Tendances et événements au Proche-Orient

Les massacres de Gaza embarrassent ceux qui veulent saboter le sommet arabe de Damas

La tragédie de Gaza pèse de tout son poids dans les contacts interarabes précédant le sommet de la Ligue arabe qui doit être organisé les 29 et 30 mars dans la capitale des Omeyyades. Le paysage politique régional est dominé par le sang palestinien versé en abondance par la machine de guerre israélienne. _ Les facteurs suivants méritent d’être relevés :
 1. Les massacres perpétrés par l’armée « la plus civilisée » du Moyen-Orient ont fortement embarrassé l’Autorité palestinienne qui a attendu que 112 Palestiniens soient tuées et plusieurs centaines d’autres soient blessés avant d’annoncer la suspension de tous les contacts avec Israël. Même embarras du côté des « amis » arabes des États-Unis qui ont été contraints de revoir leurs priorités. Après avoir placé le Liban en tête de leur préoccupation, dans le but d’exercer des pressions sur la Syrie, les voilà maintenant qu’ils sont obligés, bien malgré eux, de parler du dossier palestinien. Cette question s’impose, de facto, comme le dossier principal du prochain sommet arabe de Damas.
 2. Les combats de Gaza ont montré la force, la détermination et l’enracinement des mouvements de la Résistance palestinienne. Les résistants se sont opposés frontalement à la progression des troupes israélienne, faisant au moins deux morts et de nombreux blessés dans leurs rangs. De plus, les tirs de roquettes se sont poursuivis pendant et après l’offensive, atteignant la ville d’Ashkelon, à dix kilomètres de la frontière avec Gaza. Des affrontements ont eu lieu en Cisjordanie, rappelant les jours de l’Intifada.
 3. Les ratées de l’armée israéliennes ont fait resurgir les événements de la guerre de juillet-août 2006 au Liban, quand les tirs de roquettes et les combats se sont poursuivis, malgré la puissance de feu israélienne et le nombre élevé de pertes civiles.
 4. La Syrie continue de préparer le sommet de Damas. La tragédie de Gaza a empêché l’Arabie saoudite d’imposer aux pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont les ministres des Affaires étrangères se sont réunis dimanche, d’appeler au boycott du sommet. La plupart des pays du CCG ont exprimé leur intention de participer à ce sommet, à des niveaux différents.
 5. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a assuré que le sommet arabe aura bien lieu à Damas à la date prévue, consacrant ainsi l’échec de toutes les tentatives visant à annuler ou reporter cette réunion. Des informations de presse font aussi état d’une visite en Syrie du président Hosni Moubarak avant le sommet, pour tenter de trouver un compromis.
 6. Le ton du discours du ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, devant le Conseil consultatif du royaume, était moins agressif qu’à l’accoutumée à l’égard de la Syrie. Il a exprimé la détermination de l’Arabie à assainir le climat et à resserrer les rangs interarabes. Ce qui tranche avec ses déclarations des derniers mois, lorsqu’il était sorti à plusieurs reprises de sa réserve habituelle.
 7. La visite en Irak du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a été interprétée comme un message régional significatif. Elle consacre l’échec impérial dans ce pays et devrait inciter ceux qui ont tout misé sur les États-Unis à revoir leurs calculs… avant qu’il ne soit trop tard.

Presse et agences internationales

• Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a salué l’ouverture d’« une nouvelle page » entre l’Irak et l’Iran, en entamant une visite historique à Bagdad, où il a vivement dénoncé les États-Unis. Ce voyage ouvre une nouvelle page dans les relations bilatérales et un nouveau climat dans la région », a déclaré le président iranien, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue irakien, Jalal Talabani. M. Ahmadinejad s’en est pris aux responsables états-uniens. Le président George Bush, « accuse toujours les autres sans preuve et cela accroît les problèmes. Les États-uniens doivent comprendre que le peuple irakien n’aime pas l’Amérique », a-t-il déclaré après une rencontre avec le Premier ministre, Nouri al-Maliki. « Bush ne peut résoudre les problèmes états-uniens dans la région en accusant les autres », a poursuivi M. Ahmadinejad. « Les deux parties sont déterminées à renforcer leur coopération politique, économique et culturelle », a ajouté le président iranien. M. Maliki a de son côté appelé les pays arabes à suivre l’exemple de l’Iran et à coopérer davantage avec Bagdad. M. Talabani a estimé que cette visite était « historique » et constituait « un message envoyé aux peuples irakien et iranien indiquant que les relations entre les deux pays sont bonnes ». Il a aussi affirmé que les Moujahidine du peuple, principale organisation d’opposition au régime de Téhéran, sont des « terroristes » et que l’Irak souhaite s’en « débarrasser ». Qualifiant le climat des discussions avec M. Talabani de « fraternel et constructif », M. Ahmadinejad a assuré que l’Irak était appelé à devenir une grande puissance régionale. « Aujourd’hui, le peuple irakien traverse des conditions difficiles. Mais comme nous connaissons le peuple irakien, il surmontera cette situation et l’Irak de demain sera un Irak puissant, développé et prospère. »

