De multiples milieux médiatiques arabes se sont interrogés sur les raisons de la virulente campagne menée par des journalistes et des analystes saoudiens contre l’alliance syro-iranienne, à un moment où l’Arabie saoudite déploie de sérieux efforts pour améliorer ses relations avec l’Iran et alors que la presse et des milieux politiques arabes se félicitent de ce qu’ils appellent une initiative saoudo-iranienne autour du Liban. Pourquoi est-il permis à l’Arabie de nouer des relations qui sont interdites à la Syrie ?
Selon des observateurs arabes, cette campagne reflète l’amertume de certains milieux saoudiens après l’échec de toutes les tentatives visant à isoler politiquement la Syrie, dans laquelle de hauts responsables saoudiens ont joué des rôles déterminants en visitant personnellement des capitales européennes, dont Paris et Madrid , pour les convaincre de ne pas renouer le dialogue avec les autorités syriennes.
Le montage états-unien projetait de miner les relations entre Damas et Téhéran en proposant une sorte de partenariat entre l’Arabie saoudite et l’Iran dans les dossiers irakien et libanais, en écartant la Syrie. Le timing de la visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à Damas, prouve l’échec de ce plan US. Cette visite illustre la solidité de l’alliance syro-iranienne face à toutes les pressions et tous les complots ourdis par les États-Unis et leurs alliés arabes.
Dans ce contexte, une source politique irakienne affirme que les tentatives de l’Arabie saoudite de se trouver une base d’influence en Irak ont échoué après que la plupart des forces et courants sunnites aient affirmé leur attachement à leurs relations avec la Syrie pour des raisons politiques, sociales (liens de parenté entre les tribus des deux pays) et idéologiques.
Cette même source s’étonnent des écrits de certains journalistes et analystes saoudiens selon lesquels Damas serait impliqué dans les actions terroristes en Irak, alors que toutes les informations concordent pour souligner que le financement et les facilités logistiques dont bénéficient de nombreux groupes terroristes irakiens proviennent de dons collectés dans le royaume wahhabite. D’autres groupes jouissent, eux, d’une attention particulière de la part de certains milieux du régime saoudien qui sont conscients, pourtant, du danger que représente cette mouvance active en Irak, en Syrie et au Liban.

Presse et agences arabes internationales

• La presse arabe et internationale a accordé une attention particulière à la visite à Damas du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui visait, selon de nombreux journaux, à montrer que l’alliance entre les deux pays est très difficile à briser. Les analyses ont souligné que cette visite intervient à un moment où des tentatives ont eu lieu pour attirer la Syrie dans le camp dit des « modérés ». Lors de son entretien avec le président Bachar al-Assad, Ahmadinejad a déclaré que les « deux États forment un front uni et solide face aux ennemis communs ». Le chef de l’État iranien a tourné en dérision les analyses qui évoquent « un été chaud » au Moyen-Orient. « Pour nous, a-t-il dit, l’été sera chaud grâce aux victoires successives que les peuples de la région enregistrent alors que les ennemis essuient défaite sur défaite ». Ahmadinejad a qualifié sa visite en Syrie d’« extrêmement importante », soulignant que les relations bilatérales sont « excellentes et se basent sur le respect mutuel et sur des approches conjointes des dossiers de la région ».
Les agences de presse ont rapporté que le président Assad a indiqué que les entretiens avec son hôte iranien ont porté sur les développements en Irak, qualifiés de prioritaires, ainsi que l’évolution de la situation en Palestine. Sur ce plan, M. Assad a précisé que les entretiens ont porté sur les moyens de relancer le dialogue entre les différentes parties libanaises. Concernant le Liban, les deux dirigeants ont insisté sur la nécessité de préserver la stabilité dans le pays.

• La presse arabe a cité un officier supérieur israélien selon lequel une vaste opération militaire préparée contre la Bande de Gaza n’attend plus que l’heure H. Un autre responsable militaire israélien accuse le Mouvement Hamas d’introduire à Gaza de grandes quantités d’armes sophistiquées.
Sur un autre plan, les journaux rapportent que les États-Unis insistent pour que le dossier de processus de paix au Moyen-Orient soit sous leur contrôle total, de même que l’ancien Premier ministre Tony Blair, nommé coordinateur du Quartette international. Dans ce cadre, la secrétaire d’État, Condoleezza Rice, a rejeté la demande de certains pays européens d’élargir les compétences de Tony Blair
Par ailleurs, le Hamas a menacé de faire échouer les élections législatives anticipées convoquées par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

• Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré que la conférence de paix pour le Moyen-Orient à laquelle a appelé le président George Bush pourrait être organisée en septembre prochain à New York, en marge de la réunion du secrétariat général des Nations unies. Le ministre a espéré que cette conférence contribuera à relancer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Il a indiqué que la secrétaire d’État Condoleezza Rice examinera l’ordre du jour de la conférence avec les ministres arabes des Affaires étrangères lors de sa visite dans la région le 31 juillet.

