La tendance générale

Obama veut des négociations bilatérales avec l’Iran

Les informations au sujet des négociations d’Istanbul, entre l’Iran et les grandes puissances (le groupe 5+1), indiquent que le diplomate états-unien William Burns a tenté, dès le début des pourparlers, d’entrer en contact direct avec le négociateur iranien Saïd Jalili. Le souhait, exprimé par la cheffe de la diplomatie européenne, Katherine Ashton, que Téhéran accepte des discussions bilatérales avec les Etats-Unis, confirment ces faits.

Les négociations, souhaitées par Washington, ne concernent pas uniquement le dossier du nucléaire iranien. En effet, il est désormais clair que l’accord d’échange du combustible nucléaire, s’il a lieu, sera exécuté en Turquie conformément aux termes de l’accord turco-irano-brésilien, conclu il y a plusieurs mois à Téhéran et rejeté par les Etats-Unis. De plus, comme le confirment les indiscrétions de WikiLeaks, les capitales occidentales sont conscientes du stade avancé atteint par la technologie iranienne qui sera capable, dans les mois à venir, d’enrichir de l’uranium pour se fournir en combustible nucléaire dans des quantités suffisantes sans avoir besoin de s’en procurer ailleurs, afin de l’utiliser dans des domaines pacifiques, scientifiques et civils, conformément aux valeurs religieuses statuées par le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamanéi. Enfin, les Etats-Unis et leurs alliés européens sont convaincus du prix exorbitant de toute aventure militaire contre l’Iran, qui, de surcroit, ne garantirait pas le démantèlement du programme nucléaire iranien.

A travers les négociations bilatérales avec l’Iran, les Etats-Unis espèrent réaliser quatre objectifs :

 Premier objectif : après avoir normalisé ses relations politiques avec Téhéran, Washington souhaite monopoliser les cartes économiques pour pénétrer dans le marché prometteur de l’Iran d’où ses « alliés » européens ont été exclus par les sanctions internationales et unilatérales. Le Conseil de sécurité a été instrumentalisé par les Etats-Unis ces dernières années pour empêcher le développement des relations entre l’Iran d’un côté, la Russie et la Chine de l’autre, et pour défricher le terrain devant les sociétés états-uniennes.

 Deuxième objectif : les dirigeants états-uniens souhaitent demander aux Iraniens de mettre en œuvre un plan d’intervention politique, sécuritaire et économique en Afghanistan et au Pakistan, où la guerre est en train de se transformer en gouffre profond pour les Etats-Unis, confrontés à une véritable défaite. De par la proximité géographique et les liens culturels et économiques, l’Iran possède une grande influence dans ces deux pays.

 Troisième objectif : conclure des deals avec l’Iran à travers des négociations bilatérales afin de conserver la plus large influence possible en Irak, notamment sur les plans pétrolier et sécuritaire. Les Etats-Unis sont ainsi contraints de conclure un traité militaire avec le gouvernement irakien l’autorisant à maintenir des bases en Irak avant le mois d’août prochain, date de la fin du retrait de leurs troupes régulières de ce pays. Washington doit aussi signer des accords garantissant ses « intérêts » pétrolier et permettant le maintien de ses armées de mercenaires.

Ces questions ne peuvent être réglées que dans le cadre de négociations avec l’Iran, la Turquie et la Syrie.

 Quatrième objectif : dans leur approche proche-orientale, les décideurs états-uniens placent en tête de leurs priorités la protection d’Israël face au renforcement de l’axe de la Résistance, composé de l’Iran, de la Syrie et des résistances libanaise et palestinienne. Dans leurs négociations avec l’Iran, les Etats-Unis veulent obtenir des garanties que ces mouvements ne veulent pas lancer une guerre régionale qui risque, cette fois, de mettre en péril l’existence même de l’Etat hébreu.

Ainsi, l’Empire américain se démène pour négocier avec ce qu’il appelait, à une certaine époque, « l’Axe du Mal », pour préserver ses intérêts et garantir la sécurité d’Israël. Des informations indiquent que l’évaluation des rapports de force, effectuée par le Pentagone, indique que les puissances régionales émergentes au Proche-Orient sont la Turquie, l’Iran et la Syrie et qu’il est indispensable de s’entendre avec elles, ce qui constitue une rupture totale avec les doctrines établies par l’Administration précédente. C’est pour cela que Washington n’a pas hésité à supprimer le rôle de ses alliés, notamment l’Arabie saoudite et l’Egypte, pour entrer directement en scène, sans avoir besoin de ses sous-traitants régionaux habituels.

La tendance au Liban

Hariri fabrique et manipule les faux témoins

Les Libanais ont suivi avec beaucoup d’intérêt les trois enregistrements sonores diffusés par la chaine de télévision locale NTV mettent en scène le Premier ministre sortant Saad Hariri et le ministre sortant de la Défense, Elias Murr. Il s’agit de l’enregistrement d’une réunion qui a groupé M. Hariri et le principal faux témoin dans l’enquête internationale, le syrien Mohammad Zouhair Siddik, ainsi que les enregistrements des dépositions de MM. Hariri et Murr devant la commission internationale d’investigation chargée d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Les Libanais ont maintenant une preuve irréfutable du rôle joué par Saad Hariri personnellement dans la fabrication et la manipulation des faux témoins qui ont fait des dépositions inventées de toute pièce, en 2005 et 2006, pour mettre l’enquête sur la piste syrienne. Selon des informations sûres, la NTV possèderait des enregistrements encore plus graves.