• Une opération militaire contre l’Iran « aurait peu de chances de réussir et pourrait provoquer des répercussions extrêmement violentes à travers la région », estime la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes (Chambre basse du Parlement) britannique, dans un rapport rendu public dimanche [Voir document joint, au bas de cet article]. « Nous conseillons au gouvernement d’appeler Washington à envisager d’offrir des garanties de sécurité crédibles à l’Iran si (en échange) il offre des garanties crédibles et vérifiables (sur un non-engagement) dans un programme d’armement nucléaire », écrivent les députés. La commission avertit également que de nouvelles sanctions internationales à l’encontre de Téhéran pourraient en fait être contre-productives. « Le gouvernement devrait éviter toute action qui pourrait être utilisée par les radicaux comme le président (Mahmoud) Ahmadinejad » afin de renforcer sa position face (aux pragmatiques et réformistes) « en vue de sa réélection en 2009 », soulignent les députés. Le président de la commission, Mike Gapes, reconnaît cependant que le monde « ne peut pas permettre à l’Iran de développer l’arme nucléaire ». « Si tel est le cas, il est très probable que cela entraîne un effet de dominos au Moyen-Orient. Ce défi nécessite l’attention internationale la plus urgente », a-t-il dit.

• L’armée colombienne a annoncé avoir tué en territoire équatorien Raul Reyes, le numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le plus dur échec jamais infligé à la guérilla marxiste. L’élimination du guérillero a par ailleurs provoqué l’indignation du président vénézuélien, Hugo Chavez, qui a ordonné la fermeture de l’ambassade du Venezuela en Colombie et le renforcement de la présence militaire vénézuélienne à la frontière avec la Colombie. Le ministre colombien de la Défense Juan Manuel Santos a précisé lors d’une conférence de presse que l’opération lancée contre un camp de guérilleros, où se trouvait Reyes, avait commencé par un bombardement aérien, suivi d’une attaque terrestre de soldats héliportés. Des unités héliportées se sont rendues sur les lieux du campement en territoire équatorien où, selon l’armée colombienne, des combats se sont produits, faisant au total un mort parmi les soldats colombiens et 17 dans les rangs de la guérilla. Le corps de Raul Reyes a été rapatrié à Bogota par l’armée. Un coup de téléphone satellitaire de Raul Reyes et un informateur de l’armée ont permis de localiser avec précision le camp où vivait en territoire équatorien le numéro deux des FARC. M. Santos a précisé que le camp attaqué se trouvait « du côté équatorien, à 1800 mètres de la frontière » commune.
À Quito, le président équatorien Rafael Correa, furieux, a rappelé samedi soir pour consultation son ambassadeur en Colombie. Selon M. Correa, son homologue Alvaro Uribe, qui lui avait téléphoné dans la matinée, « a été encore une fois trompé (par son armée) ou a menti au gouvernement équatorien ». L’Équateur « ne permettra plus d’outrages du gouvernement colombien et nous sommes prêts à aller jusqu’aux ultimes conséquences », a-t-il dit. Ayant envoyé l’armée équatorienne dans la zone où se sont déroulés les combats, le président Correa a indiqué que ses soldats « ont trouvé 15 cadavres de guérilleros, deux guérilleras blessées dans un campement improvisé des FARC à deux kilomètres en territoire équatorien près de la frontière ». « Mais ces cadavres étaient en sous-vêtements, en pyjamas, ce qui revient à dire qu’il n’y a pas eu de poursuite à chaud et qu’ils (les FARC) ont été bombardés et massacrés pendant qu’ils dormaient », a-t-il déclaré.
Pour sa part, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a ordonné dimanche la fermeture de l’ambassade de son pays à Bogota et le rappel de tout son personnel diplomatique, pour protester contre l’incursion militaire colombienne menée contre la guérilla des FARC en Équateur. M. Chavez a par ailleurs appelé son ministre de la Défense, Gustavo Rangel Briceno, pour lui demander de dépêcher « dix bataillons à la frontière avec la Colombie ». « Que l’aviation militaire se déploie, nous ne voulons pas la guerre, mais nous ne permettrons pas à l’empire ni à son petit chien de venir nous affaiblir », a lancé M. Chavez, en allusion aux États-Unis et au président Alvaro Uribe.

