Lors de son audition par la Commission des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, en vue de sa confirmation au poste de secrétaire d’État, Condoleezza Rice a prononcé cette déclaration liminaire.
C’est un honneur pour moi d’avoir été nommée à la tête du département d’Etat en cette période critique - période de défis, d’espoir et de possibilités pour les Etats-Unis et pour le monde entier.
Le 11 septembre 2001 a constitué un moment déterminant pour notre pays et pour le reste du monde. Sous la direction du président Bush, notre pays s’est montré à la hauteur de la situation pour relever les défis de notre époque, en luttant contre la tyrannie et le terrorisme et en sauvegardant les bienfaits de la paix et de la prospérité pour une nouvelle génération. La tâche que les Etats-Unis et leurs alliés ont entreprise, et les sacrifices que nous avons faits ont été difficiles... mais nécessaires... et justifiés. Maintenant, le moment est venu de se fonder sur ces réalisations... pour rendre le monde plus sûr et plus libre. Il nous faut nous servir de la diplomatie américaine pour contribuer à créer dans le monde un équilibre des pouvoirs favorable à la liberté. Le temps de la diplomatie est venu.
La confiance dont le président Bush a fait preuve à mon égard en me choisissant pour accomplir la grande tâche qui consiste à diriger la diplomatie américaine à une telle période de notre histoire me remplit d’humilité. Si le Sénat entérine ma nomination, je collaborerai avec les parlementaires tant démocrates que républicains afin de créer un grand consensus bipartite en faveur de la politique étrangère des Etats-Unis. Je m’emploierai à renforcer nos alliances, à soutenir nos amis et à rendre le monde plus sûr et meilleur. Je ferai appel aux grands talents des hommes et des femmes du département d’Etat, qu’ils soient diplomates ou non, et du personnel local de nos ambassades et consulats. Et si ma nomination est entérinée, ce sera un honneur tout particulier pour moi de succéder à un homme que j’admire tant, mon ami et conseiller, Colin Powell.
Il y a quatre ans, M. Powell a pris la parole devant votre commission au même titre que moi aujourd’hui. Tout comme maintenant, c’était la semaine pendant laquelle les Etats-Unis célèbrent la vie et l’héritage spirituel de Martin Luther King. C’est une période de réflexion sur l’héritage spirituel de ce grand homme, sur les sacrifices qu’il a faits, sur le courage des personnes qu’il a dirigées et sur les progrès que notre pays a réalisés pendant les décennies qui ont suivi. Je suis tout particulièrement redevable à ceux qui se sont battus et qui ont fait des sacrifices au sein du mouvement en faveur des droits civiques de sorte que je puisse être ici aujourd’hui.
Pour moi, c’est aussi le moment de se souvenir d’autres héros. J’ai grandi à Birmingham (Alabama), la ville de Bull Connor, des attentats à la bombe contre des églises et des mesures d’intimidation des électeurs... la ville où Martin Luther King a été jeté en prison parce qu’il avait organisé une manifestation sans obtenir un permis. Et pourtant il y avait un autre Birmingham, la ville où mes parents, John et Angelena Rice, et leurs amis formaient une communauté florissante au milieu de la ségrégation la plus terrible du pays. Il leur aurait été facile de s’abandonner au désespoir et de transmettre un message d’impuissance à leurs enfants, mais ils ont refusé de laisser les limites et les injustices de leur époque bloquer notre horizon. Mes amis et moi avons été élevés dans l’idée que nous pouvions faire ou devenir ce que nous voulions, que les seules limites de nos aspirations provenaient de nous-mêmes. On nous a appris à ne pas écouter ceux qui nous disaient : « Non, vous ne pouvez pas le faire ».
L’histoire des parents, des enseignants et des enfants de Birmingham est l’histoire du triomphe des valeurs universelles sur l’adversité. Ces valeurs - la croyance dans la démocratie, dans la liberté, dans la dignité de tous et dans les droits de toute personne - unissent les Américains quels que soient leur milieu, leur religion et la couleur de leur peau. Elles nous donnent une cause commune à tout moment, un point de ralliement en périodes difficiles, et offrent une source d’espoir aux hommes et aux femmes du monde entier qui sont épris de liberté et qui œuvrent en faveur de la cause de la liberté. En cette période extraordinaire, nous avons tous - parlementaires, diplomates, fonctionnaires et citoyens - le devoir de défendre les valeurs qui constituent le cœur de l’identité américaine et qui ont amélioré la vie de millions de personnes à travers le monde.