Ces « fuites » confirment les propos du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui avait révélé, il y a quelques semaines, que le numéro 2 de la commission d’enquête en 2005, l’Allemand Gerhard Lehman, avait proposé de vendre des documents relatifs à l’enquête à laquelle il collaborait à ses débuts. Le contenu des enregistrements prouve que Lehman et son chef, l’Allemand Detlev Mehlis, étaient au service de Saad Hariri et du faux témoin Siddik. Ce dernier avait été recruté par des groupes syriens hostiles au régime, qui collaboraient avec les Etats-Unis et des Libanais pour utiliser le sang de Rafic Hariri contre la Syrie. L’ironie du sort est de voir le TSL déplorer la diffusion des enregistrements par la chaine libanaise, alors que ces deux dernières années ce sont les milieux de ce même tribunal, en relation avec des médias arabes et internationaux, qui ont organisé des fuites massives. Mais celles-ci concernaient la prétendue implication du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri.

Après la diffusion de tels propos, tout homme politique digne aurait annoncé son retrait de la vie publique. Saad Hariri, lui, a préféré s’accrocher, en multipliant les excuses aux princes saoudiens et hommes politiques libanais, dont ses propres alliés, qu’il a cités d’une manière irrévérencieuse et offensante devant des enquêteurs étrangers. Mais jusqu’à présent, il n’a pas eu le moindre geste envers ceux qui ont été injustement emprisonnés ou accusés à cause des faux témoignages qu’il a fabriqués avec Siddik et d’autres.

A travers ses agissements, Saad Hariri s’est couvert de honte et s’est montré indigne d’occuper un poste de responsabilité dans son pays et, plus grave encore, a prouvé qu’il n’était pas la bonne personne pour rechercher la vérité sur l’assassinat de son père.

Les propos irrespectueux de Saad Hariri à l’égard du prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdel Aziz sont aussi graves que les paroles malheureuses qu’a eues Elias Murr à l’égard du président de la République Michel Sleiman. Hariri est détenteur de la nationalité saoudienne et sa famille tient son immense richesse des facilités offertes par la famille royale saoudienne. Les Libanais savent pertinemment comment Saad Hariri se comporte avec les membres de la famille régnante en Arabie saoudite. Beaucoup l’ont vu rester debout, dans des restaurants, n’osant pas s’asseoir en présence du prince Abdel Aziz Ben Fahd, le fils de l’ancien souverain. Les propos assassins contre le prince Mohammad ont provoqué la colère des membres de la famille royale qui ont palpé l’ingratitude de Hariri.

Même chose pour Elias Murr, qui doit son retour au ministère de la Défense à Michel Sleiman. Or dans sa déposition, il affirme que Sleiman avait été nommé à la tête de l’Armée libanaise –avant son élection à la présidence- parce qu’il était « l’officier le plus faible » de l’institution militaire. C’est une preuve que cette trempe de responsables considère que le mensonge et l’hypocrisie sont des « qualités » nécessaires pour un homme politique réussi. De même que le soutien apporté par Murr à la résolution 1559 montre à quel point le sort, la stabilité et l’unité du Liban importe peu à ces hommes.

Information confidentielle

Des milieux juridiques européens commencent à s’interroger sérieusement sur l’aptitude du juge italien Antonio Cassese à présider le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) en raison de ses convictions politiques personnelles. Selon des sources bien informées, M. Cassese était le conseiller juridique des Moujahidines du Peuple, un groupe armé qui revendique plusieurs milliers d’assassinats politiques en Iran et placé, pendant longtemps, sur la liste des organisations terroristes. C’est lui qui a initié le mécanisme juridique qui a permis de rayer cette organisation des listes terroristes. Le juge Cassese est passé directement de sa fonction de conseiller juridique des Moujahidines à celle de président du TSL. De plus, M. Cassese est connu pour ses sympathies pro-israéliennes et pro-sionistes. C’est un ami personnel d’Elie Weisel, qui lui a remis une distinction honorifique il y a quelques années. Est-il possible de confier la présidence d’un tribunal, censé juger le Hezbollah –et peut-être des responsables iraniens- à un magistrat connu pour son hostilité intellectuelle, politique et culturelle, à l’égard des accusés ?

