Lettre de Jacques Chirac au président de la Commission européenne à propos du Liban

Monsieur le Président,

Cher José-Manuel,

La situation humanitaire au Liban, déjà très préoccupante, ne cesse de se dégrader avec l’accroissement continu du nombre des victimes, des personnes déplacées et la poursuite de la destruction des infrastructures indispensables au bon fonctionnement du pays. Les conditions dans lesquelles vivent les Libanais sont chaque jour de plus en plus dramatiques.

Le Liban a lancé un appel à la communauté internationale. La France s’est pleinement engagée à y répondre et a d’ores et déjà pris les mesures nécessaires pour satisfaire les premières demandes des autorités libanaises. L’Union européenne doit également apporter une aide humanitaire et contribuer à alléger la grande souffrance de la population au Liban. Il y a urgence pour éviter une catastrophe humanitaire.

La France est reconnaissante à la Commission d’avoir d’ores et déjà prévu une première tranche d’aide humanitaire de 10 millions d’euros, pour les besoins les plus pressants. Des mesures de plus grande ampleur seront sans nul doute nécessaires pour faire face aux besoins vitaux qui ne cessent de croître. Il faut se préparer à une aide de longue durée.

La France est prête à mettre à la disposition de la Commission ses moyens d’acheminement pour la délivrance de cette aide sur place, afin d’accélérer sa distribution à ses bénéficiaires.

J’ai proposé l’établissement de corridors humanitaires à l’intérieur du Liban, de façon notamment à permettre l’évacuation des populations civiles hors de la zone des combats et la circulation des personnes déplacées, ainsi qu’entre le Liban et l’extérieur (en particulier Chypre), pour faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire vers le Liban. La France est disposée, dans le cadre de l’effort européen en la matière, à travailler à la définition et la sécurisation de ces corridors.

Je vous serais reconnaissant de considérer positivement ces propositions et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma haute considération.

Avec ma bien cordiale amitié./.