Les médias libanais et régionaux estiment que le sommet Bush-Sarkozy à Washington aura des répercussions directes sur les événements au Liban. Les informations font état du prolongement du mandat accordé par les États-Unis à la France dans la gestion du dossier de la présidentielle… mais sous le plafond états-unien. La presse a également mis en exergue la reprise de la polémique autour du dossier du nucléaire iranien.
Tendances et événements au Proche-Orient
Experts et analystes ont commenté la plainte déposée par l’Autorité palestinienne auprès des Nations unies contre les organisations de la résistance qu’elle a qualifiées de « terroristes », et qui ont refusé de désarmer conformément aux exigences du gouvernement de Salam Fayad. Ce dernier avait décrété hors-la-loi toute arme en dehors de la « légalité » palestinienne.
La mesure décidée par Mahmoud Abbas intervient quelques heures seulement après une demande en ce sens formulée par les Israéliens. Elle illustre la voie dangereuse que vont emprunter les relations inter-palestiniennes et à l’intérieur du mouvement Fatah, surtout après les combats qui ont opposé en Cisjordanie des éléments des services de sécurité de Abbas à des résistants des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, la branche armée du Fatah.
Il s’agit d’un développement majeur au niveau des relations entre les différents courants au sein du Fatah. Selon les analystes, il aura des répercussions décisives car il prouve que Mahmoud Abbas a accepté les exigences israélo-US que le leader historique, Yasser Arafat, avait toujours rejeté, payant de sa vie le prix de son refus de démanteler les groupes de la résistance avant que les droits élémentaires des Palestiniens ne soient récupérés. En deux mots, Abbas semble avoir accepté de provoquer une guerre civile inter-palestinienne pour répondre aux vœux de Washington et Tel-Aviv. En contrepartie, il n’a obtenu que de vagues promesses.
Ces mêmes experts assurent que la fuite en avant de Mahmoud Abbas et son équipe va accélérer l’unification des mouvements de la résistance et consacrer la polarisation à l’intérieur du Fatah, entre le courant prêt à toutes les compromissions pour préserver des intérêts étroits et personnels, et l’aile déterminée à poursuivre la lutte sous toutes ses formes, y compris armée, jusqu’à la récupération des droits. Les contacts entre les organisations de l’opposition palestinienne vont s’intensifier pour préparer la tenue d’assises nationales élargies, à Damas, en parallèle à la Conférence d’Annapolis, où l’équipe de Abbas va probablement brader les droits élémentaires des Palestiniens.
Presse et agences internationales
HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
• Le service de renseignement militaire israélien, Aman, a exprimé son pessimisme quant aux perspectives de réussite de la Conférence de paix d’Annapolis. Les chances de succès sont proches de zéro, précise un rapport, qui estime qu’en cas d’échec, c’est Mahmoud Abbas qui en paiera le prix et se verrait contraint à quitter son poste car il pense qu’Annapolis est la dernière chance pour réactiver le processus de paix.
Le service de renseignement militaire fait assumer aux Palestiniens la responsabilité d’un éventuel échec, car ils n’ont pas rempli leurs engagements sécuritaires lors de la première phase de la Feuille de route, prévoyant la lutte contre les infrastructures terroristes.
La démission d’Abou Mazen provoquera un vide à la tête de l’Autorité palestinienne, ce qui contribuera à renforcer l’influence du mouvement Hamas, surtout en l’absence d’une personnalité capable de prendre la relève après Abbas.
Aman souligne que les dirigeants entourant Abbas sont coupés des cadres et des activistes sur le terrain, ce qui empêchera à l’avenir l’Autorité palestinienne de remplir ses engagements au cas où des progrès sont réalisés au niveau du processus politique. D’autant que l’Autorité n’a pas préparé le peuple palestinien à accepter des concessions douloureuses.
• Le ministre israélien des Transports, Shaoul Mofaz, également responsable du dialogue stratégique entre Israël et les États-Unis, se trouve à Washington pour discuter des dossiers libanais et iranien.
Mofaz examinera avec les responsables états-uniens la question de la présidentielle libanaise et la crise interne au Liban, ainsi que le renforcement des capacités militaires du Hezbollah et les préparatifs du parti au nord et au sud du Litani.