Déclarations et prises de positions

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Il ne fait plus de doute que le tribunal international est politisé. Il accélère le processus judiciaire pour tenter d’influer sur le cours des événements politiques au Liban. La remise de l’acte d’accusation lundi dernier, le jour des consultations parlementaires avant qu’elles ne soient reportées d’une semaine, n’est pas une coïncidence. De même que le fait d’avoir fixé une première séance le 7 février pour examiner le cadre juridique de cet acte, n’est pas un hasard (…) Si notre candidat l’emporte, nous lui demanderons de former un gouvernement de partenariat national avec la participation de toutes les parties. Toutes les déclarations selon lesquelles le Hezbollah envisage d’instaurer un gouvernement iranien ou chiite sont une déformation, elles sont trompeuses et totalement fausses. Nous respectons le droit de chacun à la représentation. Nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord sur une personne, sur qui devrait être le Premier ministre, mais cela ne veut en aucune manière dire que la Résistance cherche à exclure une quelconque partie au Liban. Je suis entré en contact avec le président Omar Karamé pour lui proposer d’être notre candidat. Il m’a remercié, mais il a dit qu’il était âgé, qu’il n’était pas en très bonne santé et qu’il préférait que nous trouvions un autre candidat. Mais que s’il n’y avait personne d’autre, il était prêt à assumer ses responsabilités nationales. Nous allons décider qui sera notre candidat dans les prochaines heures. »

Saad Hariri, Premier ministre sortant
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un tournant crucial dans l’histoire du Liban. J’avais déjà annoncé il y a dix jours que la dignité de mon peuple et de mes compatriotes est plus précieuse que n’importe quel poste ou pouvoir. Il ne s’agit pas uniquement d’une position pour la consommation politique ou émotionnelle, car elle est à la base de mes convictions nationales et de l’éducation dans laquelle j’ai été élevé et qui me pousse à renouveler cet engagement devant tous les Libanais. Une goutte de sang de n’importe quel Libanais est plus précieuse pour moi que tous les postes du pouvoir. Pour moi, aucun pouvoir ne peut être plus important que mon engagement envers la coexistence entre les Libanais et mon attachement au système démocratique parlementaire comme moyen de régir les relations entre les groupes libanais.
(…) Nous n’allons pas recourir à la rue, parce que dès le début, nous avons choisi les institutions. Nous n’allons pas recourir à la politique des menaces parce que nous avons choisi de recourir à la Constitution et nous accepterons les résultats politiques de toute voie démocratique, même si ces résultats sont les fruits de pressions successives (…) Si ce qui est demandé est d’éloigner Saad Hariri de la présidence du conseil des ministres, alors aucun problème. Il y a une voie constitutionnelle, et nous nous conformerons à toute décision qui en résulte, quel que soit le climat d’intimidation qui entoure cette voie, dans la rue et hors de la rue. Nous allons participer aux consultations parlementaires et nous allons donner notre opinion conformément aux principes, tout en restant attachés à ma candidature à la présidence du Conseil des ministres
. »

Michel Aoun, principal leader chrétien de l’opposition
« Je souhaiterais que Michael Williams (représentant de Ban Ki-Moon au Liban, ndlr) transmette un message à tous les pays qu’il représente : pourquoi les grandes puissances exigent-elles le retour d’un homme, Saad Hariri, accusé de corruption et de collusion avec des faux témoins ? Je lui ai demandé : que se passe-t-il en cas de gabegie ? Il y a jugement, m’a-t-il répondu. Est-ce que les grandes puissances ramènent au poste une personne accusée, alors qu’il y a des dizaines de milliards perdus à cause d’elle et de son projet politique ? Il s’est tu et s’en est allé en souhaitant que la crise soit résorbée. Il ne faut pas que Saad Hariri revienne au pouvoir. Pas parce que nous sommes fâchés de lui ou bien des sunnites, dans les rangs desquels nous comptons de grands hommes nobles. Mais ils ne peuvent pas nous imposer une telle personne. Nous ne pouvons pas travailler dans un cadre étatique alors que l’on ne respecte ni la Constitution ni les lois. J’adresse ce message à tous les Libanais, et que personne ne me demande d’accepter un règlement en deçà du jugement de toutes les violations. Qui accepte moins que cela serait complice. Et que tout le peuple libanais sache que quiconque possède une armée capable d’imposer la division, eh bien, qu’il l’envoie ! Le Liban est trop petit pour être divisé et trop grand pour être avalé. Le Liban ne se divisera pas, qu’Israël ou les États-Unis le veuillent ou pas. Est-ce qu’ils peuvent nous ficher la paix ? Notre crime est de vouloir un pays moderne et propre, et nous voulons un gouvernement propre, qui respecte la morale et les lois ; nous voulons être forts et indépendants. »

Walid Joumblatt, leader druze
« J’annonce la bonne position politique : le Parti socialiste progressiste se tiendra aux côtés de la Syrie et de la Résistance dans la crise actuelle et œuvrera en vue de préserver la stabilité du Liban. Le tribunal international est devenu un instrument de destruction et s’écarte de la voie de la justice pour devenir le lieu de tous les marchandages. Je l’ai dit depuis le début, ce tribunal est politisé et ne recherche pas la vérité. »

Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères
Extraits d’une interview accordée le 20 janvier au quotidien libanais Al-Akhbar
« La situation est plus positive maintenant qu’avant le Sommet de Damas ayant réuni le président syrien, l’émir du Qatar et le Premier ministre turc. L’initiative syro-saoudienne est très importante. Nos efforts reposent sur elle.
(…) Le dénominateur commun au Liban doit être appuyé par un dénominateur commun entre les pays de la région. Une rencontre internationale aura alors du sens (allusion au groupe de contact proposé par la France, Ndlr). Sinon, toute rencontre internationale qui se tient sans qu’on n’ait préparé l’infrastructure nécessaire ne parviendra pas aux objectifs escomptés. C’est un processus auquel nous prendrons part avec l’Allemagne, la France, les Etats-Unis et les pays membres du Conseil de sécurité parce qu’il existe une dimension dans ce processus qui est liée aux Nations unies. Mais avant toute chose, il faut préparer le terrain au Liban
. »

