Les milieux politiques et médiatiques libanais attendent l’arrivée du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui va tenter, une énième fois, de trouver un compromis entre le 14-mars pro-américain et l’opposition nationale, susceptible de sortir le Liban de la crise. Mais après le refus américain de l’initiative arabe, les chances d’un succès de la mission de Moussa semblent minces, selon la presse.
Tendances et événements au Liban
Des signaux saoudiens inquiétants pour le Liban
Des signaux inquiétants, émanant surtout de l’Arabie saoudite, sont venus s’ajouter aux nuages sombres qui s’amoncellent dans les cieux libanais :
– 1. Le communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères, appelant les ressortissants du royaume wahhabite à ne pas se rendre au Liban (voir ci-dessous) a été interprété comme une traduction de la décision des États-Unis de décréter le Liban « zone dangereuse ». Le département d’État avait publié, le mardi 12 février, un communiqué similaire, au lendemain d’une visite du chef de la diplomatie saoudienne, Saoud al-Fayçal, à Washington. Les propos de l’ambassadeur saoudien à Beyrouth tentant d’atténuer l’importance de la mise en garde de son ministère des Affaires étrangères ne change rien à la réalité. Une source de l’opposition nationale libanaise a estimé que le communiqué saoudien découle d’une décision états-unienne de pousser le Liban dans l’enfer de la confrontation interne. Ces développements s’accompagnent d’informations faisant état de l’envoi au Liban d’unités des forces spéciales US dépêchées d’Afghanistan pour mener des opérations contre la Résistance et les opposants. D’autres informations révèlent qu’une chambre d’opération a été installée à l’ambassade des États-Unis à Aoukar, à 10 kilomètres au nord de Beyrouth.
– 2. Le commandement de l’armée libanaise renforce ses mesures sur le terrain pour empêcher la réédition des incidents dans les rues de la capitale entre des partisans du 14-mars et de l’opposition. Selon des sources bien informées, trente points chauds ont été identifiés à Beyrouth et la décision a été prise de frapper d’une main de fer tout fauteur de troubles. Des responsables du Courant du futur de Saad Hariri et de l’opposition (le Hezbollah et le Mouvement Amal) se sont engagés à ne pas assurer de protection politique aux agitateurs qui seraient responsables de la reprise des affrontements.
– 3. Le retour à Beyrouth du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est imminent. La date de la réunion entre Saad Hariri et Michel Aoun, dimanche 24 février, a été confirmée. Mais le chef chrétien de l’opposition a déploré l’existence de deux discours contradictoires chez les loyalistes du 14-mars. Le général Aoun a par ailleurs affirmé que l’opposition était ouverte à la formule du gouvernement composé de trois tiers égaux (10 ministres pour le 14-mars, 10 pour l’opposition et autant pour le prochain président de la République).
– 4. Les analystes s’étonnent de la poursuite de la violente campagne politique loyaliste contre la Résistance et l’opposition en dépit de la gravité de la situation provoquée par l’assassinat du chef militaire du Hezbollah, Imad Mughniyé. Non seulement le 14-mars ne s’est pas solidarisé avec la Résistance, mais il ignore totalement les menaces israéliennes. De même que la coalition au pouvoir refuse à la Résistance le droit à la légitime défense. C’est une première dans les annales de la politique libanaise. Même du temps de la guerre civile, les « bonnes manières » avaient toujours été respectées entre les protagonistes. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, ce qui montre combien est grande la haine vouée par le 14-mars à l’opposition, qui représente pourtant plus de la moitié des Libanais, et à quel point cette coalition est impliquée dans les plans et les complots américains. Imad Mughniyé n’est-il pas, après tout, un citoyen libanais assassiné vraisemblablement par Israël, lequel est, aux yeux de la loi, l’ennemi du Liban ?
Principaux dévelopements
• L’Arabie saoudite a conseillé lundi à ses ressortissants de ne pas se rendre au Liban en raison de la situation « instable » sur le plan sécuritaire dans ce pays. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a « conseillé aux citoyens saoudiens de ne pas voyager au Liban compte tenu de l’instabilité aux niveaux politique et sécuritaire dans ce pays ». Il a justifié cette recommandation par « le souci du gouvernement saoudien de préserver la sécurité de tous ses citoyens voulant se rendre à l’étranger ».
Le ministère, dont le conseil inhabituel a été diffusé par l’agence de presse SPA, recommande en outre aux Saoudiens se trouvant déjà au Liban de « prendre des précautions et faire attention lorsqu’ils se déplacent ».