SARMAYEH (QUOTIDIEN IRANIEN)
Ali Eshraghi, petit-fils du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, a renoncé à être candidat aux élections législatives du 14 mars. Il a décidé de retirer sa candidature à la demande de la famille de l’imam Khomeiny, a déclaré Zahra Eshraghi, la sœur du fondateur de la République islamique. Elle a regretté « les rumeurs contre Ali Eshraghi qui ont peiné les membres de la famille de l’imam Khomeiny » en affirmant qu’il n’existait « aucun point noir » dans la vie de son frère. Elle a averti que certains sites Internet continuaient à « écrire contre Ali Eshraghi », et que « si cela continue, nous allons créer notre propre site pour révéler de nombreux dossiers noirs qui existent » concernant les détracteurs de la famille Khomeiny. Ces attaques ont provoqué une vague de protestation dans la classe politique iranienne. M. Eshraghi était sur la liste de la coalition des réformateurs, qui regroupe une trentaine de partis politiques. Sa candidature avait été rejetée dans un premier temps avant d’être approuvée par le Conseil des gardiens de la Constitution, l’autorité chargée de superviser les élections.

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
La Russie a accédé le samedi 1er mars pour un mois à la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Conseil devrait traiter ce lundi des sanctions contre l’Iran. En outre, « la Russie voudrait organiser une autre discussion au sujet de la situation actuelle au Liban », a déclaré l’ambassadeur Vitali Tchourkine. Le Conseil de sécurité « souscrira à n’importe quelle action sensée remettre de l’ordre dans la région » du Proche-Orient, a-t-il ajouté. En outre, selon M. Tchourkine, « sera prochainement examinée la situation en Palestine, notamment la situation humanitaire dans la bande de Gaza ». « Nous tenons à trouver au plus vite une solution convenable visant à normaliser la situation » dans les territoires palestiniens, a souligné le diplomate.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
 Entretien avec Louis Gallois, directeur de l’avionneur EADS (après l’achat de 179 Airbus A330 par le Pentagone)
« Plusieurs éléments ont pesé dans la décision des États-Unis. Le Pentagone a noté l’Airbus A330 selon différents critères et nos notes étaient bonnes. Ensuite, nous avons un bon partenaire : Northrop Grumman, qui est le maître d’œuvre du projet, a très bien mené son affaire. Nous avons beaucoup appris à leurs côtés sur la façon de répondre à un appel d’offres aux États-Unis dans la défense. Ensuite, nous avons pu démontrer que nous étions un bon citoyen américain en créant de l’emploi : le contrat va générer 25000 emplois aux États-Unis, sous-traitance incluse. Et nous allons construire une usine d’assemblage, à Mobile en Alabama, pour assembler le ravitailleur mais aussi la version fret de l’A330. Enfin, le climat politique entre la France et les États-Unis est devenu plus favorable. Ces bonnes relations ont créé de la confiance et ont permis que nous soyons traités de façon équitable. »

L’HUMANITE (QUOTIDIEN COMMUNISTE FRANÇAIS)
De Bruxelles à Luxembourg en passant par Paris, une délégation palestinienne emmenée par le ministre des Prisonniers et Ex-prisonniers, Ashraf Al Ajrami, a porté en Europe, premier partenaire économique d’Israël, la question des 11000 détenus politiques palestiniens. Elle a rencontré la secrétaire d’État française aux Droits de l’homme, Rama Yade, qui a assuré qu’elle apporterait son soutien à leurs demandes. Notamment lors de la visite en Israël du président Sarkozy.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
 Éditorial
« Dimanche, un éditorialiste de Haaretz calculait qu’en une après-midi Tsahal avait tué plus de Palestiniens que les Qassam n’avaient tué d’Israéliens en sept ans. En deux ans, l’armée israélienne a tué près de mille habitants de Gaza, dont la moitié de paramilitaires et la moitié de civils. On peut imaginer, écrivait le quotidien israélien, l’outrage mondial si les Palestiniens avaient fait la même chose, avec le même pourcentage. Ce week-end, les condamnations internationales ont été unanimes mais tièdes. Comme si le monde entier se lavait les mains de la catastrophe annoncée. Israël a le droit et le devoir de se défendre des tirs aveugles des fusées du Hamas qui frappent écoles, rues ou parcs de Sdérot ou d’Ashkélon. »