Herman Von Hebel, greffier du Tribunal Spécial pour le Liban
« Les enregistrements qui ont filtré dans la presse (liés à l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, Ndlr) ne sont pas importants et nous ne savons pas s’ils font partie des documents présentés au juge de la mise en état. Nous prouverons à tout le monde que nous sommes impartiaux et que nous travaillons conformément à des critères internationaux très élevés. Pour mettre un terme à ces fuites, le tribunal a pris des mesures internes et secrètes. Il est prématuré de parler de faux-témoins. Jusqu’à présent, nous ne savons pas quels témoins le Tribunal souhaitera entendre. Il faudra pour cela attendre le début des audiences. »

Presse

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de l’opposition, 21 janvier 2011)
Paris, Bassam Tayyara
Un expert à Paris très proche du dossier libanais signale que l’initiative française, qui tente de ressusciter l’initiative syro-saoudienne, est rejetée par les Syriens et n’intéresse pas les Etats-uniens. La réponse saoudienne se fait toujours attendre. Les Français, qui étudiaient les moyens de contenir les effets de l’acte d’accusation, sont sans doute très inquiets de ce qui pourrait se produire sur le terrain et ont été surpris par les développements qui on eu lieu ces deux dernières semaines, ajoute l’expert.
L’un des scénarios qui ont été proposés pour traiter la crise libanaise est la « lockerbisation » du dossier, affirme l’expert. Autrement dit, comme dans l’affaire Lockerby, les accusations toucheraient trois ou quatre individus sans arriver aux « têtes pensantes ». La proposition, qui a également été présentée aux parties libanaises par le président Sleiman, a été rejetée par le Hezbollah.
Un responsable sécuritaire qui a travaillé au Proche-Orient estime que le dossier libanais est sorti de son cadre libanais, et que les « trois demandes » (retrait des commissions rogatoires syriennes, délimitation des frontières, retrait des armes des camps palestiniens) sont désormais dépassées. Ceux qui continuent de discuter de ces demandes « risibles » selon lui, ne sont pas bien informés de ce qui se passe. Le responsable sécuritaire et l’expert précités s’accordent pour dire que « tous les points libanais ont été dépassés » et que l’on est désormais « dans un cadre régional large ».
Un expert français qui a travaillé pendant des années sur le dossier libanais affirme que « le TSL ne peut pas se débarrasser du Hezbollah. Seule une guerre régionale peut se venir à bout de la structure militaire du parti ». Il ne s’étonnerait pas de voir Israël entraîner Obama dans le conflit. Obama serait ainsi effectivement un « homme de guerre », pour « gagner l’estime des Etats-uniens ». Nombre de responsables US qui travaillent sur le dossier estiment en outre que le TSL peut être utilisé comme un moyen de pression contre l’Iran : soit par le démantèlement du Hezbollah, soit par la rupture de l’alliance syro-iranienne, qui est le premier pas vers la redéfinition de la carte régionale. Ainsi, les deux principaux alliés de Washington, l’Egypte et l’Arabie saoudite, retrouveraient un certain poids régional.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 19 janvier 2011)
Le déploiement, mardi matin, organisé et non armé d’« hommes en noir » dans les zones d’influence du Hezbollah et les régions mixtes à Beyrouth, dans la banlieue Sud, et jusqu’aux abords de la Békaa, est la concrétisation sur le terrain des mises en garde politiques exprimées dernièrement, selon lesquelles la période qui suit l’acte d’accusation est différente de celle qui le précède. Toutes les déclarations faites par l’opposition ces derniers mois sur le « respect de la constitution » ont laissé place, encore une fois, à la logique de la rue.

