Nick Khaldas, commissaire adjoint de la police de Nouvelles-Galles-du-Sud (Australie), a été nommé enquêteur en chef du Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban, une juridiction chargée de juger l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri, ainsi que 22 autres meurtres politiques.
Nick Khaldas, un juif égyptien naturalisé Australien, est célébre pour avoir enquêté sur l’assassinat politique du syndicaliste et député John Newman, en 1994. Honoré par le FBI, en 2004, M. Khaldas est devenu conseiller des enquêteurs du Tribunal spécial irakien qui a condamné à mort Saddam Hussein à l’issue d’une parodie de procès. Récemment, il a organisé le plan de surveillance anti-terroriste des minorités ethniques en Nouvelles-Galles-du-Sud.
La sincérité de M. Khaldas a été mise en doute par le quotidien libanais Al-Akbhar, qui a rappelé la polémique entourant l’affaire Newman. Selon la version officielle, le parlementaire travailliste qui menait une campagne contre les gangs, aurait été assassiné sur ordre d’un tenancier de boîte de nuit qui s’était auparavant vainement présenté aux élections contre lui, Phuong Ngo. Cependant, un autre suspect, le conseiller municipal Albert Ranse, avait avoué devant Nick Khaldas être le véritable commanditaire du meurtre, mais le policier avait omis de transmettre le procès-verbal d’audition aux magistrats. Accusé de soustraction d’information et de parjure, M. Khaldas avait été blanchi par la Justice australienne après avoir reconnu une erreur. Malgré ce rebondissement, la condamnation de M. Ngo n’avait pas été révisée.
Initialement, le Tribunal spécial des Nations Unies pour le Liban a été constitué avec l’idée qu’une juridiction ordinaire ne serait pas capable de juger des dirigeants syriens si l’enquête prenait cette direction. Ses détracteurs l’ont présenté comme une machine de guerre américano-saoudienne contre la Syrie.
Contrairement à son intitulé, le Tribunal spécial des Nations Unies pour le Liban n’est pas un organe subsidiaire de l’ONU, mais un organe conventionnel créé conjointement par le secrétaire général de l’ONU et par le gouvernement libanais à la demande de la majorité des membres du Conseil de sécurité. Or, la Charte de San Francisco ne reconnaît pas une telle compétence au Conseil de sécurité et encore moins au secrétaire général. Quand au gouvernement libanais de l’époque, il ne pouvait prétendre qu’à expédier les affaires courantes et n’était pas constitutionnellement habilité à négocier une telle convention, ainsi que l’a rappelé le président de la République libanaise.
Les frais considérables engendrés par le Tribunal seront couvert à 49 % par le Liban. Le reste sera principalement payé par l’Arabie saoudite, l’ex-Premier ministre libanais étant de nationalité saoudienne. Le royaume wahhabite applique une version rigoriste de la charia et sa Justice est décrite par la plupart des organisations de défense des Droits de l’homme comme partiale et corrompue.
Le Tribunal spécial examinera les conclusions de la Commission internationale, successivement présidée par Detlev Mehlis, Serge Brammertz et Daniel Bellemare. Lié de longue date aux intérêts états-uniens, M. Mehlis avait dû quitter précipitamment ses fonctions après que les principaux témoignages sur lesquels ils s’appuyait se soient avérés mensongers. Son adjoint, le commissaire Gerhard Lehmann, à la fois policier allemand et agent de la CIA, est impliqué dans les enlèvements, séquestrations et tortures perpétrés par la CIA en Europe.
Le témoin clé de la Commission d’enquête, Mohamed Zuhair As-Siddik, a « disparu » le 13 mars 2008 à Paris, alors qu’il se trouvait sous la responsabilité des autorités françaises. Il avait reconnu publiquement avoir été payé par Saad Hariri, fils de la victime, et Walid Jumblatt, vice-président de l’Internationale socialiste, pour déposer un faux témoignage accusant les autorités syriennes.
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