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE LAGARDERE)
Contrairement à ce qu’avaient affirmé les agences de renseignement US en décembre 2007, l’Iran aurait continué ses travaux au-delà de l’année 2003 pour élaborer une ogive nucléaire. Ces informations ont été données pour la première fois à huis clos, lundi 25 février, par le directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Olli Heinonen, au siège de l’agence, à Vienne. Cet exposé a suscité une réaction très vive du représentant iranien à la réunion, Ali Ashgar Soltanieh, qui parle de « falsification ».
L’exposé portait sur trois projets iraniens : la conversion de dioxyde d’uranium (Green Salt Project), des études sur des explosifs de haute intensité et la mise au point d’un corps de rentrée de missile. M. Heinonen a montré une description d’un système de détonateurs relié à une distance de 10 km à un puits de 400 m de profondeur. Selon les officiels iraniens, ce dispositif est destiné à tester des armes conventionnelles. Mais M. Heinonen a commenté que, d’après les renseignements en sa possession, la seule application possible était le développement d’une arme nucléaire. Il a en outre dévoilé des documents (schémas, photographies, planches, films) que l’AIEA n’avait jusque-là jamais soumis aux officiels iraniens. Ils concernent la fabrication d’une ogive nucléaire. L’un d’eux est un compte rendu établi par une équipe iranienne sur l’état d’avancement d’un projet de corps de rentrée de missile (projet P111). Il porte sur l’une des multiples étapes du projet, celle allant du 9 juillet 2003 au 14 janvier 2004.

LES ECHOS (QUOTIDIEN ECONOMIQUE FRANÇAIS)
Cinq jours avant la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), mercredi, à Vienne, le cours de l’or noir a dépassé pour la première fois la barre des 103 dollars, inscrivant un nouveau record historique à 103,05 dollars.
Les prix restent soutenus par les menaces géopolitiques, dont le conflit entre ExxonMobil et le Venezuela, le durcissement de ton entre l’Iran et la communauté internationale et les violences à répétition au Nigeria, premier producteur de brut africain. Côté offre, l’Équateur a suspendu temporairement jeudi ses exportations de pétrole brut à la suite de la rupture d’un oléoduc. En revanche, Royal Dutch Shell a annoncé vendredi avoir achevé la réparation de l’oléoduc de Bonny, au Nigeria, endommagé par un sabotage le 7 février.
Dans une perspective de long terme, le ministre saoudien du Pétrole et chef de file de l’Opep, Ali al-Nouaïmi, a déclaré à la revue Pétrostratégies : « Il existe dorénavant une ligne sous laquelle les prix ne tomberont pas (…) Si vous regardez le coût marginal de production des carburants alternatifs, que ce soit les biocarburants ou les sables bitumineux, je pense qu’elle se situe entre 60 dollars et 70 dollars ».

FOCUS (HEBDOMADAIRE ALLEMAND)
 Entretien avec Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’État US, conseillère d’Hillary Clinton
« La guerre menée depuis 2003 par les États-Unis en Irak est la plus grande catastrophe de politique étrangère de Washington, pire que le Vietnam. Avant, lorsque les gens entendaient “Amérique”, ils pensaient à la libération de l’Europe occupée par les nazis, ou au Plan Marshall. Aujourd’hui, ils pensent à Guantanamo et Abou Ghraib. La politique de Bush a fait beaucoup de dégâts à la réputation de l’Amérique et à la démocratie. Nous, les Américains, nous devons comprendre que notre liberté, notre vie et la sécurité de notre nation dépendent de la manière dont nous voyons le monde, et dont le monde nous voit. »

DE STANDARD (QUOTIDIEN BELGE)
Le chef du présumé réseau islamiste démantelé au Maroc, le chiite Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, est en fait un informateur de la Sûreté de l’État belge. Le ministre de la Justice Jo Vandeurzen a demandé au « Comité R » (organe de surveillance des services secrets) d’enquêter sur cette étrange affaire.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL)
 Entretien avec Mahmoud Ahmadinejad, président iranien
« Les combats en Irak contre l’occupant états-unien sont normaux. Le problème des États-Unis est qu’ils ne comprennent pas la culture de la région. Ils pensent que tous les problèmes se résolvent à coups de canons. »

THE SUNDAY TIMES (HEBDOMADAIRE BRITANNIQUE, GROUPE MURDOCH)
Le journal a pu interroger dans leur prison à Java les trois auteurs de l’attentat de Bali (12 octobre 2002). Condamnés à mort, ils attendent leur exécution. Ils assurent que leur intention n’était pas de commettre un tel massacre (202 morts, dont 88 Australiens). S’ils admettent avoir eu contact avec Oussama Ben Laden (Ali Ghufron alias Mukhlas l’avait rencontré en Afghanistan), ils démentent que celui-ci ait financé l’opération. Selon eux, la seule aide qu’ils ont reçue est une indonésienne. Surtout, ils nient être responsables de la seconde explosion, la plus meurtrière, et se retranchent derrière une théorie conspirationniste : ce sont d’autres, peut-être la CIA, le KGB ou le Mossad, ils ne savent pas.