• À l’issue d’un entretien au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et l’émissaire français pour le Liban, Jean-Claude Cousseran, ont indiqué qu’il était temps d’aider les Libanais à réactiver le dialogue et à renforcer la confiance. Les deux hommes ont convenu de poursuivre la coordination et les contacts autour du dossier libanais. Après la rencontre , M. Cousseran a mis l’accent sur la nécessité d’apporter des solutions aux Libanais pour les aider à relancer le dialogue ». Il a ajouté que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, visitera le Liban à la fin de ce mois dans le cadre de la démarche française visant à régler la crise libanaise.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Citant des sources des services de renseignements israéliens, la correspondante du journal à Jérusalem rapporte que le Hezbollah a installé au cœur de Beyrouth 250 missiles de moyenne portée de type Fajr-5, dans le cadre de ses préparatifs visant à faire face à une éventuelle offensive israélienne. La portée de ce missile est de 45 kilomètres. Le Hezbollah a également installé des missiles Hasseb d’une portée de 10 kms, Aokab (30 kms) et Chahine (15-20 kms). Ces sources citées par la journalistes estiment que ces faits montrent à quel point la situation est délicate et risque d’exploser à n’importe quel moment. Le journal donne trois explications à la décision du Hezbollah d’installer ces missiles à Beyrouth :
1) Le parti pense que l’aviation israélienne ne pourra pas détruire les rampes de lancement car elles se trouvent dans des zones résidentielles.
2) Cette mesure est destinée à contrer un débarquement israélien visant à couper le Liban-Sud du reste du pays.
3) Ces missiles installés à Beyrouth pourraient être utilisés dans le cas d’une guerre civile libanaise.

NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
La Russie a riposté à l’expulsion par la Grande-Bretagne de huit de ses diplomates à travers une mesure ciblée qui consiste à expulser quatre diplomates britanniques et à suspendre la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme. Cité par l’agence, le président russe Vladimir Poutine a déclaré : « Je crois que les relations entre la Russie et le Royaume-Uni vont se développer d’une manière naturelle, car les deux parties le souhaitent ». Il a ajouté qu’« il est important de mesurer les agissements de chacune des deux parties d’une manière logique et de respecter les intérêts légitimes du partenaire, pour surmonter cette petite crise ».

Talks shows audiovisuels arabes

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Principal journal du soir
Invité : Mahmoud Zahhar, haut responsable du Hamas (Gaza)
Le président Mahmoud Abbas incite les ennemis à frapper le peuple palestinien. Cela est inadmissible.
Le Hamas fera échouer les élections législatives anticipées au cas où M. Abbas insiste à organiser ce scrutin illégal.

tendances et évènements au Liban

Les milieux politiques libanais observent avec attention et assiduité l’activité régionale liée d’une manière ou une autre au dossier libanais, comme la visite à Damas du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et celle de l’émissaire français, Jean-Claude Cousseran, au Caire.
Pendant ce temps au Liban, le Bloc tripolitain (quatre députés initialement membres du 14-mars) a été victime d’une campagne de dénigrement de ses anciens alliés après qu’il eut annoncé, à la rencontre interlibanaise de La Celle Saint-Cloud, qu’il ne participera pas à une séance d’élection du prochain président de la République si le quorum des deux tiers n’est pas atteint. En parallèle, le patriarcat maronite (au Liban, le chef de l’État est toujours un maronite) a définitivement tranché sa position en faveur du quorum des deux tiers qui n’a jamais failli depuis l’indépendance du pays, en 1943. Il faut rappeler que le 14-mars qui ne possède que 67 députés au Parlement (Sur 128) avant la défection du Bloc tripolitain, avait clairement annoncé qu’il élirait un président issu de ses rangs avec la moitié plus un des députés, en violation des dispositions de la Constitution.
Dans ce contexte, l’opinion publique libanaise a très mal pris les propos de l’ambassadeur des États-Unis Jeffrey Feltman qui a appelé, lors d’une interview jeudi, à la tenue d’une séance d’élection présidentielle quel que soit le nombre de députés présents si le quorum des deux tiers n’est pas disponible. Plus grave encore, M. Feltman a proféré des menaces à peine voilées à ceux qui enfreindraient ses instructions. Ces propos ont été interprétés comme une mesure d’intimidation à l’encontre d’autres députés du 14-mars qui projettent de quitter les rangs de cette coalition.
Selon des sources bien informées, les rapports parvenus à l’ambassade US à Beyrouth affirment que la position du Bloc tripolitain pourrait faire boule de neige et qu’un grand nombre de députés pourraient choisir une position centriste, ce qui bouleverserait d’une manière drastique les rapports de force au Parlement et compromettrait sérieusement les plans sur lesquels travaillent les États-uniens depuis plus de deux ans.