An Nahar (16 janvier)
Paris, Samir Tuéni
En sa qualité de présidente du G8 et du G20, et après avoir obtenu un mandat états-unien pour forger une solution à la crise libanaise après la démission du gouvernement, la France essaie à présent de former un « groupe de contact » qui engloberait plusieurs pays dont les Etats-Unis, la Syrie, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar et l’Egypte dans le but de négocier une solution à cette crise politique. Ce groupe devrait se réunir à Paris à très haut niveau pour débattre de solutions à long terme.
Le président Sarkozy avait évoqué cette idée avec le président du Conseil des ministres Saad Hariri jeudi dernier ainsi qu’avec le président syrien Bachar al-Assad lors d’une conversation téléphonique après la démission du gouvernement. En effet, la tension intérieure au Liban inquiète Paris et la communauté internationale, qui craignent un regain de violences dans ce pays.
Mais il semblerait que la formation de ce groupe fasse l’objet d’un marchandage : des responsables du Quai d’Orsay avaient prévu la publication d’un communiqué présidentiel au sujet de la formation de ce groupe et de ses objectifs, mais l’Elysée n’a toujours pas fait paraître un tel communiqué. La diplomatie française se heurte à deux obstacles dans ce dossier : l’approbation de la Syrie et la participation de l’Egypte.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 20 janvier 2011)
Daoud al-Cheryan
L’initiative syro-saoudienne s’est basée sur l’idée que Damas et Riyad coopèreront pour prendre des mesures après la parution de l’acte d’accusation afin d’empêcher une déflagration au Liban. Le Hezbollah n’était pas au courant des détails de l’entente syro-saoudienne. Il espérait toutefois que ces efforts viseraient à intervenir avant la parution de l’acte d’accusation. Le Hezbollah n’a découvert la teneur et les objectifs de l’initiative qu’après l’annonce de la parution imminente de l’acte d’accusation. Le parti est revenu sur ses engagements. Peut-être la Syrie n’a-t-elle pas joué le rôle attendu d’elle pour convaincre le Hezbollah de tenir ses engagements, ou s’est-elle pliée à certaines pressions. Quoi qu’il en soit, l’Arabie saoudite, voyant que ces engagements n’ont pas été tenus, a décidé de se retirer. La démission des ministres de l’opposition n’a pas facilité les choses. Elle barrait la route à tous efforts potentiels. L’Arabie saoudite a alors annoncé qu’elle jetait l’éponge, parce qu’elle ne voulait pas être tenue responsable des répercussions qui découleraient ce développement dangereux. En se retirant des efforts de médiation pour le Liban, l’Arabie saoudite dit qu’elle n’est pas responsable des mesures qui pourraient être prises par le Hezbollah après la parution de l’acte d’accusation. Elle ne retire pas son soutien au Liban, mais se retire de la médiation, parce qu’elle ne veut pas que cette médiation assure une couverture politique à d’éventuels développements dangereux qui pourraient se produire dans les prochains jours.

Al Hayat (18 janvier 2011)
La décision du président Michel Sleiman de reporter les consultations parlementaires est intervenue après des démarches entreprises par l’adjoint politique du président Nabih Berry, le député Ali Hassan Khalil, auprès du Chef de l’Etat et d’autres parties. Le président Sleiman a contacté le président Saad Hariri pour l’interroger à propos d’un possible report des consultations. Ce dernier a répondu qu’il n’y était pas favorable, qu’il était prêt à se présenter au rendez-vous avec son bloc parlementaire, mais que la décision était celle du président lui-même. Selon les sources qui rapportent ces informations, c’est l’autre camp qui a réclamé le report de cette échéance, après avoir acquis la certitude que Hariri remportera la majorité des voix. Pour leur part, des sources du commandement du Hezbollah ont indiqué à Al Hayat que la décision d’ajourner les consultations a été prise pour laisser plus de temps aux contacts en cours.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, 21 janvier 2011)
Scarlett Haddad
Au-delà de tous les détails de la crise interne, le véritable enjeu est ailleurs : les États-Unis veulent maintenir le Liban sous leur houlette et en faire une pièce de leur tactique dans la région, en bénéficiant de l’appui d’une partie des Libanais ; la Syrie et l’Iran veulent au contraire le placer dans l’optique opposée et en faire le fer de lance de la lutte contre Israël et les projets américains, et ils bénéficient aussi de l’appui d’une partie des Libanais. Il serait bon de rappeler à cet égard que lorsque les Américains et les Syriens ont conclu un accord tacite, le Liban a connu une longue période de calme qui s’est un peu traduite par l’équation suivante « le mélange de Hanoi et de Hong Kong » que l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri concrétisait à merveille. Certains disent d’ailleurs que c’est pour cela qu’il aurait été assassiné, la coexistence entre les deux projets n’étant plus de mise, puisque l’heure de la confrontation était arrivée. Pour le camp américain et avec lui occidental, il était temps d’en finir avec le Hezbollah devenu trop puissant et menaçant désormais l’équilibre de la région, et forcément les intérêts occidentaux. Pour le camp adverse, il s’agissait au contraire de préserver à tout prix le Hezbollah devenu une carte stratégique dans la lutte contre Israël mais aussi dans le bras de fer avec les Américains.
Aux yeux de l’opposition, le tableau est clair. Il ne s’agit plus d’une question de Tribunal spécial pour le Liban, ni de faire la vérité sur un crime odieux, mais bien d’une nouvelle étape du complot ourdi contre le concept de résistance contre Israël et contre la volonté américaine, par crainte que le virus ne s’étende à d’autres peuples et à d’autres pays. Pour conforter sa thèse, l’opposition avance tous les éléments et les indices rationnels et authentiques qu’elle a présentés pour discréditer le TSL et démontrer la politisation de l’acte d’accusation en voie de publication. Il y a eu ainsi les indices concrets et reconnus par les autorités israéliennes sur leur surveillance de Rafic Hariri, sur leur présence sur les lieux le jour de l’assassinat et sur leur capacité technologique à mener de tels assassinats. Il y a eu aussi les révélations sur le comportement des enquêteurs, le dossier des faux témoins et les derniers enregistrements diffusés par la chaîne NTV. L’opposition est arrivée à la conclusion que même si elle donnait la preuve irréfutable de la culpabilité de telle ou telle autre partie, le TSL n’en tiendrait pas compte, parce que le complot est en marche et nul ne doit l’arrêter.

