Propos du ministre français.

Chers amis, d’abord merci de votre accueil. Je voudrais dire ici aux journalistes que je me suis entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne des moyens pour dénouer la crise israélo-palestinienne. Je voudrais exprimer ici, devant vous, à Ramallah, la gravité que m’inspire la situation qui prévaut dans la Bande de Gaza et la nécessité pour tous les acteurs de cette crise de s’engager résolument dans un processus de désescalade.

Ce processus passe notamment pour la France par la libération du caporal Shalit. J’ai eu l’occasion d’en parler avec le président Mahmoud Abbas. Et en tout cas personnellement je me suis mis à la disposition des uns et des autres pour que ce sujet avance. J’aurais l’occasion de rencontrer cet après-midi la famille du caporal Shalit. Cela passe aussi par la libération des ministres et des parlementaires palestiniens élus détenus par Israël. Cela passe par l’arrêt des opérations militaires israéliennes en cours et le retrait de Gaza, l’arrêt des tirs de roquettes en direction du territoire israélien.

L’utilisation de la force, d’où qu’elle vienne, ne permettra pas de parvenir à un règlement durable. Une médiation est aujourd’hui en cours. Nous devons donner toutes leurs chances aux efforts menés pour que Palestiniens et Israéliens aidés par une médiation internationale parviennent à trouver les éléments d’un accord permettant un cessez-le-feu. Je suis heureux de savoir que ces discussions sont éminentes et positives.

Je voudrais dire ici tout le soutien que la France apporte au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Je voudrais saluer en particulier les progrès enregistrés sur le plan du Dialogue national, notamment par la signature d’un document d’entente nationale. Nous soutenons les efforts de Mahmoud Abbas pour parvenir à reformer cette Autorité palestinienne, qui est tellement nécessaire, qui est la plus grande avancée institutionnelle des dix dernières années. Mais il doit re-former un consensus intra-palestinien sur une base qui permettra à la communauté internationale de normaliser ses relations avec l’ensemble des institutions de l’Autorité palestinienne. La France et l’Union européenne réitèrent ici leur souhait de pouvoir de nouveau travailler directement et efficacement avec un gouvernement de l’Autorité palestinienne qui inscrira son action dans le cadre des principes énoncés par le Quartet, et qui sont les principes du processus de paix israélo-palestinien.

La France appelle à nouveau Israéliens et Palestiniens à reprendre des contacts, au niveau sécuritaire, et également au niveau politique. Il faut rapidement qu’une perspective politique se mette en place. Israël dispose pour ce faire d’un partenaire légitime : l’OLP. La présence de M. Saëb Erakat à mes côtés le montre : l’OLP conduit depuis des années, au nom du peuple palestinien, les négociations avec Israël. L’OLP reste aujourd’hui déterminée à faire progresser ces négociations dans le cadre des accords signés avec Israël, au premier rang desquels figure la Feuille de route qui reste pour la communauté internationale le cadre stratégique de la résolution du conflit israélo-palestinien.

Nous sommes particulièrement préoccupés, sensibles, à la situation humanitaire dramatique qui prévaut dans les Territoires palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza du fait de l’intensification des opérations militaires sur ce territoire qui est particulièrement peuplé. Je tiens à vous dire, comme le président Jacques Chirac s’y est engagé lorsque le président Mahmoud Abbas est venu à Paris, il y a quelques semaines, que le mécanisme international qui permet de pouvoir donner un certain nombre de rémunérations aux infirmières, aux médecins, aux personnels de laboratoires, aux hôpitaux, qui permet au système de santé de pouvoir fonctionner, un système qui est en train d’être mis en place, via le Quartette, grâce au président de la République qui avait "inventé" le système. Nous souhaitons que la Commission européenne qui a promis 105 millions d’euros, puisse les donner rapidement sur le terrain. Je vous remercie.

