La tendance générale
L’Amérique et ses alliés font du surplace au Moyen-Orient
Les États-Unis et leurs alliés arabes ont reçu un camouflet dimanche, lorsque le Conseil ministériel de la Ligue arabe a ignoré la demande de déploiement de forces arabes en Syrie et a décidé de proroger d’un mois la mission des observateurs, au grand dam de l’Arabie saoudite et de l’opposition syrienne. Riyad a ainsi décidé de retirer ses observateurs déployés en Syrie et le Conseil national syrien -sous influence turco-occidentale- a rejeté la décision de la Ligue.
Ces développements traduisent les réels rapports de forces au Moyen-Orient que ni campagne médiatique ni intimidations verbales ne peuvent modifier. En effet, après le retrait de l’armée américaine d’Irak, l’Iran et la Syrie sont apparus comme les vainqueurs de la guerre des États-Unis. Bagdad n’a pas tardé à rejoindre l’axe de la Résistance. Cette alliance se donne pour objectif de refouler l’influence d’Israël, de l’Arabie saoudite et de la Turquie, des leviers de la domination américaine au Moyen-Orient. Les amis de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie sur la scène internationale (les Brics), entendent mettre un terme au monde unipolaire qui a été à l’origine ces deux dernières décennies d’une quinzaine de guerre dévastatrices menées au nom de la démocratie et des droits de l’homme.
Sur le terrain en Syrie, Damas, Alep et la plupart des grandes villes –à part Homs- mènent une vie normale, malgré le rationnement de l’électricité causé par les sabotages des infrastructures menés par les groupes armés, et les sanctions européennes. L’autosuffisance alimentaire, le commerce ainsi que le soutien économique de la Russie, de l’Irak et de l’Iran atténuent l’effet de la crise, permettant à l’économie syrienne de résister.
Sur le plan militaire, les zones d’instabilité se limitent à des poches rebelles réparties dans quatre provinces : Homs, Hama, Idlib et Deraa. Les dix autres provinces restent relativement stables. Le retard dans la reprise des quartiers rebelles de Baba Amr et Bab Sbah, à Homs, découle de la volonté des autorités syriennes de ne pas heurter les positions arabes, de ne pas embarrasser la Russie au Conseil de sécurité, et, surtout, d’éviter les erreurs du passé.
Conscient des véritables rapports à l’intérieur de la Syrie qui ne sont pas du tout en faveur de l’opposition, l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a proposé l’envoi de troupes arabes en Syrie « pour arrêter l’effusion de sang », alors qu’il finance l’armement des groupes extrémistes et leur accorde des tribunes politiques et médiatiques. Mais sur le terrain, les pays arabes ainsi que le Conseil de sécurité ne disposent d’aucun moyen pour forcer l’envoi de troupes arabes ou étrangères en Syrie.
A cet égard, le chef de la diplomatie russe a fixé le cadre dans lequel les puissances occidentales peuvent se mouvoir en espérant obtenir le soutien de Moscou. Au cours d’une conférence de presse à Moscou, Sergueï Lavrov a averti que la Russie était prête à user encore une fois de son droit de veto pour bloquer toute résolution dépassant les limites qu’elle a fixées pour gérer les dossiers syrien et iranien. « Nous ne soutiendrons aucune sanction contre Damas, a-t-il dit, ajoutant que tout Etat qui souhaite une intervention militaire en Syrie ne recevrait « aucun mandat du Conseil de sécurité de l’Onu ».
Si des États veulent « à tout prix recourir à la force, il est peu probable que nous puissions nous y opposer. Mais que cela reste à leur propre initiative et relève de leur conscience. Ils n’auront aucun mandat du Conseil de sécurité des Nations unies », a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères.
Le Conseil national syrien (CNS), parrainé par l’Occident, la Turquie, et les pétromonarchies du Golfe, ne dispose d’aucune stratégie, à part exiger une intervention militaire étrangère contre la Syrie, voire l’invasion du pays et l’établissement d’une zone d’une zone tampon protégée par une zone d’exclusion aérienne.
Les appels des Frères musulmans à l’invasion de la Syrie constitue un choix de guerre civile qui coupe la Syrie en deux camps irréconciliables et rallie actuellement la majorité silencieuse et les apolitiques au pouvoir.
Dans ce contexte, on voit mal comment l’Occident et ses alliés régionaux pourront réaliser leurs objectifs en Syrie et ailleurs.