THE DAILY TELEGRAPH (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
 Éditorial
Le gouvernement Brown persiste dans l’inefficacité : pour combattre le terrorisme, il a doté un Fonds de prévention de 45 millions de livres pour les trois ans à venir. Selon un relevé transmis à un membre du Parlement, Paul Goodman, cela va des épreuves sportives, aux cours d’anglais pour imam, en passant par des séminaires contre le terrorisme. Parmi les bénéficaires —presque uniquement des associations musulmanes— on relève la Fondation Cordoba, qui travaille avec le Hizb-ut-Tahrir, pourtant qualifié d’organisation terroriste ; ou encore l’Islamic Foundation, un des principaux vecteurs de « l’islamisme militant » ; sans parler de la mosquée de Green Lane (Birmingham) connue pour ses prêches enflammés ! Pis, pendant que l’on gaspille l’argent du contribuable, Ibrahim Moussawi, l’ancien directeur d’Al-Manar (une télévision interdite dans de nombreux pays) entreprend une tournée dans le Royaume. Ce propagandiste du Hezbollah s’est déjà produit à Londres, Bristol, Birmingham, Manchester, Norwich et Cambridge. Il sera ce soir à Cardiff grâce au visa que le gouvernement Brown lui a accordé.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
La BBC lancera, le 11 mars prochain, une nouvelle chaîne de télévision entièrement en arabe. Elle est dotée d’un budget annuel de 30 millions de livres. La BBC tente de s’introduire sur un marché saturé et dominé par Al-Jazeera, mais elle compte bénéficier de son image d’impartialité. Cette annonce intervient alors que de nouvelles craintes planent sur le secteur après l’adoption par la Ligue arabe d’une charte déontologique qui limite la liberté d’expression.

THE TIMES (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE MURDOCH)
Asadullah Wafa, le gouverneur de la province d’Helmand, a été décoré et mis à la retraite par le président Karzaï. Ainsi se termine le bras de fer qui a opposé Kabul à Londres. M. Wafa, un chef d’entreprise à l’ancienne, avait expulsé de hauts fonctionnaires britanniques détachés dans des organisations internationales parce qu’il ne comprenait pas leur stratégie de retournement et d’intégration des insurgés.

THE TIMES OF INDIA (QUOTIDIEN INDIEN)
Le séminaire Darul Uloom, haute autorité de l’islam déobandi, a rédigé un appel qualifiant le recours au terrorisme d’antimusulman et antinational. Cette déclaration est bien accueillie par l’ensemble des déobandis dans le monde. Elle vise à se démarquer sans ambiguïté du talibanisme.

THE AGE (QUOTIDIEN AUSTRALIEN)
Le Premier ministre Kevin Rudd s’est employé à rassurer son hôte, le secrétaire US à la Défense Robert Gates : le retrait australien d’Irak ne modifie pas les relations privilégiées de Canberra et de Washington. Celles-ci sont placées au-delà de l’alternance conservateurs-travaillistes. Le courant initié au siècle dernier au sein du Parti travailliste par Mark Latham, favorable à une forme de neutralité, a été vaincu par le courant militariste pro-US (stigmatisé sous le sobriquet de « big macs »). D’ailleurs, Kevin Rudd s’est engagé à relever le niveau d’intervention en Afghanistan, une guerre qui n’a pas l’impopularité de l’invasion de l’Irak.