Une des leçons les plus claires de l’histoire est que les Etats-Unis sont plus en sécurité, et le monde plus sûr, toutes les fois que la liberté l’emporte en quelque lieu que ce soit. Ce n’est ni un accident ni une coïncidence que les menaces les plus graves provenaient des mouvements totalitaires au siècle dernier. Le fascisme et le communisme étaient différents à de nombreux égards, mais ils avaient en commun une haine implacable de la liberté, une assurance fanatique que leur voie était la seule et une confiance suprême que l’histoire était de leur côté.
A certains moments, il a presque semblé qu’il en était ainsi. Pendant la première moitié du XXe siècle, une grande partie des progrès des décennies antérieures en matière de démocratie et d’économie a paru être balayée par la marche d’idéologies impitoyables armées d’une puissance militaire et technique formidable. Même après la victoire des alliés qui a mis fin à la Seconde Guerre mondiale, maintes personnes craignaient que l’Europe, et peut-être le reste du monde, soit forcée d’être divisée en permanence entre une moitié asservie et une moitié libre. La cause de la liberté a souffert une série de grands revers stratégiques : le communisme imposé en Europe orientale... la domination de l’Union soviétique en Allemagne de l’Est... le coup d’Etat en Tchécoslovaquie... la victoire des communistes chinois... les essais nucléaires de l’Union soviétique cinq ans avant ce que l’on avait prévu... pour ne citer que quelques exemples. A ce moment-là, la perspective d’une Allemagne démocratique réunifiée et d’un Japon démocratique paraissait peu réaliste.
Néanmoins, les Etats-Unis et leurs alliés ont eu la chance d’avoir des dirigeants visionnaires qui n’ont pas perdu leur chemin. Ils ont créé la grande alliance de l’OTAN pour endiguer la puissance soviétique et pour finalement l’éroder. Ils ont établi l’Organisation des Nations unies et créé le cadre juridique international pour cette institution et d’autres institutions qui servent bien le monde depuis plus de cinquante ans. Ils ont fourni des milliards de dollars pour aider l’Europe et une grande partie de l’Asie à se reconstruire. Ils ont mis en place un régime économique international fondé sur le libre-échange et sur l’économie de marché qui a répandu la prospérité aux quatre coins du monde. Ils ont fait face à l’idéologie de nos ennemis et à leur propagande avec un message d’espoir et avec la vérité. Finalement - même si cette fin a été longue à venir - leur vision l’a emporté.
Les défis auxquels nous devons faire face de nos jours ne sont pas moins impressionnants. Les Etats-Unis et le reste du monde libre ont de nouveau engagé une lutte de longue durée contre une idéologie marquée par la tyrannie et le terrorisme ainsi que contre la haine et le désespoir. Il nous faut relever ces défis avec la même vision, le même courage et la même hardiesse de pensée dont nos dirigeants ont fait montre après la Seconde Guerre mondiale.
En cette époque cruciale, la diplomatie américaine doit accomplir trois grandes tâches. Premièrement, nous devons unir la communauté des démocraties dans la construction d’un système international fondé sur nos valeurs communes et la règle de droit. Deuxièmement, nous renforcerons la communauté des démocraties afin de contrer les menaces qui pèsent sur notre sécurité collective et d’apaiser le désespoir qui alimente le terrorisme. Et troisièmement, nous répandrons la liberté et la démocratie dans le monde entier. Telle est la mission que le président Bush a assignée à l’Amérique dans le monde... et telle est aujourd’hui la grande mission de la diplomatie américaine.