La tendance au Liban
La mission de Geagea et Gemayel : Amadouer les chrétiens d’Orient
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sont impliqués dans un nouveau projet de l’administration américaine et de ses alliés régionaux qui consiste à éloigner les chrétiens d’Orient de l’axe de la Résistance et de les convaincre de cautionner leur plan visant à amener au pouvoir les Frères musulmans.
Le volet libanais de ce projet ait été confié à l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a reçu Ahmet Davutoglu lors de sa visite à Beyrouth les 14 et 15 janvier. Le ministre turc, qui avait également visité le patriarche maronite, a déclaré que les « chrétiens ne doivent pas payer le prix du printemps arabe ». M. Gemayel parraine ainsi les préparatifs pour l’organisation d’un sommet islamo-chrétien à Ankara, consacré à tous ces thèmes.
Dans le même temps, des efforts tous azimuts sont en cours pour promouvoir Samir Geagea au titre de « leader des chrétiens d’Orient » et chef de file des minorités qui ne craignent pas le pouvoir des Frères musulmans.
Un déplacement au Kurdistan irakien, devenu un fief du Mossad et de la CIA, et un voyage en Arabie saoudite, ont été organisés à l’ancien chef de guerre chrétien libanais. Il a certainement obtenu un fort soutien financier à Riyad et reçu en cadeau des investissements pétroliers au Kurdistan.
M. Geagea pourrait bientôt se rendre en Jordanie et peut-être en Egypte, où il souhaite rencontrer le Pape Chénouda III. L’objectif est de démentir la théorie selon laquelle le régime syrien protège les minorités et de paver la voie au règne des Frères musulmans et de la mouvance islamiste en général dans le monde arabe.
Samir Geagea n’a pas hésité longtemps avant d’accepter cette nouvelle mission surtout qu’elle lui permettra de faire de la concurrence à celui qu’il considère comme son éternel rival le général Michel Aoun.
Déclarations et prises de positions
– Nabih Berry, président du Parlement libanais
« Le grand complot contre la région porte le nom de Grand Moyen-Orient. Il vise à attiser les divisions ethniques, religieuses et confessionnelles. Jusqu’à présent, le Liban a réussi à écarter le spectre de la discorde. D’aucuns critiquent la politique consistant à se dissocier de la crise syrienne. Je suis convaincu que cette politique sert les intérêts du Liban. Il est d’ailleurs curieux de constater que ceux qui prônaient la neutralité du Liban il y a quelque temps veulent aujourd’hui le voir prendre parti, sans tenir compte des conséquences néfastes qu’une telle attitude pourrait avoir sur lui. Une discorde ou une partition en Syrie n’auraient-elles pas des conséquences sur le Liban. »
– Cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah
« La mission de Ban Ki-moon à Beyrouth a échoué. Les responsables l’ont informé qu’ils n’acceptaient pas que le Liban soit utilisé comme base arrière pour attaquer la Syrie et que son territoire soit transformé en sanctuaire pour des groupes armés. Le gouvernement a protégé et renforcé le Liban en adoptant la formule armée-peuple-résistance et en refusant qu’il soit utilisé contre la Syrie. »
– Walid Joumblatt, leader druze libanais
« La Syrie est en train de glisser vers davantage de violence, et sans doute une guerre civile, parce que le président Assad n’écoute personne et n’entend pas les conseils de ceux qui appellent à un changement à l’intérieur et ou à l’extérieur du pays. Les contacts entre moi et Bachar al-Assad sont rompus depuis sept mois. A chaque regain de violence, les risques de division augmentent entre la majorité sunnite et la minorité alaouite, à laquelle le président syrien appartient. Depuis le début de la crise, Assad a ignoré et balayé d’un revers de la main des demandes américaines, chinoises et russes, et même celles provenant de son ex-allié, le Premier ministre turc Erdogan, convergeant toutes vers le même but : désamorcer la mèche par l’application rapide de réformes politiques. Au lieu de cela, Assad a évoqué un complot ourdi contre la Syrie et essayé de dynamiter l’intifada populaire par la force. Il existe un lien politique et familial très profond entre le président syrien et le Premier ministre turc. Mais il n’écoute personne. L’initiative arabe reste le seul espoir. Mais l’avenir est très sombre, à moins d’un miracle. »
Revue de presse
– As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité - 20 janvier 2012)
Les empreintes de plus de quatre millions de Libanais sont aux mains d’une entreprise française privée qui a conclu un partenariat avec un établissement militaire israélien. Si le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a assuré que cette base de données est la propriété du ministère de l’Intérieur et qu’elle est conservée à la Banque du Liban, une hypothèse doit toujours être prise en considération : il est possible que cette base de données, au vu du partenariat entre la société SAGEM et la société israélienne Elbit, soit parvenue depuis longtemps aux mains de l’ennemi israélien.
