La ministre des Affaires étrangères Federica Mogherini annonce que, comme première visite du semestre italien de la présidence de l’UE, elle se rend à Kiev et Moscou, car pour résoudre la crise en Ukraine il faut « intensifier le travail diplomatique ». En attendant cependant l’Italie contribue à intensifier la diplomatie de la canonnière qui, comme celle de l’impérialisme du 19ème siècle, utilise le déploiement de navires de guerre pour atteindre ses objectifs politiques.
En effet, est à peine entré en Mer Noire un des quatre groupes navals permanents de l’Otan (le Snmcmg2) [1], sous les ordres du capitaine Giovanni Piegaja à bord de la frégate Its Aviere, le navire amiral, flanquée d’un autre navire italien (Its Rimini), d’un turc (Tcg Akçai) et d’un britannique (Hms Chiddingfold). Le déploiement du groupe naval, renforcé par des unités étasuniennes et grecques, comprend des manœuvres conjointes avec les marines bulgare et roumaine. Auxquelles la marine russe répond avec sa propre manœuvre.
Avant le groupe naval de l’Otan sous commandement italien, est entré en Mer Noire le 15 juin, non pas pour une manœuvre mais pour une opération réelle, le navire espion italien Elettra. L’unité, qui a à son bord une centaine de marins et techniciens du renseignement, est extrêmement silencieux et est doté d’une trentaine de systèmes électroniques et acoustiques, installés aussi sur un submersible qui du bateau peut descendre à 1 000 mètres de profondeur. Naviguant aux limites des eaux territoriales russes, le navire espion intercepte les communications des installations côtières et intérieures aussi bien en Russie même qu’en Crimée.
La tentative du gouvernement de Matteo Renzi de garder secrète la mission de l’Electre a échoué quand l’agence de presse russe Ria Novosti, citant une source militaro-diplomatique, a signalé la présence en Mer Noire du navire espion italien qui, dénonce Moscou, confirme « la capacité continuelle de l’Otan d’intercepter les communications et d’effectuer de l’espionnage électronique ».
Jolie carte de visite pour la ministre des Affaires étrangères italienne qui se rend en visite à Moscou. La seule chose qu’elle pourrait dire pour ne pas perdre totalement la face, serait que le déploiement du navire espion et des autres navires de guerre italiens en Mer Noire a été décidé par l’Otan. En d’autres termes, pas à Rome mais à Washington, l’Alliance étant sous leadership étasunien. Exemplifié par le fait que le Commandeur suprême allié en Europe (actuellement le général Philip Breedlove de la U.S. Air Force) est, par une sorte de droit acquis, toujours un haut officier étasunien nommé par le président. Officier qui, étant en même temps à la tête de l’EuCom des États-Unis, fait partie de la chaîne de commandement du Pentagone, c’est-à-dire reçoit directement de Washington les ordres à exécuter y compris comme plus haute autorité militaire de l’Otan.
Le déploiement du navire espion et des autres navires de guerre italiens a été décidé par le Jfc Naples, dans l’« aire de responsabilité » de qui entre la mer Noire, aux ordres d’un amiral étasunien (actuellement Bruce Clingan), qui est en même temps commandant de la Force conjointe alliée à Naples, des Forces navales US en Europe et des Forces navales de l’AfriCom.
C’est donc toujours le Pentagone qui déplace les unités de la Marine militaire italienne, comme des pions sur l’échiquier de la diplomatie des canonnières. Amenant ainsi l’Italie, dont les gouvernements ont renoncé à la souveraineté nationale, sur la voie d’un nouvel affrontement Ouest-Est qui divise de plus en plus l’Europe dans l’intérêt de Washington. Pendant que la ministre des Affaires étrangères du gouvernement italien, aujourd’hui à la présidence de l’Union européenne, va à Moscou pour « intensifier le travail diplomatique ».
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