurs reconnaissent de plus en plus l’importance pour le développement », a fait observer le Secrétaire général.
« On a de plus en plus la preuve que les migrations internationales sont profitables. Ce n’est pas un hasard – et cela ne devrait surprendre personne – si bon nombre de pays qui étaient, il n’y a pas si longtemps, essentiellement des sources de migrants – par exemple, l’Irlande, plusieurs pays du sud de l’Europe, la République de Corée et le Chili – ont connu un développement spectaculaire et jouissent maintenant d’une économie florissante qui attire les migrants ».
« Et pourtant « – et c’est là le troisième point développé dans le rapport - « il serait de toute évidence naïf de prétendre que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des migrations ».
« Nous connaissons tous trop bien », a dit Kofi Annan, « les dérives auxquelles de nombreux migrants sont exposés, que ce soit en transit, lorsqu’ils sont la proie de passeurs et de trafiquants – avec des conséquences parfois fatales – ou dans les pays où ils s’installent, où ils sont souvent exploités par des employeurs sans scrupules et subissent les réactions xénophobes de certaines parties de la population de souche, y compris parfois même des représentants de l’autorité publique ».
« De la même façon, nous ne pouvons tous qu’avoir conscience des tensions sociales et culturelles qui ont vu le jour dans de nombreux pays où d’importantes populations d’origine étrangère se sont récemment établies, en particulier lorsqu’elles ont des traditions ou des croyances qui diffèrent considérablement de celles auxquelles les résidents de longue date dans le pays sont habitués ».
« Les avantages que les migrants apportent au pays dans son ensemble, et au fil du temps, sont souvent éclipsés par des griefs plus immédiats nés des relations de proximité, que ceux-ci soient ou non fondés » a dit le Secrétaire général.
« Et la plupart d’entre nous doivent aussi maintenant avoir conscience des effets négatifs ressentis dans certains pays d’origine, en particulier lorsque des travailleurs dotés de compétences dont le pays a cruellement besoin, par exemple dans le secteur de la santé, sont ’siphonnés’ par l’étranger où ils bénéficient de meilleures conditions et de meilleurs salaires ».
« Pour toutes ces raisons, il semble clair que peu de pays – pour ne pas dire aucun – peuvent se permettre de se contenter de jouir des avantages des migrations sans chercher à les gérer », a déclaré Kofi Annan.
« Mais il serait tout aussi insensé de chercher à y mettre totalement un terme, puisqu’un tel résultat ne pourrait être atteint que par un déploiement de la force publique d’une ampleur telle qu’il menacerait la liberté et la prospérité de tout pays qui y aurait recours », a-t-il prévenu.
« Les États Membres tireront bien entendu leurs propres conclusions des faits qui sont exposés », a souligné le Secrétaire général, qui a lancé la proposition d’établir « une instance permanente, de nature volontaire et consultative, en vue de poursuivre le débat, la mutualisation d’expériences et l’échange d’idées ».
Le Secrétaire général a offert les services de l’ONU à cet égard, afin de compléter les travaux du « débat de haut niveau » qui se tiendra sur la question des migrations à l’Assemblée générale, du 14 au 15 septembre prochains.
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