Interrogé par la chaîne de télévision Future, appartenant à la famille Hariri, l’ambassadeur wahhabite, Abdel-Aziz Khoja, il a déclaré que la situation « regrettable » au Liban « suscite quelques craintes », assurant que le royaume est aussi attaché aux Libanais eux-mêmes qu’à ses ressortissants « qui aiment ce pays et qui souhaitent y vivre ».
• L’ambassade de France à Beyrouth a décidé de fermer temporairement les locaux de ses centres culturels à Saïda et à Tripoli, pour des raisons de sécurité, a indiqué lundi l’ambassade, qui avait pris la décision il y a près de deux semaines. Un communiqué de l’ambassade précise cependant que « la plupart des activités de la mission, notamment les cours de français, se poursuivent dans d’autres locaux de ces deux villes ». Le communiqué ajoute que « la sécurité des installations des missions culturelles est une priorité ».
• Le premier juge d’instruction militaire, Rachid Mezher, a requis des peines pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité ou la peine capitale contre 51 extrémistes de trois groupes terroristes, al-Qaëda, Fateh al-Islam et Osbat el-Ansar, appartenant tous à la mouvance salafiste. Ils sont de nationalités libanaise, syrienne, palestinienne, jordanienne et saoudienne. Vingt seulement sont aux arrêts.
M. Mezher a publié son acte d’accusation dans l’affaire des incidents de Nahr el-Bared. Le texte divise les membres de ces trois groupes en deux catégories. Formé de 25 personnes, le premier groupe est accusé d’avoir formé une bande de malfaiteurs dans le but d’entreprendre des actions terroristes, pour porter atteinte à l’autorité et au prestige de l’État, inciter au meurtre et aux affrontements, piller et commettre des actes de vandalisme. Il est aussi accusé de possession d’armes lourdes, de matières explosives et de munitions. Le deuxième groupe est accusé de port d’armes et d’entraînement à la manipulation d’armes. Il est formé de neuf personnes. Neuf autres sont poursuivis pour avoir aidé des complices recherchés par la justice à s’évader.
Déclarations publiques
– MICHEL AOUN, CHEF CHRETIEN DE L’OPPOSITION
« Lors de la réunion de notre bloc parlementaire, nous avons tenté d’expliciter les propos provocateurs qui ont fusé le 14 février et les menaces, ainsi que les rixes qui ont eu lieu à Beyrouth. Nous espérons que les affrontements s’arrêteront là et que la situation sera prise en main pour que cela ne se transforme pas en tragédie, comme par le passé. Mais la nouvelle génération, soutenue par quelques anciens, désire en fait cela. Il y a une obsession dans les médias et parmi les hommes politiques qui se sentent constamment obligés de me critiquer. Tout comme il y a des obsédés sexuels, il existe des obsédés politiques. Il va falloir qu’ils consultent des psychiatres à cause de ce syndrome, qui est clairement apparu lors du rassemblement du 14 février. Plus sérieusement, l’assassinat du moujahid Imad Mughniyé va se répercuter sur le cours des événements au Moyen-Orient, et non seulement au Liban. J’ai tout de suite considéré que cet acte était une agression contre le Liban et la Syrie, et qu’il contribue à élargir le champ d’action du terrorisme (...)
Certains optimistes estiment que cet événement ouvrira la voie vers la paix, c’est ce que nous espérons en tout cas. Ce qui s’est passé est grave, et tout le monde vit sur ses nerfs depuis, notamment en Israël. Cela contredit tous les efforts que nous avons fournis depuis deux ans, lorsque nous avons d’abord signé le document d’entente avec le Hezbollah puis lorsque nous avons entrepris de préparer la paix et la manière dont il était possible de corriger nos relations avec notre entourage arabe (…)
Vous savez que le refus de ce document est venu de l’intérieur, mais aussi de certaines parties externes qui appuient l’intérieur, et je pense que ce crime y est lié. Le fait que l’assassinat de Imad Mughniyé, un acte terroriste, ait eu lieu hors du territoire libanais signifie que de nouveaux partenaires participent désormais au conflit. Les règles du jeu que nous nous étions imposées ont donc changé (...)