Le ministre Charbel a affirmé ne pas être au courant du partenariat précité, et a annoncé avoir l’intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour tirer les choses au clair : Si ces informations s’avèrent bien fondées, il soulèvera immédiatement la question en Conseil des ministres pour faire le nécessaire, en ayant en vue l’intérêt suprême du pays. Selon des sources ministérielles, la question sera soulevée par les deux ministres du Hezbollah lors de la prochaine séance du Conseil des ministres. Mais ces sources ne pensent pas que la question puisse donner lieu à un nouvel accrochage gouvernemental.
– As Safir (20 janvier 2012)
Nabil Haitham
La Finul sera-t-elle affectée par l’onde de choc du séisme financier en Europe ? Un haut responsable politique prend au sérieux l’hypothèse selon laquelle le séisme ayant frappé, entre autres, la France, l’Italie et l’Espagne, qui représentent la colonne vertébrale de la Finul, certains pays membres de la force internationale pourraient se retirer du Liban-Sud ou réduire leurs effectifs.
Selon le même responsable, certaines personnalités libanaises rentrées dernièrement de Paris ont eu l’impression qu’une sérieuse réflexion sur l’utilité du maintien en place des forces françaises à l’étranger, au Liban ou ailleurs, est en cours. Et ce n’est pas sans rapport avec la crise financière qui frappe l’économie française. Un responsable libanais de haut niveau aurait même été informé que la France envisage de retirer quelques centaines de soldats de son contingent. Ces informations confirment celles transmises par des visiteurs français à leurs interlocuteurs libanais : à cause de l’aggravation de la crise économique, et de l’approche des élections législatives et présidentielles, l’orientation générale va dans le sens du retrait des soldats français du Liban.
Même si la France souhaite retirer ses Casques bleus, elle pourrait ne pas être en mesure de le faire, selon un ancien diplomate libanais. En effet, une telle initiative paralysera la Finul et sera un véritable camouflet pour la résolution 1701. Par ailleurs, La France déclenchera ainsi un effet domino et encouragera d’autres pays européens, notamment l’Italie et l’Espagne, à lui emboîter le pas. Ensuite, la France, en mettant fin à son rôle au sein de la Finul, serait en train de rompre avec son rôle au Liban et sa relation historique avec ce pays. Enfin, la Finul représente un facteur de stabilité au Liban-Sud ce qui sert les intérêts aussi bien du Liban que d’Israël et ses alliés occidentaux. Même si la France décide de retirer ses Casques bleus, les États-Unis et Israël seront les premiers à l’en dissuader.
– As Safir (19 janvier 2012)
Haïfa Zéaïter
Nous ne pouvons ignorer le contrat de joint venture conclu entre SAGEM et la société israélienne Elbit Systems au mois de septembre 2010. Le ministère de l’Intérieur a tenté d’enrayer le scandale en faisant paraître une mise au point pour rassurer les Libanais. Ce communiqué précise que la société Morpho, entreprise du groupe SAGEM, « est consciente du danger que représenterait une éventuelle fuite d’informations » Ces propos sont corroborés par le site électronique de Morpho, qui met l’accent, sous le chapitre « éthique », sur la parfaite confidentialité des informations. Toutefois, au plus fort de la guerre qui fait rage aux niveaux technologique et militaire et sur le plan des renseignements, nous ne pouvons ignorer l’entière disponibilité dont ont toujours fait preuve les entreprises internationales et les grandes sociétés œuvrant dans le domaine de la défense, prêtes à déroger au code éthique pour servir les intérêts de certaines puissances, Israël en tête. L’expérience libanaise regorge d’exemples à l’appui. Il ne s’agit en aucun cas de lancer des accusations contre SAGEM mais la question reste légitime étant donnée la nature des services qu’elle propose à sa clientèle.