SOUTH CHINA MORNING POST (QUOTIDIEN CHINOIS DE HONG KONG)
Le retrait militaire australien d’Irak ne doit pas tromper. D’abord, il n’est pas complet, car Canberra conservera sur place des hommes, deux avions de surveillance et un patrouilleur, pour garantir l’acheminement de son pétrole. Ensuite, par ce que l’Australie reste le partenaire fidèle des États-Unis qu’elle a toujours été, y compris pendant la guerre du Vietnam. Canberra bat actuellement le tambour pour augmenter les forces alliées an Afghanistan et jouera au sommet de l’OTAN de Bucarest le rôle que Washington attend de lui. Le retrait d’Irak correspond simplement à une demande de l’opinion publique, qui le souhaite à 80%.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Le chef d’état-major interarmes des forces armées US, l’amiral Mike Mullen, est en visite surprise en Irak pour y rencontrer les responsables militaires et civils. Cette visite coïncide avec celle du président iranien Ahmadinedjad, mais il s’agit là d’un pur hasard. Aucune rencontre n’est prévue officiellement entre les deux hommes.
• Le procès de deux analystes de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), Steven J. Rosenet Keith Weissman s’ouvre à Alexandria. Les prévenus sont accusés d’avoir transmis à Israël des informations sur le point de vue de Washington face à l’Iran, obtenues dans le cadre de leurs activités de lobbying. Les débats s’annoncent comme un grand déballage des méthodes de l’AIPAC. La défense souhaite montrer que l’activité des prévenus n’a rien de l’espionnage, mais de la routine des lobbies. Elle veut citer à comparaître Condoleezza Rice, Stephen J. Hadley, Elliot Abrams, Richard L. Armitage, Paul D. Wolfowitz, entre autres. Il semble que les informateurs de l’AIPAC étaient Lawrence A. Franklin (Pentagone), Kenneth Pollack (Conseil national de sécurité) et l’ambassadeur David M. Satterfield (département d’État).
[La Cour d’Alexandria, devant laquelle se tient ce procès, est systématiquement choisie pour les affaires d’État. Elle a la particularité d’être située dans une zone habitée presque exclusivement par des employés du Pentagone, ce qui donne une coloration particulière à ses jurés. Ndlr.]

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Les États-Unis devraient réduire leur contingent en Irak avant la fin du mandat de George W. Bush en janvier 2009, en dépit d’une pause annoncée par l’Administration en février. Selon un haut responsable de l’Administration qui a requis l’anonymat, la pause annoncée mi-février par le secrétaire à la Défense, Robert Gates, devrait durer de quatre à six semaines l’été prochain, afin d’évaluer les conditions sur le terrain. « J’attends de plus amples réductions (de troupes) pour 2008, et le président aussi. La question est simplement de savoir quand les réductions seront annoncées, quand elles prendront effet, et à quel rythme », a déclaré l’officiel, qui ne donne toutefois pas de chiffre sur le nombre de soldats américains qui quitteraient l’Irak avant janvier 2009. Le chef du commandement US en Irak, le général David Petraeus, avait laissé entendre le mois dernier qu’il souhaitait un temps de réflexion après le retrait initial. Il doit émettre en avril une recommandation quant à une éventuelle poursuite de la réduction du contingent états-unien après juillet.

Audiovisuel international

CBS (CHAINE ÉTATS-UNIENNE)
Émission : Face the Nation
 INVITE : BILL RICHARDSON, GOUVERNEUR DU NOUVEAU MEXIQUE (D)
« Mardi nous y verrons plus clair, nous saurons si le Parti démocrate sera représenté par Clinton ou par Obama à l’élection présidentielle. Nous devrons immédiatement cesser cette campagne négative, dangereuse pour l’unité du parti, et nous placer d’une manière enfin constructive. »

CBC (CHAINE ÉTATS-UNIENNE)
Émission : Meet the Press
 INVITE : BOB SHRUM, STRATEGE DU PARTI DEMOCRATE
« Le gouvernement canadien de Stephen Harper s’ingère dans la campagne électorale US en faveur du Parti républicain dont il partage l’idéologie droitière
[Le directeur de cabinet d’Harper a raconté à la presse qu’un des conseillers d’Obama lui aurait indiqué que le Canada n’avait pas à s’inquiéter car Obama n’avait aucune intention réelle de renégocier l’accord de libre-échange nord-américain].

Tendances et événements au Liban

Le 14-mars tente de justifier l’envoi de bâtiments US au large des côtes libanaises