L’attaque s’est déroulée hors du Liban, alors que nous demeurons convaincus que le conflit doit rester cerné dans certaines limites géographiques. Mais nous ne pouvons pas interdire à quelqu’un de se défendre lorsqu’il a été victime d’une agression (…)
Concernant l’initiative arabe, certaines parties pensent que nous ne négocions qu’en vue de la présidence, alors que d’autres affirment que la solution doit être globale. Je ne sais pas quelle tournure vont prendre les négociations. L’opposition sera toujours positive, mais pas au point de s’auto-anéantir. Pour être positif, il faut d’abord exister. Mais je ne participerais pas au nouveau gouvernement si je ne pourrais pas y exercer une influence. »
– WALID JOUMBLATT, CHEF DRUZE DU 14-MARS
« Les hommes libres du Liban ont relevé le défi et montré qu’ils ne se soumettraient pas au chantage politique et à la terreur, et qu’ils n’ont aucun respect des pratiques qui contredisent leur patrimoine politique et les règles de l’action démocratique. Le public du 14-mars a prouvé qu’il était capable d’exprimer ses aspirations politiques de façon civilisée et pacifique, conformément aux règles démocratiques. Tout le contraire des scènes de pneus brûlés, de routes fermées, de voitures cassées, d’agressions sur les biens publics et privés, et de populations terrorisées. Ces scènes tiennent davantage des thrillers de terrorisme que de la liberté d’expression. Leur discours [en allusion à l’opposition et plus particulièrement au Hezbollah, ndlr.] a illustré parfaitement le divorce total d’avec le projet de l’État et leur volonté de persévérer dans leur propre projet au détriment de la formule libanaise. Ils veulent maintenir leurs armes jusqu’à la fin du conflit arabo-israélien et garder le Liban comme théâtre de confrontation ouverte, où les guerres sont déclenchées conformément à leurs calculs, leurs intérêts et leurs conditions. Et cela en dépit du fait que le territoire libanais a été entièrement libéré, à l’exception des fermes de Chebaa, dont la libanité doit encore être déterminée en vertu d’un tracé de la frontière avec la Syrie. Ils ont clairement évoqué une transposition du terrain de la bataille, comme si le territoire syrien occupé ne convenait pas à la guerre. L’objectif est toujours de négocier à travers le Liban et en utilisant exclusivement son territoire. »
– MOHAMMAD RAAD, CHEF DU BLOC PARLEMENTAIRE DU HEZBOLLAH
« L’entente et le partenariat national sont les seuls moyens de mettre un terme à la crise actuelle et préserver la stabilité. C’est lorsqu’une partie oublie ce principe qu’il y a une crispation. Depuis des années, nous conservons notre sang-froid et nous nous comportons avec sagesse par souci de préserver l’unité du pays et la bonne santé de la situation politique, ce qui sert notre projet et notre vision stratégique du présent et de l’avenir du Liban. Personne ne nous entraînera vers les positions ou les projets des autres. »
– TALAL ARSLAN, CHEF DRUZE DE L’OPPOSITION
« Dans mes précédentes conférences de presse, j’ai dit que le mariage des druzes avec le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah est un mariage maronite [Le divorce est interdit chez les maronite, ndlr.]. C’est également le cas entre Sleimane Frangié [leader maronite de l’opposition, ndlr.] et les druzes. Après les attaques verbales perpétrées contre M. Frangié, j’ai demandé à visiter cette honorable demeure pour réaffirmer la profondeur des liens qui nous unissent. Celui qui veut le divorce, qu’il divorce tout seul [allusion aux récents propos tenus par Walid Joumblatt, ndlr.]. Certaines parties continuent de parier sur une éventuelle discorde sunnito-chiite. Il y a au Liban des comploteurs, des mercenaires qui, malheureusement, sont liés à des projets mis en place par divers services de renseignements. »
Tendances et événements au Proche-Orient
Sommet arabe : Entre médiations et pressions
Le prochain sommet arabe, prévu à Damas fin mars, se place au centre de l’activité politique régionale et de l’intérêt des médias et analystes arabes. Un certain nombre d’indices, liés aux préparatifs de ce sommet, ont été notés :
– 1. Après un entretien à Damas entre le président Hosni Moubarak et le roi Abbdallah II, l’Égypte et la Jordanie ont mis l’accent sur la nécessité d’assainir le climat interarabe avant la tenue du sommet. Le Caire, lui, a lié la réussite du sommet au règlement de la crise libanaise. En fait, Hosni Moubarak conditionne sa participation à la conférence des rois et chefs d’État arabes à l’élection d’un président de la République au Liban.
– 2. Officiellement, l’Arabie saoudite n’a fait aucun commentaire. Mais dans les faits, il est clair que le royaume wahhabite participe activement aux pressions exercées sur la Syrie afin qu’elle convainc l’opposition libanaise d’accepter un règlement politique qui ne lui garantirait pas une participation efficace au pouvoir. C’est dans le cadre de ces pressions qui s’inscrit la tournée européenne effectuée par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal.