– As Safir (19 janvier 2012)
Le président du Conseil des ministres Najib Mikati a reçu hier une délégation de la Campagne internationale pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, qui a demandé au Premier ministre de soulever cette affaire lors de sa prochaine visite en France. Un porte-parole de la délégation, Bassam el-Kantar, a déclaré que la détention arbitraire de Georges Ibrahim Abdallah a été évoquée pendant l’entretien : selon lui, il s’agit d’une détention politique due aux pressions exercées par les administrations israélienne et américaine sur les autorités françaises. La délégation a demandé au président Mikati de demander officiellement à l’État français de libérer sans plus tarder Georges Abdallah. Le chef du gouvernement a promis d’évoquer ce dossier avec les dirigeants français.
– As Safir (18 janvier 2012)
Le président de la République Michel Sleiman semble avoir dans son viseur l’article 65 de la Constitution, selon lequel les questions fondamentales requièrent l’aval des deux tiers des membres du gouvernement. Il a appelé à un vote à la majorité dans le dossier des nominations. « Plus d’une fois, j’ai considéré que le gouvernement était peu productif, et c’est apparu par exemple dans le dossier des nominations administratives. Nous avons établi un mécanisme ad hoc qui n’a pas été respecté en raison des intérêts étriqués de certains politiques et à cause du texte constitutionnel qui rend obligatoire un vote à la majorité des deux tiers, ce qui est difficile à réaliser compte tenu des différends politiques et des intérêts privés. Nous considérons donc qu’il faut amender la Constitution pour restituer au président de la République la prérogative de trancher la question des nominations, en coordination avec le ministre compétent et les organismes de contrôle. Le président de la République pourra ainsi proposer les nominations au sein du Csl des ministres sur la base du mécanisme dont il aura été convenu, le vote se faisant à la majorité et non à la majorité des deux tiers. »
– An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Sabine Oueiss (19 janvier 2012)
La question de la reconduction du protocole du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été ouverte lors de la visite au Liban du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à Beyrouth. Si la question n’a pas été publiquement évoquée, cela ne veut pas dire pour autant que cette reconduction sera automatique, d’autant plus qu’elle ne fait pas l’unanimité. Le silence à ce propos est dû au fait qu’il est prématuré d’en parler d’ores et déjà. Des concertations ont lieu au sein du camp du 8-Mars pour examiner les mécanismes juridiques et constitutionnels relatifs au dossier
– Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité - 20 janvier 2012)
Nicolas Nassif
Selon des personnalités qui se sont récemment rendues à Damas, le commandement syrien souhaite faciliter le travail des observateurs et demeure attaché au protocole de coopération avec la Ligue arabe. Toutefois, le régime syrien évoque avec ironie et rejette catégoriquement la proposition de l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, d’envoyer des forces arabes en Syrie pour dénouer la crise. Cette proposition sonne le glas de la mission des observateurs afin de transférer le dossier syrien au Conseil de sécurité. Par ailleurs, Damas semble miser sur l’évolution des positions de certains membres de la Ligue arabe, qui commencent à exprimer des divergences de vues avec le Qatar et l’Arabie saoudite. C’est notamment le cas de l’Egypte, du Soudan, de l’Algérie, du Sultanat d’Oman et de l’Irak et de la Jordanie.
– Al Akhbar (19 janvier 2012)
Pendant la réunion de la Commission parlementaire de l’Information et des Télécommunications, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a révélé des infractions relatives au contrat signé en 1996 entre le ministère de l’Intérieur et la société française SAGEM, portant sur l’émission de cartes d’identité libanaises. Depuis la signature du contrat en 1996, selon le ministre, la société sauvegarde les empreintes des citoyens dans les dossiers spécifiques consacrés aux titres d’identité libanais –ce qui coûte 7 millions de dollars par an au Trésor. Le ministre a annoncé avoir été informé par les autorités concernées au ministère de l’Intérieur du fait qu’il ne peut ni modifier ni résilier ce contrat : en cas d’abrogation du contrat, la base de données des empreintes deviendra en effet la propriété de la société et non de l’Etat libanais. Il a donc été obligé de maintenir ce contrat, et tout ce qu’il a pu imposer, c’est « la réduction à 2 millions de dollars de son montant ». Ce dossier a suscité de nombreuses interrogations de la part des députés présents, sous l’angle du préjudice qu’il cause à l’État libanais aux plans sécuritaire, politique, financier et de souveraineté
– Al Akhbar (19 janvier 2012)
Bagdad, Alaa al-Lami
Selon des observateurs des affaires irakiennes, la visite effectuée par le chef de la milice des Forces libanaises, Samir Geagea, au Kurdistan irakien constitue un aveu de la part du président de la province, Massoud Barzani, que les Kurdes sont devenus une partie intégrante du camp des pays moyen-orientaux, qualifiés de conservateurs, et qui sont alliés au Etats-Unis et à l’Occident. Le véritable objectif de cette visite est économique et serait lié à l’investissement dans le secteur pétrolier, affirment les journaux irakiens kurdophones et arabophones. Des sources proches de dirigeants influents à Bagdad assurent que l’autorisation donnée à Geagea et à ses amis d’investir dans le secteur pétrolier au Kurdistan n’est autre qu’un cadeau de « ses amis américains » qui sont intervenus auprès de leurs alliés kurdes pour faciliter la chose. Ce cadeau est de la même nature que celui offert par les Français à Walid Joumblatt en Libye.