Permettez-moi d’aborder chacune des trois missions que je viens d’évoquer. Chaque pays qui a l’avantage de vivre du bon côté de la ligne de partage entre la liberté et la tyrannie a le devoir de partager les bienfaits de la liberté. Notre première difficulté, conséquemment, est d’inciter les Américains et les peuples de toutes les nations libres à s’unir pour résoudre des problèmes communs. L’OTAN... l’Union européenne... et nos alliés démocratiques de l’Asie de l’Est et du monde entier seront nos principaux partenaires dans cette œuvre capitale. Les Etats-Unis vont également continuer de s’attacher à soutenir et maintenir le système de règlements et traités internationaux qui nous permet de profiter de notre liberté, de construire nos économies et de préserver notre sécurité.
Nous devons rester soudés pour exiger que l’Iran et la Corée du Nord renoncent à leurs ambitions nucléaires et choisissent la voie de la paix. De nouveaux forums nés de l’Initiative pour le Grand Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont autant de moyens idéaux pour encourager la réforme économique, sociale et démocratique dans le monde islamique. La mise en œuvre du Pogramme de Doha pour le développement et la réduction des barrières commerciales créeront des emplois et réduiront la pauvreté dans des dizaines de pays. Et en soutenant les peuples libres de l’Irak et de l’Afghanistan, nous continuerons d’apporter de l’espoir à des millions de gens, et la démocratie à une partie du monde où elle fait cruellement défaut.
Comme le président Bush l’a affirmé dans sa stratégie de sécurité nationale, l’Amérique « est guidée par la conviction qu’aucun pays ne peut, seul, bâtir un monde meilleur et plus sûr. Les alliances et les institutions multilatérales peuvent multiplier la puissance des nations éprises de liberté ». Si ma nomination est confirmée, cette conviction profonde guidera mes démarches. Cependant, lorsqu’il s’agira de juger une ligne d’action, je n’oublierai jamais que la réelle mesure de sa valeur est son efficacité.
Notre deuxième grand objectif est de renforcer la communauté des démocraties, afin que toutes les nations libres soient à la hauteur de la tâche qui nous attend. Partout, les peuples libres sont réconfortés par le succès de la démocratie dans le monde. Nous devons, ensemble, étendre ce succès.
Nous nous heurtons à de nombreux obstacles. Dans certaines régions du monde, les minorités extrémistes menacent l’existence même de la liberté politique. La maladie et la pauvreté risquent de déstabiliser des nations et des régions entières. La corruption peut saper les fondations de la démocratie. Et certains dirigeants élus à l’esprit étroit ont entrepris des démarches qui, si l’on ne fait rien, risquent de saper le processus de démocratisation.
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que les pays qui font le choix et le travail difficiles de s’unir au monde libre offrent réellement à leurs citoyens la vie meilleure qu’ils appellent de leurs vœux. Des Philippines à la Colombie en passant par les pays d’Afrique, nous renforçons la coopération à la lutte antiterroriste avec les Etats qui ont la volonté de lutter contre le terrorisme, mais qui n’ont pas assez de moyens. Nous dépensons des milliards de dollars pour lutter contre le sida, la tuberculose, le paludisme et autres maladies, pour alléger la souffrance de millions de gens et pour aider en cas de crise sanitaire. L’Amérique a toujours été généreuse lorsqu’il s’est agi d’aider des pays à se remettre de catastrophes naturelles. Encore aujourd’hui, nous fournissons des fonds et du personnel pour apaiser la souffrance des millions de personnes touchées par le tsunami, et pour aider les pays concernés à reconstruire leur infrastructure. Nous nous associons aux pays en développement qui luttent contre la corruption, respectent la règle de droit et créent une culture d’honnêteté. Dans la majeure partie de l’Afrique et de l’Amérique latine, nous devons relever le double défi d’aider à soutenir les idéaux et les institutions démocratiques tout en réduisant la pauvreté. Nous coopérerons dans ces régions avec les réformateurs résolus à multiplier les possibilités offertes à leurs peuples. Et nous allons insister sur le fait que les dirigeants démocratiquement élus ont le devoir de gouverner démocratiquement.
La troisième grande tâche que nous devons accomplir est de répandre la démocratie et la liberté dans le monde. J’ai évoqué un peu plus tôt les graves coups portés à la démocratie durant la première moitié du XXe siècle. La seconde moitié de ce siècle a connu un progrès beaucoup plus considérable de la démocratie. Durant les vingt-cinq dernières années de ce siècle, en effet, le nombre de démocraties dans le monde a triplé. Et rien que durant les six derniers mois de ce nouveau siècle, nous avons assisté au transfert pacifique et démocratique du pouvoir en Malaisie - un pays à majorité musulmane - et en Indonésie, pays qui abrite la plus vaste population musulmane du monde. Nous avons vu des hommes et des femmes faire la queue pendant des heures pour voter en Afghanistan lors de la première élection présidentielle libre et juste jamais organisée dans ce pays. Nous sommes réconfortés par le fait que le peuple ukrainien a refusé d’accepter une élection truquée et qu’il a exigé que sa volonté démocratique soit respectée. Nous avons vu le peuple palestinien voter dans le calme lors d’une élection juste. Et bientôt, le peuple irakien exercera son droit de choisir ses dirigeants, traçant ainsi la voie de l’avenir de son pays. Comme le furent les dernières décennies du XXe siècle, les premières décennies de ce nouveau siècle peuvent être une ère de liberté et nous, en Amérique, devons faire tout pour que cela soit ainsi.
A l’évidence, il reste dans le monde des avant-postes de tyrannie, et l’Amérique soutient les peuples opprimés de chaque continent... à Cuba, en Birmanie, en Corée du Nord, en Iran, en Biélorussie et au Zimbabwe. Le monde devrait leur faire subir ce que Natan Sharansky appelle le « test de la place publique » : si une personne ne peut pas venir sur la place publique et exprimer ses opinions sans craindre une arrestation, l’emprisonnement ou des mauvais traitements, alors cette personne vit dans une société oppressive, pas dans une société libre. Nous n’aurons de cesse que toute personne vivant dans une société oppressive n’ait obtenu sa liberté.
Au Moyen-Orient, le président Bush a rompu avec six décennies d’excuses et de tergiversations relatives à l’absence de liberté tolérées dans l’espoir d’acheter la stabilité au prix de la liberté. Les enjeux ne sauraient être plus élevés. Tant que le Moyen-Orient étendu demeurera une région de tyrannie, de désespoir et de colère, il produira des extrémistes et des mouvements qui menaceront la sécurité des Américains et de leurs amis.
Cependant, il existe des signes prometteurs que la liberté est en marche. L’Afghanistan et l’Irak sont aux prises avec un passé sinistre et terrible qu’ils essaient de mettre derrière eux et sont en train de choisir la voie du progrès. Il y a seulement quelques mois, l’Afghanistan a organisé une élection libre et juste, choisissant un président résolu à assurer le succès de la démocratie et à lutter contre le terrorisme. En Irak, le peuple va bientôt passer à la prochaine étape de son évolution vers une réelle démocratie. Tous les Irakiens, quelles que soient leur religion ou leur appartenance ethnique - Chiites, Sunnites et Kurdes - doivent bâtir ensemble leur avenir commun. L’élection qui aura lieu ce mois-ci sera un premier pas important alors que le peuple irakien se prépare à rédiger une constitution et à organiser le prochain scrutin - scrutin qui débouchera sur la création d’un gouvernement permanent.
Le succès de la liberté en Afghanistan et en Irak donnera force et espoir aux réformateurs de l’ensemble de la région, et accélérera le rythme des réformes déjà en cours. Du Maroc à la Jordanie en passant par le Bahreïn, nous voyons des élections, de nouvelles protections pour les femmes et les minorités, et la naissance du pluralisme politique. Des responsables politiques, civils et commerciaux ont lancé des appels émouvants au changement politique, économique et social. De plus en plus, les gens parlent, et leur message est clair : la région est destinée à vivre dans la liberté.
Enfin, la création d’une démocratie palestinienne contribuera à mettre fin au conflit dans les Terres saintes. La situation a beaucoup évolué depuis le 24 juin 2002, lorsque le président Bush a esquissé une nouvelle stratégie américaine de recherche de la paix au Proche-Orient et présenté les véritables conditions nécessaires à la solution de ce conflit. A présent, une nouvelle occasion se présente : il nous appartient d’en profiter. Nous jugeons très encourageante l’élection récente d’un nouveau chef palestinien. Je tiens ici à remercier les sénateurs Biden et Sununu d’avoir représenté les Etats-Unis à ces élections historiques. Pour le peuple palestinien, les Etats-Unis veulent la justice et la dignité ainsi qu’un Etat viable, indépendant et démocratique. Ils veulent la sécurité et la paix pour l’Etat d’Israël. Celui-ci doit faire sa part en vue d’améliorer les conditions dans lesquelles les Palestiniens vivent et cherchent à se bâtir un avenir meilleur. Les Etats arabes doivent l’y aider, et priver de tout soutien matériel et moral ceux qui optent pour la violence. Je me ferai fort de travailler personnellement avec les dirigeants palestiniens et israéliens et de faire porter le poids de la diplomatie américaine sur cette question difficile mais cruciale. La paix ne se fera que si toutes les parties choisissent de faire le travail difficile et d’assumer leurs responsabilités. Et le temps de choisir la paix est venu.
Construire un monde d’espoir, de prospérité et de paix est une tâche difficile. Au fur et à mesure que nous avancerons, les relations entre les Etats-Unis et les autres puissances du monde revêtiront une importance cruciale. En Russie, nous voyons que le chemin de la démocratie est accidenté et que son succès n’est pas encore assuré. Néanmoins, l’histoire récente nous montre que nous pouvons nous associer étroitement à la Russie pour la solution de problèmes communs. Ce faisant, nous ne cesserons de promouvoir la cause de la démocratie et d’affirmer clairement que la protection de la démocratie en Russie est un élément vital de l’avenir des relations américano-russes. En Asie, nous avons apporté un démenti à l’assertion erronée selon laquelle il serait impossible d’avoir de bonnes relations avec toutes les puissances de ce continent. Nos alliances asiatiques n’ont jamais été plus fortes, et cette force nous aidera à assurer la paix et la prospérité de la région. Le Japon, la Corée du Sud et l’Australie sont des partenaires clés dans les efforts que nous déployons pour déjouer les menaces communes et stimuler la croissance économique. Avec la Chine, nous entretenons des relations franches, coopératives et constructives qui tirent parti de nos intérêts communs sans occulter nos divergences considérables sur les valeurs. Nous coopérons avec l’Inde, l’Etat démocratique le plus peuplé du monde, sur toute une gamme de dossiers économiques et de questions de sécurité. Et nous le faisons alors même que nous accueillons le Pakistan comme un allié vital dans la guerre antiterroriste et comme un Etat en transition vers un avenir plus modéré et plus démocratique. Sur notre propre continent, nous coopérons étroitement avec le Canada et le Mexique à la réalisation de la vision d’une Amérique pleinement démocratique, unie par des valeurs communes et par le libre-échange.
Il nous faut également reconnaître que les Etats-Unis et tous les pays libres ont à faire face à une lutte générationnelle contre une idéologie nouvelle et meurtrière de haine que nous ne saurions feindre d’ignorer. Nous sommes bien loin de déployer tous les moyens nécessaires pour contrer une propagande haineuse, dissiper des mythes dangereux et faire rayonner la vérité. Nous allons accroître nos échanges avec le reste du monde. Nos concitoyens devraient faire un effort sérieux pour comprendre les autres cultures et apprendre des langues étrangères. Notre relation avec le reste du monde doit être une conversation et non pas un monologue. Les Etats-Unis doivent rester accueillants envers les visiteurs, les travailleurs et les étudiants de partout dans le monde, sans pour autant compromettre leurs normes de sécurité. Si nous voulons que nos efforts de diplomatie publique aboutissent, nous ne pouvons nous fermer au reste du monde. Si je suis confirmée dans mes fonctions, la diplomatie publique sera, pour moi et pour les professionnels que je dirigerai, l’une de nos toutes premières priorités.
