Une des principales décisions que l’Union européenne élargie va devoir prendre en décembre, c’est si elle décide de fixer ou non une date pour l’ouverture des négociations sur l’adhésion de la Turquie. J’espère que les dirigeants européens auront la sagesse et le courage de décider positivement, cela permettra ainsi de vérifier la sincérité des valeurs européennes.
En effet, la Turquie est un pays à majorité musulmane et l’un des principaux problèmes de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne donne lieu à un débat teinté de racisme. La Turquie devra bien évidemment respecter les critères de Copenhague et c’est justement vers quoi elle s’engage vigoureusement avec Recep Tayyip Erdogan, un Premier ministre qui avait été présenté comme un islamiste en Europe. C’est pourtant lui qui a réussi à faire accepter des réformes dont les kémalistes ne voulaient pas et ce faisant il a démontré que l’islam et la démocratie étaient compatibles.
Imaginer l’Europe comme un club chrétien est une faute politique et un échec moral. Il semble que ce sont les hommes d’État français, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, qui mènent le camp anti-turc en Europe au moment où la France voit sa laïcité menacée par les foulards musulmans.
Israël suivra ce débat avec attention du fait de ses bonnes relations avec Ankara et parce que tôt ou tard, elle demandera l’adhésion à l’Union européenne.
« Consider Turkey on its merits », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 8 juin 2004.
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