Les regards des journalistes, analystes et hommes politiques étaient rivés sur Washington, d’où le chef de la coalition au pouvoir au Liban, Saad Hariri, a déclaré qu’il souhaitait l’élection d’un président issu des rangs du 14-mars. George Bush a pour sa part affirmé que son pays appuyait l’élection d’un président « libre et indépendantiste », niant son intention de lancer une guerre contre l’Iran et se présentant comme un homme de paix.
Tendances et événements au Proche-Orient
Les articles de presse parus à Jérusalem, Amman et Ramallah, ont présenté des évaluations contradictoires du sommet entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert.
De nombreux analystes ont estimé que cette réunion était une déception pour ceux qui misent sur les dissensions inter-palestiniennes et qui plaident en faveur d’un alignement total de Mahmoud Abbas sur le camp des « modérés » arabes. Les discussions ont en effet buté sur l’intransigeance d’Israël qui s’est refusé à présenter le moindre engagement ou calendrier, se contentant d’une promesse d’une « déclaration de principe » qui sera publiée à l’occasion de la Conférence sur le Moyen-Orient convoquée par George Bush. D’autres documents suivront et viendront s’ajouter aux volumineuses archives des négociations israélo-palestinienne post-Oslo, qui n’ont jamais donné de suite.
Pour sa part, Mahmoud Abbas s’est dit optimiste sur les résultats des entretiens lors d’un entretien avec le roi de Jordanie, Abdallah II. Mais des sources jordaniennes affirment que Abbas a accepté, lors de ses pourparlers avec Olmert, de renoncer au droit au retour des réfugiés palestiniens, et ne s’est pas opposé à la division de la Cisjordanie en régions séparées les unes des autres. Ces données ont fait remonter à la surface de vieilles appréhensions jordaniennes de voir le royaume hachémite submergé par une nouvelle vague d’exode qui renforcerait le poids démographique des Palestiniens et augmenterait l’influence politique des mouvements radicaux. La Jordanie craint ainsi de faire les frais d’un éventuel accord israélo-palestinien.
Presse et agences internationales
• La secrétaire d’État Condoleezza Rice se rendra en Israël, dans les Territoires palestiniens, en Égypte et en Jordanie du 14 au 18 octobre pour préparer la conférence de paix prévue aux États-Unis cet automne, a déclaré le porte-parole du département d’État, Sean McCormack.
Mme Rice, qui quittera Washington le 11 octobre, se rendra dans un premier temps à Moscou, où elle rejoindra le secrétaire à la Défense Robert Gates pour des discussions avec leurs homologues russes concernant la défense antimissile.
Mme Rice ira ensuite à Tel-Aviv, Jérusalem et Ramallah pour des discussions portant sur la création d’un État palestinien, puis en Égypte et en Jordanie pour discuter du processus de paix dans son ensemble, a indiqué M. McCormack.
« Elle rencontrera les dirigeants israéliens et ceux de l’Autorité palestinienne afin de soutenir les efforts en cours pour poser les bases de négociations sérieuses en vue de l’établissement d’un État palestinien dès que possible, a-t-il dit. La secrétaire d’Etat soutient ces efforts et se tient prête à aider les parties » dans leurs travail commun en vue de cet objectif », a-t-il ajouté.
« Nous attendons avec impatience la tenue du sommet international cet automne sur les principaux enjeux » de la paix au Proche-Orient, « qui, nous l’espérons, sera solide et sérieux », a dit M. McCormack.
NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Dix sept personnes ont été tuées et 24 blessées lors de la fusillade sanglante impliquant l’entreprise de sécurité américaine Blackwater le 16 septembre à Bagdad.
Ce bilan publié au lendemain de l’audition du PDG de la firme devant une commission du Congrès, est en nette augmentation par rapport aux dix morts annoncés initialement par les hôpitaux de Bagdad.
Des témoins, des enquêteurs irakiens et des responsables états-uniens ont établi ce nouveau bilan de cet incident qui a provoqué colère et indignation côté irakien.
L’incident a débuté lorsqu’un garde de Blackwater a ouvert le feu sur la voiture d’un médecin d’un hôpital qui accompagnait sa mère pour faire des courses, le tuant sur le coup.
La voiture ayant continué à rouler vers les gardes de la compagnie de sécurité, ceux-ci ont tiré en tous sens, tuant la mère du médecin et atteignant de nombreux Irakiens qui prenaient la fuite.
Peu après la fin de la fusillade, les gardes ont à nouveau ouvert le feu à quelques centaines de mètres du lieu du premier incident. Ce deuxième incident n’avait pas été rapporté jusqu’à présent.
Une enquête sur cette fusillade est menée par le département d’État avec le soutien de l’armée US, une deuxième par une commission américano-irakienne, une troisième a été demandée directement par la secrétaire d’État Condoleezza Rice et une quatrième par le secrétaire à la Défense Robert Gates.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a réclamé le départ de la société mise en cause, mais aucune mesure concrète n’a été prise contre Blackwater qui a depuis repris ses activités. `
Erik Prince, le jeune PDG de Blackwater, a été entendu mardi au Congrès par une commission de parlementaires —démocrates et républicains—, pour répondre des agissements de ses agents en Irak.