As-Sharq al-Awsat (quotidien saoudien, 20 janvier 2011)
Paris, Michel Abou Najem
Malgré les assurances du Quai d’Orsay et de sources de l’Elysée au sujet de la préparation d’une réunion imminente du « groupe de contact » que la France cherche à former pour régler la crise politique libanaise, les efforts français se heurtent à un obstacle de taille : la Syrie refuse de s’associer à ce processus.
Selon des sources diplomatiques informées à Paris, les efforts français pour convaincre Damas d’adhérer au groupe de contact « n’ont pas suscité de réaction positive » en Syrie. Pour Paris, l’attitude négative de Damas s’explique par sa « volonté de ne pas brader les cartes qu’elle détient et d’éviter ce qui représente, selon la Syrie, une internationalisation » du dossier libanais à l’heure où Damas semble être la partie la plus puissante et la plus à même d’influer sur le cours des choses au Liban. Le « non » syrien démontre que l’influence de Paris sur Damas reste « très limitée », selon les mêmes sources : les relations naissantes entre les deux capitales « ne suffisent pas » à amener la Syrie à tenir compte des desiderata de la France et de l’approche française du dossier libanais. L’« absence », dans le communiqué de l’Elysée, de toute référence à l’Egypte comme membre du groupe de contact, aura été sans aucun effet sur la Syrie, bien que cette « absence » ait été considérée comme un « présent » français à Damas pour l’inciter à accepter l’initiative française.
Les sources précitées émettent en tout cas des doutes au sujet de la formation de ce groupe si la Syrie n’y participe pas, cette dernière étant « la seule » partie capable d’influer, sinon de mettre la pression, sur l’opposition libanaise… De ce fait, toute « initiative » du groupe de contact, s’il voit le jour, « sera sans aucune utilité si la Syrie ne l’accepte pas ».

As-Sharq al-Awsat (17 janvier 2011)
Le Liban est entré dans l’inconnu. Les questions se multiplient à mesure que les réponses s’amenuisent. Parmi les nombreuses questions : les développements actuels au Liban ressemblent-ils à ceux de la phase qui a précédé le conflit sur la prorogation du mandat du président Emile Lahoud ? Ce bras de fer a abouti à la rédaction, par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la résolution 1559. La suite fait aujourd’hui partie des livres d’histoire : quelques semaines plus tard, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a été assassiné. Ou le Liban est-il plutôt entré dans une phase qui ressemble à celle qui a précédé un autre bras de fer, celui qui a notamment conduit au sit-in de l’opposition au centre-ville de Beyrouth ? Conclusion de cette phase-là, les actions militaires du 7 mai 2008, destinées à modifier l’équilibre politique du pouvoir post-assassinat de l’après-Hariri ? La chaîne des événements, après la chute du gouvernement du Premier ministre Saad Hariri, signe-t-elle la fin des médiations régionales et internationales sur le Liban ? Le petit pays va-t-il devoir faire face tout seul aux vagues de la crise, à l’abandon des efforts arabes et internationaux, tel que celui qui avait conduit à l’éruption de la guerre civile en 1975 ? On s’en souvient, elle avait été suivie par des guerres israéliennes, des guerres intestines, des invasions, des zones d’occupation, et surtout, par la redistribution des institutions de l’Etat par la force.

The Washington Post (Quotidien états-unien, 17 janvier 2011)
Même si le Hezbollah parvient à attirer suffisamment de députés du bloc de Walid Joumblatt afin d’assurer une majorité, l’annulation du TSL resterait hors de portée, compte tenu de sa nature et du soutien unanime des forces internationales et arabes. L’idée d’une réadaptation de la sacro-sainte formule officielle libanaise propice à un éventuel amendement du TSL ne pourra que conduire à l’irruption d’une confrontation communautaire, voire d’une guerre civile entre sunnites et chiites, un conflit, si jamais il devait éclater, qui ne sera pas facile à surmonter. En outre, le Hezbollah n’aura pas la capacité de gérer un tel conflit, à la lumière de l’équilibre actuel du pouvoir interne. Il faudrait alors, comme l’ont menacé certains intégristes du parti, recourir à la dangereuse option militaire, ce qui entraînerait nécessairement une puissante restructuration du pouvoir au Liban, et un accaparement de toutes les institutions du pays, afin de se protéger d’une éventuelle victoire démocratique du 14-Mars au moment des prochaines élections législatives. Le Hezbollah n’a-t-il pas déclaré qu’il avait été forcé d’utiliser ses armes le 7 mai pour des raisons tenant de la légitime défense ? Rappelons que cette escalade a conduit à l’accord de Doha, qui l’avait privé du droit d’entraver le gouvernement -un droit qu’il a exercé, comme on l’a vu, dans le but de faire tomber le TSL.

Le Figaro (Quotidien français, 17 janvier 2011)
Malgré les lacunes de l’enquête, une image fidèle du crime se dessine. Teinté d’un habillage jihadiste, il s’appuie vraisemblablement sur un État —la Syrie ? L’Iran ?— qui instrumente un acteur local, le Hezbollah. Deux complicités —une salafiste sunnite, l’autre chiite— théoriquement ennemies. Et entre elles, de solides coupe-feu qui empêchent de remonter jusqu’aux commanditaires. Pour tuer Hariri, ceux-ci ont utilisé tous leurs amis au Liban, selon un enquêteur : « La Garde présidentielle pour le nettoyage de la scène de crime, les renseignements militaires pour les écoutes, et un groupe au sein du Hezbollah pour l’opérationnel. Chacun avait une part du travail, sans se connaître, voire sans connaître quelle allait être la cible ». Un crime presque parfait, comme le reconnaît l’ancien ambassadeur iranien à Beyrouth. « Même si, par magie, le kamikaze revenait en vie, il ne saurait même pas qui l’a envoyé se faire exploser contre la voiture de Rafic Hariri. »

The Jerusalem Post (Quotidien israélien, 17 janvier 2011)
Jonathan Spyer
Le Hezbollah et ses bailleurs de fonds ont peu à gagner d’une crise ouverte du pouvoir au Liban. La Turquie et le Qatar sont parmi les Etats de la région impliqués dans les efforts de médiation. Et les contacts saoudo-syrien ne sont pas terminés. Il faut garder en tête deux points importants. Dans cette crise, il n’est pas question des capacités militaires du Hezbollah, mais de sa légitimité politique, de son patriotisme, de son arabité et de sa primauté à résister à l’ennemi. Accusé du meurtre de Hariri, il sera vu comme une force étrangère, non-arabe de qui il faudra se méfier. Dans le même temps, ce qui est en jeu, c’est la domination du Hezbollah au Liban. Quelle que soit l’issue de la crise, le Hezbollah demeura la force la plus puissante du pays. À cette force matérielle, Saad Hariri met en avant sa force « sentimentale » au service de la vérité sur l’assassinat de son père

La tendance dans le monde arabe

La révolte ne s’essouffle pas en Tunisie

Les développements en Tunisie montrent que la volonté de changement est bien ancrée chez le peuple tunisien qui continue de manifester et refuse de baisser le plafond des revendications politiques du soulèvement qui a renversé l’ancien président Zein al-Abidine Ben Ali.

La profondeur de la crise sociale a accumulé une grande colère populaire et fait naitre un esprit révolutionnaire difficile de réfréner. La chute du régime a révélé une réalité différente de celle qui était véhiculée par l’ancien régime. D’un côté, une petite élite parasitaire entourant le noyau du régime, immensément riche, vivant dans l’opulence, et de l’autre une écrasante majorité de la population vivant dans l’indigence, sans perspectives d’avenir. Le mouvement populaire, bien que spontané, est très radicalisé. Il n’acceptera pas moins que l’abolition des politiques dictées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) qui appauvrissent les plus démunis et enrichissement les plus riches. Cette dimension sociale dans les revendications populaire s’explique par le fait que les syndicats de travailleurs constituent le fer de lance du mouvement.

La pression de la rue a permis d’obtenir des concessions de la classe dirigeante qui est restée pratiquement la même depuis l’époque de Bourguiba, se contentant de changer de chemise sous Ben Ali. Ces dirigeants, notamment le président par intérim et le Premier ministre, ont ainsi été contraints de démissionner de l’ancien Parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique constitutionnel (RDC). La poursuite des manifestants illustre le refus de la formule gouvernementale présentée par Ghannouchi, surtout que les forces et partis populaires ont été représentés par trois ministres seulement. Toutes les tentatives visant à mettre un terme aux manifestations ont échoué, d’autant que les protestataires ont créés des comités de défense civile, qui constituent leur outil de gouvernement local depuis le début du soulèvement.

Il semble que d’ici aux élections, l’instabilité va se poursuivre et les formules gouvernementales vont se succéder. La contre-révolution, à travers le chaos, le désordre et l’insécurité répandus par des gangs armés, a échoué. De même que l’option du coup d’Etat s’éloigne de plus en plus, les chefs de l’armée étant contraints de céder aux revendications populaires, surtout qu’un groupe de généraux semble soutenir de véritables réformes du système politique tunisien. Cependant, il ne faut exclure aucune possibilité. L’option d’un coup d’état fomenté par un groupe d’officiers soutenus par la France et les Etats-Unis reste possible, si les tentatives de former un pouvoir de transition s’enlisent.