Le ministre n’a pas attendu le début de son dialogue avec ses interlocuteurs pour évoquer le dossier nucléaire iranien. Le Jérusalem Post rapporte que lors d’un discours prononcé devant les présidents des organisations juives états-uniennes, Mofaz a déclaré que l’année prochaine sera décisive pour empêcher l’Iran de maîtriser la technologie nucléaire. Il a affirmé que le programme nucléaire iranien avance à la vitesse d’un train rapide, alors que les efforts diplomatiques pour tenter de le stopper avancent comme un train lent. Si nous n’arrivons pas à faire dérailler le train iranien, nous seront alors confrontés à une nouvelle ère nucléaire qui modifiera entièrement les réalités régionales.
Israël et les États-Unis vont échanger leurs informations au sujet de l’évaluation des progrès enregistrés par le programme nucléaire iranien.
MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Les chances de succès de la Conférence d’Annapolis sont réduites en raison du fossé profond qui sépare les positions des Palestiniens et des Israéliens.
Par ailleurs, le sondage mensuel appelé le « baromètre de la paix » a montré que 40 % des juifs israéliens estiment que la Conférence d’Annapolis est capable de repérer d’une manière fondamentale les points de divergence entre les Israéliens et les Palestiniens, contre 50 % qui pensent le contraire.
• Les agences de presse internationales ont indiqué que Paris et Washington ont affiché leurs convergences sur l’Iran et l’Afghanistan à l’occasion de la visite du président français Nicolas Sarkozy, sans parvenir à masquer tout ce qui les sépare encore.
Ovationné debout par les membres du Congrès, M. Sarkozy a visiblement séduit ses hôtes états-uniens en jugeant « inacceptable » l’hypothèse d’un Iran possédant l’arme nucléaire et en promettant de rester engagé en Afghanistan « aussi longtemps qu’il le faudra ».
La ferme position française sur l’Iran a été saluée par le porte-parole du département d’État Sean McCormack, qui a qualifié la France de « partenaire capital » sur cette question.
Mais, notaient des experts US, le président français s’est aussi gardé de prononcer le simple nom « Irak » au cours de son intervention devant les parlementaires états-uniens. Et si l’engagement de la France en Afghanistan a été confirmé, le président Sarkozy n’a pas évoqué un possible déploiement des soldats français, stationnés à Kaboul, dans le Sud ou l’Est de l’Afghanistan comme le souhaiteraient notamment les États-uniens.
Sur l’Otan, alors que les États-uniens voudraient que la France réintègre le commandement militaire intégré de l’Alliance, quitté en 1966 à l’initiative du général de Gaulle, M. Sarkozy a assuré que « plus l’Europe de la défense sera aboutie, plus la France sera résolue à reprendre toute sa place dans l’Otan ». « L’Otan ne peut pas être partout », a-t-il insisté.
Lors d’une conférence de presse commune avec le président George W. Bush, le chef d’État français a souhaité un « Irak uni » et « démocratique », et mis en garde contre un démantèlement de ce pays. Interrogé par un journaliste US pour savoir si la France pourrait aider les États-Unis à sortir du « bourbier » irakien, M. Sarkozy a préféré éluder la question.
Le président George W. Bush, dont les alliés sur la scène internationale ne sont pas si nombreux, a souhaité atténuer les divergences de vues avec son homologue français. « Nous avons eu (Français et États-uniens) une opinion différente » sur l’Irak, a-t-il dit. « Mais, s’est-il empressé d’ajouter, je ne sens pas de différence maintenant ». Il a notamment remercié le président Sarkozy d’avoir dépêché à Bagdad le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.
• Le secrétaire d’État adjoint John Negroponte a déclaré mercredi au Congrès que le président du Pakistan Pervez Musharraf était un allié « indispensable » des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme et qu’« il n’y a pas d’autre choix que le partenariat avec le Pakistan et son peuple ».
Il n’empêche que la Maison-Blanche « désapprouve profondément » la politique de répression menée actuellement par le général-président contre l’opposition, a ajouté M. Negroponte, qui témoignait devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. « Nous avons fortement déconseillé de décréter l’état d’urgence mais les dirigeants du Pakistan n’ont pas suivi notre recommandation », a-t-il affirmé. L’état d’urgence a été décrété samedi dernier, le 3 novembre, et des milliers d’opposants présumés, dont nombre d’avocats, ont été arrêtés.
