Les dirigeants russes cherchent avec ardeur une nouvelle idéologie. Différentes forces politiques ont répondu à l’appel lancé d’en haut, écrivent les Novye izvestia.
A la veille des élections de 2007 et 2008, la nouvelle idée russe, qui se ramène en fait à un nationalisme modéré, est étudiée aussi bien dans le camp des "libéraux du Kremlin" que parmi les "siloviki", les fameux "cadres à épaulettes". De l’avis des experts, face aux problèmes sociaux réels le pouvoir se réfugie dans l’illusion de la "grande Russie".
La recherche d’une idée nationale a débuté au lendemain de l’effondrement du régime communiste et de son idéologie. Mais depuis ces deux dernières années il devient de plus en plus clair que l’idée nationale se transforme en slogan ultra-patriotique. Plus on parle au niveau officiel de la nécessité de combattre la xénophobie et le nationalisme et plus les xénophobes s’activent.
Mark Ournov, président de la fondation Expertiza : "Ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’une réaction névrotique à la situation à laquelle les dirigeants du pays se refusent à chercher une issue réelle en se réfugiant dans un espace illusoire où ils se sentent à l’aise. En fait, l’idée d’un grand Etat, d’une grande puissance est un paravent derrière lequel la propriété est partagée au profit du groupe de fonctionnaires qui se sont retrouvés au pouvoir".
Boris Kagarlitski, directeur de l’Institut des problèmes de la mondialisation : " Il est impossible d’élaborer une idée nationale. Mais son élaboration peut demander beaucoup d’argent. Tout porte à croire que l’affaire en restera là. Après l’éclatement de l’URSS, le pouvoir s’est retrouvé confronté à une tâche évidente consistant à bâtir en Russie un Etat national. Les fonctionnaires comprennent cependant cette idée de façon primitive : l’idée nationale veut dire qu’il s’agit des nationalités."
Sergueï Markov, directeur de l’Institut des études politiques :"Ces idées, pas encore radicales, mais déjà liées au nationalisme russe, sont une réaction aux décennies précédentes dominées par l’idéologie de la dissolution de la Russie dans l’Union Soviétique. Le démembrement de l’URSS et la crise économique ont été suivis d’une crise identitaire. Il n’y avait pas de réponse à la question : "qui sommes-nous ?" Le pouvoir actuel est technocratique à un point révoltant, ce qui provoque le mécontentement d’un nombre énorme de personnes qui exigent une idéologie".
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