– 3. Pendant ce temps, la Syrie continue d’adresser les invitations officielles aux chefs d’États et rois arabes pour le sommet de mars. Damas réaffirme son refus de céder aux pressions et au chantage qui lient la réussite du sommet arabe à des concessions fondamentales portant sur ses constantes et principes concernant le conflit israélo-arabe. Face à ces pressions et menaces de sabotage du sommet proférées par certains pays arabes, la Syrie insiste sur la nécessité de renforcer la solidarité interarabe, seule moyen de faire face aux projets israélo-US visant à liquider la cause palestinienne et à démembrer les États de la région, comme cela s’est produit en Irak.
Presse et agences internationales
• Le Premier ministre des Émirats arabes unis, cheikh Mohammad ben Rached al-Maktoum, en visite à Téhéran, a eu des entretiens avec les dirigeants iraniens à propos du programme nucléaire de Téhéran et des relations économiques bilatérales. Cheikh Mohammad, émir de Dubaï et vice-président des Émirats, est le plus haut responsable émirati à se rendre en Iran depuis la révolution islamique iranienne en 1979. Il a rencontré le président Mahmoud Ahmadinejad et le vice-président Parviz Daoudi. M. Ahmadinejad était devenu le premier chef d’État iranien à visiter les Émirats en mai 2007. « L’Iran et les Émirats ont des relations historiques solides et mon voyage ouvrira de nouvelles perspectives dans nos relations », a déclaré cheikh Mohammad, cité par Mehr. En soirée, le dirigeant émirati est arrivé en Syrie, où il a eu avec le président Bachar el-Assad des entretiens sur l’Irak et les moyens d’assurer le succès du sommet arabe, prévu fin mars à Damas, selon une source officielle émiratie.
• Après des semaines de coordination intensive avec les dirigeants albanais du Kosovo, la France puis l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne ont reconnu ce nouveau micro-État issu de l’ex-Yougoslavie, après une réunion des ministres européens des Affaires étrangères hier à Bruxelles. Une douzaine d’autres pays européens ont annoncé dans la foulée leur intention de reconnaître également ce nouvel État, même si leur décision formelle pourrait prendre encore plusieurs semaines. « Le Kosovo n’est pas un État normal, il sera administré par l’UE », a toutefois souligné le ministre italien Massimo D’Alema, en indiquant que l’UE s’apprêtait à y envoyer une mission de 1 900 policiers et juristes dotée de « pouvoirs élargis ». M. D’Alema a également souligné que l’intégration européenne du Kosovo ne se ferait qu’après « la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina ». Pour ménager Belgrade, dont les Européens craignent qu’elle ne se tourne vers la Russie, l’UE a rappelé que tous les pays des Balkans – dont le Kosovo mais aussi la Serbie – ont « une perspective européenne » et donc vocation à rejoindre un jour l’Union européenne. Témoin de l’engagement européen, le diplomate en chef de l’UE, Javier Solana, devrait être le premier haut diplomate étranger à se rendre au Kosovo après la proclamation d’indépendance. Les États-Unis ont, eux, directement reconnu le nouvel État et la secrétaire d’État Condoleezza Rice a « félicité le peuple du Kosovo en cette occasion historique ».
Mme Rice a appelé dimanche le président serbe, Boris Tadic, pour lui réaffirmer l’amitié de Washington. Elle a assuré à M. Tadic que les États-Unis souhaitaient maintenir « des relations fortes » avec la Serbie. Toutefois, la Serbie a ordonné à son ambassadeur à Washington de quitter les États-Unis, a déclaré hier le Premier ministre serbe, Vojislav Kostunica. « Il s’agit de la première mesure urgente du gouvernement qui va être appliquée à tous les pays qui reconnaissent l’indépendance unilatérale » du Kosovo, a poursuivi M. Kostunica. En soirée, les diplomates de différents pays, la Turquie en tête, mais aussi la France et la Grande-Bretagne, sont venus à la présidence du Kosovo pour présenter leurs lettres d’accréditation.
En outre, Belgrade a annoncé avoir demandé à la justice serbe de poursuivre les trois principaux dirigeants du Kosovo, le président Fatmir Sejdiu, le Premier ministre Hashim Thaçi et le président du Parlement Jakup Krasniqi, pour avoir « organisé la proclamation d’un faux État sur le territoire serbe ». Le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, a, lui, assuré que la Serbie empêchera le Kosovo d’adhérer aux organisations internationales, l’Onu et l’OSCE en particulier, et utilisera « tous les moyens diplomatiques » pour qu’il ne soit pas internationalement reconnu.