Q - Monsieur le Ministre, il semble qu’il y ait une tendance à lier la situation au Liban et la situation à Gaza, puisque dans les deux cas, il y a un enlèvement de soldats israéliens. Y a-t-il un mécanisme commun visant à résoudre les deux questions en même temps. Ou pensez-vous qu’il faudra probablement éviter de mélanger les deux situations pour limiter les exactions et les écarts de l’armée israélienne à Gaza ?

R - Le seul dénominateur commun que je vois aux deux crises est que la communauté internationale, et en particulier Israël, à intérêt à avoir un Mahmoud Abbas, une Autorité palestinienne forte et à avoir un Fouad Siniora, le gouvernement libanais à la tête de l’Etat libanais, souverain et fort. Cela j’en suis sûr. Ensuite, concernant les soldats israéliens, deux dans le cas du conflit israélo-libanais, et le caporal Shalit enlevé dans la Bande de Gaza, il y a plusieurs semaines dans le cadre du conflit israélo-palestinien, je ne mêlerais pas les deux. Les processus de libération dans ces deux cas, sont deux choses différentes.

Q - Dans ses opérations au Liban, on lit la volonté d’Israël de modifier la configuration politique régionale au Proche-Orient. Quelle est la position française à cet égard ?

R - Aujourd’hui, l’essentiel pour nous, c’est de trouver une solution politique durable au conflit qui s’est ouvert, aussi bien d’ailleurs le conflit israélo-libanais, mais aussi le conflit israélo-palestinien, car on ne peut pas, et c’est la raison de ma venue ici à Ramallah, ne pas évoquer le conflit israélo-palestinien. Concernant le conflit israélo-libanais, il faut aujourd’hui agir et agir rapidement sur le plan politique. Ne rien faire aujourd’hui, c’est non seulement impossible, mais c’est injustifiable. Rester les bras croisés, ce n’est pas courageux. Le courage politique nous commande d’agir, en particulier de demander la cessation des hostilités le plus rapidement possible et de mettre en place les conditions politiques d’un cessez-le-feu. C’est le discours de la paix, le discours de la démocratie. C’est ce discours là que je tiendrai mercredi à Rome, et c’est ce discours que nous tiendrons au Conseil de sécurité des Nations unies que nous présidons durant le mois de juillet.

Q - Quels sont les moyens de la France pour imposer une force internationale au Liban et pour imposer un cessez-le-feu ?

R - Durant le tour que je viens de faire au Proche-Orient, j’ai entendu, j’ai écouté, j’ai même reçu des propositions à Beyrouth, au Caire, à Amman et je suis venu aujourd’hui en parler avec le Premier ministre israélien, et mon homologue, la ministre israélienne des Affaires étrangères. C’est en fonction de ce qu’ils me diront de ces propositions que je pourrais dire à ceux qui me les ont faites la réponse israélienne. C’est en parlant aux uns et aux autres, en allant et venant que la France fera ce travail là, ce travail politique, diplomatique. Car le moment est à la diplomatie, et ont doit arrêter le moment militaire.

Q - La France est-elle prête aujourd’hui à participer à une éventuelle force internationale dans le Sud Liban ?

R - Il faut que nous trouvions les conditions politiques d’un cessez-le-feu. Dans ces conditions, il y a d’un côté, l’arrêt des hostilités. De l’autre en effet, la mise en place au Sud‑Liban, de l’armée libanaise qui doit se déployer. Pour cela, certains parlent d’une force internationale. Encore faut-il qu’elle soit bien évidemment demandée en plein accord avec le gouvernement libanais ; qu’elle soit là pour augmenter la souveraineté, la liberté, l’indépendance du gouvernement libanais sans lequel il ne peut y avoir d’aide internationale. Donc, vous comprenez bien que s’il n’y pas de cessez-le-feu, il ne peut pas y avoir des forces armées étrangères qui viennent contre n’importe quel gouvernement ou n’importe quel Etat faire irruption ou ingérence./.

Source
France (ministère des Affaires étrangères)