• La Turquie a l’intention d’éliminer les rebelles kurdes actifs dans le nord de l’Irak, a déclaré mercredi le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, sans révéler comment, quand et où une opération militaire future pourrait être lancée.
Erdogan, évoquant son entretien de lundi avec le président George Bush, s’est dit ravi qu’Ankara et Washington considèrent le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) comme un ennemi commun.
« Maintenant, qu’est-ce qu’un ennemi ? Un ennemi est un élément à éliminer », a-t-il dit au cours d’une conférence de presse à Rome, à l’issue d’un entretien avec le président du Conseil italien, Romano Prodi.
Interrogé quant à une future opération militaire turque dans le nord de l’Irak, Erdogan a laissé entendre qu’elle serait fonction du partage de renseignement avec les États-Unis. « Il est important que le partage de renseignement ait lieu en temps voulu, et cela débouchera certainement sur toutes les autres contre-mesures éventuelles », a-t-il dit.
De source diplomatique turque, on indique que Washington devrait fournir aux Turcs des renseignements en temps réel, qui permettraient à Ankara de mener des opérations militaires contre le PKK, lequel compte dans les 3 000 combattants dans le nord de l’Irak. Ankara a massé 100 000 hommes ces dernières semaines le long de la frontière irakienne.
• Huit GI’s au total ont été tués depuis le début de cette semaine dans les provinces irakiennes de Kirkouk, de Saladin et de l’Anbar, portant à 854 le nombre des pertes de l’armée US cette année en Irak. Ce bilan fait d’ores et déjà de 2007 l’année la plus meurtrière pour le corps expéditionnaire états-unien depuis l’invasion de mars 2003. L’année la pire jusque-là avait été 2004, avec 849 morts. _ Au total, 3856 GI’s ont été tués depuis le début de la guerre.
L’armée US, dont les pertes en octobre se sont montées à 39 morts, soit le chiffre le plus faible depuis mars 2006, assure avoir enrayé la progression de la violence depuis qu’elle a reçu 30 000 hommes en renfort au premier.
• Le président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili a décrété mercredi l’état d’urgence pour quinze jours sur tout le territoire après de violents heurts entre police et manifestants à Tbilissi et a annoncé l’expulsion de diplomates russes, accusant Moscou d’alimenter les troubles.
« Il y a eu une tentative de coup d’État et nous devons donc réagir », a déclaré le Premier ministre Zourab Nogaïdeli sur la chaîne de télévision privée Roustavi-2. L’état d’urgence « sera levé quand la situation redeviendra normale », a-t-il ajouté.
Le décret pris par le chef de l’État « instaure l’état d’urgence pendant quinze jours et impose des restrictions aux rassemblements, réunions et manifestations, ainsi que sur l’information. Seule la télévision d’État fonctionnera », a précisé le ministre de l’Économie et du Développement Georgi Arvaladze dans une déclaration à la télévision nationale.
Peu auparavant, la chaîne d’opposition Imedi TV avait cessé d’émettre tandis que des responsables de l’opposition étaient arrêtés, selon des informations de médias géorgiens.
Dans la journée, la police géorgienne a violemment dispersé des milliers de manifestants qui réclamaient depuis six jours la démission du président Saakachvili.
Les forces anti-émeutes ont frappé les manifestants à coups de matraque, tiré des balles en caoutchouc et utilisé gaz lacrymogènes et canons à eau, plongeant la capitale de cette ex-république soviétique dans le chaos. Des manifestants ont riposté à coups de pierres, de bouteilles et de bâtons, blessant également des policiers.
Le ministère de la Santé a indiqué que 486 personnes avaient demandé une aide médicale et que 109 avaient été hospitalisées.
En fin de journée, le président Saakachvili a accusé de « hauts responsables des services spéciaux russes d’être impliqués » dans les troubles. « Certains d’entre eux sont en Géorgie, d’autres à Moscou », a-t-il affirmé dans un discours télévisé à la nation.
Au total, trois membres de l’ambassade —deux conseillers et le troisième secrétaire— doivent être expulsés dans les prochains jours, selon un communiqué du ministère géorgien des Affaires étrangères.
Ces expulsions risquent de nouveau d’exacerber les relations russo-géorgiennes, déjà très tendues sur fond de séparatisme dans les régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, soutenues par Moscou.