La scène libanaise a été dominée par les réactions au massacre perpétré par Israël à Gaza et les répercussions des menaces d’intervention militaire états-unienne dans le pays après l’envoi de bâtiments de guerre :
 1. Plusieurs manifestations sont prévues ce lundi au Liban en signe de soutien et de solidarité avec le peuple palestinien, victime de la violence et du blocus israélien.
 2. Le Premier ministre Fouad Siniora et les ténors du 14-mars continuent de nier leur implication dans la décision des États-Unis d’envoyer, au large des côtes libanaises, des bâtiments de guerre, dont le destroyer Cole, suivi prochainement par un navire de débarquement, le USS Nassau. Certains loyalistes se sont défendus en affirmant que la flotte US se trouve toujours en dehors des eaux territoriales. Mais des opposants ont tourné en dérision cet argument en rappelant que les capacités techniques et militaires des navires états-uniens leurs permettent de bombarder le Liban même à partir de cette distance, ce qui constitue une menace pour la souveraineté nationale. Selon des sources bien informées, la chargée d’affaires US à Beyrouth, Michele Sison, aurait assuré à Fouad Siniora que c’est la Syrie qui est visée par l’envoi de cette flotte. Mais ces propos ont suscité de nombreuses interrogations sur l’intérêt du Liban à servir de base pour des attaques contre la Syrie et sur la relation entre le mouvement des navires US et les informations sur une éventuelle offensive israélienne contre la Résistance libanaise. Quoi qu’il en soit, l’opposition a rejeté les déclarations de Siniora, soulignant que le Premier ministre a fourni des explications mais n’a pas exprimé sa position à l’égard de l’envoi des bâtiments états-uniens.
 3. L’échec de l’attaque israélienne contre Gaza –qui n’a pas abouti à l’arrêt des tirs de roquettes- montre les limites des changements dans les rapports de force que l’État hébreu peut espérer obtenir grâce à sa machine militaire.
 4. De nouveaux indices sont apparus concernant le sommet arabe qui aura lieu à la date et au lieu prévus, c’est-à-dire à Damas les 29 et 30 mars, en dépit de toutes les pressions exercées par le camp des Arabes dits « modérés ». Le dossier palestinien commence à prendre le dessus sur la question libanaise, au grand dam de l’Arabie saoudite et de ses alliés libanais.
 5. Les incidents montrant le refus du 14-mars d’accepter toute opposition politique dans les régions où il est implanté se multiplient. C’est ce qui est apparu après l’agression perpétrée par des partisans du Courant du futur de Saad Hariri contre les participants à un meeting organisé par le Parti communiste libanais dans la localité de Akkar-Atika, au Liban-Nord. Dans un communiqué, le Courant du futur a explicitement dit qu’il n’autoriserait pas des « voix opposantes » dans (ses) régions. Cet incident illustre une dangereuse dérive dictatoriale que les Libanais n’ont connue que durant la guerre civile.

Principaux développements

• Saada Badreddine, l’épouse du chef militaire du Hezbollah, Imad Moghniyé, assassiné le 12 février à Damas, a démenti avoir porté des accusations contre un État arabe dans la mort de son mari. Dans sa déclaration, Mme Moghniyé a affirmé que tout ce qui a été dit en son nom dans les médias à ce sujet est une pure invention et vise à détourner l’enquête du véritable auteur de l’attentat, qui est l’ennemi sioniste.

• Des centaines de Palestiniens et de Libanais ont manifesté pour dénoncer l’offensive sanglante lancée par Israël dans la bande de Gaza. À Aïn el-Héloué (à 35 kilomèters au sud de Beyrouth) une foule de femmes et d’enfants ont organisé un sit-in à l’appel du Hamas et appelé le « Conseil de sécurité de l’Onu à stopper l’agression israélienne soutenue par les États-Unis ».
Dans le camp de Beddaoui (Liban-Nord), des représentants des partis palestiniens rivaux Hamas et Fateh ont manifesté côte à côte, en brandissant des drapeaux noirs en signe de deuil. Un responsable de la sécurité à Beddaoui a affirmé qu’une bombe artisanale ainsi qu’un bâton de dynamite ont été découverts et désamorcés sur la route que devaient emprunter les manifestants.
Une manifestation a également eu lieu dans le camp palestinien de Bourj el-Barajneh (Beyrouth) et devant les bureaux de la Ligue arabe. À la porte de Fatmé, à la frontière sud, des manifestants du Hezbollah se sont rassemblés pour conspuer Israël et condamner le massacre.

Déclarations et communiqués

 COMMUNIQUE DU HEZBOLLAH SUR L’ARRIVEE DE BATIMENTS DE GUERRE US
« L’envoi des navires militaires états-uniens a permis de faire tomber les masques. Il est désormais clair que les États-Unis veulent imposer leur hégémonie sur le Liban et sur la région. Leurs slogans sur la démocratie et la liberté des peuples ont montré qu’ils étaient creux et ne visaient qu’à servir leurs propres intérêts. L’envoi des navires de guerre est le signe de l’échec de toutes les autres tentatives visant à contrôler le Liban et à briser sa résistance. La gêne de la majorité et ses déclarations confuses au sujet de l’envoi des navires de guerre états-uniens prouvent l’implication de la majorité dans les plans américano-israéliens qui visent à remonter le moral des États-uniens eux-mêmes, des Israéliens après l’échec de juillet 2006 et des membres de la majorité. »