– Al Akhbar (18 janvier 2012)
Ibrahim al-Amine
Georges Ibrahim Abdallah est, tout simplement, un otage aux mains des autorités terroristes en France. Les gouvernements successifs là-bas, ainsi que les dispositifs sécuritaire et judiciaire, se comportent de manière terroriste, à la façon des gangs.
L’arrestation et le procès de Georges, puis l’interdiction de lui rendre sa liberté sous prétexte qu’il a refusé de s’engager à cesser son combat, ne dérogent pas au procédé terroriste adopté par ceux qui agissent au nom de la force, et rien d’autre.
La France nous dit que c’est la force qui lui permet de continuer à ôter sa liberté à un militant qui a haussé la voix et lutté pour faire entendre la voix de ses concitoyens victimes d’une injustice. La France nous dit qu’elle fait fi de toutes sortes de recours juridiques, de tous les appels humanitaires, et de toute la correspondance diplomatique, et qu’elle a décidé, toute seule, sa force aidant, d’ôter sa liberté à un militant qui, en tant qu’être humain, est à un niveau supérieur à tous ceux qui se sont succédé pour gérer les autorités politiques, sécuritaires et judiciaires en France.
Le silence des élites cultivées, le silence de la presse, le silence des associations de défense des droits de l’Homme en France, le silence des Français vis-à-vis de ce crime, font d’eux tous des complices dans ce crime qui est allé trop loin. La France est devenue comme Israël, ni plus ni moins. La France nous dit : Faites ce dont vous êtes capables pour libérer vos détenus dans nos prisons. Soit. La route a été coupée, semble-t-il, et il paraît qu’il n’y ait plus d’autres moyens que le recours au même procédé pour garantir la liberté et la vie de Georges. C’est le procédé que choisissent ses compagnons sans demander d’autorisation à un Etat qui ne remplit pas son devoir vis-à-vis de ses citoyens. Ne sommes-nous pas ceux qui ne laissent pas leurs détenus en prison ?
– Ad Diyar (Quotidien Libanais centriste-17 janvier 2012)
Johnny Mnayyar
Paris a rejeté une offre de l’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, qui propose la formation d’un gouvernement d’exil. M. Khaddam s’est rendu vendredi 13 janvier au Quai d’Orsay avec une liste de personnalités susceptibles de constituer un gouvernement syrien d’exil. La réponse française a été que Paris ne reconnaît que le Conseil national syrien et ne veut dialoguer avec l’opposition qu’à travers le CNS.
– L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars) (19janvier 2012)
Selon des sources occidentales bien informées citées par l’agence al-Markaziya, le président français Nicolas Sarkozy a informé les dirigeants libanais par les canaux diplomatiques de sa volonté de visiter le Liban « bientôt ». Selon ces sources, la date de cette visite n’est pas encore fixée ; elle le sera sans doute au cours des discussions qu’aura avec les responsables français au mois de février le Premier ministre Najib Mikati, invité à se rendre à Paris par son homologue François Fillon. M. Mikati sera naturellement reçu à l’Élysée par le président Sarkozy afin d’évoquer, entre autres, les derniers développements et autres rebondissements au Liban et dans la région, ainsi que les relations bilatérales et l’avenir de la Finul à l’aune du feuilleton d’attentats qui ciblent notamment le contingent français assez régulièrement, et qui a poussé les Nations unies à revoir la stratégie de mission : moins de Casques bleus, plus de soldats libanais...