talks shows audiovisuels libanais

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Emission : Tout le monde en parle
 Invité : Mohamed Habache, député syrien du renouveau religieux (Damas)
Les relations syro-iraniennes sont solides et plus anciennes que la révolution islamique, en 1979.
C’est absurde d’accuser la Syrie de soutenir des groupes intégristes sunnites alors que tout le monde sait que nous avons été les premières victimes de ces extrémistes. D’ailleurs, ils sont en grande partie Saoudiens.
 Invité : Nouhad Machnouk, journaliste libanais proche du 14-mars (Beyrouth)
La visite de Mahmoud Ahmadinejad en Syrie vise à affirmer la solidité des relations bilatérales et l’alliance stratégique entre les deux pays.
Quatorze membres de Fatah al-Islam sont entrés au Liban par l’aéroport de Beyrouth. Les autres sont venus de Syrie, bien qu’ils soient en majorité Saoudiens et ressortissants d’autres pays du Golfe.

Informations relatives au Liban

• Les journaux libanais ont rapporté que le président de la Commission internationale chargé d’enquêter sur l’assassinat de Rafic Hariri, Serge Brammertz, a exposé devant les membres du Conseil de sécurité les conclusions de son cinquième rapport d’étape.
Le juge belge a affirmé que sa commission a déterminé avec précision la quantité et le type d’explosif utilisé dans l’attentat du 14 février 2005. Il s’agit de 1800 kilogrammes d’un mélange de TNT, RDX, PTNE. Il a affirmé que le kamikaze qui a actionné la charge n’était pas Libanais, et qu’il était venu au Liban trois mois seulement avant l’attentat. Les enquêteurs ont déterminé le type de détonateur utilisé. Il a aussi révélé que des recherches et des analyses sont en cours pour identifier les personnes qui auraient acheté la camionnette Mitsubitshi qui a sauté au passage du convoi de Rafic Hariri. Ce véhicule, volé au Japon en octobre 2004, a été acheminé aux Émirats arabes unis par voie de mer puis vers le port de Tripoli, au Liban-Nord.

• Les journaux libanais ont rapporté que le deuxième groupe des forces sud-coréenne participant à la Finul est arrivé jeudi à Beyrouth via l’aéroport international. 288 militaires iront rejoindre les 60 autres arrivés il y a quelques jours. La Finul au Liban-Sud compte 13000 hommes.

AD-DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
L’intérêt régional et international continu pour le Liban vise à régler la crise avant l’échéance présidentielle, surtout que la polémique sur le quorum de la séance d’élection s’envenime de plus en plus. L’émissaire français Jean-Claude Cousseran poursuit sa tournée arabe pour informer les dirigeants de ces pays des résultats de la rencontre de La Celle Saint-Cloud et de ses entretiens à Damas.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
Le correspondant du journal au Liban-Nord a indiqué que les poches où sont encore retranchés les miliciens de Fatah al-Islam dans le camp de Nahr al-Bared sont en fait des souterrains fortifiées qui nécessitent beaucoup de précision de la part de l’armée libanaise. De plus, la plupart des miliciens portent des ceintures d’explosifs.
Pendant ce temps, de violents combats ont eu lieu entre l’armée et les miliciens qui ont tiré, jeudi, 23 roquettes de type katioucha vers les villages du Liban-Nord. L’artillerie de la troupe a riposté.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.