La Russie a immédiatement réagi, qualifiant la décision géorgienne d’expulser des diplomates de « provocation politique irresponsable » et promettant « une réponse appropriée ». Elle a aussi appelé les alliés occidentaux de la Géorgie à faire pression sur Tbilissi pour éviter des « pas lourds de conséquences imprévisibles ».
La Maison-Blanche s’est dite « préoccupée » mercredi par la situation en Géorgie et a appelé à un « dialogue constructif » entre le gouvernement de Tbilissi et l’opposition.
Les manifestants, mobilisés depuis vendredi, étaient entre 7000 et 15000 ces derniers jours. Ils avaient été jusqu’à 50000 le premier jour.
Audiovisuel international
CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Le principal journal du soir
– Hanz Winkler, ministre d’État autrichien des Affaires étrangères
La Syrie joue un rôle important dans la réalisation de la paix et la stabilité dans la région du Moyen-Orient.
Il est nécessaire que la Syrie participe à la conférence de paix d’Annapolis.
Il est important de trouver une solution juste au conflit entre les Palestiniens et les Israéliens, afin de réaliser la paix et la stabilité dans la région.
Tendances et événements au Liban
Les analystes tentent d’évaluer les répercussions sur la crise libanaise du sommet qui a réuni, mardi et mercredi à Washington, les présidents George Bush et Nicolas Sarkozy, au cours duquel ils ont évoqué la situation au Liban. Les discours et déclarations des deux présidents, ainsi que les informations qui ont filtré, permettent de noter les observations suivantes :
– 1. Nicolas Sarkozy a obtenu une prolongation jusqu’au 24 novembre du mandat accordé par Washington pour tenter de trouver une entente interlibanaise sur un candidat consensuel.
– 2. La France s’est engagée à appuyer le maintien à la tête du gouvernement de Fouad Siniora et à participer aux mécanismes internationaux qui seront mis en place pour protéger cette option, au cas où l’élection d’un successeur à Emile Lahoud échouait.
– 3. La dynamique des contacts entrepris par la France est directement animée par les conseillers et proches collaborateurs de Sarkozy. Ceux-ci tenteront d’abord de mettre en place les mécanismes de sélection des candidats consensuels, avant de s’employer à trouver le soutien régional et international à l’élection.
– 4. Le feu vert états-unien pour la poursuite de l’ouverture française en direction de la Syrie dépasse le cadre du dossier de la présidentielle libanaise et porte sur l’ensemble des questions régionales.
– 5. Le principe de l’entente au Liban, convenu entre les deux présidents lors de leurs rencontres, a été publiquement énoncé par Nicolas Sarkozy dans son discours devant le Congrès. Le président français l’avait déjà évoqué dans l’un de ses premiers discours avant de charger l’ambassadeur Jean-Claude Cousseran de commencer ses navettes régionales.
– 6. Le patriarcat maronite a repris ses contacts avec les chefs politiques de la communauté appartenant au pouvoir et à l’opposition.
Presse libanaise
AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Les États-Unis prorogent le mandat accordé à la France afin qu’elle tente de régler la crise de la présidentielle. Un compromis pourrait intervenir avant le 24 novembre et le candidat consensuel serait désigné par le patriarcat maronite.
Le sommet franco-américain a permis à Paris d’élargir sa marge de manœuvre afin de tenter d’arracher une entente interlibanaise. Ce mandat accordé à la France pourrait aller au-delà du 24 novembre, c’est-à-dire après la fin du mandat actuel.
Audiovisuel libanais
AL-MANAR (HEZBOLLAH)
Émission : Et après ?
– Michel Samaha, ancien ministre de l’Information (Opposition)
Walid Joumblatt et certains chrétiens veulent imposer leur logique à l’ensemble de la communauté chrétienne et éliminer les autres.
La campagne contre le président Emile Lahoud a été lancée après qu’il eut refusé de baisser les bras et de cautionner un plan de démantèlement de la Résistance libanaise.
Le dernier communiqué des évêques maronites constitue une démission du patriarcat de son rôle en cette période cruciale pour l’avenir du Liban et des chrétiens.
Tous les scénarios d’élection présidentielle qui ne comportent pas un quorum des deux tiers sont illégaux.
Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.
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