Monsieur le Président,
Enfin le Conseil de sécurité des Nations unies décide l’arrêt de la guerre au Liban et en Israël. Enfin il est mis fin aux destructions, aux centaines de milliers de déplacés de part et d’autre de la frontière, à une situation économique et humanitaire chaque jour de plus en plus dramatique. La communauté internationale prend aujourd’hui ses responsabilités, nous prenons nos responsabilités. Certes, le temps de la négociation a semblé repousser aux yeux de certains le temps de la décision. Mais, pour la France et pour l’ensemble du Conseil de sécurité, il s’agissait d’aboutir à une solution globale et politique de long terme.
La France, depuis le début du conflit, a appelé à une cessation immédiate des hostilités, à une levée du blocus imposé aux portes et aéroports libanais, au retour des civils déplacés.
Nous devons ensuite créer les conditions d’une sortie de crise permettant, très vite, de parvenir à un cessez-le-feu durable. Il en va de la stabilité et de l’équilibre du Liban et d’Israël, mais aussi de la région dans son ensemble.
Le règlement auquel nous avons travaillé doit, le président de la République française l’a rappelé, respecter une double exigence : permettre le rétablissement de la souveraineté du Liban sur la totalité de son territoire ; garantir le droit d’Israël à la sécurité.
La France a pris une part très active dans la recherche d’une solution. La France est lié au Liban par des liens historiques et culturels profonds, mais aussi par des relations fortes et continues avec les pays de la région. Elle est également très attachée à la souveraineté et à l’indépendance de ce pays. C’est fort de cette exigence et fort des liens étroits tissés avec l’ensemble des acteurs, que la France tient à réaffirmer le droit d’Israël à la sécurité.
C’est dans cette perspective aussi, et dans cet esprit, que la France a travaillé, de façon intensive, à l’élaboration d’un projet de résolution qui prenne en compte l’ensemble de ces éléments.
Des éléments décisifs sont intervenus qui ont permis le résultat présent. Le Conseil des ministres libanais a annoncé son intention de déployer son armée au Sud-Liban, avec l’appui de la FINUL. La France a salué cette initiative qu’elle considère comme un événement majeur, c’est un tournant historique pour ce pays. Or, le déploiement de l’armée libanaise constitue un élément essentiel de la restauration de la souveraineté et de l’autorité du Liban sur l’ensemble de son territoire. Cette décision par ailleurs à une demande récurrente de la communauté internationale, figurant dans de nombreuses résolutions. Nous avions le devoir de respecter cette décision. Il était de notre responsabilité d’en prendre acte.
Le Liban et Israël nous ont soumis, l’un et l’autre, certaines demandes. Ils nous ont fait part de certaines attentes. La France les a entendus, la communauté internationale y a répondu. C’est le sens de cette résolution. Cela nous paraît la meilleure garantie d’un cessez‑le-feu durable et d’une solution à long terme.
L’essentiel, dans un premier temps, est d’obtenir une cessation des hostilités, mais aussi l’enclenchement immédiat d’un processus qui verra le déploiement de l’armée libanaise au Sud, avec l’aide d’une FINUL renforcée. Cela se fera de façon concomitante avec le retrait graduel, progressif, de l’armée israélienne au Sud de la Ligne bleue.
Il est également indispensable d’amorcer un règlement des questions frontalières, et en particulier des fermes de Chebaa. Cette question est au cœur du conflit. Pour la première fois cette résolution engage un processus, sous l’égide du Secrétaire général, pour traiter de cette question. Le Conseil de sécurité a cet égard a pris dûment note du plan en sept points M. Siniora.
Enfin, nous avons souhaité fixer, dès à présent, les principes et éléments d’un cessez-le-feu durable et d’une solution politique d’ensemble.
Par cette résolution, le Conseil de sécurité répond à la demande des autorités libanaises de renforcer la FINUL, en proposant de lui adjoindre jusqu’à 15.000 hommes. Il s’agit là d’une décision historique, que je tiens à saluer.
Je souhaite à cette occasion rendre solennellement hommage aux personnels des Nations unies au Liban, qui ont fait preuve d’abnégation et de courage dans cette crise, et dont certains ont malheureusement payé de leur vie leur dévouement à la cause de la paix.
Je tiens ici à préciser que le mandat dont le Conseil de sécurité dote la FINUL n’est pas un mandat d’imposition de la paix. La FINUL assistera le gouvernement libanais dans plusieurs de ses missions : déploiement de son armée au Sud, assistance humanitaire aux populations, aide au retour des déplacés. Elle sera également chargée de surveiller la cessation des hostilités puis d’observer le respect par les parties du cessez-le-feu permanent et de la Ligne bleue.
Nous appelons toutes les parties à respecter strictement les personnels, équipements et enceintes des Nations unies, dont la sécurité doit être assurée en toutes circonstances.
La France estime enfin indispensable que de nombreux pays puissent répondre favorablement et rapidement à la demande des autorités libanaises, en contribuant au renforcement de la FINUL.
La France, qui est déjà présente au sein de la FINUL, examinera, avec ses partenaires européens, l’éventuel soutien supplémentaire qu’elle sera en mesure d’apporter à cette force.
Je souhaite qu’aujourd’hui soit le premier jour de la restauration de la paix et de la stabilité au Proche-Orient. Ce que le Conseil de sécurité offre aujourd’hui au Liban, il importe que la communauté internationale l’offre demain au peuple palestinien. Il en va de la vie et de l’espoir de millions de personnes qui comptent sur nous. Il en va aussi de l’avenir de toute une région qui a trop souffert et qui doit renouer avec la paix.
Le message de la communauté internationale est clair : il s’agit de sortir d’une culture de haine, de défiance, de rejet pour passer à une culture de confiance, d’écoute et de dialogue.
Je vous remercie./.
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