Blackwater est impliquée dans près de 200 incidents de tirs Irak depuis 2005, selon un rapport du Congrès publié à la veille de cette audition.
• Depuis 2005, un document émanant du ministère états-unien de la Justice autorise et justifie l’utilisation simultanée de techniques violentes et traumatisantes pour interroger les détenus de la « guerre contre le terrorisme ».
Selon le quotidien, qui cite des responsables passés et présents du ministère s’exprimant pour la plupart sous couvert d’anonymat, le document a été établi en décembre 2005, quand le Congrès a adopté une loi interdisant les traitements « cruels, inhumains ou dégradants ».
Élaboré par le service juridique du ministère, le document assure que la loi n’empêche pas de gifler un détenu, de le soumettre à des températures extrêmes ou à un simulacre de noyade, même de manière simultanée.
Interrogée jeudi matin sur le sujet, la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, a répété que les États-Unis ne pratiquaient pas la torture. Sans démentir l’existence du document en question, elle n’a fait aucun commentaire sur son contenu.
En 2004, l’administration Bush avait dû abandonner un premier document, élaboré deux ans plus tôt par le même service juridique du ministère de la Justice, qui stipulait qu’aucune technique d’interrogatoire n’était interdite tant qu’elle ne provoquait pas une douleur physique extrême.
Le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui coordonne la défense de centaines de détenus de Guantanamo, parmi lesquels certains sont passés par les prisons secrètes de la CIA, a exigé jeudi dans un communiqué que le futur ministre de la Justice, Michael Mukasey, s’engage à mettre fin à cette politique et à transmettre au Congrès tous les documents la concernant.
• Le président George W. Bush a invoqué l’exemple nord-coréen pour envisager la possibilité de discussions directes avec l’Iran, mais à condition que Téhéran commence par suspendre ses activités nucléaires les plus sensibles.
M. Bush a souligné que les dossiers nucléaires nord-coréen et iranien réclamaient un traitement distinct, mais a dit à Lancaster (Pennsylvanie, est) que les États-Unis avaient accepté de s’asseoir à la table de négociations avec la Corée du Nord et qu’ils pourraient le faire, sous certaines conditions, avec l’Iran.
Il s’exprimait au moment précis où les progrès vers la dénucléarisation de la Corée du Nord paraissent justifier sa décision de participer à des négociations multilatérales à six avec le régime communiste. Au contraire, l’Iran, avec lequel les États-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, continue à refuser de suspendre l’enrichissement d’uranium, malgré les sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’Onu et la menace de nouvelles mesures de rétorsion internationales.
La Corée du Nord est devenue en 2006 une puissance nucléaire militaire en procédant à son premier essai. L’Iran assure de son côté que son programme nucléaire est purement civil, ce que les États-Unis et d’autres refusent de croire. Les deux pays sont des tenants de « l’axe du mal » dénoncé en 2002 par M. Bush.
« Chaque cas est différent », a dit M. Bush, « et si votre question, c’est : ‘est-ce que vous prendrez place un jour à la même table de discussions qu’eux ?’ (les Iraniens), nous avons prouvé que nous le ferions avec la Corée du Nord, la réponse est : oui, pour autant que nous parvenions à quelque chose, pour autant que nous puissions atteindre notre objectif ».
M. Bush a rappelé que les États-Unis avaient offert en 2006 à l’Iran de participer à des discussions multilatérales, à condition que la République islamique commence par suspendre l’enrichissement d’uranium.
M. Bush établissait le parallèle entre l’Iran et la Corée du Nord au moment où cette dernière, poursuivant un processus engagé en février, s’engageait à démanteler les installations de son principal site nucléaire et à fournir un inventaire atomique complet d’ici à la fin de l’année.
George Bush a répété sa volonté de résoudre la crise avec l’Iran par la diplomatie, au moment où le durcissement des tensions fait craindre une confrontation militaire.
INTERNATIONAL HERALD TRIBUNE (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Six ans après l’enfer du 11-septembre, le sentiment de haine à l’égard des États-Unis a augmenté. Cela est dû, en partie, aux politiques arrogantes de la guerre déclarée par George Bush au terrorisme. Mais il est nécessaire que la chasse aux terroristes se poursuive, à travers une plus grande coopération internationale. Cette lutte ne peut être efficace que si les pays qui y sont engagés se souviennent que l’ennemi n’est pas nécessairement un groupe ou une seule idéologie. L’ennemi peut apparaître n’importe où. Et la haine qu’il alimente doit être combattue aux racines.
Tendances et événements au Liban
Analystes, journalistes et hommes politiques se sont efforcés de décrypter les déclarations du président George Bush après son entretien, jeudi à Washington, avec le chef de la coalition au pouvoir au Liban, Saad Hariri.
