Si, d’ici un mois et demi, Gazprom n’accepte pas d’acheter le gaz turkmène à 100 dollars les mille mètres cubes, le Turkménistan fermera le robinet, écrit le quotidien Gazeta.
Achkhabad pourrait ainsi récupérer environ 600 millions de dollars des bénéfices de Gazprom cette année et plus de 1,5 milliard de dollars l’année prochaine.
Le ministre turkmène de l’Industrie a déclaré mercredi que le contrat en vigueur avec Gazprom portant sur la livraison de 30 milliards de mètres cubes de gaz au prix de 65 dollars expirait et qu’il serait entièrement rempli dans deux mois.
Apparemment, Gazprom sera contraint d’accepter les conditions du Turkmenbachi (président turkmène, « père de tous les Turkmènes »). Hiver 2005, Achkhabad avait coupé les livraisons de gaz à la Russie, ce qui avait obligé Moscou à accepter une hausse du prix (65 dollars au lieu de 44). Mais même l’importation de gaz turkmène au prix de 120 dollars sera avantageuse pour Gazprom, car cela lui permettra d’assurer ses exportations vers l’Europe. Qui plus est, puisque le consortium a l’intention de conserver son monopole en Asie centrale, il devra acheter tout le gaz asiatique, même en cas de rentabilité nulle. C’est la raison pour laquelle Achkhabad fera monter les prix dans les années à venir, en déterminant la limite de la rentabilité de Gazprom et en usant des ultimatums et de la cessation des livraisons.
Après Achkhabad, Astana et Tachkent feront également monter les prix, ce qui réduira encore les bénéfices de Gazprom de plusieurs centaines de millions de dollars par an. Mais les plus graves ennuis attendent Gazprom de la part de l’Ukraine. Même si un gouvernement raisonnable et efficace est formé à Kiev, il est peu probable qu’il puisse élever cette année les prix intérieurs du gaz. Les fonctionnaires ukrainiens ont déjà prévenu Moscou que Gazprom assumerait toutes les conséquences de la hausse des prix du gaz turkmène. Le ministre de l’Economie Arseni Iatseniouk a déclaré la semaine dernière qu’en cas de hausse des prix, Kiev ferait monter les tarifs du transit du gaz vers l’Europe.
Gazprom s’est résigné, semble-t-il, à la perspective de pertes financières. Malgré l’expérience amère de disparition du gaz russe des entrepôts ukrainiens, le consortium s’apprête de nouveau à accumuler des réserves en Ukraine pour l’hiver. D’ailleurs, Gazprom « s’achètera à lui-même » tout le gaz de réserve, plus précisément en le revendant à ses filiales.
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