Evénements

Moyen-Orient

• Des documents révélés par la chaine qatarie Al-Jazira montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts à faire des concessions considérables aux Israéliens sur de nombreux points, dont la question des colonies construites dans et autour de Jérusalem. « C’est la plus importante fuite de documents dans l’histoire du conflit israélo-palestinien », proclame Al-Jazira. La chaine d’information a publié dimanche, avec le quotidien britannique le Guardian, 1 700 documents confidentiels » relatifs aux négociations de paix israélo-palestiniennes. Ces mémos et compte-rendus de rencontres couvrent 12 ans de discussions, de 1999 à 2010. Ils révèlent « les vrais détails tenus secrets sur les négociations entre l’Autorité palestinienne et Israël pendant la décennie écoulée », affirme Al-Jazira. La chaîne refuse de révéler ses sources et d’expliquer comment elle a obtenu ces documents mais assure qu’ils sont authentiques. Elle les mettra sur son site sur plusieurs jours. Les documents portent sur des « réunions de coordination sécuritaire » entre Israël et les Palestiniens et les propositions faites par l’Autorité palestinienne dans le cadre des négociations « sur Jérusalem et le sort des réfugiés ». Ils montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts à faire des concessions considérables alors qu’officiellement, ils affichaient la plus grande fermeté.
En 2008 par exemple, l’ancien négociateur en chef palestinien Ahmad Qoreï aurait assuré aux Israéliens qu’ils pouvaient garder « toutes les colonies construites dans et autour de Jérusalem depuis 1967, à l’exception d’Abou Ghneim ». « C’est la première fois dans l’histoire que nous faisons une telle proposition », déclare Koreï dans ce compte rendu. Il rappelle que les Palestiniens avaient refusé cette concession lors des négociations conduites par le président palestinien Yasser Arafat en 2000.
Les négociateurs palestiniens auraient aussi été prêts à renoncer « au quartier juif et à une partie du quartier arménien » de la Vieille ville de Jérusalem. Dans une conversation avec l’ancienne ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, l’actuel négociateur palestinien en chef Saëb Erakat affirme même « ce n’est pas un secret que nous vous avons proposé la plus grande Yourshalayem (le nom de Jérusalem en hébreu) de l’Histoire ». Saëb Erakat aurait également fait des sacrifices sans précédent sur l’esplanade des Mosquées dans la Vielle ville de Jérusalem. Il aurait avancé « une solution innovante », un comité multipartite, pour gérer ce lieu saint après un éventuel accord de paix.
A propos des réfugiés palestiniens, près de cinq millions avec leurs descendants et dont le sort est l’une des principales pierres d’achoppement dans les négociations, Saëb Erakat se dit prêt à « accepter le retour de 10 000 d’entre eux par an sur 10 ans, soit un total de 100 000 ».
Un des documents indique que le président palestinien Mahmoud Abbas avait été informé par un haut responsable israélien du ministère de la Défense, Amos Gilad, « de l’intention d’Israël de lancer une offensive à Gaza » fin 2008. Le négociateur Ahmad Qoreï est également cité dans en train de demander à Tzipi Livni en 2008 « de renforcer le blocus israélien imposé à Gaza », contrôlé par le mouvement rival Hamas.

• Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté le rapport de la commission d’enquête israélienne, publié dimanche 23 janvier et qui blanchit Israël dans le raid meurtrier sur un navire humanitaire turc, en mai au large de Gaza. ’Quelle valeur peut avoir un rapport préparé et commandé dans le même pays ? s’est interrogé M. Erdogan face à des journalistes à Ankara. Ce rapport n’a aucune crédibilité.
Le rapport de la commission israélienne sur le raid meurtrier du 31 mai 2010 dans les eaux internationales contre un convoi pro-palestinien au cours duquel neuf ressortissants turcs avaient été tués conclut que le blocus maritime du territoire palestinien et l’assaut du commando israélien étaient « conformes au droit international ».
La commission établie par la Turquie en réponse à cette commission d’enquête israélienne a elle aussi dénoncé le rapport israélien, se déclarant « stupéfaite et consternée » de ses conclusions qui disculpent l’armée israélienne, rapporte l’agence de presse Anatolie. « L’attaque menée par Israël en violation du droit, en temps de paix comme en temps de guerre, est aussi en contradiction avec tous les principes, règles et normes internationales », a affirmé la commission, qui s’est réunie à Ankara.
Le rapport de la commission turque accuse Israël d’un recours « excessif et disproportionné » à la force. Selon les conclusions préliminaires de ce rapport, « la force utilisée pour intercepter le Mavi Marmara franchit les limites de ce qui est approprié et nécessaire. L’usage de la force ne peut être qu’un dernier recours. »

• La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a été bousculée par des Palestiniens qui lui ont lancé des œufs et l’ont manquée de peu avec une chaussure vendredi 21. C’était la première visite d’un chef de la diplomatie française dans la Bande de Gaza depuis 2005. Les incidents se sont soldés par une légère blessure à la tête de l’un des membres de la délégation française, Valérie Hoffenberg, représentante de la France pour le processus de paix au Proche-Orient. Les manifestants croyaient que Mme Alliot-Marie avait qualifié de « crime de guerre » l’enlèvement en juin 2006 du soldat franco-israélien Gilad Schalit, détenu depuis par le Hamas dans la Bande de Gaza. C’est en réalité le père du militaire, Noam Schalit, qui a tenu ces propos la veille après avoir rencontré la ministre à Jérusalem. Réagissant à ces propos mal attribués, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zuhri, a reproché à la cheffe de la diplomatie d’être « totalement partiale au profit d’Israël » et d’ignorer les milliers de Palestiniens détenus en Israël. « Ce sont eux les vrais prisonniers de guerre », a-t-il lancé. Un peu plus tard, des dizaines de Palestiniens parents de détenus en Israël attendaient Mme Alliot-Marie au point de passage d’Erez entre Israël et la Bande de Gaza. Certains se sont allongés sur la route et d’autres ont sauté sur sa voiture, tandis que des œufs ont volé. La ministre a évité une chaussure au moment où elle montait dans une jeep, sous une importante protection. La police du Hamas au pouvoir dans le territoire a finalement dispersé les manifestants mais d’autres se sont réunis devant un bureau des Nations unies à Gaza, première arrêt de la ministre française, avant de la suivre à l’hôpital Al-Qods, récemment réhabilité avec des fonds français.

Source
New Orient News