Dans leur dimension régionale, les propos de Bush ont provoqué une forte déception parmi le camp du 14-mars. Celui-ci misait énormément sur une guerre états-unienne contre l’Iran, qui s’accompagnerait d’une attaque israélienne contre le Liban et la Syrie, laquelle modifierait radicalement en sa faveur les rapports de forces sur la scène libanaise. Pendant de longs mois, les formations du 14-mars ont mobilisé leurs partisans autour de cette éventualité. Elles y voyaient un moyen d’en finir, une fois pour toute, avec l’opposition, même si cela se faisait à travers Israël et les États-Unis.
Dans sa déclaration, George Bush a affirmé que toutes ces informations sur une prochaine guerre contre l’Iran font partie d’une campagne médiatique dirigée contre lui pour le présenter en homme belliqueux, alors que lui se donne l’image d’un homme de paix.
Lors de ses entretiens avec le maître de la Maison-Blanche et d’autres responsables de son administration, Saad Hariri a essayé de les convaincre d’appuyer la candidature du député Robert Ghanem à la présidence de la République. Ses interlocuteurs ont tenu à ne pas entrer dans les détails. Mais Saad Hariri, dans ses déclarations, a exclu la catégorie des candidats consensuels pour réaffirmer son attachement à l’élection d’une personnalité issue des rangs du 14-mars. Ces propos sont en contradiction avec le climat qu’il a véhiculé à Beyrouth après ses rencontres avec le président du Parlement Nabih Berri, visant à s’entendre sur un candidat de compromis entre le pouvoir et l’opposition.
Saad Hariri et George Bush ont tous deux multiplié les déclarations hostiles à la Syrie, un prélude à l’internationalisation de l’échéance présidentielle libanaise.
Presse libanaise
L’actualité politique libanaise s’est articulée autour de deux grands dossiers : l’élection présidentielle à la lumière de la visite de Saad Hariri à Washington, et l’affaire du réarmement des partis politiques prise comme prétexte pour la poursuite de l’arrestation de partisans du général Michel Aoun.
AD DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
La crise du réarmement a provoqué de violentes joutes verbales entre le Courant patriotique libre (CPL du général Michel Aoun) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, contrôlées par le 14-mars). Le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, a affirmé qu’il ne permettrait pas à Michel Aoun de saper la sécurité dans le pays. Il l’a mis au défi de prouver que les photos publiées par les FSI, montrant des partisans du CPL à l’entraînement, sont anciennes. Le CPL a riposté en affirmant que le service de renseignement des FSI n’est qu’une milice à la solde du Courant du futur de Saad Hariri.
AL AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Saad Hariri a-t-il réussi à convaincre George Bush d’appuyer la candidature de Robert Ghanem à la présidence ? La fumée blanche n’est pas sortie, jeudi, de la Maison-Blanche. Bien que rares, les informations en provenance de Washington montrent que l’administration états-unienne soutient l’élection d’une personnalité issue des rangs du 14-mars.
Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours, ce vendredi, à l’occasion de la journée al-Qods. Il évoquera des dossiers aussi bien régionaux que locaux.
Audiovisuel libanais
OTV (CHAINE DU CPL DU GENERAL MICHEL AOUN-OPPOSITION)
Les vents de la répression qui soufflaient à l’époque de l’ère syrienne sévissent de nouveau. Une nouvelle campagne d’arrestation de militants du CPL a eu lieu, prenant pour prétexte des accusations sans fondements juridiques. Cette affaire nous rappelle les interpellations qui ont lieu dans le village de Jaje (région de Jbeil, ndlr), dimanche, sous prétexte d’entraînements. Il est très vite apparu que ces accusations étaient fausses. Les députés du CPL ont mis en garde contre des agissements qui rappellent en tout point les exactions commises lors de l’ère de la tutelle.
LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Émission : Les gens en parlent
– Invité : Georges Adwane, député des Forces libanaises (14-mars)
Les Forces libanaises ne procèdent pas et ne procèderont pas à des entraînements militaires. L’armement provient du Hezbollah ou via la frontière avec la Syrie. Le 14-mars ne peut pas s’armer ni par le biais de la Syrie ni par voie de mer. L’aéroport, lui, est contrôlé par la Sûreté générale, un service hostile au 14-mars.
– Invité : Ibrahim Kanaan, député du CPL
Toutes les accusations lancées contre le CPL sont dénuées de fondement. L’affaire de Jaje a été montée de toute pièce, comme il est apparu par la suite. Et les raisons invoquées pour les arrestations de mercredi et jeudi sont fausses. Le service de renseignement des FSI est, de toute façon, illégal.
– Invité : Hassan Sabeh, ministre de l’Intérieur (14-mars)
Les arrestations qui ont lieu se font conformément à des mandats émis par les instances judiciaires compétentes.
Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter