La tendance générale
Washington et ses alliés : entre confusion et déception
Les milieux états-uniens et européens vivent une grande déception après que la politique occidentale, basée sur l’instrumentalisation des troubles dans les pays arabes, soit arrivée à une impasse. Dans le même temps, les États-Unis et leurs alliés de l’Otan ont atteint le plafond qu’ils s’étaient fixés pour leurs interventions et leurs pressions destinées à contrôler les événements au lendemain des révolutions tunisienne et égyptienne.
– 1. En Libye, l’intervention militaire nord-atlantique piétine et semble incapable de briser l’équilibre qui s’est installé entre l’Est et l’Ouest du pays. Les divergences entre les membres de l’Otan sont dues à l’impossibilité de lancer une intervention terrestre et à l’épuisement des cibles pour la campagne aérienne. Les avions de l’Otan se contentent de bombarder des sites déjà visés à plusieurs reprises. Ces faits expliquent l’initiative de cessez-le-feu proposée par l’Italie, tandis que Barack Obama fait face à une forte opposition du Congrès contre son implication dans la crise libyenne.
– 2. Au Yémen, toutes les tentatives de jeter les fondements d’une nouvelle ère politique ont échoué en dépit de la tentative d’assassinat du président Ali Abdallah Saleh et de sa séquestration en Arabie saoudite sous prétexte de traitement médical. Cet échec est dû au soutien dont continue de jouir le président Saleh auprès d’une partie de la population et des forces armées. L’insistance des États-Unis et de l’Arabie saoudite à écarter Saleh a renforcé la cohésion de ses partisans. Pour Washington, la priorité va à la coopération sécuritaire et militaire avec le pouvoir yéménite, quel qu’il soit. Riyad est, pour sa part, effrayé par les éventuelles répercussions sur le royaume wahhabite d’une longue guerre civile au Yémen.
– 3. La Russie et la Chine ont visiblement mis un terme aux paris des États-Unis et de l’Europe de pouvoir imposer des sanctions contre la Syrie au Conseil de sécurité. Alors que l’ambassadeur états-unien à Damas, Robert Ford, a reconnu, après sa visite à Jisr al-Choughour, l’existence de groupes armés qui sévissent en Syrie, et tandis qu’une grande confusion caractérise l’action de la Turquie, l’État national syrien, conduit par Bachar el-Assad, semble avoir repris l’initiative. Il a proposé des idées et des réformes sur le plan politique et a repris en main la situation sur le terrain. Et cela n’aurait pas été possible sans le soutien populaire massif dont jouit le président syrien, qui s’est illustré par les manifestations monstres qui ont rassemblé, mardi 21 juin, des millions de Syriens partout dans le pays, y compris dans des villes comme Deraa et Douma, haut-lieu de la contestation.
L’administration Obama, qui va entrer dans quelques mois dans la période pré-électorale, va agencer ses cartes à l’automne prochain. Comme les faits et les réalités montrent son incapacité à lancer des actions offensives, elle sera contrainte soit à trouver des arrangements avec ses adversaires, soit à opérer un nouveau repli qui aura des conséquences stratégiques sur ses capacités de domination hégémonique.
La tendance dans le monde arabe
L’opposition syrienne dans l’impasse
_ Les mouvements de l’opposition syrienne ont tenté par tous les moyens, vendredi 24 juin, de montrer leur capacité de mobilisation de la rue. Cependant, les faits ont noté un recul aussi bien au niveau de la taille des manifestations que de leur étendue. Et même si l’on prend comme baromètre les informations fournies par les opposants et les soi-disant « témoins oculaires » sur les rassemblements de centaines de personnes dans les banlieues de Damas et dans certaines régions des gouvernorats de Homs, Alep et Deir el-Zor, la mobilisation reste bien modeste comparée aux millions de personnes qui sont descendues dans les rues mardi 21 juin en signe de soutien au président Bachar el-Assad. À Deraa et à Hama, des milliers de personnes ont défilé dans le cadre d’arrangements conclus avec les autorités, s’engageant à empêcher l’infiltration des rassemblements par des extrémistes armés. Aussi, les manifestations dans ces deux régions se sont déroulées sans incident avec les forces de l’ordre et sans actes de violences contre les bâtiments publics.
Les leaders de l’opposition à l’étranger se plaignent de la faiblesse du soutien turc et européen à leur projet. Ils ont tenu une réunion à Amman pour tenter d’accélérer l’intervention militaire étrangère contre leur propre pays. Il est clair que l’opposition de l’extérieur craint d’être sacrifiée ou de devenir un bouc-émissaire après que les manifestations monstres de soutien à Bachar el-Assad et à son projet de réformes aient prouvé la solidité de l’État et du sentiment d’appartenance nationale en Syrie. Tous les paris sur d’éventuelles scissions significatives au sein de l’armée et de la mobilisation massive d’une majorité de syriens ont échoué, surtout depuis que la présence de groupes extrémistes armés a été confirmées même par des diplomates occidentaux.
L’opposition liée à l’alliance israélo-américaine et parrainée par le trio turco-saoudo-qatari semble avoir utilisé ses capacités de mobilisation maximales et appelle désormais ouvertement à une intervention militaire étrangère. Elle laisse exploser sa colère contre la Russie et la Chine et commence à douter des intentions de la Turquie en dépit de toute l’aide et le soutien politique, médiatique et logistique offert par Ankara : l’organisation de la réunion d’Antalya ; la création d’une milice dans le camp de réfugiés pour empêcher les Syriens de rentrer chez eux ; l’inauguration d’une radio des Frères musulmans qui opère à partir de la Turquie ; l’acheminement d’armes aux groupes armés, notamment aux extrémistes qui ont commis des massacre à Jisr al-Choughour contre l’armée et les forces de sécurité.
Cette opposition de l’extérieur a rejeté les appels au dialogue lancés par le président Assad et a décidé de boycotter les réunions du comité de dialogue. Elle s’entête à réclamer la chute du régime, donnant l’impression d’être une petite minorité au service d’un complot étranger et ne prenant pas en compte les priorités nationales qui sont la sauvegarde de l’unité du pays et sa paix civile. Pourtant, le calendrier des réformes, établi par le président Assad et qui se termine à la fin de l’année, doit transporter la Syrie vers une nouvelle réalité démocratique basée sur le multipartisme.
Le dialogue que le régime veut entamer avec les forces vives du pays devrait établir un mécanisme constitutionnel et législatif, censé moderniser la Syrie et le système politique d’une manière radicale. Le président Assad a brisé toutes les lignes rouges, exprimant son accord non seulement pour l’amendement de l’article 8 de la Constitution qui instaure le monopole du Baas, mais également la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. Ce qui équivaut à créer une Assemblée constitutive qui donnera naissance à une Syrie nouvelle. De la sorte, le président syrien aura été au-delà de ce que réclame une grande partie de l’opposition. Et malgré cela, les opposants de l’étranger et leurs mentors occidentaux ne veulent rien entendre ni comprendre. Mais comme l’a dit le ministre syrien des Affaires étrangères : « Les chiens aboient et la caravane passe. » Ceux qui refuse de s’associer à ce processus de démocratisation s’isolent et seront rejetés par la société syrienne qui est déterminée à aller de l’avant dans les réformes politiques tout en préservant l’unité nationale et territoriale de la Syrie.
La tendance au Liban
Le Hezbollah infiltré par la CIA : la transparence de Hassan Nasrallah
_ Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a mis un terme aux rumeurs qui circulaient et au sentiment de gêne et d’inquiétude qui touchait de nombreux partisans de la Résistance au Liban, après la multiplication d’articles de presse affirmant qu’un important réseau pro-israélien avait été démantelé au sein du Hezbollah.
La sincérité et la transparence dont a fait preuve Hassan Nasrallah en abordant cette affaire consacrent de nouvelles traditions méconnues au Liban et dans le monde arabe. Cela ne fait que renforcer la crédibilité du chef de la Résistance et montre la grande confiance en soi qui caractérise ce parti et sa direction.
Des informations fournies par Hassan Nasrallah, il apparait que l’infiltration des rangs du Hezbollah est l’œuvre de la CIA et non pas des agences de renseignements israéliennes. Le recrutement a été fait par des officiers de la CIA basés à l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, qui sont entrés en contact avec deux cadres du parti, l’un il y a cinq mois et l’autre depuis un peu plus longtemps. Ils ont avoué espionner pour le compte de la CIA. Le troisième suspect pourrait, quant à lui, travailler pour des services de renseignement européens ou israéliens. Ces trois espions ne font pas partie de la direction suprême ou de l’entourage du secrétaire général. De même qu’ils n’ont pas de liens avec l’appareil militaire de la Résistance, notamment les unités chargées des tirs de missiles et de roquettes, qui constituent l’arme stratégique du Hezbollah.
Hassan Nasrallah a expliqué que l’impuissance du Mossad à infiltrer les rangs du Hezbollah l’a poussé à avoir recours aux services de la CIA qui dispose d’une marge de manœuvre et d’un champ d’action plus large au Liban. L’arrestation ces trois dernières années de quelque 180 agents pro-israéliens a asséné un grand coup aux réseaux d’espionnage d’Israël, qui a été contraint de solliciter l’aide de son allié américain. Après la guerre de 2006, la commission Winograd avait mis en avant les faiblesses au niveau du renseignement de l’armée israélienne.
Au Liban, il existe des milliers d’associations et d’ONG financées par les Européens et les États-uniens. Ces organisations sont souvent des façades pour les agences de renseignement occidentales ou des endroits pour le recrutement d’agents. Elles sont depuis longtemps sous la surveillance du service de contre-espionnage de l’armée libanaise et de la Résistance.
Discours et déclarations
Béchara Raï, Patriarche des chrétiens maronites
« Le Pape Benoit XVI m’a félicité à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement et a transmis au cabinet sa bénédiction et ses vœux de succès. Le Vatican soutient toujours toutes les institutions constitutionnelles. Nous espérons que ce gouvernement travaillera pour tous les Libanais et non pas pour une partie bien déterminée. »
Amine Gemayel, ancien président de la République, proche de Saad Hariri
« Nous ne sommes pas concernés par les communiqués du secrétariat des Forces du 14-Mars qui menacent d’avoir recours à la rues et nul ne nous obligera à y participer. Plus le gouvernement prendra en considération nos inquiétudes, plus nous serons objectifs. Le gouvernement Mikati pourra-t-il faire l’équilibre entre le respect des résolutions internationales et satisfaire les demandes du Hezbollah. Nous n’avons aucun problème avec le Premier ministre Mikati, ni avec les nouveaux ministres, mais plutôt avec les buts derrière ce gouvernement, notamment la protection des armes du Hezbollah et l’annulation du TSL. L’acte d’accusation est pour bientôt. »
Sleiman Frangié, leader maronite du Liban-Nord, allié du Hezbollah
« Les parties libanaises doivent conclure une entente confessionnelle. Le Liban ne pourra pas survivre sans un accord entre toutes ses communautés. La survie du pays repose sur la capacité des communautés religieuses à coexister pacifiquement. Nous avons opté pour un Liban arabe qui jouit de son plein droit de résister à Israël. »
Fouad Siniora, ancien Premier ministre libanais, proche des États-Unis
« La majorité a commis un coup d’État par la force des armes et par l’intimidation. Nous aurons recours exclusivement aux moyens démocratiques parlementaires et populaires pour nous opposer au nouveau gouvernement. Le 14-Mars ne sera jamais entraîné à utiliser la force comme un moyen d’accéder au pouvoir. Nous continuerons à soulever la bannière de l’État ouvert et équitable et le drapeau du passage vers l’État. Nous œuvrons avec toute notre énergie afin de restituer l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire et afin de préserver les libertés et la paix civile ainsi que la souveraineté, l’indépendance du Liban. »
Samir Geagea, chef des Forces libanaises, allié de Saad Hariri
« Il s’agit d’un gouvernement de la Syrie, dans la mesure où il a été formé pour servir de ligne de défense au régime syrien pour faire face aux circonstances qu’il traverse actuellement. C’est également le gouvernement du Hezbollah, parce qu’il a été formé pour faire face à un acte d’accusation du Tribunal spécial pour le Liban. »
Ali Abdel Karim Ali, ambassadeur de Syrie à Beyrouth
« L’attitude européenne est surprenante et injustifiée. La Syrie consolide son unité nationale. Nous n’avons pas de dettes et nous essayons de mettre en place un certain équilibre sur le plan interne et de consolider nos relations avec le monde et les amis. Ces facteurs vont nous permettre de faire face à ce plan criminel. La Syrie est actuellement dans une phase de réforme et de dialogue interne, ce qui se répercute positivement malgré les fausses informations divulguées par certains. Nous souhaitons à ce pays la réussite, la stabilité et la prospérité parce qu’il y va de l’intérêt de la Syrie. Ce gouvernement est venu en réponse aux revendications du peuple libanais. »
Presse
As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 24 juin 2011)
Le comité de rédaction de la déclaration ministérielle a fait les trois-quarts du chemin. Discussions autour d’une formule acceptable pour le TSL. Il est peu probable que le vote de confiance ait lieu la semaine prochaine : le comité qui se réunit lundi aura besoin de plus d’une séance pour achever son travail. Les sources de Najib Mikati insistent sur la date de mercredi prochain pour finaliser la déclaration ministérielle. Selon des sources ministérielles, le comité n’a pas encore évoqué la clause TSL et le chef du gouvernement proposera une formule à ce propos lundi. Les sources proches du chef du gouvernement révèlent qu’il existe de sérieuses propositions appelant à ne pas mentionner le TSL directement et à parler de justice et de la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri et les autres crimes. Dans le volet socio-économique, l’accent est mis sur les projets de développement. Dans le volet administratif, il est question du renforcement des institutions de l’État. Au sujet des élections législatives, le principe de la représentation proportionnelle comme base de la nouvelle loi électorale a été adopté. Concernant les résolutions internationales, le gouvernement libanais souligne sa volonté de les respecter, surtout la 1701. Pour la Résistance, la clause réaffirme le droit du Liban, en tant qu’armée, peuple et Résistance, à libérer la terre, à récupérer les fermes de Chébaa, les hauteurs de Kfarchouba et la partie libanaise du village de Ghajar, à défendre le Liban contre toute agression et à préserver ses ressources hydrauliques par tous les moyens légitimes.
An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, édition datée du 24 juin 2011)
Le gouvernement a besoin de plus de temps pour parvenir à une entente sur le TSL. Il est peu probable que la déclaration ministérielle soit prête avant la fin du mois. Le vote de confiance aura probablement lieu pendant la 1re moitié de juillet. Des ministres ont souhaité l’annulation de la clause sur l’initiative de paix arabe mais après le débat, cette clause a été maintenue et l’engagement du Liban en sa faveur a été réaffirmé. Des ministres du 8-Mars font allusion à un point de vue appelant à ignorer totalement le TSL dans la déclaration ministérielle, mais la question est laissée à Najib Mikati.
An Nahar (24 juin 2011)
Rosana Bou Mouncef
Pour plusieurs pays, le sort du gouvernement libanais est lié à celui du régime syrien : toute secousse ébranlant sérieusement Bachar el-Assad se traduira rapidement par des appels intérieurs à la chute du gouvernement. Si la déclaration ministérielle renferme des prises de position controversées, le gouvernement ne trouvera personne pour le défendre. Par contre, une déclaration ministérielle acceptable et modérée et une politique équilibrée pourraient prolonger la durée de vie du gouvernement, ce qui rend possible son éventuel maintien au pouvoir jusqu’aux prochaines législatives, en 2013.
L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, édition datée du 24 juin 2011)
Jeanine Jalkh
À l’issue de la quatrième séance des discussions ministérielles sur la teneur de la déclaration ministérielle, et en dépit des progrès relatifs réalisés à ce jour en matière de politique générale et d’économie, il apparaît clairement que le plus dur est encore à venir, notamment l’embûche du Tribunal spécial pour le Liban, qui constituera le véritable test d’endurance de la nouvelle équipe au pouvoir.
Une chose est certaine, le tribunal a été présent dans les coulisses. De ces débats qui ont eu lieu en parallèle, il ressort notamment que le Premier ministre semble avoir déjà une approche claire de ce sujet explosif qui sera abordé « de manière à ne pas susciter une provocation à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur ».
On le sait déjà, la formule qui sera adoptée devra être le fruit d’une véritable jonglerie de langage d’autant plus difficile à décoder que ses termes doivent rester « flous et aussi concis que possible », comme le souligne une source ministérielle.
La formule n’évoquera pas entre autres tout ce qui a trait au protocole d’entente signé entre le Liban et le tribunal, la question du financement, et l’affaire des juges libanais. Le Hezbollah, qui insiste de son côté à ne pas du tout mentionner le terme de « tribunal », continue d’insister pour rester dans le vague en recourant à l’expression globale et généraliste de « justice internationale ».
Toujours est-il que des visions plurielles ont été formulées à cet égard. Une source laisse entendre à ce propos que s’il est question, dans un premier paragraphe, de mentionner le terme de « justice » ou de « tribunal », il sera inéluctable d’insister dans un second paragraphe sur la question de la « stabilité sécuritaire ». Bref, une manière de dire qu’il faudra ménager la chèvre et le chou. Alors que la chaîne al-Manar prédisait la fin des débats pour lundi, le ministre d’État, Ali Kanso, a avancé le délai de la fin de la semaine et son collègue de l’Information a déclaré s’attendre à ce que le débat se prolonge sur encore deux ou trois séances. Plus réaliste, une source proche de Mohammad Safadi a fixé « d’ici à une vingtaine de jours au minimum » la date de la finalisation de la déclaration, déclarant sans ambages : « Nous ne sommes pas pressés. »
L’Orient-Le Jour (24 juin 2011)
Dar el-Fatwa, la plus haute autorité de religieuse sunnite au Liban, a annoncé, dans un communiqué, son refus du projet de loi lié à la protection des femmes de la violence familiale. Et ce suite à une réunion élargie présidée par le mufti, Mohammad Rachid Kabbani. Le communiqué critique la légalité du projet de loi, estimant qu’il « porte atteinte à la femme musulmane » et « lui refuse certains droits qui lui sont accordés par les tribunaux religieux ». Il observe que ce projet, « qui est conforme à la manière occidentale », ne correspond pas aux valeurs de notre société, et « met en danger la cellule familiale traditionnelle ». Dar el-Fatwa observe aussi que ce projet dénie au père le droit d’éduquer ses enfants et plus spécifiquement ses filles, « qui ont le plus besoin de la protection de leur père ». Le communiqué déplore, de plus, le fait que ce projet « ôte leurs prérogatives aux tribunaux islamiques ». L’instance sunnite dénonce, par ailleurs, « la création de nouveaux crimes », comme le viol de l’épouse par son mari. Il observe aussi que certaines sanctions ne sont pas conformes avec l’esprit du code pénal, notamment concernant la sanction en cas de menace. Il regrette que ce projet ouvre la voie à la délation dans le domaine de la violence familiale, refusant l’ingérence de la police dans les affaires familiales. Il refuse, par le fait même, l’utilisation des témoignages d’enfants mineurs.
Le communiqué de Dar el-Fatwa appelle les musulmans à lutter contre ce projet de loi qui est en opposition avec le statut personnel islamique et avec la composition
Al Akhbar (Quotidien libanais proche du Hezbollah, 24 juin 2011)
Thaër Ghandour
L’ancien Premier ministre Saad Hariri œuvre à provoquer l’isolement du Liban. Il mène sa bataille sur plusieurs fronts. Médiatique d’abord : il sait que l’opinion publique occidentale pèse dans les calculs des décideurs occidentaux. Il œuvre donc à diffuser des informations dans les médias européens et américains, y compris des rumeurs sur l’impact négatif du nouveau gouvernement sur le secteur bancaire, pour monter l’opinion publique occidentale contre le régime syrien et ses alliés libanais.
Sur le plan politique aussi. À travers ses contacts avec le lobby anti-Hezbollah au Congrès US, Hariri encourage le projet de loi HATA (The Hezbollah Anti-Terrorist Act for 2011), et tente de convaincre l’administration Obama de suspendre ses aides au Liban (à l’armée, l’État et les associations libanaises). Il tente même de convaincre la Russie de retirer son soutien à la Syrie.
La principale bataille de Hariri est avec le régime syrien. C’est pour lui une question de vie ou de mort. L’ancien chef du gouvernement est convaincu que si Bachar el-Assad reste au pouvoir, ce sera sa fin politique. Il joue donc son va-tout.