En attendant que la date de la visite de Nicolas Sarkozy soit éventuellement fixée, les observateurs s’arrêtent sur l’impact de ce déplacement et sur son timing, à l’heure où la région bouillonne, surtout en Syrie. Le Liban est d’ailleurs devenu l’observatoire idéal pour les Arabes et les Occidentaux, sachant que les autorités libanaises continuent de privilégier une neutralité absolue par rapport à ce qui se passe outre-Masna.
– Le Figaro (Quotidien français de droite-22 janvier 2012)
Georges Malbrunot
Quelques heures après l’attaque qui a provoqué la mort de Gilles Jacquier à Homs, mercredi 11 janvier, un dirigeant d’une organisation des droits de l’homme de cette ville a confié à un responsable de l’opposition syrienne en France qu’il s’agissait « d’une grosse ânerie » commise par les adversaires de Bachar al-Assad. « Au téléphone, mon interlocuteur, que je connais depuis de longues années, m’a dit en arabe que c’était une « djahachaneh », c’est-à-dire une grosse bourde de la part des opposants », nous a déclaré ce haut dirigeant de l’opposition. Pour ce dernier, son interlocuteur savait qui était derrière l’obus de mortier qui a tué sur le coup le journaliste de France 2, en visite ce jour-là à Homs, l’épicentre de la révolution contre le pouvoir d’Assad. « Peu après l’attaque, on a su assez rapidement, dans certains milieux de Homs, qui avait tiré », ajouta la source. Immédiatement après, opposants et pouvoir syrien s’accusèrent mutuellement d’être responsables de la mort de Gilles Jacquier.
Ce responsable de l’opposition se confia le lendemain de l’attaque. Mais il fallait disposer d’autres éléments avant que Le Figaro n’en fasse état. Le même jour, jeudi 12 janvier, notre source transmit le contenu de sa conversation avec son correspondant de Homs à Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe. Dans le cadre d’un plan de sortie de crise, l’organisation panarabe disposait d’observateurs sur place à Homs. « Nous les avons sollicités afin que toute la vérité soit faite sur cette affaire », confiait ce mercredi un diplomate du Quai d’Orsay.
Sur le terrain, les recherches des observateurs arabes semblent avoir progressé assez rapidement. Vendredi 21 janvier, un responsable de la Ligue arabe déclarait au Figaro que « nous savons désormais qu’il y a eu une bavure commise par l’Armée syrienne libre (qui a coûté la vie Gilles Jacquier, ndlr). Nous savons que les tirs sont venus de Bab Sbah », un bastion de l’opposition, qui fait face à celui de Nouzha, peuplé d’alaouites pro-Bachar, où a été tué Jacquier.
Pour des raisons de sécurité, le responsable de l’organisation des droits de l’Homme à Homs et son correspondant de l’opposition en France ont demandé à garder l’anonymat. Mais ce dernier est prêt à témoigner devant une commission d’enquête. « J’attends qu’un juge indépendant soit nommé, dit-il. Même si elle est en notre défaveur, la vérité doit éclater. » Il confie avoir reçu, ces derniers jours, d’autres appels téléphoniques de Homs, confirmant la thèse de la bavure par l’Armée syrienne libre. Ces révélations contredisent l’hypothèse d’une manipulation par le pouvoir syrien, alimentée par les témoignages de plusieurs journalistes présents aux côtés de Gilles Jacquier au moment de l’attaque. Ceux-ci faisaient état « d’éléments troublants », comme le brusque départ des militaires en charge de leur surveillance, au moment du premier tir d’obus. Pour eux, le régime aurait voulu discréditer ses opposants en montrant au monde que les journalistes étaient visés par des « gangs armés ».
Gilles Jacquier, 43 ans, se trouvait à Homs en compagnie de plusieurs journalistes, suisses, belges et libanais. Leur séjour avait été organisé par Sœur Marie-Agnès, une religieuse libanaise installée près de Homs. Plusieurs Syriens ont également trouvé la mort ce jour-là dans les quartiers de Nouzha et d’Akrima, touchés par plusieurs projectiles en l’espace d’une demi-heure, peu après 15 heures. « Pour moi, ces tirs venaient du quartier de Bab Sbah », assurait également jeudi soir sur France 2 le photographe libanais Joseph Eid, de l’AFP, qui se trouvait au sein du groupe de journalistes. Selon des membres de l’opposition, les déserteurs de l’Armée syrienne libre possèdent des obus de mortier.
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