Dans toutes nos initiatives à venir, l’instrument principal de la diplomatie américaine sera le département d’Etat et les hommes et femmes qui composent ses services aux Etats-Unis et à l’étranger ainsi que ses salariés locaux à l’étranger. Le temps de la diplomatie est venu, et le président et moi attendons de grandes choses de notre service diplomatique. Nous savons par expérience combien ses membres travaillent dur, nous savons les risques qu’ils prennent, eux et leur famille, et les privations qu’ils doivent accepter. Nous leur demanderons encore davantage au service de leur pays et d’une grande cause. Ils devront développer de nouvelles connaissances et affronter de nouveaux défis. Notre époque de transformation mondiale exige une diplomatie transformante. Plus que jamais, nos diplomates devront s’employer activement à propager la démocratie, à combattre le terrorisme, à réduire la pauvreté et à faire leur part pour protéger le sol américain. Je veillerai personnellement à m’assurer que les diplomates américains disposeront de tous les outils dont ils auront besoin pour faire leur travail, qu’il s’agisse de formation, de budget, d’encadrement ou de sécurité des ambassades. J’ai également l’intention de renforcer le recrutement de personnel, car la diplomatie américaine doit constamment embaucher et former les meilleurs talents. En outre, je tiens à continuer à diversifier le personnel du département d’Etat. Ce n’est pas seulement une cause juste, mais une nécessité. La diversité représente l’une des grandes forces de notre pays. Le message qui est adressé au monde lorsque les Etats-Unis sont représentés à l’étranger par des personnes de toutes les cultures, de toutes les races et de toutes les religions constitue une affirmation inégalée de qui nous sommes et de ce que nos valeurs signifient dans la pratique.
Permettez-moi de conclure mes propos par une observation personnelle. Je faisais partie du gouvernement à Washington de 1989 à 1991. J’étais la spécialiste des affaires soviétiques à la Maison-Blanche à la fin de la guerre froide. J’avais de la chance de me trouver là, et je le savais. J’ai pu ainsi participer à la libération de l’Europe de l’Est. J’ai pu participer à la réunification allemande et assister à l’effondrement de l’Union soviétique. C’était, pour nous tous, une période grisante. Mais rétrospectivement, je vois que nous ne faisions que récolter la moisson des décisions judicieuses prises en 1947, en 1948 et en 1949, lorsque Truman, Acheson, Vandenberg et Kennan, et tant d’autres hommes d’Etat sages et visionnaires, tant de l’exécutif que du législatif, avaient reconnu qu’il ne s’agissait pas d’un affrontement limité avec le communisme, mais de la lutte déterminante de notre temps.
Démocrates et républicains se sont unis derrière une vision et une politique qui ont permis de remporter la guerre froide. La route a parfois été cahoteuse, mais l’unité essentielle était présente, sur le plan tant des objectifs que des valeurs, et cette unité s’est avérée essentielle à notre succès final. Or, aucun président, aucun secrétaire d’Etat n’aurait pu défendre efficacement les intérêts des Etats-Unis en cette époque capitale sans le ferme soutien du Congrès et en particulier de la présente commission. Il en est de même aujourd’hui. Notre tâche et notre devoir consistent à nous unir derrière une vision et une politique qui répandront la liberté et la prospérité autour du globe. J’ai travaillé directement avec beaucoup d’entre vous. En cette période de grands défis et de grandes possibilités, l’exécutif et le législatif des Etats-Unis doivent œuvrer ensemble en faveur de la liberté et de la prospérité.
Dans l’avant-propos de ses mémoires publiés en 1969, Dean Acheson parle de cette période d’après-guerre, déclarant que « les protagonistes de cette pièce n’en connaissaient pas le dénouement, pas plus que nous ne le connaissons aujourd’hui ». Mais il nous est maintenant connu, et nombre d’entre nous, présents aujourd’hui, ont porté témoignage à cette fin. Cette fin, c’était une victoire pour la liberté, l’affranchissement de la moitié d’un continent, la disparition d’un empire despotique, et la justification des décisions sages et courageuses qui avaient été prises au début.
J’ai l’espoir et la conviction profonde que la lutte que nous devons mener aujourd’hui se terminera un jour par un triomphe semblable de l’esprit humain. Si nous travaillons ensemble, ce jour pourra se réaliser.
Source : Département d’État
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