Al Akhbar (23 juin 2011)
Les forces du 14-Mars ont lancé de sérieuses discussions au sujet de leur projet en tant qu’opposition. Elles ont diffusé au sein de leur camp un avant-projet dans ce sens, qui prévoit une action pour faire chuter le gouvernement du président Najib Mikati. Un processus qui devrait commencer lors des séances de discussion de la déclaration ministérielle. Plus important encore, le président Saad Hariri a retrouvé sa place au cœur de la bataille, même s’il est dans son exil à des milliers de kilomètres de Beyrouth, où il passe ses jours et ses nuits dans sa maison, selon certains de ses proches. Et quand il sort, il se fait escorter par la police française, ce qui lui rappelle qu’il fait l’objet de menaces sécuritaires. L’État français veille au maximum à sa sécurité personnelle et les gardes français sont nettement plus nombreux que ses propres gardes du corps, comme s’il s’agissait désormais d’une question de sécurité nationale pour la France, à tel point qu’il pourrait être empêché de quitter le territoire français pour sa propre sécurité.
L’ancien Premier ministre a reçu l’ancien président Amine Gemayel et les deux représentants du Secrétariat général des forces du 14-Mars, Samir Frangié et Farès Souhaid, en présence de son conseiller Bassem Sabeh. Une décision a notamment été prise concernant la confrontation avec le gouvernement Mikati dans toutes ses dimensions : Hezbollah, Syrie et Iran. Saad Hariri a prouvé être au cœur même de la bataille. Les dirigeants de la Révolution du Cèdre ont commencé à débattre du projet de l’opposition, en mettant l’accent sur une priorité : comment riposter au gouvernement actuel lorsqu’il présentera la déclaration ministérielle au Parlement. Pour fragiliser ce gouvernement, plusieurs points doivent être dans la ligne de mire :
– En passant d’un bord à l’autre, certains députés trahissent leurs électeurs qui ont voté pour eux sur la base d’un projet politique clairement annoncé.
– Le recours aux armes et les menaces de s’en servir pour faire chuter le gouvernement ne sont pas en harmonie avec le changement démocratique dont parle le 8-Mars.
– Le fait d’admettre au sein du gouvernement des personnes n’ayant pas été élues aux législatives est contraire à la démocratie et à la décision du peuple libanais.
– Le gouvernement relève d’une époque arabe révolue et représente un défi pour le printemps arabe.
– La composition du gouvernement ne tient pas compte de la représentation confessionnelle et des usages en la matière et elle menace les fondements mêmes de l’accord de Taëf.
– Pour faire face au revanchisme de la nouvelle majorité, la mobilisation populaire sera l’un des moyens auxquels il sera fait appel.
Fort probablement, le bloc parlementaire de la minorité participera aux séances de débat de la déclaration ministérielle et refusera d’accorder sa confiance au gouvernement. Concernant la Syrie, le 14-Mars commence à flairer une chute du régime syrien, ce qui dope le moral de cette équipe, qui semble décidée à faire évoluer progressivement son action contre ce régime dès la semaine en cours.
Evénements
Syrie
• Des familles qui avaient fuit leurs villages et leurs terres à Jisr al-Choughour ont commencé à retourner en Syrie, rassurées par le retour du calme et de la sécurité assuré par l’armée syrienne. Quelque 730 familles sont revenues à ce jour. Interrogées par des journalistes, certaines personnes ont affirmé qu’elles avaient essayé de revenir dès les premiers jours de l’entrée de l’armée dans la région mais que les nouvelles propagées par les extrémistes armés les dissuadaient.
• Des membres des familles ont dénoncé la désinformation pratiquée par des chaînes satellitaires qui déforment les événements. Ils ont exprimé le grand désir des familles de revenir malgré les tentatives des groupes armés d’intimider et de terroriser les citoyens.
Bahreïn
• Des forces émiraties composées des chars et de transporteurs de troupes sont entrées à Bahreïn, alors que le mouvement de contestation. Dans le cadre de la semaine de « Fidélité aux symboles nationaux », plusieurs régions bahreïnies ont connu des manifestations. Des renforts importants ont été déployés et des heurts ont opposé les forces bahreïnies aux femmes et aux jeunes qui ont bloqué les routes pour protéger les manifestants.
Les protestataires ont scandé des slogans appelant à renverser le régime, à abolir la loi martiale, à libérer les détenus politiques.
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