La Politique agricole 2011 touche l’agriculture indigène au vif. Les spécialistes de l’économie agricole veulent que les petites et moyennes exploitations familiales ou disparaissent ou s’intègrent dans des grandes exploitations. L’orientation de la nouvelle politique agricole vise à l’industrialisation, comme le souhaitent les organisations économiques et les partis politiques qui cèdent à la folie de la libéralisation. Dans le paysage politique actuel, il n’est guère étonnant que le Conseil fédéral et le Parlement ne tiennent pas compte des intérêts de la population et de la mission constitutionnelle de l’agriculture en se soumettant au libéralisme économique mondial et à l’hystérie de la croissance. Mais ce qui est plus difficile à comprendre, c’est le comportement des représentants des paysans. L’Union suisse des paysans (USP) et l’Association pour la défense des petits et moyens paysans (VKMB) devraient en principe être en tête de ceux qui défendent le référendum contre la nouvelle loi sur l’agriculture, avec d’autres organisations agricoles ou de protection des animaux et de la nature.
Liens étroits entre l’Union suisse des paysans et la politique de Berne
« C’est une caractéristique de la politique agricole suisse – et de la politique économique en général – que les activités de l’Etat et des organisations soient étroitement liées, pas seulement parce que ce sont souvent les mêmes personnes, mais aussi parce que les organisations se chargent souvent expressément de la mise en œuvre des mesures prises par l’Etat. [1] ».
L’Etat et les organisations profitent de cet « accord tacite », « […] parce que les mesures impopulaires sont mieux acceptées par la base si ce sont les organisations qui les appliquent. Et elles profitent de ce qu’elles intègrent mieux leurs membres dans le processus de mise en pratique de la politique agricole et qu’elles assurent leur financement par la perception de cotisations obligatoires ‹volontaires›. » [2].
Cela étant, il faut supposer que les unions paysannes ont perdu leur indépendance et leur faculté de défendre les intérêts de leurs membres. Les paysans libres ont besoin d’unions paysannes libres. C’est la seule manière d’assurer à Berne la défense légitime et durable des intérêts des agriculteurs. La Politique agricole 2011 continue d’être développée lors de discussions préliminaires. La composition de la commission compétente ne laisse aucun doute. La prochaine étape accélérera encore davantage la disparition des exploitations familiales et continuera de compromettre la souveraineté alimentaire de notre pays. Il faut aujourd’hui de nouvelles alliances indépendantes qui s’engagent à donner aux agriculteurs un avenir réel et à assurer à la population suisse une alimentation naturelle, saine et sans OGM.
Une initiative citoyenne efficace
En Suisse, il y a beaucoup d’organisations qui s’engagent (ou devraient s’engager) en faveur du maintien et du développement de l’approvisionnement alimentaire de base du pays. Outre l’USP et le VKMB mentionnés ci-dessus, on peut certainement citer Bio Suisse, IP Suisse, Kagfreiland, le WWF, Pro Natura, les associations de défense des consommateurs, etc. Si toutes ces organisations collaboraient pour défendre l’idée d’une « garantie de la souveraineté alimentaire, promouvoir la « production de produits naturels », qu’elles s’engageaient en faveur d’une politique agricole qui remplisse la mission constitutionnelle de l’agriculture (Art. 104) [3], une alliance forte se créerait en faveur du maintien et du développement d’une politique agricole orientée vers l’avenir et le bien commun. Alliance qui pourrait être accélérée et renforcée par l’engagement courageux des citoyens. Willy Cretegny a pris l’initiative de lancer un référendum contre la nouvelle loi sur l’agriculture. D’une manière exemplaire, il nous montre comment exercer ses droits et ses devoirs de citoyen. Nous pouvons certes tenter de mettre à contribution les organisations mais finalement chaque individu est appelé à lutter personnellement avec ténacité pour préserver son droit à l’indépendance et à l’autosuffisance. Le référendum contre la loi sur l’agriculture est un premier pas et prépare le terrain pour un large débat sur l’avenir de l’agriculture paysanne et l’importance politique et sociale de la souveraineté alimentaire de notre pays. Si les représentants officiels des paysans ont abandonné le combat, c’est le devoir des citoyens de venir en aide aux paysans et de créer des bases durables pour la sécurité alimentaire dans l’intérêt de la liberté, de l’indépendance et de la paix. •
b. à la conservation des ressources naturelles et à l’entretien du paysage rural ;
c. à l’occupation décentralisée du territoire. »
[1] Werner Baumann, Peter Moser, Bauern im Industriestaat, 1999. ISBN 3280028124
[2] ibid
[3] Article 104-1 : « La Confédération veille à ce que l’agriculture, par une production répondant à la fois aux exigences du développement durable et à celles du marché, contribue substantiellement : a. à la sécurité de l’approvisionnement de la population ;
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