• La Russie vitupère contre la déclaration d’indépendance du Kosovo, mais n’en fera pas un casus belli dans ses relations avec l’Occident, estimaient lundi les médias et les analystes. « La réaction russe va être forte sur le plan rhétorique. Moscou entreprendra toutes les actions possibles à l’Onu pour délégitimer la déclaration d’indépendance », estime Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique mondiale. « Mais cela s’arrêtera là. La Russie n’essaiera pas en pratique de stopper l’indépendance du Kosovo parce que c’est impossible dès lors que les États-Unis et la plupart des pays européens l’auront reconnue », ajoute-t-il. Si le président Vladimir Poutine avait évoqué une riposte « toute prête » à la reconnaissance du Kosovo, Moscou s’en tient strictement pour l’heure au cadre des Nations unies. Le Parlement russe a toutefois suggéré hier que la reconnaissance du Kosovo pourrait conduire Moscou à faire de même avec les territoires séparatistes prorusses d’ex-URSS, sans formuler toutefois cette menace noir sur blanc. « La reconnaissance de l’indépendance du Kosovo créerait toutes les prémices nécessaires pour la mise en place d’un nouveau format dans les relations entre la Russie et les États autoproclamés avant tout l’espace postsoviétique », a noté le Parlement dans une déclaration signée par les présidents des deux Chambres. La Russie n’est pas le seul pays à refuser de reconnaître le Kosovo.
NTV (CHAINE DE TELEVISION TURQUE)
– Interview du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov
« Je n’arrive pas à imaginer que qui que ce soit souhaite résoudre le problème lié au programme nucléaire iranien par la force. Cela est absolument inacceptable. Chacun de nous doit tripler, voire quadrupler ses efforts pour essayer de trouver une solution par la négociation. Je souhaite que l’on renouvelle nos efforts pour convaincre l’Iran de s’asseoir à la table des négociations, ne serait-ce que pour définir les paramètres de la négociation à défaut d’engager la négociation proprement dite. »
LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont fait le constat de leur absence de position commune face au Kosovo. La France a été le premier grand pays à reconnaître le nouvel État, suivi par l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie. Ils devraient être rapidement suivis par la Finlande, le Danemark, la Belgique, la Pologne et l’Autriche. A l’inverse, l’Espagne a confirmé sa détermination à ne pas reconnaître le Kosovo et Chypre a martelé que cette proclamation était « juridiquement nulle ». La Grèce, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie devraient les suivre sur ce terrain.
EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
La Serbie a dénoncé lundi la trahison de l’Union européenne après la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo. Elle a également rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis. La création de ce nouvel État remet en cause les principes d’Helsinki et ouvre la boîte de Pandore des nationalités en Europe orientale et dans le Caucase. L’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et bien sûr la Russie ont exprimé hier les plus vives inquiétudes.
EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL, OPPOSITION)
Bassam Rachid était un brillant intellectuel irakien, venu étudier l’espagnol à Madrid. Il réside aujourd’hui au Liban où il travaille à l’Institut Cervantes. Pendant le régime baasiste, il devint par la force des choses traducteur officiel de Saddam Hussein. Il a ainsi assisté aux entretiens du dictateur avec Daniel Ortega ou Hugo Chavez. Pour lui, seul Tarak Aziz était raisonnable, contrairement au reste des politiciens irakiens. Aussi n’attend-il rien de bon des actuels dirigeants, selon lui pareils aux précédents.
THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
Un document du ministère britannique des Affaires étrangères, rendu public lundi sur injonction judiciaire, montre que le trop fameux dossier de renseignement sur lequel le gouvernement Blair s’est appuyé pour justifier l’invasion de l’Irak, a été préparé par John Williams. Celui-ci, ancien directeur politique du Sunday Mirror, était à l’époque le chargé de communication du ministère. C’est son point de vue de « spin doctor » qui a influencé le document final rédigé par Sir John Scarlett pour le Comité joint du renseignement. L’existence de ce document avait été mentionnée plusieurs fois devant la Commission Hutton chargée d’enquêter sur la mort de l’expert David Kelly, mais le gouvernement avait toujours cherché à en minimiser l’importance.
THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Alors que le Pakistan vote, la CIA considère que l’opération conduite en janvier pour éliminer un dirigeant d’Al-Qaida devrait devenir un modèle d’intervention US dans le pays. Malgré les constantes objurgations du département d’État qui craint qu’une intervention militaire ne renforce le sentiment anti-américain, l’Agence considère que c’est le seul moyen efficace d’agir au vu des réticences permanentes d’Islamabad.
Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.
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