 HASSAN FADLALLAH, DEPUTE DU HEZBOLLAH
« L’envoi des navires de guerre états-uniens au large des côtes libanaises est dû au fait que la majorité n’est plus en mesure d’exécuter les plans états-uniens et l’Administration US a été contrainte à agir elle-même ou, en tout cas, à envoyer du renfort. L’Administration US a affirmé avoir effectué des concertations avec le gouvernement sur la question. Le gouvernement est naturellement incapable de convoquer ces navires puisqu’il n’a aucun pouvoir et doit se contenter d’exécuter les instructions que lui donnent ses maîtres états-uniens. »

 WALID MOALLEM, MINISTRE SYRIEN DES AFFAIRES ETRANGERES
« La présence du navire de guerre US au large du Liban montre que les États-Unis œuvrent pour entraver toutes les solutions politiques de la crise au Liban. Les États-Unis sont le seul pays à n’avoir pas appuyé le plan de la Ligue arabe pour une solution au Liban. Cela signifie que les États-Unis ont envoyé ainsi un message en premier lieu à la mission de Amr Moussa, au plan arabe et à la Ligue arabe. Ceux des Libanais qui misent sur une politique de la canonnière de la part des États-uniens en seront pour leurs frais. Washington ne peut pas imposer la solution de son choix. La sortie de crise se fera dans le cadre de l’initiative arabe, des efforts de Amr Moussa et à travers l’entente des Libanais. Cette démonstration de force ne conduira pas comme ils le prétendent à la stabilité au Proche-Orient. »

 MGR. NASRALLAH SFEIR, PATRIARCHE MARONITE
« Les tiraillements entre les hommes de pouvoir, ainsi que tous les prétextes pour maintenir la mauvaise situation du pays en l’état, sèment le désespoir parmi les citoyens. L’important est de répondre aux revendications justifiées des citoyens, qui augmentent de jour en jour, comme si le pays allait vers le démantèlement et la disparition. Il n’est pas un seul Libanais possédant un brin de citoyenneté qui accepte que son pays se débatte dans cette situation désastreuse. »

 GEORGES ADWAN, NUMERO 2 DES FORCES LIBANAISES (14-MARS)
« La non-élection d’un président de la République a fait du Liban une arène pour autrui plutôt qu’un pays. Le Liban est devenu une monnaie d’échange dans les conflits extérieurs. Les Libanais patriotes doivent élire immédiatement le président de la République de consensus sans condition. C’est le seul moyen de sauver le Liban. (…) Le départ des Saoudiens et des ressortissants arabes est un coup à ce qui reste de tourisme. »

 COMMUNIQUE DU SECRETARIAT GENERAL DU 14-MARS
« C’est le Hezbollah qui assume directement la responsabilité d’avoir entraîné le Liban dans l’arène des conflits extérieurs. Si le mouvement des bâtiments états-uniens dans la Méditerranée est un message adressé à un axe régional quelconque, c’est bien le Hezbollah qui œuvre afin d’intégrer le Liban dans cette équation. C’est lui qui veut que le Liban devienne partie d’une équation syro-iranienne. Le fait pour l’Administration US d’avoir placé son navire de guerre face aux côtes libanaises et syriennes « ne revient pas à la majorité libanaise. Cela relève de la responsabilité du pouvoir iranien qui ne veut pas rentrer directement, et sur son territoire, en confrontation avec les États-Unis. L’Iran préfère faire cela à partir du Liban, et par le biais d’éléments libanais, au détriment du peuple libanais. Sacrifier les Libanais est permis, légitimé, alors que les protéger et préserver leurs intérêts est qualifié de trahison ! En dépit de tout cela, le Hezbollah trouve facile d’accuser la majorité de trahison, sans dire mot du canal de négociations qui a été ouvert entre le régime syrien et Israël. »

 COMMUNIQUE DES MINISTRES DES A-E DU CONSEIL DE COOPERATION DU GOLFE
« Il faut éliminer les obstacles qui empêchent que le président de la République libanaise puisse être élu le 11 mars. Le CCG réaffirme son soutien au pouvoir et aux institutions constitutionnelles au Liban, et exprime sa grande inquiétude et mécontentement devant les entraves aux efforts du secrétaire général de la Ligue arabe, qui cherchait à faire appliquer une proposition arabe pour régler la crise. »

titre documents joints


Global Security : Iran, Commission des Affaires étrangères, Chambre des Communes britannique, 2 mars 2008


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